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Il est sept heures du matin. Il fait encore nuit. La circulation est fluide. Elle roule en écoutant la radio.
Comme tous les matins, l'animateur pose une question : " Combien d'Etats membres compte l'ONU ? "
" Bézef et ne servent à ! ", dit-elle à haute voix.
Chut ! Il y a un auditeur à l'antenne, un fidèle selon l'animateur. " Un chouchou de la maîtresse quand il était petit.", se dit-elle.
Elle revoit ses deux camarades de classe qui levaient le doigt dès que la maîtresse posait une question. Ils se tapaient des félicitations tous les trimestres.
Ce n'est pas qu'elle est jalouse, non, non ! Elle qui n'a travaillé que pour avoir la moyenne, non elle ne les enviait pas. Ils lui faisaient de la peine car ils ne s'amusaient pas comme elle le faisait, elle, durant les récrés.
Ils ne riaient pas comme elle riait, quand son autre camarade de classe, pour ne pas être interrogé, croisait les doigts et récitait une formule bizarre : " Chlawech, mlawech, blawech, khamsa hrabech fi 3ayn Khdawadj.".
Elle rit de bon coeur.
Le fidèle auditeur vient de répondre à la question : " Il y a six Etats membres des Nations Unis ". L'animateur lui dit que c'est noté et l'expédie poliment en lui souhaitant de passer une bonne journée.
" Wach men noté ! Il est à côté de la politique, votre fidèle auditeur ! Six états membres d'El Oumam el Moutahida ! ", dit-elle à haute voix.
Elle rit.
Elle imagine le fidèle auditeur envoyant des textos à ses connaissances leur demandant s'ils l'avaient entendu à la radio. Il faut dire qu'il n'a pas lésiné sur les renseignements personnels, nom, prénom, le sien et celui de ses deux enfants (en occultant celui de sa moité), métier, ville d'où il appelait et où il était né, à quelle heure il s'était levé, et pourquoi il était sur la route depuis trois heurs du matin. Il ne manquait que la marque de son dentifrice.
Elle rit encore.
"Allah ikharajha 3la khir " se dit-elle en se regardant dans le rétroviseur pour voir si son mascara n'a pas coulé. Elle ne voit rien, il fait encore nuit. Mais... elle voit autre chose : une voiture de police collée à son pare-chocs.
Elle ferait mieux de la laisser passer. Elle serre à droite. Les policiers font pareil (ils sont deux, elle voit leurs ombres, l'un des deux a un long cou maigre).
" Ils vont probablement tourner.", se dit-elle. Non ! Ils n'ont pas tourné. Bizarre !
Elle ne rit plus.
Elle roule tout en les épiant. Ils sont toujours derrière elle. Elle n'a pourtant rien fait. Euh si, mais rien de grave. Tout à l'heure, elle a doublé à droite une voiture qui roulait lentement. Non, ça ne peut être à cause de ça !
Serait-ce à cause du pompiste qu'elle a traité de samouraï de Hammam Mélouane, parce qu'il a refusé de lui faire le plein. Nan ! ça ne peut pas êtres à cause du sobriquet qu'il n'a pas compris, en démarrant, elle l'a entendu demander à son collègue : " Wach samatni ? ".
Les flics sont toujours derrière elle. Que lui voulaient-ils ! Elle décide de s'arrêter sur la BAU. Les policiers font pareil. 3aned wala tehsed.
Elle les voit discuter. Elle attend. Le conducteur, le cou de girafe, descend et s'approche de sa voiture. Elle baisse la vitre : " Sbah el khir.", lui dit-elle.
- Sbah el khir, madame ou mademoiselle ? demande 3anq el zarafa.
- Kif kif, répond-elle.
- Mademoiselle...
- Oui ?
- Savez-vous pourquoi on vous suit depuis la Colonne ?
- Non. Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Qu'est-ce vous avez oublié de faire plutôt.
- Qu'est-ce que j'ai oublié ?
- Regardez notre voiture.
Elle se retourne et regarde leur voiture.
- Alors que voyez-vous ? lui demande-t-il
- Je vois une voiture solide.
- Et ?
Elle se retourne et regarde la voiture :
- Elle est propre.
- Et ?
- C'est une voiture anti-émeute.
- Et ?
Elle avait envie de lui dire que l'un des deux futés qui s'y trouvait est maintenant devant elle :
- Que la portière du conducteur est grand ouverte.
Le twil erraqba crie à son collègue de fermer la portière. Le collègue descend de la voiture, en fait le tour et ferme la portière.
- Et maintenant mademoiselle, regardez.
Elle se retourne, regarde la voiture et lui dit :
- Votre collègue a oublié de fermer sa portière.
- A part ça, que voyez-vous ?
- Qu'elle est bien stationnée.
- Mais encore ?
- Où voulez-vous en venir ?
- Regardez les feux.
Elle se retourne, regarde les feux :
- Ils sont allumés.
- Nous y voilà !
- Je ne comprends pas...
- Regardez votre tableau de bord.
Elle regarde son tableau de bord :
- Il fonctionne.
- Regardez encore.
" Il ne va pas recommencer ! ", se dit-elle.
Elle regarde son tableau de bord :
- Franchement, je ne vois rien d'anormal.
- Vos feux...
- Mes feux ! Ils sont... oups !
- Ils sont ?
- Pas allumés...
- Que dit le code de faire quand il fait nuit ?
" Il dit que certains flics deviennent des illuminés et font perdre du temps aux braves conducteurs qui doivent aller travailler.", voudrait-elle lui répondre :
- Je ne me suis pas rendu compte...
- C'est ainsi que les accidents arrivent, mademoiselle.
Elle ne dit rien . Elle se contente d'allumer ses feux.
- C'est bien, lui dit-il. Vous pouvez aller maintenant.
....
- Qu'es-ce que vous attendez ? Démarrez !
- Je ne peux pas...
- Pourquoi ?
- Parce que votre collègue est devant la voiture. Il a ... un krr.. , balbutie-t-elle
Le policier au long cou s'adressant à son collègue, un twil bla fayda, qui était debout devant la voiture de mademoiselle :
- Qu'est-ce que tu fais là ? Je t'avais dit de rester dans la voiture, de te tenir prêt ! Va remettre ce cric sous le siège ! "
Makhlouqiate
le 5 février 2016
Comme tous les matins, l'animateur pose une question : " Combien d'Etats membres compte l'ONU ? "
" Bézef et ne servent à ! ", dit-elle à haute voix.
Chut ! Il y a un auditeur à l'antenne, un fidèle selon l'animateur. " Un chouchou de la maîtresse quand il était petit.", se dit-elle.
Elle revoit ses deux camarades de classe qui levaient le doigt dès que la maîtresse posait une question. Ils se tapaient des félicitations tous les trimestres.
Ce n'est pas qu'elle est jalouse, non, non ! Elle qui n'a travaillé que pour avoir la moyenne, non elle ne les enviait pas. Ils lui faisaient de la peine car ils ne s'amusaient pas comme elle le faisait, elle, durant les récrés.
Ils ne riaient pas comme elle riait, quand son autre camarade de classe, pour ne pas être interrogé, croisait les doigts et récitait une formule bizarre : " Chlawech, mlawech, blawech, khamsa hrabech fi 3ayn Khdawadj.".
Elle rit de bon coeur.
Le fidèle auditeur vient de répondre à la question : " Il y a six Etats membres des Nations Unis ". L'animateur lui dit que c'est noté et l'expédie poliment en lui souhaitant de passer une bonne journée.
" Wach men noté ! Il est à côté de la politique, votre fidèle auditeur ! Six états membres d'El Oumam el Moutahida ! ", dit-elle à haute voix.
Elle rit.
Elle imagine le fidèle auditeur envoyant des textos à ses connaissances leur demandant s'ils l'avaient entendu à la radio. Il faut dire qu'il n'a pas lésiné sur les renseignements personnels, nom, prénom, le sien et celui de ses deux enfants (en occultant celui de sa moité), métier, ville d'où il appelait et où il était né, à quelle heure il s'était levé, et pourquoi il était sur la route depuis trois heurs du matin. Il ne manquait que la marque de son dentifrice.
Elle rit encore.
"Allah ikharajha 3la khir " se dit-elle en se regardant dans le rétroviseur pour voir si son mascara n'a pas coulé. Elle ne voit rien, il fait encore nuit. Mais... elle voit autre chose : une voiture de police collée à son pare-chocs.
Elle ferait mieux de la laisser passer. Elle serre à droite. Les policiers font pareil (ils sont deux, elle voit leurs ombres, l'un des deux a un long cou maigre).
" Ils vont probablement tourner.", se dit-elle. Non ! Ils n'ont pas tourné. Bizarre !
Elle ne rit plus.
Elle roule tout en les épiant. Ils sont toujours derrière elle. Elle n'a pourtant rien fait. Euh si, mais rien de grave. Tout à l'heure, elle a doublé à droite une voiture qui roulait lentement. Non, ça ne peut être à cause de ça !
Serait-ce à cause du pompiste qu'elle a traité de samouraï de Hammam Mélouane, parce qu'il a refusé de lui faire le plein. Nan ! ça ne peut pas êtres à cause du sobriquet qu'il n'a pas compris, en démarrant, elle l'a entendu demander à son collègue : " Wach samatni ? ".
Les flics sont toujours derrière elle. Que lui voulaient-ils ! Elle décide de s'arrêter sur la BAU. Les policiers font pareil. 3aned wala tehsed.
Elle les voit discuter. Elle attend. Le conducteur, le cou de girafe, descend et s'approche de sa voiture. Elle baisse la vitre : " Sbah el khir.", lui dit-elle.
- Sbah el khir, madame ou mademoiselle ? demande 3anq el zarafa.
- Kif kif, répond-elle.
- Mademoiselle...
- Oui ?
- Savez-vous pourquoi on vous suit depuis la Colonne ?
- Non. Qu'est-ce que j'ai fait ?
- Qu'est-ce vous avez oublié de faire plutôt.
- Qu'est-ce que j'ai oublié ?
- Regardez notre voiture.
Elle se retourne et regarde leur voiture.
- Alors que voyez-vous ? lui demande-t-il
- Je vois une voiture solide.
- Et ?
Elle se retourne et regarde la voiture :
- Elle est propre.
- Et ?
- C'est une voiture anti-émeute.
- Et ?
Elle avait envie de lui dire que l'un des deux futés qui s'y trouvait est maintenant devant elle :
- Que la portière du conducteur est grand ouverte.
Le twil erraqba crie à son collègue de fermer la portière. Le collègue descend de la voiture, en fait le tour et ferme la portière.
- Et maintenant mademoiselle, regardez.
Elle se retourne, regarde la voiture et lui dit :
- Votre collègue a oublié de fermer sa portière.
- A part ça, que voyez-vous ?
- Qu'elle est bien stationnée.
- Mais encore ?
- Où voulez-vous en venir ?
- Regardez les feux.
Elle se retourne, regarde les feux :
- Ils sont allumés.
- Nous y voilà !
- Je ne comprends pas...
- Regardez votre tableau de bord.
Elle regarde son tableau de bord :
- Il fonctionne.
- Regardez encore.
" Il ne va pas recommencer ! ", se dit-elle.
Elle regarde son tableau de bord :
- Franchement, je ne vois rien d'anormal.
- Vos feux...
- Mes feux ! Ils sont... oups !
- Ils sont ?
- Pas allumés...
- Que dit le code de faire quand il fait nuit ?
" Il dit que certains flics deviennent des illuminés et font perdre du temps aux braves conducteurs qui doivent aller travailler.", voudrait-elle lui répondre :
- Je ne me suis pas rendu compte...
- C'est ainsi que les accidents arrivent, mademoiselle.
Elle ne dit rien . Elle se contente d'allumer ses feux.
- C'est bien, lui dit-il. Vous pouvez aller maintenant.
....
- Qu'es-ce que vous attendez ? Démarrez !
- Je ne peux pas...
- Pourquoi ?
- Parce que votre collègue est devant la voiture. Il a ... un krr.. , balbutie-t-elle
Le policier au long cou s'adressant à son collègue, un twil bla fayda, qui était debout devant la voiture de mademoiselle :
- Qu'est-ce que tu fais là ? Je t'avais dit de rester dans la voiture, de te tenir prêt ! Va remettre ce cric sous le siège ! "
Makhlouqiate
le 5 février 2016
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