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L'impossible trinité : L'exemple dangereux de la chine

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  • L'impossible trinité : L'exemple dangereux de la chine

    Jusqu’à l’été dernier, la Chine courait après une sorte d’Impossible Trinité. Elle avait arrimé le yuan au dollar, aux alentours des 6,2 pour 1 $, libéré partiellement la circulation des capitaux et fixé ses taux d’intérêt indépendamment de la Réserve fédérale américaine. Au début, la monnaie bon marché de la Chine a favorisé les exportations et abouti à la constitution de colossales réserves en dollar américain, à mesure que la Chine recyclait ses excédents commerciaux en bons du Trésor américain.

    Mais, à mesure que la Fed resserrait sa politique, de 2013 à 2015 (avec l’arrêt progressif des rachats d’actifs/taper, et des forward guidance), la Chine a dû vendre des dollars et acheter des yuans afin de maintenir ce peg. Le fait d’acheter des yuans réduit la masse monétaire et représente un type de resserrement. Le resserrement de la politique monétaire de la Chine a ralenti l’économie et incité les investisseurs étrangers à relocaliser leurs nouvelles usines dans des pays meilleur marché tels que le Vietnam et l’Indonésie.

    Les investisseurs chinois ont vu que cette Impossible Trinité ne pouvait que céder et ils ont commencé à sortir leur argent de Chine aussi vite que possible. Les capitaux sont sortis de Chine en masse. Sur les 11 mois écoulés, les réserves de devises étrangères chinoises ont diminué pendant neuf mois. Rien qu’en 2015, elles ont diminué de plus de 600 milliards de dollars. En août 2015, la Chine a perdu 94 milliards de dollars de réserves : c’est un record. Dans tous les cas, la Chine devrait être à court de réserves d’ici fin 2018 et faire réellement faillite sans aucun moyen de rembourser ses dettes libellées en dollar.

    Historiquement, la Chine pouvait faire faillite bien avant même. Une fois que les réserves de devises étrangères commencent à fuir, c’est vite la débandade ; la déroute s’accélère. Personne ne veut être le dernier à sortir d’un bâtiment en feu. La Chine aurait probablement pu faire faillite avant 2017 si elle n’avait pris une mesure radicale. En s’appuyant sur l’analyse de l’Impossible Trinité, il était facile de voir que la Chine devait instaurer le contrôle des capitaux (afin d’empêcher la fuite des capitaux), dévaluer sa monnaie (afin d’atténuer l’hémorragie) ou relever ses taux d’intérêt (pour attirer de nouveaux capitaux de l’étranger).

    L’instauration du contrôle des capitaux (option A) n’était pas acceptable politiquement car la Chine essayait d’intégrer le panier des devises du FMI (les DTS) et elle ne voulait pas froisser le FMI qui est opposé au contrôle des capitaux. Le relèvement des taux d’intérêt (option C) n’était pas envisageable car cela aurait pénalisé l’économie chinoise à un moment où elle ralentissait déjà.

    Alors la Chine a choisi l’option B, la rupture du taux de change fixe, du peg. C’était la seule solution. Une fois qu’un pays rompt un taux de change fixe, c’est rarement une bonne fois pour toutes. De nouvelles dévaluations sont normalement nécessaires. Or, le contexte ayant abouti à cette première dévaluation n’a pas changé. La fuite des capitaux s’est poursuivie. La pression exercée par le FMI en faveur de la libre circulation des capitaux s’est également poursuivie. (L’intégration du yuan aux DTS a été accordée le 30 novembre 2015, la Chine doit donc se plier aux règles du FMI concernant la libre circulation des capitaux.) En nous appuyant sur l’Impossible Trinité, voici ce que nous vous avions dit dans Intelligence Stratégique :

    "Pour l’instant, la Chine défend son nouveau peg par de nouvelles interventions. Attendez-vous à de nouvelles dévaluations. Vous devez également vous attendre à de nouveaux chocs sur le marché, dans un proche avenir, à mesure que la Chine avance péniblement vers un yuan plus librement négociable."

    Et voici ce qu’il s’est produit.



    La Chine a dévalué sa monnaie de 6,3980 à 6,4515, petit à petit, entre les 4 et 11 décembre derniers. A présent, observez ce qu’il s’est produit sur le marché actions américain au même moment :



    Les principaux indices boursiers ont chuté de près de 3% entre les 4 et 11 décembre, emboîtant le pas de la dévaluation chinoise ! Notre mise en garde ("attendez-vous à de nouvelles dévaluations et vous devez également vous attendre à de nouveaux chocs sur le marché") s’est réalisée avec force et a entraîné de lourdes pertes pour les investisseurs qui n’avaient rien vu venir.


    l'écomatin
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