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L’effondrement éducatif français, première cause de déclin

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  • L’effondrement éducatif français, première cause de déclin

    Au nom de l’égalité des chances, la France ne fait pas les réformes qui s’imposent dans l’enseignement.

    Et si la première cause du déclin français tenait à notre dramatique effondrement éducatif ? Cette idée, taboue en France, ressort clairement de l’intéressant rapport (en anglais) de la Commission Européenne sur l’économie française. On en recommandera forcément la lecture, en notant de façon anecdotique mais glaçante que la Commission ne l’a pas traduit en français. Preuve qu’à l’approche du Brexit la perte d’influence du français paraît engagée.
    L’effondrement éducatif français, ce mal qu’on nous cache
    Sur l’effondrement éducatif, mesuré régulièrement par l’enquête PISA, la France aime se voiler la face. Tant que les enfants des beaux quartiers restent éduqués dans de bonnes conditions, nul n’est besoin de dire que le mal existe, et encore moins qu’il progresse… Pourtant, le système éducatif français, piloté au nom de l’égalité et de la solidarité, se transforme année après année en champ de ruines dans les quartiers pauvres et les campagnes déshéritées.
    Nous paierons tôt ou tard chèrement le prix de la décérébration d’une partie grandissante de notre jeunesse. Les recruteurs le savent : combien des jeunes diplômés (je ne parle pas ici des jeunes sortis du système scolaire sans diplôme) savent que notre régime s’appelle la Vème République et que le général De Gaulle en fut le premier Président en 1958 ? Un simple sondage sur cette question révèlerait le gouffre ouvert dans la compréhension du monde contemporain par les programmes d’histoire auprès de nos jeunes.
    La Commission met des mots sur notre effondrement éducatif
    L’intérêt du rapport de la Commission Européenne sur la France est de mettre des mots sur ce mal qui nous ronge en silence, et surtout d’en montrer les conséquences économiques dramatiques. En creux, la doctrine de la Commission (que l’on peut raisonnablement partager) consiste à soutenir que la croissance d’un pays avancé est portée par son niveau éducatif. La baisse du niveau d’éducation pèse donc sur sa capacité à soutenir la concurrence de ses homologues.
    Cette baisse se mesure à toutes les étapes de la vie. On lira avec intérêt ces phrases :
    « La structure du marché du travail apparaît de plus en plus segmentée et les inégalités scolaires augmentent. Les demandeurs d’emploi ont un accès très limité à la formation, l’accès des moins qualifiés à l’apprentissage décroît et les résultats éducatifs des moins diplômés s’effondrent. » (page1)
    Là encore, les recruteurs ajouteront que l’effondrement ne concerne pas que les moins diplômés : il est bien plus lourd qu’on ne le croit.
    Effondrement éducatif et inégalités sociales
    Le poids de la reproduction sociale (et de l’inégalité des chances) ne cesse de s’accroître dans notre système éducatif. On s’en amusera avec tristesse ! Depuis trente ans, toutes les réformes de l’éducation sont bloquées au nom de l’égalité : pas d’autonomie des établissements scolaires au nom de l’égalité sur tout le territoire, pas d’adaptation locale des programmes scolaires, pas de déconcentration de la gestion des enseignants, au nom de cette sacro-sainte égalité et de la résistance effrénée à une course vers un système à plusieurs vitesses.
    Les résultats de ce blocage sont manifestes : au nom de l’égalité, c’est un système inégalitaire qui se construit. La Commission le dit avec force :
    « Les inégalités éducatives liées au contexte socio-économique sont parmi les plus élevées des pays de l’OCDE. Le lien entre l’éducation et le marché du travail est toujours plus faible et l’accès à l’apprentissage décroît, spécialement pour les moins qualifiés. Même si la situation sociale reste généralement stable depuis 2008, plusieurs groupes de population sont maintenant plus exposés au risque de pauvreté, à l’exclusion sociale et à des conditions de logement précaires. »
    Et dire qu’il faut lire des productions de la Commission Européenne pour trouver des constats objectifs contestant la réalité de bisounours décrite par Najat Vallaud-Belkacem.
    L’effondrement éducatif malgré d’importantes dépenses
    Les idéologues du système éducatif adorent soutenir que ces contre-performances sont dues à un manque de moyens. Cette façon commode d’éviter toute remise en question du système lui-même, et en particulier de sa conception pédagogique, est totalement démentie par les faits. La Commission le rappelle utilement :
    « L’effort d’éducation est inégal selon les différents niveaux de formation. La dépense d’éducation en proportion du PIB est supérieure à la moyenne de la zone euro (5,5% en 2013 contre 4,8%). En comparaison de la moyenne de l’OCDE, la dépense par étudiant en France est légèrement supérieure (2% au-dessus de la moyenne de l’OCDE) suggérant qu’une grande part du supplément de dépense en pourcentage de PIB comparé au reste de la zone euro est dû au nombre d’étudiants. Cependant, Il y a d’importantes différences dans la dépense par étudiant selon les différents niveaux de formation comparés à la moyenne de l’OCDE. La dépense par élève est basse dans l’enseignement maternel, dans l’enseignement primaire (15% de moins), moyen dans l’enseignement supérieur (2% au-dessus), et significativement plus élevé dans l’enseignement secondaire supérieur (35% au-dessus). » (page 50)
    Ces constats, au demeurant bien connus, d’un effort majoré au lycée mais minoré à l’école primaire (largement dû à une gestion nationale et syndicale du corps enseignant), soulignent bien que l’effondrement éducatif français ne tient pas à un problème de moyens, mais à un problème de stratégie éducative.

    L’effondrement éducatif et l’apprentissage

    Dans cette mise en accusation d’un système passée sous silence en France, on notera le graphique, accablant pour Hollande, de l’évolution du nombre d’apprentis depuis 2012 :



    Ce graphique efficace montre que, depuis 2006, la montée de l’apprentissage est portée par les niveaux de formation les plus élevés (I, II, III, c’est-à-dire BTS et plus), alors que les formations les moins qualifiantes (IV et V, c’est-à-dire CAP et baccalauréat) perdent des effectifs.
    À partir de 2012, l’ensemble des effectifs d’apprentis a baissé. La gauche n’aime pas cette formule de formation qui permet pourtant de lutter contre le chômage et de valoriser le travail.
    C’est tellement mieux d’apprendre dans les beaux quartiers.

    contrepoints

  • #2
    Bien le constat, argumenté, salé et poivré...
    Des propositions de réforme?

    Commentaire

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