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L’Algérie, un des rares pays de l’OPEP avec une baisse de production

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  • L’Algérie, un des rares pays de l’OPEP avec une baisse de production

    le 22.02.16 | 10h00 Réagissez

    Les raisons d’un déclin «programmé»



    Après avoir connu une légère hausse en 2014 par rapport à 2013 avec une progression de 4,4% suite à une baisse sensible en 2013, la production pétrolière a de nouveau chuté en 2015.


    Les chiffres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (OPEP) le montrent clairement. Si les cours du baril de brut de référence algérien, le Sahara Blend, ont perdu 47% en 2015 sur un an, s’établissant à 52,79 dollars, la moyenne de production a également décliné pour atteindre 1,185 Mbj en 2015 contre 1,193 Mbj en 2014, selon l’OPEP (voir graphe 1). Parallèlement, la tendance était à la hausse dans les pays de l’Organisation qui ont atteint 31,22 Mbj en 2015, après avoir produit 30,684 Mbj en 2014 (sans compter la production libyenne).


    Pour l’Algérie, la baisse était prévisible dès les années 1980 et commençait à se confirmer au milieu des années 1990 en dépit des découvertes annoncées. «La diminution de la pression dans les principaux réservoirs du pays était prévisible déjà il y a plus de 20 ans. Le problème n’est donc pas nouveau, l’Algérie des années 1990 ne produisait pas déjà son quota OPEP qui était de 900 000 b/j», nous rappellera à ce sujet un ancien cadre de Sonatrach.

    Cette tendance s’est renforcée au fil des ans avec une courbe décroissante de la production dès 2008 après le pic pétrolier de 2005-2007 avec 2 Mbj. L’envolée des prix du pétrole entre 2008 et 2013 a quelque peu éclipsé la question de la baisse de la production. Ce qui est difficile à ignorer aujourd’hui.

    Au-delà du débat sur la longévité des ressources pétrolières du pays, des interrogations s’imposent sur les raisons de la baisse de la production. Si les responsables annoncent une éventuelle reprise en 2018 après le déclin naturel des vieux gisements en production depuis les années 1960, les techniciens évoquent plusieurs raisons.


    Causes


    «Partout dans les régions du Sud on effectue les récupérations secondaires de ce précieux liquide, ce qui signifie au premier abord que nos puits ne sont plus éruptifs et qu’il faut faire appel à des pressions supplémentaires pour augmenter la pression de fond du gisement», nous expliquera cet ancien ingénieur de Sonatrach.

    La deuxième raison évoquée par la même source est liée au soutirage intense du pétrole durant les années 1980. «Ce qui fait que les réserves ont diminué drastiquement et que la pression en tête de puits pour le pétrole ne cesse de chuter et par conséquent la production baisse également.

    A cela, il faut ajouter qu’il n’y a pas eu de grandes découvertes depuis longtemps, hormis les gisements d’Ourhoud et de Hassi Birkine, mais qui sont en association avec les étrangers», ajoutera-t-il. Et de rappeler dans le même sillage le nombre «extrêmement important» de puits fermés à cause, dira-t-il, «soit de l’arrivée de beaucoup d’eau, soit de l’arrivée de beaucoup de sel. Les fortes concentrations de sel sont notamment des dangers importants pour l’exploitation des machines tournantes».

    Enfin, il est clair aussi que la demande de plus en plus croissante de la consommation locale est également déterminante. «Le recours à l’importation des carburants et la faiblesse de raffinage concourent tous à la faiblesse de notre capacité d’exportation», expliquera encore notre source qui fera remarquer : «Ce n’est pas anodin que l’Algérie milite pour une baisse significative de la production de l’ OPEP pour le regain du prix du baril, sachant de toute façon qu’elle ne peut élever sa production ni atteindre même son quota OPEP actuel de production». Non sans rappeler que les efforts de satisfaction des engagements internationaux ont été quelque peu privilégiés par Sonatrach au détriment de la sécurité des équipements par l’inobservation des plans d’arrêt et de maintenance.

    «Le compte n’y est pas. Ce n’est pas surtout la demande sans cesse renouvelée par l’Algérie quant à son élévation du quota de production, ceci c’est de la pure fiction, le sol ne donnera que la mesure de l’investissement», conclura cet ancien cadre de Sonatrach.


    Trouver l’argent

    Justement, en matière d’investissements, les cours du pétrole qui chutent réduisent dramatiquement les bénéfices et les capacités d’investissement de Sonatrach à moyen et long termes et rendent l’option de l’endettement quasi inévitable. La compagnie a d’ailleurs revu ses ambitions d’investissement à la baisse sur le moyen terme pour un plan qui devait porter au départ sur 90 milliards de dollars à l’horizon 2019, dont 11 milliards devaient provenir des associés étrangers.

    Au fil des mois, les déclarations ont été plus mesurées et l’on parle désormais du maintien des investissements à long terme en accordant la priorité aux projets les plus rentables économiquement. Par ailleurs, l’apport des partenaires étrangers pourrait ne pas être à la hauteur des attentes. La crise actuelle des prix a poussé la majorité des compagnies pétrolières à baisser leurs investissements. En Algérie, la contribution des associés de Sonatrach à l’effort d’investissement dans l’amont a déjà baissé de plus de 37% entre 2012 et 2013 et entre 2011 et 2015, seulement 11% l’ont été en association, alors que le dernier appel d’offres portant sur 31 blocs d’exploration d’hydrocarbures n’a permis d’en attribuer que 4.

    Demande croissante

    Les difficultés d’investissement interviennent au moment où le marché national est de plus en plus demandeur d’énergie. Selon le ministre, la consommation nationale d’énergie a augmenté en 2015 de 8% pour l’électricité et de 5% pour le gaz naturel. Selon les données du ministère de l’Energie, en matière de carburants la consommation de gasoil a triplé entre 2000 et 2014 (graphe 2). Ceci fait dire à certains experts que le premier effort à faire dans le contexte actuel consiste à maîtriser la consommation au lieu d’augmenter la production.

    A ce titre, Sonelgaz est largement interpellée, elle qui doit mettre à disposition une capacité additionnelle en électricité de plus de 28 500 MW sur la période 2014-2024 pour un investissement de près de 3000 milliards de dinars, dont plus de 1300 pour les énergies renouvelables.

    Des investissements que le PDG de Sonelgaz compte dégager en partie à travers l’endettement ou par le biais d’autres hausses des tarifs. Les difficultés financières risquent déjà de tempérer l’ambition algérienne en matière de développement des énergies renouvelables. L’objectif de 27% de l’énergie électrique produite à partir des énergies renouvelables avec 22 000 MW à l’horizon 2030 paraît désormais utopique. Le PDG de Sonelgaz a situé à seulement 10% le taux raisonnable à atteindre d’ici 2035.



    Safia Berkouk

    elwatan
    "Qui ne sait pas tirer les leçons de 3 000 ans, vit au jour le jour."
    Johann Wolfgang von Goethe
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