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Des partis de l’opposition appellent à la réouverture des frontières algéro-marocaines. Pourquoi l’Algérie refuse de rouvrir ces frontières ?
Il est utile de préciser qu’il s’agit uniquement des frontières terrestres. De plus, ce problème de frontière ne peut pas être délié de l’ensemble des relations algéro- marocaines. La réouverture des frontières sera, à mon sens, l’aboutissement d’un processus de normalisation des relations. Elle ne peut en aucun cas être un préalable. La démarche adoptée par l’Algérie jusqu’à maintenant me semble tout à fait pragmatique. Elle vise à donner à ce processus un caractère progressif et global, gage de solidité et de durabilité.
Sans revenir dans le détail sur la question de la responsabilité dans la fermeture des frontières, il est bon de rappeler que le Maroc a pris la décision d’imposer, en 1994, le visa aux Algériens pensant ainsi pouvoir affaiblir le pays et l’isoler davantage. Il avait d’ailleurs hébergé le chef du GIA (Abdelhak Layada, NDR) dans un contexte national de crise politique et sécuritaire pour nous soumettre à un chantage qu’on peut résumer en empruntant à la déclaration faite par le roi Hassan II a un plénipotentiaire algérien venu lui signaler la présence de Layada à Oujda : « À chacun son Polisario », a-t-il rétorqué portant ainsi un groupe terroriste au rang de mouvement de libération. Il était inconcevable qu’un pays voisin tenu par un devoir de solidarité et engagé dans un processus d’intégration régionale soumette une Algérie à feu et à sang à un tel chantage. Pourtant, il l’a fait. La diplomatie n’est pas le domaine des immémorés (ceux qui n’ont pas de mémoire).
Un processus de normalisation des relations algéro- marocaines a été lancé, mais il n’avait pas abouti en 2012. Pourquoi ?
Ce processus de normalisation avait été engagé quatre ans auparavant, mais il a été contrarié par les autorités marocaines qui ont annulé la visite offcielle de Ahmed Ouyahia (qui était alors Premier ministre) la veille de sa tenue. Cela était inamical et discourtois et le signe d’une volonté délibérée de laisser les relations se détériorer.
De même, les attaques récurrentes du roi du Maroc (Mohamed VI) contre l’Algérie avaient également fait que ce processus n’aboutisse pas. Il faut dire que c’est quelque chose d’exceptionnel dans les relations internationales. Un discours offciel et public d’une telle virulence a favorisé et a provoqué, à mon sens, l’action des activistes marocains qui ont arraché le drapeau du consulat algérien Casablanca en novembre 2013. Suite à cette violation de l’immunité d’une représentation consulaire, l’Algérie n’a pas reçu d’excuses formelles. Pis encore, le délinquant qui a commis cet acte ignoble en un jour de fête nationale a été relâché par la justice. Il me parait injuste de faire porter à l’Algérie la responsabilité de la tension permanente entre les deux pays.
Comment se fait-il que le Maroc tienne un discours virulent à l’égard de l’Algérie ?
La persistance de ce discours royal virulent à l’égard de l’Algérie se justife essentiellement par le fait que le roi du Maroc en fait un outil de politique intérieure mais également parce qu’il bénéfcie du soutien diplomatique inconditionnel essentiellement de la France et de l’Espagne et d’un soutien fnancier et notamment militaire des pays du Golfe (Les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite). Il est clair que nous ne sommes pas dans la meilleure phase des relations algéro-marocaines et rien n’indique qu’elles sont appelées à s’améliorer à brève échéance.
Au même, il revendique la réouverture des frontières avec l’Algérie. Pourquoi ?
La réouverture des frontières aidera l’Est du Maroc dans une période où le tourisme maghrébin s’essoufle et où l’Algérie a un besoin pressant de main d’œuvre dans tous les secteurs. Selon les plus récentes études, la réouverture pourrait faire gagner le Maroc jusqu’à un point en matière de croissance économique.
L’Algérie ne devrait pas donc rouvrir ses frontières ?
Le problème n’est pas là. Encore une fois, la réouverture des frontières sera l’aboutissement d’un processus de normalisation porté par des mesures de confance entre les deux États et non un préalable. Aujourd’hui, il y a une absence de confance entre le roi du Maroc et notre Président.
Certains partis politiques de l’opposition estiment pourtant que cette réouverture est une nécessité pour la construction d'une union maghrébine...
La culture maghrébine dominante en Algérie est une synthèse de l’esprit de la réunion de Tanger (entre les responsables des mouvements nationaux en 1958) et celui du traité de Marrakech (1989). Alors que l’esprit de Tanger a laissé très peu de traces dans les relations intermaghrébines dès l’accès à l’indépendance de ces pays, celui de Marrakech a été dévoyé par le Maroc
dans la mesure où il considère que la question du Sahara occidental bloque le processus de construction maghrébine.
Malheureusement, les élites politiques et universitaires algériennes sont très en retard par rapport aux élites tunisiennes et marocaines. Nos élites sont d’un archaïsme désarmant et d’une naïveté qui tient de leur sincérité plus que la réalité du monde. Sur le principe, nous sommes tous tenus, partis du pouvoir et opposition, de participer au consensus national en matière de politique extérieure dans ses deux dimensions : diplomatie et défense de l’intégrité territoriale. Cela ne réduit en rien notre droit à l’information, à l’appréciation et à la critique de notre politique étrangère.
Pourquoi nos élites sont-elles en retard ?
Les élites tunisiennes et marocaines envisagent l’intégration de façon verticale donc avec l’Europe et conçoivent l’Algérie uniquement comme un marché. Nos deux voisins n’ont pas respecté l’esprit du traité de Marrakech en signant des accords d’association avec l’Union européenne (UE) en 94 et 95 alors que nous étions en plein crise sécuritaire et politique. De même qu’ils ont engagé à la même période un dialogue politique et militaire avec l’Otan sans nous.
En fait, je regrette que le président de la République qui est l’opérateur exclusif de la politique étrangère en Algérie n’ait pas poursuivi la tradition de ses prédécesseurs consistant à recevoir et à faire recevoir par le gouvernement les chefs de partis politiques pour les informer de la stratégie de l’Algérie en matière de politique extérieure et des dossiers d’actualité. Ceci n’a pas manqué de provoquer au sein des partis de l’opposition, des élites universitaires et de journalistes un certain kottement sur les principaux dossiers de la politique étrangère.
La France a également adopté des mesures sévères contre l’Algérie avant et durant la Décennie noire. Pourquoi n’étant-en pas aussi intransigeant avec ce pays ?
D’abord, précisons que nous n’avons pas de frontière commune terrestre avec la France. Ensuite, rappelons que nous avons soumis la France et tous les pays de la zone Shengen au principe de réciprocité concernant le visa. Nous sommes les seuls à le faire dans le monde arabe. La doctrine algérienne ne cède pas sur le principe.
Nicolas Sarkozy estime que la persistance de la fermeture des frontières est l’une des conséquences du conflit au Sahara occidental. Partagez-vous cet avis ?
Sarkozy a un parti pris flagrant qui n’appelle pas de commentaire. Il a choisi son camp et il se comporte comme un partisan et non pas comme un ancien chef d’État d’un pays qui entretient des relations denses et historiques avec l’Algérie.
La réouverture des frontières n’est-elle pas également liée au conflit du Sahara occidental ?
Le conflit du Sahara occidental existe depuis 1975 et est inscrit dans le système onusien comme une question de décolonisation. D’ailleurs, il n’y pas un seul État au monde qui reconnait l’autorité du Maroc sur ce territoire. Ce problème est également antérieur au traité de Marrakech de 1989 dont l’esprit était justement de faire que l’intégration maghrébine favorise le règlement de la question sahraouie. Il est contraire à la réalité historique du Maghreb de rendre le conflit du Sahara occidental responsable de l’échec du projet maghrébin ou de la persistance de la fermeture des frontières terrestres.
TSA
Il est utile de préciser qu’il s’agit uniquement des frontières terrestres. De plus, ce problème de frontière ne peut pas être délié de l’ensemble des relations algéro- marocaines. La réouverture des frontières sera, à mon sens, l’aboutissement d’un processus de normalisation des relations. Elle ne peut en aucun cas être un préalable. La démarche adoptée par l’Algérie jusqu’à maintenant me semble tout à fait pragmatique. Elle vise à donner à ce processus un caractère progressif et global, gage de solidité et de durabilité.
Sans revenir dans le détail sur la question de la responsabilité dans la fermeture des frontières, il est bon de rappeler que le Maroc a pris la décision d’imposer, en 1994, le visa aux Algériens pensant ainsi pouvoir affaiblir le pays et l’isoler davantage. Il avait d’ailleurs hébergé le chef du GIA (Abdelhak Layada, NDR) dans un contexte national de crise politique et sécuritaire pour nous soumettre à un chantage qu’on peut résumer en empruntant à la déclaration faite par le roi Hassan II a un plénipotentiaire algérien venu lui signaler la présence de Layada à Oujda : « À chacun son Polisario », a-t-il rétorqué portant ainsi un groupe terroriste au rang de mouvement de libération. Il était inconcevable qu’un pays voisin tenu par un devoir de solidarité et engagé dans un processus d’intégration régionale soumette une Algérie à feu et à sang à un tel chantage. Pourtant, il l’a fait. La diplomatie n’est pas le domaine des immémorés (ceux qui n’ont pas de mémoire).
Un processus de normalisation des relations algéro- marocaines a été lancé, mais il n’avait pas abouti en 2012. Pourquoi ?
Ce processus de normalisation avait été engagé quatre ans auparavant, mais il a été contrarié par les autorités marocaines qui ont annulé la visite offcielle de Ahmed Ouyahia (qui était alors Premier ministre) la veille de sa tenue. Cela était inamical et discourtois et le signe d’une volonté délibérée de laisser les relations se détériorer.
De même, les attaques récurrentes du roi du Maroc (Mohamed VI) contre l’Algérie avaient également fait que ce processus n’aboutisse pas. Il faut dire que c’est quelque chose d’exceptionnel dans les relations internationales. Un discours offciel et public d’une telle virulence a favorisé et a provoqué, à mon sens, l’action des activistes marocains qui ont arraché le drapeau du consulat algérien Casablanca en novembre 2013. Suite à cette violation de l’immunité d’une représentation consulaire, l’Algérie n’a pas reçu d’excuses formelles. Pis encore, le délinquant qui a commis cet acte ignoble en un jour de fête nationale a été relâché par la justice. Il me parait injuste de faire porter à l’Algérie la responsabilité de la tension permanente entre les deux pays.
Comment se fait-il que le Maroc tienne un discours virulent à l’égard de l’Algérie ?
La persistance de ce discours royal virulent à l’égard de l’Algérie se justife essentiellement par le fait que le roi du Maroc en fait un outil de politique intérieure mais également parce qu’il bénéfcie du soutien diplomatique inconditionnel essentiellement de la France et de l’Espagne et d’un soutien fnancier et notamment militaire des pays du Golfe (Les Émirats Arabes Unis et l’Arabie Saoudite). Il est clair que nous ne sommes pas dans la meilleure phase des relations algéro-marocaines et rien n’indique qu’elles sont appelées à s’améliorer à brève échéance.
Au même, il revendique la réouverture des frontières avec l’Algérie. Pourquoi ?
La réouverture des frontières aidera l’Est du Maroc dans une période où le tourisme maghrébin s’essoufle et où l’Algérie a un besoin pressant de main d’œuvre dans tous les secteurs. Selon les plus récentes études, la réouverture pourrait faire gagner le Maroc jusqu’à un point en matière de croissance économique.
L’Algérie ne devrait pas donc rouvrir ses frontières ?
Le problème n’est pas là. Encore une fois, la réouverture des frontières sera l’aboutissement d’un processus de normalisation porté par des mesures de confance entre les deux États et non un préalable. Aujourd’hui, il y a une absence de confance entre le roi du Maroc et notre Président.
Certains partis politiques de l’opposition estiment pourtant que cette réouverture est une nécessité pour la construction d'une union maghrébine...
La culture maghrébine dominante en Algérie est une synthèse de l’esprit de la réunion de Tanger (entre les responsables des mouvements nationaux en 1958) et celui du traité de Marrakech (1989). Alors que l’esprit de Tanger a laissé très peu de traces dans les relations intermaghrébines dès l’accès à l’indépendance de ces pays, celui de Marrakech a été dévoyé par le Maroc
dans la mesure où il considère que la question du Sahara occidental bloque le processus de construction maghrébine.
Malheureusement, les élites politiques et universitaires algériennes sont très en retard par rapport aux élites tunisiennes et marocaines. Nos élites sont d’un archaïsme désarmant et d’une naïveté qui tient de leur sincérité plus que la réalité du monde. Sur le principe, nous sommes tous tenus, partis du pouvoir et opposition, de participer au consensus national en matière de politique extérieure dans ses deux dimensions : diplomatie et défense de l’intégrité territoriale. Cela ne réduit en rien notre droit à l’information, à l’appréciation et à la critique de notre politique étrangère.
Pourquoi nos élites sont-elles en retard ?
Les élites tunisiennes et marocaines envisagent l’intégration de façon verticale donc avec l’Europe et conçoivent l’Algérie uniquement comme un marché. Nos deux voisins n’ont pas respecté l’esprit du traité de Marrakech en signant des accords d’association avec l’Union européenne (UE) en 94 et 95 alors que nous étions en plein crise sécuritaire et politique. De même qu’ils ont engagé à la même période un dialogue politique et militaire avec l’Otan sans nous.
En fait, je regrette que le président de la République qui est l’opérateur exclusif de la politique étrangère en Algérie n’ait pas poursuivi la tradition de ses prédécesseurs consistant à recevoir et à faire recevoir par le gouvernement les chefs de partis politiques pour les informer de la stratégie de l’Algérie en matière de politique extérieure et des dossiers d’actualité. Ceci n’a pas manqué de provoquer au sein des partis de l’opposition, des élites universitaires et de journalistes un certain kottement sur les principaux dossiers de la politique étrangère.
La France a également adopté des mesures sévères contre l’Algérie avant et durant la Décennie noire. Pourquoi n’étant-en pas aussi intransigeant avec ce pays ?
D’abord, précisons que nous n’avons pas de frontière commune terrestre avec la France. Ensuite, rappelons que nous avons soumis la France et tous les pays de la zone Shengen au principe de réciprocité concernant le visa. Nous sommes les seuls à le faire dans le monde arabe. La doctrine algérienne ne cède pas sur le principe.
Nicolas Sarkozy estime que la persistance de la fermeture des frontières est l’une des conséquences du conflit au Sahara occidental. Partagez-vous cet avis ?
Sarkozy a un parti pris flagrant qui n’appelle pas de commentaire. Il a choisi son camp et il se comporte comme un partisan et non pas comme un ancien chef d’État d’un pays qui entretient des relations denses et historiques avec l’Algérie.
La réouverture des frontières n’est-elle pas également liée au conflit du Sahara occidental ?
Le conflit du Sahara occidental existe depuis 1975 et est inscrit dans le système onusien comme une question de décolonisation. D’ailleurs, il n’y pas un seul État au monde qui reconnait l’autorité du Maroc sur ce territoire. Ce problème est également antérieur au traité de Marrakech de 1989 dont l’esprit était justement de faire que l’intégration maghrébine favorise le règlement de la question sahraouie. Il est contraire à la réalité historique du Maghreb de rendre le conflit du Sahara occidental responsable de l’échec du projet maghrébin ou de la persistance de la fermeture des frontières terrestres.
TSA
selon la propagande FLN....
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