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L'Union européenne et le monde musulman : le retour de l'impérialisme civilisé

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  • L'Union européenne et le monde musulman : le retour de l'impérialisme civilisé

    Le dispositif de la pacification devrait viser l'ensemble du monde musulman, lequel sera soumis à un contrôle rigoureux visant à baliser son évolution militaire et son corollaire, l'acquisition de la technologie.



    Tout politicien averti qu'il soit, Robert Cooper, qui fut a un moment l'idéologue du 10 Downing Sreet, était surtout connu pour un être un néo-impérialiste du premier ordre. Celui que qualifiait le journal de gauche The Observer, il ya dix ans, de Gourou de Tony Blair en matière de politique étrangère, préconisait bien avant un nouvel hégémonisme pour pacifier le monde.

    C'est de la Libye qu'on parle aujourd'hui. Et comme si on a l'impression qu'on est retourné a ce que préconisait Cooper juste pour faire le gendarme, car c'est bien l'OTAN qui a voulu présenter l'alternative au règne du dictateur Kadhafi, et c'est lui qui a fini par plonger le pays dans un désastre inimaginable .

    Aujourd'hui, l'OTAN est de retour pour pacifier la Libye et extraire le mouvement Daech qui s'y est implanté... Epoustouflant. Certes, la responsabilité première dans le mal libyen incombait au fou de Tripoli, mais au regard des résultats, l’intervention de l'OTAN en 2011 n'avait pour nom que la manipulation politico-militaire, juste pour exercer un hégémonisme sur un pays de la rive sud par l'instrumentalisation éhontée du droit international. Cela s'appelle le processus cyclique de l'impérialisme civilisé (cyclical process of civilized Imperialism) pour reprendre les épithètes des gauchistes new yorkais.

    Mais qui est Robert Cooper, "The Strategist", devenu plut tard conseiller spécial de Catherine Ashton, grande figure de l'Establishment européen ? Ce lauréat du prix Orwell 2004 pour son analyse "The Breaking of Nations" est un partisan du traditionnel cousinage américano-britannique qui se traduirait en partie, dans une passion inébranlable pour l'Empire. Cooper chérissait depuis longtemps l'avènement d'une époque où l'Occident arriverait à pacifier une fois pour toutes le reste de la planète.

    On comprend aisément de ses directives doctrinales que le florilège de la pacification devrait viser l'ensemble du monde musulman, lequel sera soumis à un contrôle rigoureux visant à baliser son évolution militaire et son corollaire, l'acquisition de la technologie. Pour meubler son argumentaire, l'idéologue britannique décrit un monde porteur de périls sécuritaires qui constitue à ses yeux, le premier danger auquel les nations modernes doivent faire face.



    Une domestication enrobée dans la formule "coopération OTAN-RIVE SUD"



    Face à cette situation, il préconisait un néo-impérialisme civilisé, capable d'assurer ordre et organisation. Cooper est de ceux qui considéraient qu'il existe déjà un impérialisme sur le plan économique par le truchement du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale et il appelait de ses vœux un sous-impérialisme régional s'occupant des questions de la sécurité et de l’armement.

    Schématiquement, le jeu aurait pu commencer s'il n'est pas réellement amorcé) par un groupe de sentinelles qui s'initieraient progressivement à l'exercice de l'hégémonisme, mais un jeu dont les vrais acteurs peuvent ressembler à une Espagne qui surveille le Maroc, à une France qui surveille la Tunisie et l'Algérie et se mêle parallèlement du couple libano-syrien, et à une Italie qui aura exclusivité sur la Libye. IL y aurait aussi une Grande-Bretagne et un Israël pour tenir à l'œil le reste du Moyen-Orient et l'Iran, une Allemagne qui fait partout ses pas même en Afghanistan et au Pakistan, alors que le Sud-est asiatique sera réservé aux États-Unis et au Canada, avec possibilité de stage pour l'Australie et la Nouvelle-Zélande.

    Ainsi, Il faut dire que l'hégémonisme pacificateur dont se réclame le bras droit de Tony Blair puis d'Ashton Catherine permet, aujourd'hui, de poser tant de questions sur le devenir de la relation entre l'Occident et l'islam au moment où se développent des effets néfastes d'une ère tumultueuse, laquelle avait, en somme ,débuté au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 puis s’est consolidée sous l'effet de ces 15 ans d'attentats terroristes en Europe et aux USA.



    Todorov, l’autre théoricien du nouvel hégémonisme européen



    Ici, il est utile de se rappeler de ces appels lancés, il y a dix ans, par certains députés droitiers du Vieux-Continent, préconisant soit la démilitarisation complète de la nation musulmane, soit une militarisation plus large du monde civilisé européen. Or, et bien qu'elle existe (mais n'a jamais été déclarée), la première option bute "conjoncturellement" sur des thèses opposées, animées par une classe de politiciens partisans de l'intégration contrôlée (des Français surtout), lesquels attendent toujours pour voir où pourrait amener la "domestication militaire assurée dans le programme de l'OTAN «.

    Même s'il s'agit d'une diplomatie hégémoniste pratiquée avec finesse, cette domestication enrobée cyniquement dans la formule coopération OTAN-RIVE SUD (sous-entendu : le monde arabe), n'a pas gagné des points, même chez certains penseurs de la rive nord, à l'image "d'un intellectuel modéré" comme l'historien Tzvetan Todorov, l’éminent chercheur du CNRS français lequel rejoint ouvertement l'idéologue de la Grande-Bretagne.

    Il faut, pour trouver, fouiller dans son livre Le Nouveau désordre mondial - Réflexions d'un Européen, commenté abondamment par la presse américaine à un certain temps, où les Européens sont appelés à abandonner leur pacifisme et leur passivité et à se réarmer. Todorov se félicite que la guerre ne soit plus possible au sein de l'Europe, mais rappelle que le monde n'est pas un espace pacifié et que l'Europe doit apprendre à se défendre.

    Se défendre contre qui ? La réponse est facile à deviner, dit-on. Dans un entretien qu'il a accordé auparavant au New York Times, Todorov explique que le pouvoir doux de la diplomatie, de l'aide au développement et au multilatéralisme cher aux Européen ne peut être efficace sans un pouvoir militaire exercé durement.

    Dans ce même entretien, l'auteur du Nouveau désordre mondial critique d'une manière acerbe ces Européens qui rêvent d'un monde paradisiaque devenu insulaire et inefficace en matière de politique planétaire. Il préconise une Europe forte militairement capable d'imposer sa ligne de conduite, qui ne soit, en aucun cas, une rivale a la puissance américaine.

    Autrement dit, l'image des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France qui bombardent les réfractaires plaît énormément à Todorov. La séquence civilisée prônée par Cooper tournera autour des Hollandais, des Allemands, des Espagnoles et des Italiens qui prennent le relais pour opérer les patrouilles policières. Enfin, ce sont les Suisses et les Scandinaves qui viendraient faire les pansements aux blessés et s'occuper de l'aide humanitaire.

    Maghreb émergent
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