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Notre solidarité sans faille avec Kamel Daoud

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  • Notre solidarité sans faille avec Kamel Daoud

    février 19, 2016
    Kamel Daoud a décidé d’abandonner le journalisme pour un moment. Je présume que c’est par mesure prophylactique qu’il a décidé de mettre la profession en quarantaine ; une espèce de réponse du berger à la bergère, puisque des intellectuels ont signé une tribune collective le déclarant infréquentable, après sa saillie « post-Cologniale ». On peut conjecturer encore longtemps sur le faux-pas – car c’est bien un faux-pas – commis dans son analyse des événements au soir de la Saint-Sylvestre et surtout sur les conclusions hâtives auxquelles il était parvenu, sans attendre les résultats de l’enquête. Cette précipitation a fragilisé son analyse des fameux débordements, perçue depuis lors comme une prétention un peu audacieuse à s’ériger tout à la fois en sociologue, en anthropologue et surtout en psychanalyste.

    Ses contempteurs l’accusent de « recycler les clichés orientalistes les plus éculés » et « d’alimenter les fantasmes islamophobes d’une partie croissante du public européen, sous le prétexte de refuser tout angélisme ». Ces reproches qu’on pourrait juger excessifs, reposent cependant sur des arguments qui sont recevables. Et ces accusations ne sont pas injustifiées, compte tenu du climat d’hostilité quasi générale dans lequel se débat la communauté musulmane.

    Quand le monde entier épie les moindres faits et gestes des musulmans et de ces hordes d’assassins qui se réclament de l’islam, on est légitimement en droit d’attendre un peu plus de circonspection et à tout le moins, plus de nuances dans l’expression de la part de ceux qui sont sensés séparer le bon grain de l’ivraie, par la pertinence de leurs analyses et au nom de leur liberté dans l’expression, chèrement acquise et supposée les mettre à l’abri de l’influence de quelque chapelle que ce soit.

    L’expression publique des quelques rares porte-paroles de la communauté arabo-musulmane qui ont réussi à passer entre les gouttes et à fouler grâce au hasard de l’actualité et aux succès de librairie les plateaux de télévision, mobilise encore plus l’attention de tous ceux qui ont à cœur de mettre un peu plus d’équilibre dans le traitement de la question de l’islam. Et ce n’est pas sans inquiétude qu’on appréhende ces incursions dans le paysage public, car on s’attend toujours à toutes sortes de manœuvres qui vont de la séduction à la diabolisation, selon le comportement des nouveaux promus à l’exposition publique, élevés contre leur gré au rang de porte-parole de la communauté arabo-islamique. Ceux qui prônent l’islam des lumières sont poliment écartés, ceux qui le défendent sont disqualifiés, et ceux qui se réclament d’une approche objective de la religion sont suspectés d’adopter un double langage. Et tous seront in fine, plus ou moins ostracisés tant qu’ils n’auront pas accepté d’aller à Canossa.

    Il existe hélas, pourquoi s’en cacher, parmi nos intellectuels les plus brillants quelques célébrités qui ont fini par céder au confort du succès, à la réussite financière et au tutoiement du gotha parisien et de certains milieux particulièrement influents et puissants, passés maîtres dans la manipulation des hommes et des idées. Tel auteur algérien est considéré aujourd’hui comme un véritable otage des milieux sionistes, qui l’exhibent tel un chien savant pour lui faire dire les pires abominations sur les arabes et les musulmans, au nom de la « liberté d’expression » et du « courage politique ».

    C’est contre cette tentation de tous les dangers, que j’avais soutenu le combat que Kamel Daoud a eu le courage de mener face aux nouveaux inquisiteurs d’Alger, en le mettant en garde contre le risque réel de faire l’objet de manipulations de toutes sortes, et de servir un peu d’idiot utile, malgré la fulgurance de son intelligence et sa méfiance avouée de toutes sortes de séductions susceptibles de le détourner de son combat pour la liberté individuelle, pour les droits de l’homme et pour le progrès.

    Or on constate aujourd’hui, après son analyse un peu spécieuse des événements de Cologne et sa promptitude à tremper sa plume dans le vitriol pour tirer sur tous ceux qui ne pensent pas comme lui, qu’il a fini par se laisser aller à l’excès et à déraper forcément. Venant de Kamel Daoud, une maladresse devient une faute, et un faux-pas un cataclysme ; preuve s’il en fallait, qu’on ne prête qu’aux riches, mais preuve aussi qu’il en va de l’anathème comme de la fatwa ; les deux étant le cache-misère du refus du débat : l’anathème des pétitionnaire et la fatwa d’un « imam » d’Alger.

    Kamel Daoud a commis une faute. Il l’admet à demi-mot. Pas par fausse modestie mais par honnêteté. Et c’est pour cette rare qualité intellectuelle, qui transpire de ses écrits et qui lui donne le courage de tenir debout face à toutes les tempêtes traversées, que nous devons lui témoigner notre solidarité sans faille, jusqu’à preuve de la première trahison. C’est parce qu’il est courageux qu’il n’a jamais modulé ses critiques aussi bien à l’égard de ceux qui font commerce d’islam que ceux qui trahissent impunément leurs peuples au nom précisément de la religion. Savait-il qu’à toujours dire sa vérité quel que fut l’auditoire, il prenait le risque de donner à ses propres adversaires et aux pires ennemis de l’islam, des verges pour se faire battre ? Probablement oui ; preuve la aussi, qu’à toujours être courageux il arrive qu’on devienne parfois téméraire.

    Et alors, diront certains ? Sont-ce là des raisons pour courir le risque de se faire embrigader par Bernard-Henry Lévy, Caroline Fourest, Eric Zemmour, Elizabeth Lévy et consorts, toujours à l’affût du moindre prétexte pour cogner sur l’islam et les musulmans, ou pour donner l’occasion à Alain Finkielkrault de s’abriter des derrières des citations d’auteurs algériens pour vomir sur les jeunes de banlieues? Non bien sûr. Mais les voies de l’artiste sont impénétrables, et si on aime nos génies on doit les aimer avec leurs défauts aussi. Un dicton chaoui suggère que « qui m’aime, doit m’aimer avec ma morve ». Si on aime Kamel Daoud, on doit l’aimer avec ses étourderies et ses insuffisances aussi.

    Il est vrai que les pétitionnaires viennent d’horizons différents et qu’ils ne peuvent être accusés d’une quelconque hostilité à l’égard de Kamel Daoud ni à ce qu’il représente. Cela rend leur démarche tout à fait recevable dans le fond mais discutable dans la forme et, ce qui aurait pu être l’occasion d’un débat serein et fructueux, a laissé malheureusement place à des portes qui claquent et à des fins de non discuter.

    Kamel Daoud préfère creuser que déclamer. Alors il a décidé de se retirer sur son Aventin. C’est son choix et son droit. Peut-être y trouvera-t-il moins de tumulte et plus de sérénité pour continuer à imaginer pour nous de prochaines retrouvailles comme on les aime ; celles où l’intelligence des sens, la musique des mots, la prouesse de l’écriture, le fracas des certitudes, et la mise à nu des petits potentats dont ils excelle à moquer les travers et les tares, nous rendent tous les jours plus intelligents. Je continue quant à moi à guetter les oracles et à espérer le retour rapide de celui qui nous aidera à faire lever le soleil.

    Aziz Benyahia

    ...........

  • #2
    Mais les voies de l’artiste sont impénétrables, et si on aime nos génies on doit les aimer avec leurs défauts aussi. Un dicton chaoui suggère que « qui m’aime, doit m’aimer avec ma morve ». Si on aime Kamel Daoud, on doit l’aimer avec ses étourderies et ses insuffisances aussi.
    Origine chaoui oblige, j'ai eu en t^te ce dicton avant même de finir la phrase qui le précède

    Mais la morve c'est de la morve même si elle appartient à daoud !


    ..................
    Dernière modification par Marzouq, 19 février 2016, 19h14.

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    • #3
      Je ne suis guère pro Kamel Daoud, mais j'ai pour principe de respecter les idées des intellectuels sans pour autant les cautionner.

      A propos de M. Daoud, un intéressant article de Jean Daniel à lire dans le Nouvelobs.

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      • #4
        Mingling with the Parisian literati and glitterati classes got to his head. He felt like an intellectual King Kong that could help Europe crush the swarm of refugees incessantly invading its territories. Europe is in danger, he may have thought, and its very way of life is threatened. He went on his own crusade and wrote the most splendid anti-refugee tirade that his cocky French prose has ever produced.

        His ugly words backfired. Academics sliced and diced and counter-argued his cliche-filled piece. They knocked him out. And what does the man of letters and bon mots do? He surrenders! (Kind of Frenchy, if you ask me.)


        Fame is a dangerous thing. It's a double-edged sword. And I think he has learned that the hard way now. He may have enough book smarts to do what he does, but he is lacking in street smarts, the stuff that he should have learned growing up.

        He is my generation (I'm on the wrong side of 40) and he could have been one of the boys around the block that I would have had a chance to play plote fumee with, or build a slick roulma with, or share all my Caprice and Zigomar with. He would have learned this if we had played together:


        You take on the powerful bully that would push the little kids around, and you come off as heroic, as f'hel, and the entire houma would love you. You take on the weak, and you come off as a freaking asshole, as rkhiss, as ha'ggar, and the entire houma would hate you. Simple as that.

        Siding with the weak is an Algerian value. It's almost in the DNA.

        I wish him well.
        Dernière modification par HoHey, 20 février 2016, 19h48.
        It ain't what you don't know that gets you into trouble. It's what you know for sure that just ain't so -- Attributed to Mark Twain

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        • #5
          Vu du Canada Daoud semble une victime mais vu de France il s'est bel et bien allié avec des racistes et islamophobes attisant les tensions entre les communautés. Les intégristes sont à combattre mais surement pas en s'alliant avec d'autres intégristes pratiquant la manipulation. Certains semblent oublier que la France accueillait les intégristes algériens et leur accordaient le statut de réfugiés politiques alors que l'Algérie était à feu et à sang. Même dans l'affaire Khalifa ils ont réussi à échapper à la justice mais Daoud est tombé en plein dans le piège. Il suffit de chercher qui s'occupe de sa communication pour savoir qu'il n'est qu'une marionnette. Je suis contre l'intégrisme mais je suis aussi contre les ratonnades, les assignations à résidence, les emprisonnements arbitraires et les accusations gratuites. Son article sur Cologne dépeignant les migrants comme des obsédés est mensonger, les allemands n'ont jamais eu besoin des migrants pour se conduire comme des porcs. Ca fait des années que les associations dénoncent les nombreuses agressions lors des festivals et fêtes de la bière, ces agressions ne sont pas une nouveauté contrairement à ce qu'a écrit Daoud.
          Dernière modification par zwina, 21 février 2016, 08h00.
          Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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          • #6
            Bien résumé Zwina.

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            • #7
              Au vu de ses chroniques assez souvent dénigrantes, le journaliste Kamel Daoud semble avoir choisi le profil "Arabe de service" qui critique pour dénigrer et non pas pour participer à la recherche de solutions aux problèmes abordés.

              A titre d'exemple, je cite sa récente chronique "La gratuité qui tue le prix de l'Algerie": http://www.algerie-dz.com/forums/sho...d.php?t=368957
              Dans cette chronique médiocre, Kamel Daoud se contente de dénigrer les Algériens d'une manière simpliste et ignore la source du problème abordé: le régime algérien et ses politiques économiques néfastes. Dans toute sa chronique, il n'a pas cité une seule fois le nom de "Bouteflika", alors que le clan Bouteflika est directement responsable de cette situation.

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              • #8
                Kamel Daoud écrit depuis les années 90, il a probablement écrit des milliers d'articles dont on a eu le plaisir d'apprécier quelqu'uns ici sur ce forum ... si on apprécie un homme pour son long combat, ses positions, ses écrits, on ne va comme même pas tirer à boulet rouge pour un ou deux articles ... ca sent un peu les hyenes qui attendent le moindre faux pas pour attaquer ... l'Algérie n'a pas beaucoup comme lui, alors ne détruisons pas le peu qu'il a enfanté.

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                • #9
                  Kamel Daoud écrit depuis les années 90, il a probablement écrit des milliers d'articles dont on a eu le plaisir d'apprécier quelqu'uns ici sur ce forum ... si on apprécie un homme pour son long combat, ses positions, ses écrits, on ne va comme même pas tirer à boulet rouge pour un ou deux articles
                  Depuis les débuts de ses chroniques, il n'a jamais laissé indifférent, il a toujours eu maille à partir avec les deux courants principaux de l'Algérie, les islamistes et les nationalistes, les uns lui reprochant ses idées trop avant-gardistes, trop occidentalisées, les autres les critiques trop dures face aux choix et positions politiques de l'Algérie. Quand les islamistes l'ont même menacé de mort, les nationalistes n'avaient pas sourcillé, certains ont même ajouté l'insulte à la menace. Kamel a tenu bon devant toute cette bave, cette férocité car il avait bien vu que le tout était de l'ordre de l'ineptie et de la bétise.
                  Les étrangers comme il les appelaient, ces intellectuels musulmans de France qui l'ont applaudi et mis au pinacle, ont fini eux aussi par se retourner contre lui. Et ceux là, ils comptent énormément, ce sont les gardiens du temple de la bien-pensance laico-musulmane. Il aurait dû tenir: c'est à ça qu'on reconnait le libre penseur.

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                  • #10
                    Kamel Daoud publie un article intitulé « Cologne, lieu de fantasmes » sur le journal français Le Monde (31.01.2016). Il brosse une psycho-culturel du réfugié, de l'immigré et du musulman (fondu en une seule entité) au lectorat français en prenant comme prétexte un événement advenu la nuit du réveillon à Cologne.

                    Kamel Daoud commente à un lectorat français un événement advenu sur le sol européen.




                    Par Kamel Daoud (Ecrivain)

                    Que s’est-il passé à Cologne la nuit de la Saint-Sylvestre ? On peine à le savoir avec exactitude en lisant les comptes rendus, mais on sait – au moins – ce qui s’est passé dans les têtes. Celle des agresseurs, peut-être ; celle des Occidentaux, sûrement.

                    Fascinant résumé des jeux de fantasmes. Le « fait » en lui-même correspond on ne peut mieux au jeu d’images que l’Occidental se fait de l’« autre », le réfugié-immigré : angélisme, terreur, réactivation des peurs d’invasions barbares anciennes et base du binôme barbare-civilisé. Des immigrés accueillis s’attaquent à « nos » femmes, les agressent et les violent.

                    Cela correspond à l’idée que la droite et l’extrême droite ont toujours construite dans les discours contre l’accueil des réfugiés. Ces derniers sont assimilés aux agresseurs, même si l’on ne le sait pas encore avec certitude. Les coupables sont-ils des immigrés installés depuis longtemps ? Des réfugiés récents ? Des organisations criminelles ou de simples hooligans ? On n’attendra pas la réponse pour, déjà, délirer avec cohérence. Le « fait » a déjà réactivé le discours sur « doit-on accueillir ou s’enfermer ? » face à la misère du monde. Le fantasme n’a pas attendu les faits.

                    Le rapport à la femme

                    Angélisme aussi ? Oui. L’accueil du réfugié, du demandeur d’asile qui fuit l’organisation Etat islamique ou les guerres récentes pèche en Occident par une surdose de naïveté : on voit, dans le réfugié, son statut, pas sa culture ; il est la victime qui recueille la projection de l’Occidental ou son sentiment de devoir humaniste ou de culpabilité. On voit le survivant et on oublie que le réfugié vient d’un piège culturel que résume surtout son rapport à Dieu et à la femme.


                    En Occident, le réfugié ou l’immigré sauvera son corps mais ne va pas négocier sa culture avec autant de facilité, et cela, on l’oublie avec dédain. Sa culture est ce qui lui reste face au déracinement et au choc des nouvelles terres. Le rapport à la femme, fondamental pour la modernité de l’Occident, lui restera parfois incompréhensible pendant longtemps lorsqu’on parle de l’homme lambda.

                    Il va donc en négocier les termes par peur, par compromis ou par volonté de garder « sa culture », mais cela changera très, très lentement. Il suffit de rien, du retour du grégaire ou d’un échec affectif pour que cela revienne avec la douleur. Les adoptions collectives ont ceci de naïf qu’elles se limitent à la bureaucratie et se dédouanent par la charité.

                    Le réfugié est-il donc « sauvage » ? Non. Juste différent, et il ne suffit pas d’accueillir en donnant des papiers et un foyer collectif pour s’acquitter. Il faut offrir l’asile au corps mais aussi convaincre l’âme de changer. L’Autre vient de ce vaste univers douloureux et affreux que sont la misère sexuelle dans le monde arabo-musulman, le rapport malade à la femme, au corps et au désir. L’accueillir n’est pas le guérir.

                    « La femme étant donneuse de vie et la vie étant perte de temps, la femme devient la perte de l’âme »

                    Le rapport à la femme est le nœud gordien, le second dans le monde d’Allah. La femme est niée, refusée, tuée, voilée, enfermée ou possédée. Cela dénote un rapport trouble à l’imaginaire, au désir de vivre, à la création et à la liberté. La femme est le reflet de la vie que l’on ne veut pas admettre. Elle est l’incarnation du désir nécessaire et est donc coupable d’un crime affreux : la vie.

                    C’est une conviction partagée qui devient très visible chez l’islamiste par exemple. L’islamiste n’aime pas la vie. Pour lui, il s’agit d’une perte de temps avant l’éternité, d’une tentation, d’une fécondation inutile, d’un éloignement de Dieu et du ciel et d’un retard sur le rendez-vous de l’éternité. La vie est le produit d’une désobéissance et cette désobéissance est le produit d’une femme.

                    L’islamiste en veut à celle qui donne la vie, perpétue l’épreuve et qui l’a éloigné du paradis par un murmure malsain et qui incarne la distance entre lui et Dieu. La femme étant donneuse de vie et la vie étant perte de temps, la femme devient la perte de l’âme. L’islamiste est tout aussi angoissé par la femme parce qu’elle lui rappelle son corps à elle et son corps à lui.

                    La liberté que le réfugié désire mais n’assume pas

                    Le corps de la femme est le lieu public de la culture : il appartient à tous, pas à elle. Ecrit il y a quelques années à propos de la femme dans le monde dit arabe : « A qui appartient le corps d’une femme ? A sa nation, sa famille, son mari, son frère aîné, son quartier, les enfants de son quartier, son père et à l’Etat, la rue, ses ancêtres, sa culture nationale, ses interdits. A tous et à tout le monde, sauf à elle-même. Le corps de la femme est le lieu où elle perd sa possession et son identité. Dans son corps, la femme erre en invitée, soumise à la loi qui la possède et la dépossède d’elle-même, gardienne des valeurs des autres que les autres ne veulent pas endosser par [pour] leurs corps à eux. Le corps de la femme est son fardeau qu’elle porte sur son dos. Elle doit y défendre les frontières de tous, sauf les siennes. Elle joue l’honneur de tous, sauf le sien qui n’est pas à elle. Elle l’emporte donc comme un vêtement de tous, qui lui interdit d’être nue parce que cela suppose la mise à nu de l’autre et de son regard. »

                    « On voit, dans le réfugié, son statut, pas sa culture ; il est la victime. On voit le survivant et on oublie que le réfugié vient d’un piège culturel que résume surtout son rapport à Dieu et à la femme »

                    Une femme est femme pour tous, sauf pour elle-même. Son corps est un bien vacant pour tous et sa « malvie » à elle seule. Elle erre comme dans un bien d’autrui, un mal à elle seule. Elle ne peut pas y toucher sans se dévoiler, ni l’aimer sans passer par tous les autres de son monde, ni le partager sans l’émietter entre dix mille lois. Quand elle le dénude, elle expose le reste du monde et se retrouve attaquée parce qu’elle a mis à nu le monde et pas sa poitrine. Elle est enjeu, mais sans elle ; sacralité, mais sans respect de sa personne ; honneur pour tous, sauf le sien ; désir de tous, mais sans désir à elle. Le lieu où tous se rencontrent, mais en l’excluant elle. Passage de la vie qui lui interdit sa vie à elle.

                    C’est cette liberté que le réfugié, l’immigré, veut, désire mais n’assume pas. L’Occident est vu à travers le corps de la femme : la liberté de la femme est vue à travers la catégorie religieuse de la licence ou de la « vertu ». Le corps de la femme est vu non comme le lieu même de la liberté essentielle comme valeur en Occident, mais comme une décadence : on veut alors le réduire à la possession, ou au crime à « voiler ».

                    La liberté de la femme en Occident n’est pas vue comme la raison de sa suprématie mais comme un caprice de son culte de la liberté. A Cologne, l’Occident (celui de bonne foi) réagit parce qu’on a touché à « l’essence » de sa modernité, là où l’agresseur n’a vu qu’un divertissement, un excès d’une nuit de fête et d’alcool peut-être.

                    Cologne, lieu des fantasmes donc. Ceux travaillés des extrêmes droites qui crient à l’invasion barbare et ceux des agresseurs qui veulent le corps nu car c’est un corps « public » qui n’est propriété de personne. On n’a pas attendu d’identifier les coupables, parce que cela est à peine important dans les jeux d’images et de clichés. De l’autre côté, on ne comprend pas encore que l’asile n’est pas seulement avoir des « papiers » mais accepter le contrat social d’une modernité.

                    Le problème des « valeurs »

                    Le sexe est la plus grande misère dans le « monde d’Allah ». A tel point qu’il a donné naissance à ce porno-islamisme dont font discours les prêcheurs islamistes pour recruter leurs « fidèles » : descriptions d’un paradis plus proche du bordel que de la récompense pour gens pieux, fantasme des vierges pour les kamikazes, chasse aux corps dans les espaces publics, puritanisme des dictatures, voile et burka.

                    L’islamisme est un attentat contre le désir. Et ce désir ira, parfois, exploser en terre d’Occident, là où la liberté est si insolente. Car « chez nous », il n’a d’issue qu’après la mort et le jugement dernier. Un sursis qui fabrique du vivant un zombie, ou un kamikaze qui rêve de confondre la mort et l’orgasme, ou un frustré qui rêve d’aller en Europe pour échapper, dans l’errance, au piège social de sa lâcheté : je veux connaître une femme mais je refuse que ma sœur connaisse l’amour avec un homme.

                    Retour à la question de fond : Cologne est-il le signe qu’il faut fermer les portes ou fermer les yeux ? Ni l’une ni l’autre solution. Fermer les portes conduira, un jour ou l’autre, à tirer par les fenêtres, et cela est un crime contre l’humanité.

                    Mais fermer les yeux sur le long travail d’accueil et d’aide, et ce que cela signifie comme travail sur soi et sur les autres, est aussi un angélisme qui va tuer. Les réfugiés et les immigrés ne sont pas réductibles à la minorité d’une délinquance, mais cela pose le problème des « valeurs » à partager, à imposer, à défendre et à faire comprendre. Cela pose le problème de la responsabilité après l’accueil et qu’il faut assumer.

                    Kamel Daoud est un écrivain algérien. Il est notamment l’auteur de Meursault, contre-enquête (Actes Sud, 2014), Prix Goncourt du premier roman. Il est également chroniqueur au Quotidien d’Oran. Cet article a d’abord été publié en Italie dans le quotidien La Repubblica.

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                    • #11
                      Il arrive alors ce qui arrive parfois dans un pays dit démocratique...Une réaction à son article est publiée par le même journal.

                      Kamel Daoud, qui défend sa liberté d'invectiver toute une population (les musulmans), ne semble pas accepter que des intellectuels remettent en question la pertinence de son analyse.

                      Pour comble de la mauvaise foi, celui qui s'adresse à des Européens pour commenter un événement advenu en Europe en chargeant les musulmans, joue la carte de l'indigène bafoué ("Le tout servi en forme de procès stalinien et avec le préjugé du spécialiste : je sermonne un indigène parce que je parle mieux des intérêts des autres indigènes et post-décolonisés. Et au nom des deux mais avec mon nom. Et cela m'est intolérable comme posture.") quand ces derniers ne sont pas d'accord avec lui.

                      Mieux que cela, il se permet de servir un texte qui répand une posture politique de plus en plus assumée en Occident et politiquement surexploitée (l'islamophobie) mais dénie en même temps aux Européens, auxquels il s'adresse, du fait même de leur européanité, le droit de réagir à son "analyse" ("Que des universitaires pétitionnent contre moi aujourd'hui, pour ce texte, je trouve cela immoral parce qu'ils ne vivent pas ma chair, ni ma terre et que je trouve illégitime sinon scandaleux que certains me servent le verdict d'islamophobie à partir de la sécurité et des conforts des capitales de l'Occident et ses terrasses.).

                      En passant, les personnes, qui ne sont pas toutes universitaires, n'ont pas pétitionné contre lui (autre posture victimaire) mais ont signé un texte collectivement. Ils n'ont émis aucune revendication.

                      Et pour fournir, il leur fait un chantage affectif méprisable en évoquant la réception que leur pétition pourrait avoir à Alger et ailleurs alors même que la réception que pourrait avoir son article à lui, il s'en tape un peu car il pourra toujours arguer que ses détracteurs sont intégristes quand ils portent des noms à consonances machiste et névrotique (comprenez musulmans) ("Je pense que cela reste immoral de m'offrir en pâture à la haine locale sous le verdict d'islamophobie qui sert aujourd'hui aussi d'inquisition. Je pense que c'est honteux de m'accuser de cela en restant bien loin de mon quotidien et celui des miens.").

                      Si tu ne veux pas qu'on te réponde, faut pas écrire...Si tu ne veux pas écouter ce que l'autre a à dire, ne t'adresse pas à lui en lui parlant de sa société.

                      Voila le texte qui a mis en émoi Kamel Daoud, je vous laisse le soin de le comparer au sien et jauger lequel des deux est outranciers
                      . La conclusion de Daoud ("Les réfugiés et les immigrés ne sont pas réductibles à la minorité d’une délinquance, mais cela pose le problème des « valeurs » à partager, à imposer, à défendre et à faire comprendre. Cela pose le problème de la responsabilité après l’accueil et qu’il faut assumer.) est cosmétique tant elle contredit son texte où l'essentialisme le plus grossier rejoint le confluent de l'air putride du temps.




                      Nuit de Cologne : « Kamel Daoud recycle les clichés orientalistes les plus éculés »

                      Par Collectif

                      La police à Cologne, le 6 janvier, après les agressions sexuelles perpétrées contre des femmes pendant les fêtes du Nouvel An.

                      Collectif

                      Dans une tribune publiée par le journal Le Monde le 31 janvier 2016, le journaliste et écrivain Kamel Daoud propose d’analyser « ce qui s’est passé à Cologne la nuit de la Saint-Sylvestre ». Pourtant, en lieu et place d’une analyse, cet humaniste autoproclamé livre une série de lieux communs navrants sur les réfugiés originaires de pays musulmans.

                      Tout en déclarant vouloir déconstruire les caricatures promues par « la droite et l’extrême droite », l’auteur recycle les clichés orientalistes les plus éculés, de l’islam religion de mort cher à Ernest Renan (1823-1892) à la psychologie des foules arabes de Gustave Le Bon (1841-1931). Loin d’ouvrir sur le débat apaisé et approfondi que requiert la gravité des faits, l’argumentation de Daoud ne fait qu’alimenter les fantasmes islamophobes d’une partie croissante du public européen, sous le prétexte de refuser tout angélisme.

                      Lire aussi : Kamel Daoud : « Cologne, lieu de fantasmes »

                      Essentialisme

                      Le texte repose sur trois logiques qui, pour être typiques d’une approche culturaliste que de nombreux chercheurs critiquent depuis quarante ans, n’en restent pas moins dangereuses. Pour commencer, Daoud réduit dans ce texte un espace regroupant plus d’un milliard d’habitants et s’étendant sur plusieurs milliers de kilomètres à une entité homogène, définie par son seul rapport à la religion, « le monde d’Allah ». Tous les hommes y sont prisonniers de Dieu et leurs actes déterminés par un rapport pathologique à la sexualité. Le « monde d’Allah » est celui de la douleur et de la frustration.

                      Certainement marqué par son expérience durant la guerre civile algérienne (1992-1999), Daoud ne s’embarrasse pas de nuances et fait des islamistes les promoteurs de cette logique de mort. En miroir de cette vision asociologique qui crée de toutes pièces un espace inexistant, l’Occident apparaît comme le foyer d’une modernité heureuse et émancipatrice. La réalité des multiples formes d’inégalité et de violences faites aux femmes en Europe et en Amérique du Nord n’est bien sûr pas évoquée. Cet essentialisme radical produit une géographie fantasmée qui oppose un monde de la soumission et de l’aliénation au monde de la libération et de l’éducation.

                      Psychologisation

                      Kamel Daoud prétend en outre poser un diagnostic sur l’état psychologique des masses musulmanes. Ce faisant, il impute la responsabilité des violences sexuelles à des individus jugés déviants, tout en refusant à ces individus la moindre autonomie, puisque leurs actes sont entièrement déterminés par la religion.

                      Les musulmans apparaissent prisonniers des discours islamistes et réduits à un état de passivité suicidaire (ils sont « zombies » et « kamikazes »). C’est pourquoi selon Daoud, une fois arrivés en Europe, les réfugiés n’ont comme choix que le repli culturel face au déracinement. Et c’est alors que se produit immanquablement le « retour du grégaire », tourné contre la femme, à la fois objet de haine et de désir, et particulièrement contre la femme libérée.

                      Psychologiser de la sorte les violences sexuelles contribue à produire l’image d’un flot de prédateurs sexuels potentiels, car tous atteints des mêmes maux psychologiques. Pegida n’en demandait pas tant
                      Psychologiser de la sorte les violences sexuelles est doublement problématique. D’une part, c’est effacer les conditions sociales, politiques et économiques qui favorisent ces actes (parlons de l’hébergement des réfugiés ou des conditions d’émigration qui encouragent la prédominance des jeunes hommes). D’autre part, cela contribue à produire l’image d’un flot de prédateurs sexuels potentiels, car tous atteints des mêmes maux psychologiques. Pegida n’en demandait pas tant.

                      Discipline

                      « Le réfugié est-il donc sauvage ? », se demande Daoud. S’il répond par la négative, le seul fait de poser une telle question renforce l’idée d’une irréductible altérité. L’amalgame vient peser sur tous les demandeurs d’asile, assimilés à une masse exogène de frustrés et de morts-vivants. N’ayant rien à offrir collectivement aux sociétés occidentales, ils perdent dans le même temps le droit à revendiquer des parcours individuels, des expériences extrêmement diverses et riches.

                      Culturellement inadaptés et psychologiquement déviants, les réfugiés doivent avant toute chose être rééduqués. Car Daoud ne se contente pas de diagnostiquer, il franchit le pas en proposant une recette familière. Selon lui, il faut « offrir l’asile au corps mais aussi convaincre l’âme de changer ». C’est ainsi bien un projet disciplinaire, aux visées à la fois culturelles et psychologiques, qui se dessine. Des valeurs doivent être « imposées » à cette masse malade, à commencer par le respect des femmes.

                      Ce projet est scandaleux, non pas seulement du fait de l’insupportable routine de la mission civilisatrice et de la supériorité des valeurs occidentales qu’il évoque. Au-delà de ce paternaliste colonial, il revient aussi à affirmer, contre « l’angélisme qui va tuer », que la culture déviante de cette masse de musulmans est un danger pour l’Europe. Il équivaut à conditionner l’accueil de personnes qui fuient la guerre et la dévastation. En cela, c’est un discours proprement anti-humaniste, quoi qu’en dise Daoud.

                      De quoi Daoud est-il le nom ?

                      Après d’autres écrivains algériens comme Rachid Boudjedra ou Boualem Sansal, Kamel Daoud intervient en tant qu’intellectuel laïque minoritaire dans son pays, en lutte quotidienne contre un puritanisme parfois violent. Dans le contexte européen, il épouse toutefois une islamophobie devenue majoritaire. Derrière son cas, nous nous alarmons de la tendance généralisée dans les sociétés européennes à racialiser ces violences sexuelles.

                      Nous nous alarmons de la banalisation des discours racistes affublés des oripeaux d’une pensée humaniste qui ne s’est jamais si mal portée. Nous nous alarmons de voir un fait divers gravissime servir d’excuse à des propos et des projets gravissimes. Face à l’ampleur de violences inédites, il faut sans aucun doute se pencher sur les faits, comme le suggère Kamel Daoud. Encore faudrait-il pouvoir le faire sans réactualiser les mêmes sempiternels clichés islamophobes. Le fond de l’air semble l’interdire.

                      Noureddine Amara (historien), Joel Beinin (historien), Houda Ben Hamouda (historienne), Benoît Challand (sociologue), Jocelyne Dakhlia (historienne), Sonia Dayan-Herzbrun (sociologue), Muriam Haleh Davis (historienne), Giulia Fabbiano (anthropologue), Darcie Fontaine (historienne), David Theo Goldberg (philosophe), Ghassan Hage (anthropologue), Laleh Khalili (anthropologue), Tristan Leperlier (sociologue), Nadia Marzouki (politiste), Pascal Ménoret (anthropologue), Stéphanie Pouessel (anthropologue), Elizabeth Shakman Hurd (politiste), Thomas Serres (politiste), Seif Soudani (journaliste).

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                      • #12
                        Voilà un autre article publié cette fois aux U.S.A dans lequel Kamel Daoud livre au lectorat américain sa vision du monde arabe. On peut se laisser à rêver la réaction d'un Edward Said en découvrant, dans le NYTimes, la contribution de Kamel Daoud..

                        La misère sexuelle du monde arabe


                        ORAN, Algérie — Après Tahrir, Cologne. Après le square, le sexe. Les révolutions arabes de 2011 avaient enthousiasmé les opinions, mais depuis la passion est retombée. On a fini par découvrir à ces mouvements des imperfections, des laideurs. Par exemple, ils auront à peine touché aux idées, à la culture, à la religion ou aux codes sociaux, surtout ceux se rapportant au sexe. Révolution ne veut pas dire modernité.

                        Les attaques contre des femmes occidentales par des migrants arabes à Cologne, en Allemagne, la veille du jour de l’an ont remis en mémoire le harcèlement que d’autres femmes avaient subi à Tahrir durant les beaux jours de la révolution. Un rappel qui a poussé l’Occident à comprendre que l’une des grandes misères d’une bonne partie du monde dit “arabe”, et du monde musulman en général, est son rapport maladif à la femme. Dans certains endroits, on la voile, on la lapide, on la tue ; au minimum, on lui reproche de semer le désordre dans la société idéale. En réponse, certains pays européens en sont venus à produire des guides de bonne conduite pour réfugiés et migrants.

                        Le sexe est un tabou complexe. Dans des pays comme l’Algérie, la Tunisie, la Syrie ou le Yémen, il est le produit de la culture patriarcale du conservatisme ambiant, des nouveaux codes rigoristes des islamistes et des puritanismes discrets des divers socialismes de la région. Un bon mélange pour bloquer le désir, le culpabiliser et le pousser aux marges et à la clandestinité. On est très loin de la délicieuse licence des écrits de l’âge d’or musulman, comme “Le Jardin Parfumé” de Cheikh Nefzaoui, qui traitaient sans complexe d’érotisme et du Kamasutra.

                        Aujourd’hui le sexe est un énorme paradoxe dans de nombreux pays arabes : On fait comme s’il n’existait pas, mais il conditionne tous les non-dits. Nié, il pèse par son occultation. La femme a beau être voilée, elle est au centre de tous nos liens, tous nos échanges, toutes nos préoccupations.

                        La femme revient dans les discours quotidiens comme enjeu de virilité, d’honneur et de valeurs familiales. Dans certains pays, elle n’a accès à l’espace public que quand elle abdique son corps. La dévoiler serait dévoiler l’envie que l’islamiste, le conservateur et le jeune désoeuvré ressentent et veulent nier. Perçue comme source de déséquilibre — jupe courte, risque de séisme — elle n’est respectée que lorsque définie dans un rapport de propriété, comme épouse de X ou fille de Y.

                        Ces contradictions créent des tensions insupportables : le désir n’a pas d’issue ; le couple n’est plus un espace d’intimité, mais une préoccupation du groupe. Il en résulte une misère sexuelle qui mène à l’absurde ou l’hystérique. Ici aussi on espère vivre une histoire d’amour, mais on empêche la mécanique de la rencontre, de la séduction et du flirt en surveillant les femmes, en surinvestissant la question de leur virginité et en donnant des pouvoirs à la police des moeurs. On va même payer des chirurgiens pour réparer les hymens.

                        Dans certaines terres d’Allah, la guerre à la femme et au couple prend des airs d’inquisition. L’été, en Algérie, des brigades de salafistes et de jeunes de quartier, enrôlés grâce au discours d’imams radicaux et de télé-islamistes, surveillent les corps, surtout ceux des baigneuses en maillot. Dans les espaces publics, la police harcèle les couples, y compris les mariés. Les jardins sont interdits aux promenades d’amoureux. Les bancs sont coupés en deux afin d’empêcher qu’on ne s’y assoit côte à côte.

                        Résultat : on fantasme ailleurs, soit sur l’impudeur et la luxure de l’Occident, soit sur le paradis musulman et ses vierges.

                        Ce choix est d’ailleurs parfaitement incarné par l’offre des médias dans le monde musulman. A la télévision, alors que les théologiens font fureur, les chanteuses et danseuses libanaises de la “Silicone Valley” entretiennent le rêve d’un corps inaccessible et de sexe impossible. Sur le plan vestimentaire, cela donne d’autres extrêmes: d’un côté, la burqa, le voile intégral orthodoxe ; de l’autre, le voile moutabaraj (“le voile qui dévoile”), qui assortit un foulard sur la tête d’un jean slim ou d’un pantalon moulant. Sur les plages, le burquini s’oppose au bikini.

                        Les sexologues sont rares en terres musulmanes, et leurs conseils peu écoutés. Du coup, ce sont les islamistes qui de fait ont le monopole du discours sur le corps, le sexe et l’amour. Avec Internet et les théo-télévisions, ces propos ont pris des formes monstrueuses — un air de porno-islamisme. Certains religieux lancent des fatwas grotesques: il est interdit de faire l’amour nu, les femmes n’ont pas le droit de toucher aux bananes, un homme ne peut rester seul avec une femme collègue que si elle est sa mère de lait et qu’il l’a tétée.

                        Le sexe est partout.

                        Et surtout après la mort.

                        L’orgasme n’est accepté qu’après le mariage — mais soumis à des codes religieux qui le vident de désir — ou après la mort. Le paradis et ses vierges est un thème fétiche des prêcheurs, qui présentent ces délices d’outre-tombe comme une récompense aux habitants des terres de la misère sexuelle. Le kamikaze en rêve et se soumet à un raisonnement terrible et surréaliste: l’orgasme passe par la mort, pas par l’amour.

                        L’Occident s’est longtemps conforté dans l’exotisme ; celui-ci disculpe les différences. L’Orientalisme rend un peu normales les variations culturelles et excuse les dérives : Shéhérazade, le harem et la danse du voile ont dispensé certains de s’interroger sur les droits de la femme musulmane. Mais aujourd’hui, avec les derniers flux d’immigrés du Moyen-Orient et d’Afrique, le rapport pathologique que certains pays du monde arabe entretiennent avec la femme fait irruption en Europe.

                        Ce qui avait été le spectacle dépaysant de terres lointaines prend les allures d’une confrontation culturelle sur le sol même de l’Occident. Une différence autrefois désamorcée par la distance et une impression de supériorité est devenue une menace immédiate. Le grand public en Occident découvre, dans la peur et l’agitation, que dans le monde musulman le sexe est malade et que cette maladie est en train de gagner ses propres terres.

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                        • #13
                          Zwina
                          Vu du Canada Daoud semble une victime mais vu de France il s'est bel et bien allié avec des racistes et islamophobes attisant les tensions entre les communautés.
                          Le Canada, hélàs, ne voit pas K daoud encore. Les Canadiens se préoccupent très peu de ces questions. Le Quebéc, de temps à autre, nous fait des montées d'islamophobie mais il le fait si stupidement que ca ne dure qu'un temps très court.
                          Mais tu as raison, Kamel avec la chronique sur les événements de Cologne a heurté la bienpensance francaise, surtout la laico-musulmane.

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                          • #14
                            .....
                            Dernière modification par BeeHive, 22 février 2016, 15h41.

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                            • #15
                              Azul Bee

                              si on apprécie un homme pour son long combat, ses positions, ses écrits, on ne va comme même pas tirer à boulet rouge pour un ou deux articles ... ca sent un peu les hyenes qui attendent le moindre faux pas pour attaquer ... l'Algérie n'a pas beaucoup comme lui
                              Son long combat ? Décennie noire il était où ? son père on sait puisqu'il était gendarme. Pour le moment en France, il est certain qu'il est dans le camps des hyènes et des vautours qui tirent sur tout ce qui est basané sans songer aux milliers qui ne sont pas terroristes et absolument pas soutien de Daech ou AQMI. Sa prose laisse penser que tous les migrants ne quittent leurs pays que pour s'adonner au harcèlement. Nombreux sont les migrants sur le forum qui ont réussi en terre étrangère sans jamais commettre aucun délit. Participer à la diffamation contre les migrants de Cologne alors que ça fait des années que des agressions ont lieu en Allemagne et que les premières victimes sont justement des migrantEs, c'était une très mauvaise idée. Accuser les maghrébins d'être des violeurs en puissance c'est occulter que l'Allemagne nazie fut précurseur dans les viols de masse.
                              Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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