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De Saigon à Bagdad

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  • De Saigon à Bagdad

    Bonjour, ils ont eu tout faux en démembrant l'armée de Saddam et les gardes frontières.

    Les Américains auraient mieux fait de négocier avec le partit bass ou tout au moins avec l'état major irakien dés les premiers jours de la prise de bagdad pour ne pas en arriver là. Cette erreur a coûté cher à l'Irak et aux Américains.

    Ils auraient au moins eu un interlocuteur fiable.

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    Si l’on remonte le cours de l’histoire de l’engagement américain au Vietnam, le parallèle avec la guerre en Irak est frappant. Dans les deux cas, l’Amérique est entrée en guerre pour des motifs qui se sont révélés infondés. Il n’y avait pas d’armes de destruction massive en Irak. De même, la résolution sur le golfe du Tonkin, en 1964 - qui servit de base juridique à l’envoi de soldats au Vietnam - a été prise consécutivement à une attaque dont on s’est aperçu ensuite qu’elle n’avait jamais eu lieu.

    Au Vietnam comme en Irak, l’Amérique espérait créer une démocratie modèle. À l’époque, le Conseil de sécurité national parlait de faire du Vietnam « la pierre angulaire du monde libre en Asie du Sud-Est ». Mais les grands espoirs des débuts ont rapidement fait place à d’amères désillusions. Les alliés se sont montrés ingrats et peu fiables. L’ennemi s’est montré, quant à lui, bien plus coriace que prévu. En 1968, le magazine Time résumait ainsi l’opinion communément admise : « La victoire au Vietnam - ou même un règlement favorable du conflit - pourrait bien se révéler hors de portée de la plus grande puissance mondiale. » Si l’on remplace « Vietnam » par « Irak », on a un très bon résumé de la situation actuelle.

    Mais, comme l’illustre le cas du Vietnam, une vision pessimiste de la guerre ne doit pas précipiter le retrait. En 1971, Richard Nixon soutenait que l’Amérique ne pouvait pas « tout lâcher et partir ». Si elle se retire prématurément, disait-il, il y aura un bain de sang au Vietnam et « la confiance dans le leadership américain s’écroulera non seulement en Amérique mais partout dans le monde ». Les mêmes craintes ont cours aujourd’hui, comme celle selon laquelle un retrait des États-Unis provoquerait le renforcement d’un rival régional hostile à Washington. Sauf qu’à la place de la Chine au temps du Vietnam, c’est de l’Iran dont il est question aujourd’hui. Pour éviter une telle issue, l’Amérique avait tenté de lancer une politique de « vietnamisation » du conflit. Il s’agissait d’entraîner les forces sud-vietnamiennes pour ?qu’elles prennent la relève. C’est la même politique qui est aujourd’hui menée en Irak - sauf qu’on l’appelle « irakisation ».

    Doit-on en conclure que l’on s’achemine vers la même issue ? Un retrait américain qui laisse derrière lui un gouvernement instable à sa solde, lequel tombera quelques années plus tard ? L’image symbolique de la chute du Sud-Vietnam en 1975 est celle d’un ballet d’hélicoptères évacuant des réfugiés du toit de l’ambassade américaine à Saigon. Chose curieuse, l’Amérique est en train de construire une nouvelle ambassade à Bagdad. « J’ai vu le site. Il y a de la place pour de nombreux hélicoptères », dit un diplomate européen…

    Cependant, sur plusieurs points, le dossier irakien diffère. Il n’y a pas en Irak un seul et même adversaire, ce qui présente un inconvénient : il n’y a pas d’ennemi clairement identifié avec lequel négocier, comme le fit Henry Kissinger à Paris avec les Nord-Vietnamiens. Cela signifie aussi qu’il n’y a pas une seule et même autorité capable de prendre le contrôle de l’ensemble du pays une fois que l’Amérique se sera retirée. Le résultat de la défaite américaine en Irak en sera peut-être plus sinistre encore. Le centre du pays risque de tomber sous la coupe des djihadistes et le Sud, de l’Iran. Dans un tel cas de figure, une guerre civile pourrait éclater, dans laquelle les puissances régionales risquent d’être entraînées. Les ennemis de l’Amérique à travers le monde ne pourraient que se réjouir.

    Mais il n’est pas à exclure que l’Amérique ait de la chance - de la même manière qu’elle en a eu après le Vietnam. Comme Leslie Gelb, coauteur d’une histoire de la guerre du Vietnam, le rappelle, beaucoup d’experts prévoyaient que la défaite américaine au Vietnam aurait des conséquences géostratégiques néfastes pour Washington. Cela ne s’est pas produit. Les alliés régionaux de l’Amérique se sont montrés plus résistants qu’on ne le pensait. Ils ont aussi montré une plus grande volonté à collaborer avec Washington. Et la position stratégique américaine à travers le monde n’en a pas été affectée. En moins de quinze ans, la guerre froide s’est achevée et l’Amérique en est sortie vainqueur.

    De terribles conséquences ont découlé, certes, de l’échec américain dans le Sud-Est asiatique - dont la répression au Vietnam et un génocide au Cambodge. Mais ce sont surtout les autochtones qui en ont fait les frais. L’ultime leçon du Vietnam, c’est donc peut-être que les États-Unis peuvent se permettre de perdre un conflit circonscrit et en sortir à peu près indemnes. En revanche, ce sont les peuples qu’ils laissent derrière eux qui paient le tribut le plus lourd.

    17 décembre 2006 - par PAR GIDEON RACHMAN FINANCIAL TIMES ET JEUNE AFRIQUE 2006.
    Dernière modification par zek, 27 décembre 2006, 11h46.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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