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Rationaliser la consommation et la dépense énergétiques en Algérie : Le « tout-GPL », la solution presque parfaite

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  • Rationaliser la consommation et la dépense énergétiques en Algérie : Le « tout-GPL », la solution presque parfaite

    Écrit par Samir Tazaïrt

    Sans pour autant friser l'obsession, le gouvernement cherche par tous les moyens à rationaliser consommation et dépense énergétiques, l’une et l’autre devenant insupportables au Trésor, de moins en moins alimenté en ressources financières à cause d’un pétrole devenu bon marché.
    gpl algerie
    Depuis la loi de finances pour 2016, tissée pour tenter de répondre à une situation de crise, toute une pédagogie a été relayée par différents ministres pour expliquer aux Algériens les vertus de la modération, la « socialisation effrénée » – erronée ? – de l’économie nationale ayant finalement atteint ses limites. Le ministre de l’Energie Salah Khebri est le dernier en date à appeler à la retenue dans la consommation des produits pétroliers, suggérant qu’une essence et un gasoil plus chers ne suffiront pas à réduire la facture liée à leur transformation et à leur importation, les deux ayant coûté au pays 1,8 milliard de dollars en 2015, une année marquée également par une forte hausse de la demande du marché intérieur sur les produits pétroliers qui a fini par pousser la compagnie nationale Sonatrach à importer des volumes importants (+64%) - à hauteur de 3,4 millions de tonnes à fin septembre 2015, dont plus de 80% d’essence et de gasoil. Aux yeux de M. Khebri, le « salut » viendrait du recours au GPL, avec comme « planche » la corporation des chauffeurs de taxi - 94 000 licences accordées à la date de 2014 dans tout le pays, selon Amar Ghoul, alors ministre du secteur – qu’il invite à investir dans la reconversion de leur véhicule en leur installant des kits « aidés », car promesse est faite qu’une subvention de 25 000 DA leur sera accordée. Une « prime » qui pourrait coûter cher, mais rapporter gros tout de même… à l’Etat, qui cherche absolument à rationaliser la consommation des carburants. Les chauffeurs de taxi se retrouvent mis à contribution, même si, jusque-là, ils restent connus pour privilégier la consommation du GPL au vu de son prix à la pompe et du retour sur investissement. S’il en fallait une preuve, elle est apportée par Ghazal GPL, un installateur privé spécialisé dans la conversion des véhicules au GPL qui donne un aperçu arithmétique des économies de coût d’une consommation GPL : un véhicule à essence – 31 DA le litre - qui consomme en moyenne du 7l/100 km et parcourt durant toute l’année 10 000 km, le budget nécessaire oscille dans les 42 000 DA par an, lorsque cette même dépense est ramenée à… 15 000 DA environ si le véhicule roule au GPL – 9 DA le litre. L’économie ainsi faite est de 27 000 DA. Ce qui n’est pas négligeable. Du coup, la logique des chiffres donne raison à M. Khebri.

    A l’Etat de montrer l’exemple !

    Simplement, le ministre de l’Energie pourrait aller plus loin en engageant non les chauffeurs de taxi uniquement, mais le reste du gouvernement dans cet effort de rationalisation, qui doit montrer l’exemple en convertissant, à son tour, le parc roulant national - une centaine de milliers de véhicules de service – au GPL. Ce ne sera pas faute d’essayer d’autant que bien des véhicules de service sont de grosses cylindrées énergivores ! Cette idée est défendue par deux avis autorisés, en les personnes de Zoheir Boudehri, en sa qualité d’ancien conseiller au ministère de l’Energie, et de Abdelmadjid Attar, pour avoir été président de la Sonatrach. En connaissance de cause, M. Boudehri considère que « l’idée est [pourtant] très ancienne, car le gouvernement était le premier à avoir équipé les véhicules de services dans les années 1980 avant d’arrêter de le faire aussitôt après ». « Il n’y a quasiment plus de véhicules de services équipés en GPL actuellement », regrette-t-il avant d’estimer que le GPL comme carburant alternatif n’est pas en soi la solution idéale. « Le GPL attire par le prix certes, mais il faut savoir techniquement que la consommation augmente de 2 à 3 litres/100 et que le moteur chauffe un peu plus, car l’essence lubrifie le moteur alors que le GPL est plus sec. A la longue, cela use le moteur ». Et d’avertir : « Le GPL n’est pas illimité en Algérie, car s’il semble qu’il y en a en surproduction, cela est dû à la faible consommation actuelle ». De son avis, « le GPL aurait dû servir dans les régions éloignées pour le chauffage au lieu de cela, la politique était de développer des gazoducs coûteux et alimenter des régions et des villages éloignés alors que le GPL à usage domestique aurait dû faire place à ces investissements. La consommation de gaz n’est forte qu’en hiver, donc ces mêmes gazoducs sont inutiles 9 mois sur 12, au printemps, en été et automne ». Quoi qu’il en soit, M. Boudehri n’en pense pas moins que « le GPL est une solution de courte durée, car le prix augmentera aussi et il viendra à épuisement s’il est utilisé massivement ». Solution alors ? « La solution est dans les transports en commun électrique avec des régies autonomes de transport au lieu des taxis ou des bus, coûteux, mal organisés et ne répondant pas aux attentes de la population […] Alors, l’Etat doit reprendre en main une mission de service public sérieusement afin de réduire le recours aux véhicules particuliers et donc la consommation de carburant subventionnée », recommande-t-il. Avec une sémantique peu différente, l’ancien P-DG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, rejoint le premier nommé sur l’impérieuse nécessité à l’Etat « d’établir une réelle séparation entre ce que devrait réellement payer le secteur économique et le consommateur domestique ». « Les prix sont trop bas par rapport à ce qui se pratique dans le monde », disait-il à l’occasion d’un débat public sur les questions énergétiques, et de plaider de revenir « à la vérité des prix, qui est et sera difficilement conciliable avec l’approche interventionniste du gouvernement dans les prix de l’énergie », avant de faire part de son inquiétude de voir le gouvernement englué dans l’ambivalence « de vouloir investir lourdement et rapidement dans les énergies renouvelables », tout en continuant à « dépenser des milliards dans des centrales à gaz ». « Il n’y pas de concordance » dans la politique gouvernementale en matière de choix énergétique, alors que parmi les pistes intéressantes au moins pour les 15 prochaines années, c’est « de faire un mixte énergétique entre le solaire et le gaz », affirmait-il. Cette « même » ambivalence est perçue dans la question du GPL, car au moment où l’Etat incite à la « reconversion » au GPL, les stations-service qui en servent ne sont pas légion, à peine sont-elles au nombre de 250 parmi plusieurs milliers.

    Le « Ok » de la corporation

    Néanmoins, le GPL, qui a connu une baisse en 2014 pour représenter 5,7% de l’ensemble de la consommation de carburant pour automobile - 1,9 million de tonnes, en diminution de moins 7,4% en 2014 par rapport à 2013, selon le dernier bilan énergétique national publié en 2015 par le ministère de l’Energie – va-t-il connaître un meilleur « destin » avec la population des chauffeurs de taxi ? En tout cas, la question de leur adhésion ne se pose plus. Il y a quelque quinze jours, les représentants des chauffeurs de taxi ont abordé la question avec le ministère des Transports, de l’Energie et l’Agence nationale pour la promotion et la rationalisation de l’utilisation de l’énergie (Aprue), une rencontre à l’issue « très favorable ». A ce propos, le président de la Fédération nationale du transport de voyageurs et des marchandises (UGCAA), Abdelkader Boucherit, s’est fait l’écho de l’adhésion des chauffeurs de taxi affiliés à l’organisation, au nombre de 35 000, avec la perspective de mener une campagne nationale pour soutenir ce programme de reconversion déjà inscrit dans l’agenda de l’Aprue, mandatée par le gouvernement pour mener le nouveau programme d’efficacité énergétique – lancé cette année – avec comme objectif la conversion de 1,3 million de véhicules au GPL. Du côté de l’Union nationale des chauffeurs de taxi (UNCAT), présidée par Azziouz Boukerrou, c’est le même enthousiasme, quoique plus mesuré. « Nous avons eu une séance de travail avec les représentants des transports et ceux de l’Aprue, lors de laquelle il a été convenu d’une prime GPL de 50% à destination de la corporation, accompagnée d’une exonération totale de la vignette auto pour ceux qui passeront au GPL », a-t-il relaté, insistant sur l’« unique » condition posée au nom des chauffeurs de taxi : une installation garantie et des kits aux normes. « Cependant, nous attendons le jour J, lorsque cette mesure deviendra effective. L’Aprue s’est engagée à payer 50 % du kit, qui, parfois, peut atteindre 70 000 DA, et le reste à la charge du chauffeur de taxi, mais encore faut-il que les 77 installateurs recensés dans le pays soient tous au même niveau d’information et qu’ils assurent une installation de qualité et le service après-vente y afférent », soutient-il. L’organisation syndicale n’a pas manqué non plus d’émettre un avis sur le nombre de stations-service qui desservent du GPL, et d’obtenir, pour l’instant, la promesse d’en augmenter le nombre.

    REPORTERS.DZ
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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