Mohsen Abdelmoumen: Vous êtes une brillante chercheuse en biologie moléculaire, pouvons-nous avoir une idée de l’impact de vos recherches dans le domaine de la santé?
Dr. Ghania Ait-Ghezala : L’impact de mon travail sur la santé est un peu difficile à déterminer et je vais revenir un peu en arrière, au temps où j’ai fait mon PhD. J’ai fait mon doctorat en France, à Paris, et mon travail de recherche portait principalement sur la trisomie 21. Je faisais partie d’une équipe qui avait établi la cartographie de la région principale qui est responsable de la plupart des signes de la trisomie 21 et qui s’appelle la DCR (Down syndrome Critical Region). J’ai passé presque six ans à travailler sur cette région et j’ai fait plusieurs publications dont la plus importante concernait la description de tous les gènes qui sont contenus dans cette région. Ainsi, certains de ces gènes sont maintenant connus pour être responsables des signes de la maladie, notamment tout ce qui est cardiaque. Mon travail a été récompensé par la fondation française pour la recherche sur la trisomie 21, et j’ai été une des premières, une Algérienne, à recevoir ce prix.
Dès que j’ai eu fini mon PhD, j’ai été contactée par un laboratoire aux États-Unis qui travaillait sur la maladie d’Alzheimer. Pour moi, c’était une transition évidente étant donné que l’un des gènes qui est responsable des formes familiales de la maladie d’Alzheimer se trouve sur le chromosome 21 qui est aussi un des chromosomes présent en trois copies dans la trisomie 21. En outre, 100% des trisomiques finissent par développer un Alzheimer. La connexion est donc incontestable. J’ai décidé d’accepter la proposition et j’ai pris ma valise pour venir aux États-Unis.
Initialement, je faisais de la recherche sur la maladie d’Alzheimer, mais il existait un projet très important et ils n’avaient personne pour le conduire. Ce projet concernait les enfants atteints du syndrome de Tourette. Plusieurs familles souffrant du syndrome avaient une translocation chromosomique et il n’y avait personne pour cartographier cette région afin d’essayer d’identifier le gène responsable du syndrome de Tourette. Je m’en suis donc chargée. J’ai commencé par cartographier la région et le travail a été publié. En outre, j’ai isolé un gène dans cette région. Le rapport n’a pas encore été publié parce qu’on essaie de finaliser le travail en essayant de comprendre ce qui se passe, non seulement au niveau du gène, mais au niveau de la protéine, donc cela prend pas mal de temps.
Je continuais à travailler sur la maladie d’Alzheimer et je m’intéressais principalement à tout ce qui était neuro-inflammation, donc l’inflammation au niveau du cerveau, et j’ai publié plusieurs travaux à ce sujet. Comme je me concentrais principalement sur la maladie d’Alzheimer, je voulais élargir un peu mon horizon et intégrer toutes les conditions où il y avait un phénomène de neuro-inflammation, par exemple le traumatisme crânien.
Pendant les années 2010 où la crise économique a touché tout le monde, il fallait trouver d’autres moyens pour financer la recherche. À cette époque, le département de la Défense des États-Unis avait réservé des fonds pour la recherche pour comprendre les causes de ce qu’il appelle le Gulf War syndrome et qui touche les militaires qui ont participé à la première guerre du Golfe en 1990-91 et dont les signes cliniques montraient qu’ils avaient peut-être une inflammation du cerveau. J’ai donc fait une demande pour des fonds au département de la Défense pour travailler sur le sujet, une demande qui m’a été accordée et j’ai travaillé quelques années dans ce domaine.
Deux papiers ont été publiés et trois autres sont en cours, montrant que les symptômes sont liés principalement à un dysfonctionnement de la mitochondrie, une organelle qui produit l’énergie nécessaire au bon fonctionnement des cellules. Il y a donc une dysfonction au niveau de cette organelle et aussi une neuro-inflammation, due à un système immunitaire dysfonctionnel. Après quelques années de travaux dans ce domaine, le département de la Défense m’a invitée à leur soumettre un autre projet pour continuer ma recherche. J’attends leur réponse.
Tous ces détails vous expliquent quels sont les domaines de recherche dans lesquels je suis impliquée. Concernant la maladie d’Alzheimer, et c’est sans doute l’un de mes plus grands accomplissements, les travaux que j’ai effectués avec mes collègues à l’Institut Roskamp ont mené à développer un médicament qui est actuellement testé en phase 3 en Europe. Ce médicament permet de traiter la maladie d’Alzheimer, donc je suis très fière de faire partie de l’équipe qui a permis cela. Les accomplissements scientifiques sont dus principalement au fait qu’ici aux États-Unis, ce qui est important, ce sont les compétences, et non la provenance, l’ethnie, ou l’âge, et je me considère comme une jeune scientifique. Récemment, l’Institut dont je fais partie, toujours dans le sens de trouver des fonds pour financer la recherche, a créé une succursale chargée de générer des fonds pour la recherche. Nous avons essayé de voir quel était le domaine susceptible de nous permettre un autofinancement. Aux États-Unis, tout ce qui OGM n’est pas régulé ni légiféré, les entreprises font ce qu’elles veulent, il n’y a aucune obligation à indiquer la teneur ou non d’OGM dans les produits, mais les choses commencent à changer.
Cependant, il y a très peu de laboratoires qui testent les OGM ici aux États-Unis. Pour tester les OGM, il faut avoir une certification internationale qu’on appelle ISO 17025 qui définit les normes internationales. Comme je suis généticienne, on m’a donné les fonds et les moyens, et je viens de recevoir l’accréditation ISO me permettant de faire ces tests sur les OGM. Donc, en plus de ma recherche scientifique, j’essaie de me diversifier. Ces dernières années, je me suis de plus en plus intéressée à tout ce qui est suppléments alimentaires, vitamines, etc. Les apports supplémentaires font presque partie de la tradition et sont très populaires ici aux États-Unis, parce que les gens n’ont pas nécessairement une bonne hygiène de vie, et que l’obésité est un problème très important ici, et souvent souffrent de carences. À l’institut, nous testons ces suppléments et vérifions qu’ils contiennent bien ce qu’ils sont supposés contenir et testons leur activité.
Non seulement, votre travail de recherche a un impact sur la santé, mais aussi sur la nutrition, ce qui est important. Vous avez été formée initialement dans une université algérienne, est-ce que cela a été facile pour vous d’intégrer la recherche scientifique aux États-Unis ?
J’ai effectivement été formée initialement en Algérie. Avant que j’arrive aux États-Unis, j’ai fait un passage à Paris. J’imagine que la plupart des scientifiques algériens aux États-Unis font un petit passage à Paris, et j’ai eu mon PhD en France. Peut-être que la transition Algérie-France à été plus facile pour moi étant donné que j’avais fait le choix déjà très jeune de faire de la recherche. Je savais que la recherche en Algérie était très précaire. J’ai donc décidé de faire mon projet de recherche pour mon ingéniorat en France.
Dans quelle université ?
J’étais à Paris VII. Avant même que je finisse Bab Ezzouar, je suis partie un mois en France pour prospecter, je n’ai pas trouvé de laboratoire et je suis revenue en Algérie. J’étais cependant déterminée. Quelques mois après, j’ai décidé de faire une autre tentative. Je suis encore partie en France pour un mois, j’ai fait du porte-à-porte mais je suis encore revenue bredouille. Je suis retournée une troisième fois en France et la semaine où je devais rentrer en Algérie, quelqu’un m’a mise en contact avec un laboratoire. Je suis allée à mon interview et ils m’ont donné toute une pile de papiers à lire sans me dire ni oui ni non. Et donc, avant que l’interview ne se termine, je leur ai dit que je devais retourner en Algérie et que s’ils étaient intéressés à ce que je fasse mon stage chez eux, ils devaient me le dire maintenant. Ils m’ont acceptée et je suis repartie en Algérie pour dire à mes parents que j’avais trouvé un stage. Au départ, ils n’étaient pas contents, mais je suis repartie pour neuf mois en France. J’étais autofinancée, je travaillais sur le côté et j’avais la chance d’être accueillie par ma sœur et mon beau-frère pendant la durée de mon stage.
Pendant mon stage, j’ai envoyé mon dossier à plusieurs PhD et j’ai été choisie pour un doctorat qui m’intéressait. Après mon stage, je suis retournée en Algérie où j’ai effectué ma soutenance et je suis revenue en France pour faire mon doctorat. Comme je l’ai dit auparavant, une fois mon doctorat terminé, un laboratoire aux États-Unis a manifesté de l’intérêt pour mon profil, ils m’ont contactée et je suis partie. Ce qui a été difficile au départ n’avait rien à voir avec mes compétences, mais était d’ordre personnel. Je souffrais d’être éloignée de ma famille, d’être seule aux États-Unis. Ce n’était pas comme quitter l’Algérie pour la France qui est à deux heures de vol. Venir aux États-Unis était plus difficile au sens personnel, et non professionnel.
Comment s’est passé l’intégration ?
Aux États-Unis, on ne vous demande pas d’où vous venez du moment que vous êtes compétent. Le mot intégration n’est presque pas un mot valide ici, comparé à la France. En France, dès qu’on envoie un dossier ou que le mot « algérien » intervient, il y a une sorte de réticence, alors qu’ici aux États-Unis, je n’ai jamais été confrontée à une situation où ma nationalité a été mise en question, et il y a seize ans que je vis ici.
Pourquoi avez-vous choisi les États-Unis comme destination ? Est-ce pour pouvoir continuer vos recherches ou est-ce un choix d’une autre nature ?
Cela a été un choix purement scientifique. J’étais heureuse lors de mon séjour en France, le laboratoire avec lequel je travaillais était content de mon travail, mais j’avais conscience que si je voulais progresser dans le domaine de la science, il fallait que je maîtrise la langue de la science, c’est-à-dire l’anglais. Quel est le meilleur moyen d’apprendre l’anglais si ce n’est de vivre dans un pays où on le parle ? C’était donc un choix dans ce sens-là. Pour moi, il était important que je maîtrise l’anglais aussi bien que le français. J’arrivais à lire et à écrire des articles en anglais, mais je ne pouvais pas tenir une conversation. Par exemple, lorsque j’étais en France, aller à des congrès internationaux et présenter mes travaux en anglais était un handicap et je sentais que c’était quelque chose qui me retenait en arrière. J’ai décidé qu’il fallait que j’élimine cet obstacle. Donc, venir aux USA est devenu un choix facile.
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Dr. Ghania Ait-Ghezala : L’impact de mon travail sur la santé est un peu difficile à déterminer et je vais revenir un peu en arrière, au temps où j’ai fait mon PhD. J’ai fait mon doctorat en France, à Paris, et mon travail de recherche portait principalement sur la trisomie 21. Je faisais partie d’une équipe qui avait établi la cartographie de la région principale qui est responsable de la plupart des signes de la trisomie 21 et qui s’appelle la DCR (Down syndrome Critical Region). J’ai passé presque six ans à travailler sur cette région et j’ai fait plusieurs publications dont la plus importante concernait la description de tous les gènes qui sont contenus dans cette région. Ainsi, certains de ces gènes sont maintenant connus pour être responsables des signes de la maladie, notamment tout ce qui est cardiaque. Mon travail a été récompensé par la fondation française pour la recherche sur la trisomie 21, et j’ai été une des premières, une Algérienne, à recevoir ce prix.
Dès que j’ai eu fini mon PhD, j’ai été contactée par un laboratoire aux États-Unis qui travaillait sur la maladie d’Alzheimer. Pour moi, c’était une transition évidente étant donné que l’un des gènes qui est responsable des formes familiales de la maladie d’Alzheimer se trouve sur le chromosome 21 qui est aussi un des chromosomes présent en trois copies dans la trisomie 21. En outre, 100% des trisomiques finissent par développer un Alzheimer. La connexion est donc incontestable. J’ai décidé d’accepter la proposition et j’ai pris ma valise pour venir aux États-Unis.
Initialement, je faisais de la recherche sur la maladie d’Alzheimer, mais il existait un projet très important et ils n’avaient personne pour le conduire. Ce projet concernait les enfants atteints du syndrome de Tourette. Plusieurs familles souffrant du syndrome avaient une translocation chromosomique et il n’y avait personne pour cartographier cette région afin d’essayer d’identifier le gène responsable du syndrome de Tourette. Je m’en suis donc chargée. J’ai commencé par cartographier la région et le travail a été publié. En outre, j’ai isolé un gène dans cette région. Le rapport n’a pas encore été publié parce qu’on essaie de finaliser le travail en essayant de comprendre ce qui se passe, non seulement au niveau du gène, mais au niveau de la protéine, donc cela prend pas mal de temps.
Je continuais à travailler sur la maladie d’Alzheimer et je m’intéressais principalement à tout ce qui était neuro-inflammation, donc l’inflammation au niveau du cerveau, et j’ai publié plusieurs travaux à ce sujet. Comme je me concentrais principalement sur la maladie d’Alzheimer, je voulais élargir un peu mon horizon et intégrer toutes les conditions où il y avait un phénomène de neuro-inflammation, par exemple le traumatisme crânien.
Pendant les années 2010 où la crise économique a touché tout le monde, il fallait trouver d’autres moyens pour financer la recherche. À cette époque, le département de la Défense des États-Unis avait réservé des fonds pour la recherche pour comprendre les causes de ce qu’il appelle le Gulf War syndrome et qui touche les militaires qui ont participé à la première guerre du Golfe en 1990-91 et dont les signes cliniques montraient qu’ils avaient peut-être une inflammation du cerveau. J’ai donc fait une demande pour des fonds au département de la Défense pour travailler sur le sujet, une demande qui m’a été accordée et j’ai travaillé quelques années dans ce domaine.
Deux papiers ont été publiés et trois autres sont en cours, montrant que les symptômes sont liés principalement à un dysfonctionnement de la mitochondrie, une organelle qui produit l’énergie nécessaire au bon fonctionnement des cellules. Il y a donc une dysfonction au niveau de cette organelle et aussi une neuro-inflammation, due à un système immunitaire dysfonctionnel. Après quelques années de travaux dans ce domaine, le département de la Défense m’a invitée à leur soumettre un autre projet pour continuer ma recherche. J’attends leur réponse.
Tous ces détails vous expliquent quels sont les domaines de recherche dans lesquels je suis impliquée. Concernant la maladie d’Alzheimer, et c’est sans doute l’un de mes plus grands accomplissements, les travaux que j’ai effectués avec mes collègues à l’Institut Roskamp ont mené à développer un médicament qui est actuellement testé en phase 3 en Europe. Ce médicament permet de traiter la maladie d’Alzheimer, donc je suis très fière de faire partie de l’équipe qui a permis cela. Les accomplissements scientifiques sont dus principalement au fait qu’ici aux États-Unis, ce qui est important, ce sont les compétences, et non la provenance, l’ethnie, ou l’âge, et je me considère comme une jeune scientifique. Récemment, l’Institut dont je fais partie, toujours dans le sens de trouver des fonds pour financer la recherche, a créé une succursale chargée de générer des fonds pour la recherche. Nous avons essayé de voir quel était le domaine susceptible de nous permettre un autofinancement. Aux États-Unis, tout ce qui OGM n’est pas régulé ni légiféré, les entreprises font ce qu’elles veulent, il n’y a aucune obligation à indiquer la teneur ou non d’OGM dans les produits, mais les choses commencent à changer.
Cependant, il y a très peu de laboratoires qui testent les OGM ici aux États-Unis. Pour tester les OGM, il faut avoir une certification internationale qu’on appelle ISO 17025 qui définit les normes internationales. Comme je suis généticienne, on m’a donné les fonds et les moyens, et je viens de recevoir l’accréditation ISO me permettant de faire ces tests sur les OGM. Donc, en plus de ma recherche scientifique, j’essaie de me diversifier. Ces dernières années, je me suis de plus en plus intéressée à tout ce qui est suppléments alimentaires, vitamines, etc. Les apports supplémentaires font presque partie de la tradition et sont très populaires ici aux États-Unis, parce que les gens n’ont pas nécessairement une bonne hygiène de vie, et que l’obésité est un problème très important ici, et souvent souffrent de carences. À l’institut, nous testons ces suppléments et vérifions qu’ils contiennent bien ce qu’ils sont supposés contenir et testons leur activité.
Non seulement, votre travail de recherche a un impact sur la santé, mais aussi sur la nutrition, ce qui est important. Vous avez été formée initialement dans une université algérienne, est-ce que cela a été facile pour vous d’intégrer la recherche scientifique aux États-Unis ?
J’ai effectivement été formée initialement en Algérie. Avant que j’arrive aux États-Unis, j’ai fait un passage à Paris. J’imagine que la plupart des scientifiques algériens aux États-Unis font un petit passage à Paris, et j’ai eu mon PhD en France. Peut-être que la transition Algérie-France à été plus facile pour moi étant donné que j’avais fait le choix déjà très jeune de faire de la recherche. Je savais que la recherche en Algérie était très précaire. J’ai donc décidé de faire mon projet de recherche pour mon ingéniorat en France.
Dans quelle université ?
J’étais à Paris VII. Avant même que je finisse Bab Ezzouar, je suis partie un mois en France pour prospecter, je n’ai pas trouvé de laboratoire et je suis revenue en Algérie. J’étais cependant déterminée. Quelques mois après, j’ai décidé de faire une autre tentative. Je suis encore partie en France pour un mois, j’ai fait du porte-à-porte mais je suis encore revenue bredouille. Je suis retournée une troisième fois en France et la semaine où je devais rentrer en Algérie, quelqu’un m’a mise en contact avec un laboratoire. Je suis allée à mon interview et ils m’ont donné toute une pile de papiers à lire sans me dire ni oui ni non. Et donc, avant que l’interview ne se termine, je leur ai dit que je devais retourner en Algérie et que s’ils étaient intéressés à ce que je fasse mon stage chez eux, ils devaient me le dire maintenant. Ils m’ont acceptée et je suis repartie en Algérie pour dire à mes parents que j’avais trouvé un stage. Au départ, ils n’étaient pas contents, mais je suis repartie pour neuf mois en France. J’étais autofinancée, je travaillais sur le côté et j’avais la chance d’être accueillie par ma sœur et mon beau-frère pendant la durée de mon stage.
Pendant mon stage, j’ai envoyé mon dossier à plusieurs PhD et j’ai été choisie pour un doctorat qui m’intéressait. Après mon stage, je suis retournée en Algérie où j’ai effectué ma soutenance et je suis revenue en France pour faire mon doctorat. Comme je l’ai dit auparavant, une fois mon doctorat terminé, un laboratoire aux États-Unis a manifesté de l’intérêt pour mon profil, ils m’ont contactée et je suis partie. Ce qui a été difficile au départ n’avait rien à voir avec mes compétences, mais était d’ordre personnel. Je souffrais d’être éloignée de ma famille, d’être seule aux États-Unis. Ce n’était pas comme quitter l’Algérie pour la France qui est à deux heures de vol. Venir aux États-Unis était plus difficile au sens personnel, et non professionnel.
Comment s’est passé l’intégration ?
Aux États-Unis, on ne vous demande pas d’où vous venez du moment que vous êtes compétent. Le mot intégration n’est presque pas un mot valide ici, comparé à la France. En France, dès qu’on envoie un dossier ou que le mot « algérien » intervient, il y a une sorte de réticence, alors qu’ici aux États-Unis, je n’ai jamais été confrontée à une situation où ma nationalité a été mise en question, et il y a seize ans que je vis ici.
Pourquoi avez-vous choisi les États-Unis comme destination ? Est-ce pour pouvoir continuer vos recherches ou est-ce un choix d’une autre nature ?
Cela a été un choix purement scientifique. J’étais heureuse lors de mon séjour en France, le laboratoire avec lequel je travaillais était content de mon travail, mais j’avais conscience que si je voulais progresser dans le domaine de la science, il fallait que je maîtrise la langue de la science, c’est-à-dire l’anglais. Quel est le meilleur moyen d’apprendre l’anglais si ce n’est de vivre dans un pays où on le parle ? C’était donc un choix dans ce sens-là. Pour moi, il était important que je maîtrise l’anglais aussi bien que le français. J’arrivais à lire et à écrire des articles en anglais, mais je ne pouvais pas tenir une conversation. Par exemple, lorsque j’étais en France, aller à des congrès internationaux et présenter mes travaux en anglais était un handicap et je sentais que c’était quelque chose qui me retenait en arrière. J’ai décidé qu’il fallait que j’élimine cet obstacle. Donc, venir aux USA est devenu un choix facile.
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