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Banque mondiale: La mutation économique du Maroc est lente -

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    Avec le même taux d'investissement (investissement rapporté au PIB) que des pays qui ont connu une émergence rapide, notamment en Asie, le Maroc enregistre une croissance moitié moins importante. Le rendement des investissements engagés ces dernières années suscite débat. Portés par l'Etat et les entreprises publiques, ces investissements tiennent compte, outre l'aspect économique, des considérations sociales et, globalement, ont vocation à produire des effets sur le long terme. Cela n'empêche pas de s'interroger sur leur ciblage. D'un autre côté, l'investissement privé n'est pas au rendez-vous. Les capitaux sont souvent orientés vers les secteurs où les gains de productivité sont moindres, analyse Jean-Pierre Chauffour, économiste principal pour la région Mena à la Banque mondiale. Il intervenait devant des banquiers et d'autres acteurs économiques à la conférence mensuelle de la Fondation Attijariwafa bank(1). En trente ans, la part du Maroc dans le commerce mondial n'a pas beaucoup bougé. Il y a un effort avec les nouveaux métiers du Maroc. Globalement, la mutation du Royaume est relativement lente, ce qui fragilise la croissance face aux aléas climatiques.


    - L'Economiste: Les organes de prévision sont alarmistes sur la croissance en 2016. Quelle est votre vision de l'évolution de l'activité?

    - Jean-Pierre Chauffour: La Banque mondiale n'est pas vraiment un organisme de prévision. Nous élaborons nos prévisions deux fois par an à l'occasion des assemblées du printemps et des assemblées annuelles. Nous allons certainement réviser nos projections pour le Maroc lors des assemblées du printemps en avril prochain. Les dernières remontent à septembre 2015 et nous anticipions une croissance de 2,7%. Depuis, la pluviométrie n'a pas été au rendez-vous, ce qui aura une incidence très forte sur l'agriculture, notamment la production céréalière. Nous sommes passés d'une année record à une autre où la production sera en dessous de la moyenne. Si l'on intègre cet aspect dans l'équation du PIB global, nous nous acheminerons vers une révision de notre estimation de croissance probablement à moins de 2% pour 2016.

    - Certains observateurs reprochent à la Banque centrale de trop se focaliser sur l'inflation

    - La Banque centrale a fait ce qu'elle pouvait faire. Les taux d'intérêt sont relativement bas, l'inflation est basse. Le cadre monétaire permet une stabilité et une prévisibilité qui est très importante pour les opérateurs.
    Là où le système financier peut être une entrave à la croissance, c'est sur la question des arriérés de paiement. Il ne s'agit pas simplement que Bank Al-Maghrib fournisse des liquidités. Il faut qu'au niveau des acteurs économiques, les délais de paiement soient respectés. Ces arriérés sont une forme de cancer pour l'activité économique. L'Etat a une responsabilité dans cette question dans le sens où les marchés publics sont une donnée très importante de la commande des entreprises, y compris des entreprises de taille moyenne. Et, si l'Etat lui-même est mauvais payeur, ces entreprises augmentent leurs factures en anticipation du fait que l'Etat ne paiera pas à temps et à l'heure ou, alors, elles reportent sur leurs fournisseurs les arriérés de paiement qu'elles subissent. Par effet de cascade, c'est la TPE qui se retrouve la principale victime de ces problèmes de délais de paiement. Si l'Etat et la Banque centrale souhaitent dynamiser les TPE, il faut déjà nettoyer les arriérés de paiement, y compris le remboursement de la TVA. Le ministère des Finances fait beaucoup d'effort sur tous ces aspects de bonne gouvernance des finances publiques, mais il faut aller plus loin pour nettoyer et clarifier la situation des délais de paiement le plus rapidement possible.

    - Où en êtes-vous sur le travail concernant le capital immatériel?

    - Le mémorandum économique pays que nous avons préparé s'est aussi inscrit dans le cadre du travail sur le capital immatériel. Dans les prochaines semaines, nous aurons la possibilité de communiquer sur ce rapport qui touche aux aspects du capital immatériel et de la productivité du pays parce que ce sont deux aspects intimement liés. Le Maroc qui a un retour sur investissement plus élevé sera un Maroc qui aura investi dans son capital immatériel de façon plus significative: l'éducation, la santé, la gouvernance et les institutions en général.

    - La Banque mondiale a toujours poussé à la suppression des subventions pétrolières. Quelle est votre analyse de cette réforme?

    - C'est une réforme très courageuse du gouvernement. Lorsque la décision a été prise, le prix du baril était élevé. Depuis, il a chuté. Cette réforme a été accompagnée d'une certaine chance dans sa mise en œuvre. La baisse du pétrole l'a fortement soutenue. Maintenant l'on jugera sur sa durabilité, surtout que quand le baril va remonter, les prix à la pompe vont suivre. A ce moment-là, il faudra peut-être mettre en place une campagne d'information et de communication pour expliquer aux consommateurs que le marché est désormais libre et qu'ils doivent s'habituer à la fluctuation des prix, à la baisse comme à la hausse. Cela dit, cette réforme aide énormément les comptes extérieurs. Nous estimons qu'une baisse du baril de pétrole de 10 dollars peut améliorer la balance des paiements de 0,8-0,9 point de PIB, ce qui est considérable. En outre, le contexte actuel allège la facture énergétique des ménages qui peuvent allouer les économies à d'autres achats.

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    Investissement: Les rendements au point d'inflexion

    Le pays a effectué des efforts considérables avec des taux d'investissement qui sont restés pendant plusieurs années au-dessus de 30% du PIB. Le Royaume investit a des taux élevés, y compris par rapport à des pays qui ont connu des émergences rapides notamment en Asie du Sud-Est. Les économies qui ont maintenu ce niveau d'investissement sur une longue durée ont enregistré une croissance annuelle pouvant aller jusqu'à 9%. Mais le phénomène que l'on observe depuis plusieurs années au Maroc est que les investissements ne génèrent pas la croissance escomptée. Des pays où l'effort est moins important ont une croissance similaire.

    L'une des hypothèses sur le faible rendement des investissements est qu'ils sont essentiellement le fruit d'un effort public (Etat et entreprises publiques). Les critères économiques ne sont donc pas les seules préoccupations dans la prise de décision. Il y a également des soucis d'ordre social. Du coup, le rendement économique de ces investissements ne sera pas immédiat tout comme ceux réalisés dans les infrastructures ont vocation à produire des effets sur le long terme. D'un autre côté, les investissements ne sont peut-être pas effectués dans les meilleures conditions d'où leur faible efficacité. Tout l'enjeu aujourd'hui est de savoir dans quelle mesure le pays peut augmenter sa productivité.

    La Banque mondiale a préparé un mémorandum économique pays qui sera très prochainement partagé avec les autorités marocaines. Nous y traitons la question des investissements. Ce n'est pas seulement la Banque mondiale qui s'en préoccupe. Le souci de rendre les investissements futurs plus rentables, d'avoir une augmentation des gains de productivité, a été soulevé dans de nombreuses études sur l'économie marocaine.

    Le secteur privé manque au rendez-vous

    L'investissement privé s'est maintenu à un taux relativement modéré. Cela est dû à plusieurs contraintes: l'environnement des affaires, la transformation structurelle du pays. La capacité du Royaume à réaliser des investissements dans de nouveaux secteurs porteurs de transformation structurelle est essentielle. Or, ce que nous voyons, c'est que le Maroc connaît une mutation relativement lente qui tient, entre autres, au faible esprit entrepreneurial ou encore aux secteurs destinataires des investissements. Ceux-ci, dont l'immobilier, ne sont pas porteurs de gains de productivité. Les capitaux sont orientés vers les secteurs des biens non échangeables, des branches protégées de l'économie, parce qu'ils bénéficient d'incitations. Peu d'investisseurs choisissent de s'engager dans des domaines fortement concurrentiels puisque le risque est important et les rendements aléatoires. La nature même de l'entrepreneur est de choisir le chemin qui, compte tenu du cadre incitatif, lui permet d'avoir le rendement escompté. Cela explique en partie la difficulté du Maroc à développer ses exportations. Le nombre d'exportateurs n'augmente pas au fil des années, tout comme la part du Maroc dans le commerce mondial reste stable depuis de nombreuses années. Il n'y a pas vraiment une montée en puissance du secteur des exportations, du commerce en général. Alors que l'export permettrait d'avoir des gains de productivité plus élevés que dans les secteurs des biens non échangeables.

    -l'économiste

  • #2
    L'une des grandes responsables est l'absence d'intégration maghrébine. Le Maroc exporte des fruits est légumes vers la France et l'Espagne qui sont ensuite de nouveau importés en Algérie. Idem pour l'automobile la plate forme ILN de Tanger exporte des pièces pour Dacia qui sont montées en Roumanie pour être exportés en Algérie... Idem pour le Maroc qui s'approvisionne en hydrocarbures algeriens de manière limitée...

    Toute cette non coopération ou faible cooperation à pour conséquence de contribuer à limiter la croissance des deux pays.

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