Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Cinquième constitution : on jubile à l’olympe !

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Cinquième constitution : on jubile à l’olympe !

    Par: Le Matin | 07-02-201

    Les deux chambres parlementaires s’apprêtent à approuver dans l’allégresse, le texte de la nouvelle constitution algérienne. Une simple formalité pour une procédure inédite et surtout inadéquate. Jamais une constitution n’a été autant de fois modifiée grâce à l’approbation parlementaire comme sous l’ère Bouteflika, puisque la tradition voulait qu’elle soit soumise au peuple.


    C’est que certaines lois, notamment sur tamazight et sur les binationaux, ne semblent pas faire consensus au sein de la société civile. Le pouvoir a peut-être besoin de gagner du temps, à un an du test législatif ! Pourtant, il le crie haut et fort :cette constitution progressiste jette les jalons d’une deuxième république alors que l’opposition, qui s’apprête à boycotter cette nouvelle parade solitaire, dénonce l’attitude exclusive du giron présidentiel dans la l’élaboration de celle-ci. La coalition verte islamiste ainsi que le FFS ont d’ors et déjà confirmé le boycott, alors que le parti cher à Louisa est "contraint" de se présenter au complet au palais de la nation, s’il veut s’éviter une grave crise de "dédoublement de personnalités".
    La fête sera donc totale, et le quart présidentiel ainsi que la coalition dite "nationaliste", auront à eux seuls tout le palais de la nation pour le remplir de louanges à l’égard du président et de sa sage gouvernance. La parole sera donnée aux parlementaires "royalistes" du FLN, "loyaliste" du RND et "affairistes" des différentes formations satellites du pouvoir. On lira une lettre de remerciement du "Raïs" à l’égard de ceux qui l’admirent, bouches bée et mains levées. On lancera des tonnerres d’applaudissements, des regards complices et des rires de satisfaction : satisfactions du devoir accomplie et de la mission remplie pas du tout impossible.
    Les Saadani, Ouyahia, et autre Sellal se congratuleront chaleureusement, les différents mis de côté, les dards rangés et les bouches bien mielleuses. Vous les verrez circuler à l’intérieur du palais sur des tapis rouges demandés par Tliba, qui a compris – plus que personne - que pour atteindre le firmament, à défaut d’être compétent, il fallait être un fayot.
    Que de parcours sinueux pour ce malheureux pays libre depuis plus de cinquante quatre ans! Un parcours traduisant clairement la mauvaise foi de ce pouvoir. La précarité des réponses à l’urgence, le plus souvent par des "mesurettes" visant évidement le maintien au règne et des privilèges. De la première constitution de 1963 qui a mis en avant les sacrifices du peuple, à la constitution de Bouteflika de 2016 en passant par le choix communiste du parti unique de 1976, du multipartisme et de la négation identitaire de 1989, à la constitution de crise de 1996. Toutes traduisent l’absence criarde de volonté pour la construction d’une nation forte, juste, égalitaire, ouverte sur le monde et réconciliée avec son passé.
    On s’apprête à voter une fois de plus dans l’urgence, une constitution qui permettra de concentrer tous les pouvoirs entre les mains d'un seul homme, lui permettant d'envoyer au purgatoire des opposants, des syndicalistes et des activistes des droits de l’homme sous prétexte d’atteinte à la sacralité des textes.
    Notre sort me rappelle curieusement le châtiment de Sisyphe car à chaque fois qu’on pense s’être débarrassé d’un boulet, c’est la montagne elle-même qu’il faudra soulever!
    Demain à l’olympe, nos "dieux" ne nous barreront pas seulement le chemin vers le progrès, mais nous feront encore tourner en rond.


    Hebib Khalil
Chargement...
X