"Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas." Lao Tseu
Ça y est, tout le monde a retenu son souffle et a tourné son regard vers Doha, un minuscule point qui a focalisé l’attention du fait de la réunion de l’Opep et de la Russie ! Le scoop : gel de la production. On aurait pensé à une diminution, non au gel, c’est-à-dire qu’on continuera à produire comme avant sans quantité supplémentaire. Les ministres de l’Energie de l’Arabie saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela se sont donc réunis. Ils ont décidé d’un gel des niveaux de production de janvier, mais pas une coupure pure et simple. L’accord devrait également être subordonné à tous les membres de l’Opep qui auraient accepté ce plan. Cela ne veut rien dire, car les niveaux ont atteint des records.
C’est de fait un coup d’épée dans l’eau pour plusieurs raisons : la grande question en suspens est de savoir si l’Iran accepte de limiter sa production. Le lundi dernier, l’Iran a commencé à transporter du pétrole vers l’Europe. L’Iran cherche à récupérer une partie de son ancienne part de marché qu’il a perdue dans les années qui ont suivi la crise du nucléaire. L’Iran avait déjà annoncé son intention d’augmenter la production de 500.000 à 1 million de barils par jour (mb / j). Ce n’est pas dans son intérêt de plafonner la production maintenant. Cependant, il sera difficile à l’Iran dans l’immédiat au vu de la vétusté des installations d’ajouter 1 million de barils/jour. C’est donc un coup psychologique pour avoir de nouvelles parts de marché.
Bien que l’accord ne soit que provisoire, c’est la première fois que l’on assiste à une coopération entre l’Opep et la Russie. Il faut savoir en effet que la Russie a retrouvé sa production du temps de l’Union soviétique, elle produit 10 millions de barils/jour devancée par l’Arabie saoudite qui a pris une partie des parts de l’Irak, de l’Iran, de la Libye. Des pays importants n’ont pas participé, c’est le cas de l’Angola du Nigeria et de l’Irak Pour Al Naïmi c’est le début d’un processus : "Nous ne voulons pas d’une réduction de l’offre. Nous voulons répondre à la demande. Nous voulons un prix du pétrole stable. L’ approvisionnement dépasse toujours la demande et les stocks mondiaux de pétrole continuent à gonfler, ce qui pourrait pousser les prix au-dessous de 20 $ le baril. En 1999, lorsque l’Opep s’est réunie avec d’autres producteurs, y compris le Mexique, pour lutter contre un effondrement des prix du pétrole, l’Arabie saoudite avait accepté de laisser la sortie fixée par l’Iran à un niveau plus élevé que dans le passé. Depuis, il y a la guerre larvée par Syrie interposée. Cette guerre pouvant déboucher sur une conflagration mondiale, Riyadh a pris l’initiative rare de la vente de brut aux pays de l’Europe de l’Est, (chasse gardée de la Russie) tandis que la Russie a dépassé l’Arabie saoudite dans les exportations de pétrole vers la Chine. Les deux pays soutiennent également les côtés opposés dans la guerre civile syrienne.
Les pays qui ont vu leur production baisser sont l’Algérie de 2%, l’Angola 2,5%. Par contre, le Nigeria a augmenté de 4% sa production, il en est de même de la Libye malgré le chaos, la production a augmenté de 2%. Dans tout cela, il est curieux qu’une réunion qui concerne l’Opep se fasse en dehors des acteurs de l’Opep.
La situation américaine
Elle n’est guère reluisante. Il est pratiquement certain que les producteurs américains sont aux abois. Il y a eu beaucoup de faillites et les dernières nouvelles montrent que le nombre d’appareils de forage a été divisé par 3. On est passé de 1900 appareils a près de 500 appareils. De plus, la production américaine contrairement à ce que dit la presse, a chuté. La courbe de production américaine, après avoir atteint le niveau record de 9,61 millions de barils jour en juin, a finalement commencé à baisser Cependant, les Etats-Unis ont commencé à augmenter leur niveau de stock au-delà de sa valeur moyenne dès le mois de janvier 2015. Les stocks américains sont passés de 380 millions à 490 millions de barils...! Plus de 25% d’augmentation ! 100 millions de barils sur environ 100 jours ouvrables. Les pays industrialisés qui ont des capacités de stockage ont fait pareil avec un pétrole bradé. Un pays comme la France a gagné 25 milliards de dollars du fait de la chute des prix. L’arrivée des gaz de schiste et des pétroles de schiste a fait long feu. Le secteur du schiste est maintenant financièrement sous stress-tests. Cela fonctionnait bien dans un environnement caractérisé par des prix du pétrole brut relativement élevés et une politique monétaire ultra-accommodante. Ce n’est plus le cas avec les nouvelles décisions de la FED. Les faillites s’envolent dans le secteur pétrolier américain. Au moins 67 compagnies pétrolières et gazières américaines ont fait faillite en 2015, selon le cabinet de conseil Gavin/Solmonese. Cela représente une hausse de 379% par rapport à l’année précédente où le cours du pétrole était nettement plus élevé. Même Chesapeake Energy (CHK), l’une des entreprises les plus connues lors de l’essor du schiste, a été contrainte de démentir les rumeurs de faillite plus tôt cette semaine alors que son action chutait lourdement.
"L’augmentation spectaculaire des faillites correspond à une baisse du cours du pétrole qui est passé de 110 dollars le baril à la mi-2014 à 27 dollars environ aujourd’hui. Cette hausse des dépôts de bilan est liée également à la baisse du prix du gaz naturel qui est à son plus bas niveau depuis près de 14 ans. Lorsque le cours du pétrole se situait dans une zone comprise entre 90 et 100 dollars le baril et que le boom du pétrole de schiste décollait, les entreprises s’endettaient massivement pour financer les forages coûteux. Mais la forte production de pétrole aux États-Unis a créé une surabondance phénoménale de l’offre ce qui a engendré un effondrement des cours du pétrole. En mars dernier, Quicksilver Resources basé à Worth Fort s’était effondrée sous le poids de plus de 2 milliards de dollars en dette contractée pour financer ses forages dans le Barnett Shale situé dans le nord du Texas, dans le bassin Bend Arch-Fort Worth." (1)
L’énigme saoudienne
Voilà un pays que l’on croyait invulnérable disposant du parapluie américain fort avec les faibles (Yémen, Bahrein), faible avec les forts (Israël, Etats-Unis) qui change des alliances au gré des humeurs, qui fait la guerre tous azimuts engageant une coalition hétéroclite de pays arabes vassaux pour tenter de mater les Yéménites, en vain malgré l’oeil complaisant d’un Occident pour qui les droits de l’homme sont à géométrie variable s’ils permettent de vendre des armes et des avions comme le fait la France, mais aussi le Royaume-Uni et naturellement, les Américains qui leur ont vendu pour près de 75 milliards de dollars. On a cru un moment que sur ordre de l’Empire l’Arabie saoudite avait pour rôle d’affaiblir la Russie en noyant le marché pour d’hypothétiques parts de marché, en vain. En théorie, le royaume a encore plus de 600 milliards $ dans les réserves et peut survivre à des bas prix du pétrole mieux que ses principaux concurrents, la Russie et les producteurs de schiste aux États-Unis. Par ailleurs, sous la gouvernance d’un prince, ministre de la Défense pyromane, l’Arabie saoudite est en train de déclencher avec le sultan Erdogan une guerre mondiale en Syrie en envoyant des troupes mercenaires au sol et des avions pour faire tomber Al Assad soutenu par la Russie. D’une façon tout à fait imprévisible on annonce une alliance de ces deux ennemis potentiels.
Ça y est, tout le monde a retenu son souffle et a tourné son regard vers Doha, un minuscule point qui a focalisé l’attention du fait de la réunion de l’Opep et de la Russie ! Le scoop : gel de la production. On aurait pensé à une diminution, non au gel, c’est-à-dire qu’on continuera à produire comme avant sans quantité supplémentaire. Les ministres de l’Energie de l’Arabie saoudite, la Russie, le Qatar et le Venezuela se sont donc réunis. Ils ont décidé d’un gel des niveaux de production de janvier, mais pas une coupure pure et simple. L’accord devrait également être subordonné à tous les membres de l’Opep qui auraient accepté ce plan. Cela ne veut rien dire, car les niveaux ont atteint des records.
C’est de fait un coup d’épée dans l’eau pour plusieurs raisons : la grande question en suspens est de savoir si l’Iran accepte de limiter sa production. Le lundi dernier, l’Iran a commencé à transporter du pétrole vers l’Europe. L’Iran cherche à récupérer une partie de son ancienne part de marché qu’il a perdue dans les années qui ont suivi la crise du nucléaire. L’Iran avait déjà annoncé son intention d’augmenter la production de 500.000 à 1 million de barils par jour (mb / j). Ce n’est pas dans son intérêt de plafonner la production maintenant. Cependant, il sera difficile à l’Iran dans l’immédiat au vu de la vétusté des installations d’ajouter 1 million de barils/jour. C’est donc un coup psychologique pour avoir de nouvelles parts de marché.
Bien que l’accord ne soit que provisoire, c’est la première fois que l’on assiste à une coopération entre l’Opep et la Russie. Il faut savoir en effet que la Russie a retrouvé sa production du temps de l’Union soviétique, elle produit 10 millions de barils/jour devancée par l’Arabie saoudite qui a pris une partie des parts de l’Irak, de l’Iran, de la Libye. Des pays importants n’ont pas participé, c’est le cas de l’Angola du Nigeria et de l’Irak Pour Al Naïmi c’est le début d’un processus : "Nous ne voulons pas d’une réduction de l’offre. Nous voulons répondre à la demande. Nous voulons un prix du pétrole stable. L’ approvisionnement dépasse toujours la demande et les stocks mondiaux de pétrole continuent à gonfler, ce qui pourrait pousser les prix au-dessous de 20 $ le baril. En 1999, lorsque l’Opep s’est réunie avec d’autres producteurs, y compris le Mexique, pour lutter contre un effondrement des prix du pétrole, l’Arabie saoudite avait accepté de laisser la sortie fixée par l’Iran à un niveau plus élevé que dans le passé. Depuis, il y a la guerre larvée par Syrie interposée. Cette guerre pouvant déboucher sur une conflagration mondiale, Riyadh a pris l’initiative rare de la vente de brut aux pays de l’Europe de l’Est, (chasse gardée de la Russie) tandis que la Russie a dépassé l’Arabie saoudite dans les exportations de pétrole vers la Chine. Les deux pays soutiennent également les côtés opposés dans la guerre civile syrienne.
Les pays qui ont vu leur production baisser sont l’Algérie de 2%, l’Angola 2,5%. Par contre, le Nigeria a augmenté de 4% sa production, il en est de même de la Libye malgré le chaos, la production a augmenté de 2%. Dans tout cela, il est curieux qu’une réunion qui concerne l’Opep se fasse en dehors des acteurs de l’Opep.
La situation américaine
Elle n’est guère reluisante. Il est pratiquement certain que les producteurs américains sont aux abois. Il y a eu beaucoup de faillites et les dernières nouvelles montrent que le nombre d’appareils de forage a été divisé par 3. On est passé de 1900 appareils a près de 500 appareils. De plus, la production américaine contrairement à ce que dit la presse, a chuté. La courbe de production américaine, après avoir atteint le niveau record de 9,61 millions de barils jour en juin, a finalement commencé à baisser Cependant, les Etats-Unis ont commencé à augmenter leur niveau de stock au-delà de sa valeur moyenne dès le mois de janvier 2015. Les stocks américains sont passés de 380 millions à 490 millions de barils...! Plus de 25% d’augmentation ! 100 millions de barils sur environ 100 jours ouvrables. Les pays industrialisés qui ont des capacités de stockage ont fait pareil avec un pétrole bradé. Un pays comme la France a gagné 25 milliards de dollars du fait de la chute des prix. L’arrivée des gaz de schiste et des pétroles de schiste a fait long feu. Le secteur du schiste est maintenant financièrement sous stress-tests. Cela fonctionnait bien dans un environnement caractérisé par des prix du pétrole brut relativement élevés et une politique monétaire ultra-accommodante. Ce n’est plus le cas avec les nouvelles décisions de la FED. Les faillites s’envolent dans le secteur pétrolier américain. Au moins 67 compagnies pétrolières et gazières américaines ont fait faillite en 2015, selon le cabinet de conseil Gavin/Solmonese. Cela représente une hausse de 379% par rapport à l’année précédente où le cours du pétrole était nettement plus élevé. Même Chesapeake Energy (CHK), l’une des entreprises les plus connues lors de l’essor du schiste, a été contrainte de démentir les rumeurs de faillite plus tôt cette semaine alors que son action chutait lourdement.
"L’augmentation spectaculaire des faillites correspond à une baisse du cours du pétrole qui est passé de 110 dollars le baril à la mi-2014 à 27 dollars environ aujourd’hui. Cette hausse des dépôts de bilan est liée également à la baisse du prix du gaz naturel qui est à son plus bas niveau depuis près de 14 ans. Lorsque le cours du pétrole se situait dans une zone comprise entre 90 et 100 dollars le baril et que le boom du pétrole de schiste décollait, les entreprises s’endettaient massivement pour financer les forages coûteux. Mais la forte production de pétrole aux États-Unis a créé une surabondance phénoménale de l’offre ce qui a engendré un effondrement des cours du pétrole. En mars dernier, Quicksilver Resources basé à Worth Fort s’était effondrée sous le poids de plus de 2 milliards de dollars en dette contractée pour financer ses forages dans le Barnett Shale situé dans le nord du Texas, dans le bassin Bend Arch-Fort Worth." (1)
L’énigme saoudienne
Voilà un pays que l’on croyait invulnérable disposant du parapluie américain fort avec les faibles (Yémen, Bahrein), faible avec les forts (Israël, Etats-Unis) qui change des alliances au gré des humeurs, qui fait la guerre tous azimuts engageant une coalition hétéroclite de pays arabes vassaux pour tenter de mater les Yéménites, en vain malgré l’oeil complaisant d’un Occident pour qui les droits de l’homme sont à géométrie variable s’ils permettent de vendre des armes et des avions comme le fait la France, mais aussi le Royaume-Uni et naturellement, les Américains qui leur ont vendu pour près de 75 milliards de dollars. On a cru un moment que sur ordre de l’Empire l’Arabie saoudite avait pour rôle d’affaiblir la Russie en noyant le marché pour d’hypothétiques parts de marché, en vain. En théorie, le royaume a encore plus de 600 milliards $ dans les réserves et peut survivre à des bas prix du pétrole mieux que ses principaux concurrents, la Russie et les producteurs de schiste aux États-Unis. Par ailleurs, sous la gouvernance d’un prince, ministre de la Défense pyromane, l’Arabie saoudite est en train de déclencher avec le sultan Erdogan une guerre mondiale en Syrie en envoyant des troupes mercenaires au sol et des avions pour faire tomber Al Assad soutenu par la Russie. D’une façon tout à fait imprévisible on annonce une alliance de ces deux ennemis potentiels.
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