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Extrait de Michel Roussin: Le Maroc d’Hassan II, Polisario

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  • Extrait de Michel Roussin: Le Maroc d’Hassan II, Polisario

    Michel Rouss ancien collaborateur du patron de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) France

    Nous partons pour le Maroc avec le général Grillot, patron du service action, et trois ou quatre spécialistes du Maghreb du Sdece. Depuis le survol de Tanger, j’ai le visage collé au hublot du Mystère 20, je reconnais les plages à l’approche de Rabat...Pour l’instant, nous suivons les remparts ocre de la ville, avant de pousser vers le Sud, en longeant l’océan pour rejoindre Temara. Sur cette petite plage préservée de la barre de l’Atlantique par une masse brune de rochers, j’allais avec ma bande d’amis prendre le magique bain de minuit après nos joyeuses soirées d’adolescents inconscients.

    C’est aussi le siège des haras du roi. Après une courte étape pour nous reposer du voyage et nous mettre au rythme marocain, nous rejoignons Skhirat où le roi a décidé d’organiser cette réunion. Le colonel-major Dlimi, chef des services marocains, nous accueille. Ce condottiere a des liens étroits avec Marenches, qui le définit comme « extrêmement solide, intelligent et formidablement travailleur ». Sous la grande tente dressée dans le parc, des poufs, des fauteuils et des tables basses sont dispersés sur de somptueux tapis. Un peu affalés sur nos sièges, nous abordons les problèmes du moment. Pour nous faire patienter, du thé à la menthe nous est servi accompagné de gâteaux aux amandes.

    Le souverain Hassan II adore se faire attendre. C’est un de ses traits, sinon un rite. C’est aussi un homme d’attention. Il fait quérir le directeur général, qui s’éloigne pour revenir quelques instants plus tard avec le roi précédé d’une nuée de serviteurs, de membres du protocole et d’officiers. Curieuse vision que celle de ces deux hommes si différents, marchant côte à côte dans l’allée bordée de palmiers.

    Dans un silence respectueux, tous au garde-à-vous, nous attendons d’être présentés au roi, qui veut bien me reconnaître. Et de dire, dans un sourire, à Marenches :« Celui-là est chez lui, c’est un de nos sujets ! » Très vite, il aborde la situation préoccupante dans le Sud marocain et la pression constante à laquelle le Front Polisario soumet les unités des Forces armées royales.

    Nous sommes fascinés, Marenches le premier, par l’homme d’État, géostratège avisé qui nous fait un exposé de la situation politique et militaire. Le directeur du Renseignement écoute, immobile. Cocktail subtil, aussi indéfinissable que la quasi-hypnose dans laquelle nous sommes plongés.

    Il faut réagir à la crise que traversent les Forces armées royales et obtenir des succès sur le terrain, car les revers ont marqué cette armée courageuse. Le propos devient plus concret. On aborde ce qui est dans nos cordes. Marenches répond aux souhaits du roi en évoquant ce qui a fait merveille pendant la Seconde Guerre mondiale : des raids derrières les lignes ennemies. Dans la grande tradition des rezzous, le Polisario a procédé de cette façon. Il faut donc réagir brutalement et le prendre par surprise à son propre jeu.

    Nous allons organiser, avec l’accord du souverain, et donc de ses généraux, une sorte de Long Range Desert Group, à l’image de cette unité britannique formée en Égypte pour monter des opérations derrière les lignes allemandes dans le désert d’Afrique occidentale pendant la campagne d’Afrique de 1941-1943.

    C’est le général Grillot qui va être chargé de cette mission en relation avec les Forces armées royales, mais surtout avec le service marocain dirigé par Dlimi. L’idée est bonne. Les Marocains vont remporter quelques succès, et nous irons plus tard, avec l’accord du roi, Marenches et moi accompagnés par le colonel-major Dlimi, à la rencontre des responsables de cette unité composée de Jeep fortement armées et de blindés légers, dans la zone des combats. Au retour d’une patrouille de ces véhicules camouflés couleur sable, nous verrons sortir de nulle part, enveloppé de son chèche, le bon général Grillo.
    jeuneafrique
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