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Tewfik Hasni : Il faut donner un poids plus important au solaire-thermique

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  • Tewfik Hasni : Il faut donner un poids plus important au solaire-thermique

    Tewfik Hasni, président de l’Association nationale du renouvelable et ancien directeur de la division « renouvelable » à Sonatrach :
    Écrit par Samir Tazaïrt

    Reporters : Le chef de l’Etat a présidé lundi dernier un Conseil des ministres restreint consacré à la politique gazière algérienne, lors duquel il a requalifié le programme national des énergies renouvelables en le considérant comme une « priorité nationale ». Quelle serait, à vos yeux, la première action urgente à mener dans le renouvelable ?

    Tewfik Hasni : Je pense que ce qu’il y a lieu d’entreprendre en toute urgence, c’est de rectifier le tir sur le détail du programme national en lui-même, jusqu’à revoir sa structure, car en l’état, il néglige de développer la ressource la plus importante pour nous, à savoir le solaire-thermique, reléguée jusqu’à 2021 sans aucune raison objective. Ce qui a été d’ailleurs beaucoup critiqué par le président de Sonelgaz, Nouredine Bouterfa, dont la proposition me paraît plus rationnelle.
    Il a recommandé de reconsidérer et de répartir ce programme entre 7 000 mégawatts au solaire-thermique et 8 000 mégawatts au photovoltaïque, bien que je pense que pour atteindre les 40% d’électricité produite à partir du renouvelable en 2030, ce programme risque de s’avérer insuffisant s’il ne donne pas un poids plus important au solaire-thermique, technologie actuellement retenue uniquement dans la centrale de Hassi R’mel en Algérie, mais la plus répandue de par le monde, comme la récente centrale déployée par les Marocains, ou avant eux, par les Sud-Africains ou encore les Egyptiens. Cependant, le stockage de l’électricité produite à partir du solaire-thermique coûtant quelque peu cher (durant la journée, la production est assurée par le solaire et la nuit par les gaz torchés, d’où la nécessité de stocker ce qui a été produit le jour, ndlr), il faudrait songer à construire des centrales hybrides solaire et gaz torchés, 70% pour la première source et 30% pour la seconde, ce qui nous permettra de couvrir tout le programme de production renouvelable-conventionnel de Sonelgaz et, à plus large échelle, d’économiser 60 milliards de mètres cubes de gaz.

    Faut-il alors reconsidérer le photovoltaïque et tout miser sur le solaire-thermique ?

    Le photovoltaïque a sa place, mais il ne peut pas être déterminant, car il est de nature intermittente et cette intermittence obligera Sonelgaz à garder et à stocker des réserves pour assurer la continuité de sa production lorsqu’il n’y a plus de soleil. Ce qui aura un surcoût, d’autant plus que le photovoltaïque seul ne permettra pas de répondre à la demande du marché domestique de l’électricité (actuellement de 40 térawatts/heure par an, ndlr).

    L’exécution du programme national du renouvelable devrait nécessiter 120 milliards de dollars d’ici à 2030, l’équivalent de 10 milliards par an. D’où ramener cet argent ?

    Nous pouvons recourir à des investisseurs étrangers de la même manière que nous pourrons faire appel aux institutions financières internationales qui sont prêtes à nous accorder des emprunts bonifiés. Nous avons d’ores et déjà obtenu de la Banque mondiale 160 millions de dollars en crédit concessionnel pour certaines parties de ce programme, en nous promettant de lever d’autres fonds. Il est donc possible de financer totalement notre programme par l’investissement étranger.

    Existe-t-il un tissu industriel local assez mûr capable de capter cette manne ou alors risque-t-elle de profiter aux seules entreprises étrangères ?

    Le solaire-thermique est sans comparaison avec le nucléaire. Nous disposons déjà d’une industrie locale qui fabrique les miroirs nécessaires à une centrale solaire-thermique, et il suffit d’acheter des fours complémentaires pour incurver ces miroirs. Pour ce qui est des structures ainsi que des supports métalliques pour les soutenir, nous savons les faire. Nous pouvons atteindre dans ce domaine des taux d’intégration de 60% dans la conception et la construction des équipements indispensables à une centrale solaire-thermique. Je le répète, c’est loin d’être comme pour l’industrie nucléaire, qui, elle, n’est pas à notre portée.

    Vous faites bien de parler du nucléaire. Le programme national y afférent est-il encore d’actualité ?

    La première question qu’il faudrait se poser aujourd’hui, c’est quel est le coût réel du nucléaire. En révisant les coûts de son nucléaire, ceux du démantèlement des centrales en fin de vie compris, la France, à titre d’exemple, est arrivée à calculer l’effort financier qu’elle doit consentir à 160 milliards de dollars. Pour en revenir à l’Algérie, non seulement cette somme pourrait lui servir à financer l’ensemble des filières énergétiques autres que le nucléaire, mais la libérer de la dépendance technologique et sécuritaire qu’aurait forcée l’option nucléaire. Donc, la question est de savoir si au moment où nous sommes en crise, nous pouvons nous permettre d’aller au nucléaire, alors même que le programme national des énergies renouvelables était en train de disparaître, n’était le chef de l’Etat qui est intervenu pour dire que c’est une priorité nationale.

    Faut-il abandonner le nucléaire ?

    Nous ne possédons ni les moyens financiers ni les ressources humaines pour cela !
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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