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Du nouveau dans le jeu d’échecs syrien

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  • Du nouveau dans le jeu d’échecs syrien

    La seule raison pour laquelle a été déclenchée, en 2011, l’invasion de mercenaires islamistes en Syrie, était l’opposition du président Bachar Al-Assad à la construction sur le territoire syrien de la section du pipeline destiné à alimenter les marchés européens en gaz du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Le projet a été fortement soutenu par la Turquie, avec l’adhésion de l’UE et des États-Unis qui visent à éliminer le russe Gazprom du marché européen (plan A). Etant donné que l’armée nationale syrienne n’avait pas trahi Bachar al-Assad et qu’il est resté au pouvoir, les mêmes acteurs externes intéressés ont créé le groupe terroriste Etat Islamique, à partir des mercenaires islamistes qui opéraient en Syrie. L’État islamique a ensuite occupé, par surprise, le nord de l’Irak dans une tentative d’ouvrir une voie alternative pour le pipeline de Qatar Petroleum vers la Turquie (Plan B).



    La situation sur le terrain a radicalement changé après que la Russie ait lancé le bombardement aérien pour appuyer l’armée nationale. Récemment, la 103ème Brigade de la Garde de l’armée a occupé le dernier bastion des islamistes à Kinsabba, libérant l’ensemble du gouvernorat de Lattaquié et sécurisant la frontière avec la Turquie. La 4ème Division mécanisée syrienne a réussi à créer, au nord de la ville d’Alep, un corridor de sécurité, entre la zone industrielle à l’est d’Alep et la ville de Nubbol. Elle coupe ainsi la principale voie d’approvisionnement entre la Turquie et les terroristes islamistes, et continue à avancer vers la frontière avec la Turquie [1].



    L’armée arabe syrienne est sur le point de neutraliser les groupes terroristes lourdement armés, équipés de véhicules blindés, de mitrailleuses, d’artillerie lourde, d’armes antichars et ont une très grande expérience de combat. Tous ces puissants groupes terroristes sont au contact direct avec les unités de l’armée arabe syrienne. En brisant ce noyau dur, l’avance des unités blindées de l’armée arabe syrienne en profondeur dans le territoire occupé par les islamistes sera rapide et se fera presque sans rencontrer de résistance. La raison en est que la Syrie a reçu un nouveau lot de chars russes T-90, immunisés contre les missiles antichars américains BGM-71 TOW, et que la capacité de combat des réserves stratégiques des terroristes islamistes disposés en profondeur diminue de façon exponentielle [2].

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    L’accord de cessation des hostilités en Syrie, à Munich, prévoit la création d’un groupe de travail pour sa mise en œuvre, co-présidé par les Etats-Unis et la Russie. Ainsi, la Russie a obtenu la reconnaissance de son rôle comme facteur déterminant dans la recherche d’une solution en Syrie, tandis que les ténors de l’UE (Allemagne, Angleterre et France) sont devenus du jour au lendemain de simples spectateurs.

    U.S. Secretary of State John Kerry, left, and Russian Foreign Minister Sergey Lavrov walk to their seats for a meeting about Syria, in Zurich, Switzerland, on Wednesday, Jan. 20, 2016, before Kerry was to attend the World Economic Forum in Davos. Kerry’s trip is expected to last nine days and to encompass stops in Switzerland, Saudi Arabia, Laos, Cambodia, and China. (AP Photo/Jacquelyn Martin, Pool)

    Il convient également de noter que l’accord proposé est venu de la Russie, et a été accepté par les Etats-Unis, malgré l’opposition de certains membres du Groupe international de soutien à la Syrie (composé de l’Arabie Saoudite, la Chine, l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, la France, l’Allemagne, l’Iran, l’Irak, l’Italie, la Jordanie, le Liban, la Grande-Bretagne, Oman, le Qatar, la Russie, les États-Unis, la Turquie et trois organisations : la Ligue arabe, l’ONU et l’Union Européenne). Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, probablement inquiet de la trop forte pression qu’exerce la Russie sur la diplomatie occidentale, sait que cette pression pourrait générer une réponse asymétrique d’ordre militaire en Syrie, de la part des Etats-Unis et ses alliés au Moyen-Orient, en particulier l’imprévisible Recep Tayyip Erdogan considéré comme le bénéficiaire de la contrebande de pétrole syrien par l’État islamique.

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    Auparavant, les Etats-Unis, la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Qatar, les Emirats Arabes Unis, le Koweït, l’Allemagne, la France, l’Angleterre et d’autres pays impliqués dans l’armement, le financement ou encourageant les rebelles terroristes en Syrie pour le renversement du président Bachar al-Assad, avaient appelé la Russie à cesser les bombardements aériens, en invoquant des raisons humanitaires, tout en sachant que l’aviation russe n’utilise que des bombes intelligentes, de haute précision, alors que la coalition anti-ISIS dirigée par les Américains avait bombardé sans discernement, des civils et des soldats de l’armée arabe syrienne qui se battaient contre des groupes de l’Etat islamique dans la province de Deir ez-Zor [3]. Cette transformation rapide de « faucons de la guerre» en Syrie en «colombes de la paix » est en relation avec le haut degré d’anéantissement des terroristes et de leurs réserves, et la fermeture des voies d’approvisionnement à la suite de l’offensive de l’armée nationale syrienne fortement soutenue par l’aviation russe.

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    Les capacités de la diplomatie russe sont déjà reconnues par rapport à l’inefficacité de l’appareil bureaucratique du Département d’Etat américain. Les Russes ont réussi à inclure dans l’accord de Munich une totale liberté d’action de l’armée nationale syrienne et de l’aviation russe. Bien que l’accord précise qu’il entrera en vigueur une semaine après sa confirmation par le gouvernement syrien et toutes les forces rebelles, après consultations, la date effective de son application ne peut pas être estimée. Donc, la diplomatie russe a laissé une porte ouverte à l’armée arabe syrienne et à l’aviation russe pour poursuivre avec plus d’intensité les opérations anti-terroristes en Syrie. Jusqu’à ce que soit résolu l’un des problèmes les plus difficiles dans la liste convenue à Munich, à savoir la délimitation des territoires contrôlés par l’État islamique, le Front al-Nusra et d’autres groupes désignés comme terroristes par le Conseil de sécurité de l’ONU.

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    Cet accord représente un revers majeur pour les intérêts de la Turquie, l’Arabie Saoudite et le Qatar, pays qui ont financé, sélectionné, des mercenaires islamistes armés qu’ils ont envoyés combattre en Syrie. Les gouvernements de ces pays voient de plus en plus s’éloigner leur unique objectif concernant la Syrie, le renversement de Bachar al-Assad pour le remplacer par leur marionnette. C’est la raison pour laquelle l’Arabie Saoudite et la Turquie font pression sur Washington pour permettre une opération terrestre en Syrie, dirigée, selon leur dire, « contre l’Etat islamique. » L’Etat Islamique n’est qu’un prétexte, car, en réalité, les deux pays visent à neutraliser l’armée arabe syrienne et des éléments des infrastructures de l’aviation russe qui ont réduit au silence les groupes terroristes, composés de mercenaires armés, entraînés et financés par eux. La Turquie et l’Arabie Saoudite ont ainsi dévoilé le lien ombilical qu’il y a entre eux et le terrorisme international, que ce soit par la participation directe à la destruction de l’avion russe Su-24 dans l’espace aérien syrien, ou par l’attaque terroriste qui a conduit à l’explosion dans l’air de l’avion de passagers russes, l’Airbus A321, dans la péninsule du Sinaï.

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    Cependant, il y avait peu d’espoir que l’intention de la Turquie et de l’Arabie Saoudite, soutenues par les Émirats Arabes Unis se concrétise, puisque leurs troupes ont besoin d’un soutien aérien et l’espace aérien syrien est défendu par le système de missiles russes S-400 déployés au sol, et les S-300 sur les navires de guerre russes qui naviguent au large de la côte syrienne. Et sans couverture aérienne sur le territoire de la Syrie, les troupes turques, saoudiennes ou émiraties, qui seront considérés comme des troupes d’occupation et n’auront donc pas le soutien de la population syrienne, seront des proies faciles pour l’aviation syrienne modernisée récemment par la Russie [4], les bombardiers de Russie et les missiles de croisière russes lancés à grande distance par les airs, les navires de surface et les sous-marins. Une fois qu’elle aura envahi le territoire de la Syrie, l’armée turque sait qu’elle ne peut pas bénéficier du soutien de l’OTAN, conformément à l’article 5 du traité de l’OTAN.

    Valentin Vasilescu
    [1]. La situation militaire actuelle en Syrie (http://reseauinternational.net/la-si...elle-en-syrie/).

    [2]. L’armée arabe syrienne, appuyée par l’aviation russe, prépare la grande offensive ( http://reseauinternational.net/larme...nde-offensive/)

    [3]. Munitions «intelligentes» utilisées par la Russie en Syrie (http://reseauinternational.net/munit...ssie-en-syrie/).

    [4]. La Russie modernise les forces aériennes de la Syrie (http://reseauinternational.net/la-ru...s-de-la-syrie/).
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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