Eric et Donald Junior braconnent en Afrique. Leur père justifie leur passion par le deuxième amendement
Pas sûr que ça défrise l'Américain moyen du middle west, pro armes à feu et pas vraiment concerné par ce qui se passe à l'autre bout de la planète. En fait, pas sûr que ça change quoi que ce soit dans la campagne à l'investiture républicaine aux Etats-Unis. D'ailleurs, même si une pétition rencontre un certain succès sur le web, les adversaires de Donald Trump n'en font pas un argument valable pour descendre le candidat milliardaire. Toujours est-il que les fils Trump ont un passe-temps de super-riches : le safari en Afrique.
Evidemment, on ne parle pas de safari photos, dans des cars de touristes. Ce qu'affectionnent Eric et Donald Junior, c'est la chasse à l'animal protégé. Exactement comme Walter Palmer, le dentiste du Minnesota qui a traqué et abattu le lion Cecil au Zimbabwe. Ou comme Juan Carlos, l'ancien roi d'Espagne qui s'est blessé lors d'une chasse à l'éléphant. Outre le lion et l'éléphant, on trouve parmi ces espèces le léopard, le rhinocéros et le buffle. Lorsqu'ils tuent une telle bête, Eric et Donald Jr sont heureux, à tel point qu'ils se font photographier avec leur trophée.
Et les deux jeunes hommes de poser fièrement un léopard mort dans les bras, devant un alligator pendu à un arbre, ou tenant à la main un couteau et la queue d'un éléphant fraîchement abattu.
Justifiée par les intéressés comme un moyen de préserver les espèces en danger en faisant vivre les populations locales, cette chasse est extrêmement coûteuse et bénéficie du soutien non avoué de plusieurs Etats africains. Si les petits braconniers sont sévèrement punis, les richissimes chasseurs occidentaux bénéficient de nombreuses largesses. D'ailleurs, le Zimbabwe a renoncé à poursuivre Walter Palmer, malgré l'émoi provoqué par la mort de Cecil.
Quant à Donald Trump, la ligne qu'il brandit pour défendre ses fistons est pour le moins ahurissante. "Mes fils aiment chasser. Ils sont membres de la NRA (la National rifle association, qui promet les armes à feu aux Etats-Unis, ndlr) , très fièrement. Je suis un grand croyant dans le deuxième amendement."
Ainsi, selon Trump Senior, le fait pour tout citoyen américain de pouvoir posséder une arme, autoriserait donc n'importe quelle activité basée sur le tir. Même à l'étranger et même si ladite activité est délictuelle.
Bien évidemment, l'argument est fallacieux, comme l'a souligné la journaliste américaine Tanya Young Williams. Mais celui qui se voit déjà à la Maison Blanche n'est pas à une énormité près.
Pierre-Yves Crochet
Sud Ouest
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