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La gauche populiste en déroute en Amérique Latine

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  • La gauche populiste en déroute en Amérique Latine

    Tous les régimes de gauche populiste d’Amérique Latine dérivent rapidement vers l’autocratie et la banqueroute.

    Décidément, rien ne va plus pour la gauche populiste latino-américaine, celle qui, admirative du modèle castriste, fut portée au pouvoir à l’orée du siècle présent par Hugo Chavez au Venezuela et Luis Inacio Lula da Silva au Brésil, pour le plus grand bonheur des altermondialistes, des Indignés et autres Mélenchon.

    Aujourd’hui, cette gauche — baptisée « bolivarienne » par Chavez dans le but de s’approprier le prestige de Simon Bolivar, héros de l’indépendance de l’Amérique latine — n’arrête pas de subir des revers électoraux.

    Ce fut d’abord le cas de Cristina Kirchner en Argentine, à qui a succédé au pouvoir le « néolibéral » Mauricio Macri. Vint ensuite le tour du régime vénézuélien piloté par Nicolas Maduro – héritier désigné par Chavez sur son lit de mort – d’encaisser une écrasante défaite lors des élections parlementaires du 6 décembre dernier. Plus récemment, le président bolivien Evo Morales perdit son pari d’obtenir par référendum la possibilité de briguer un 4e mandat présidentiel consécutif.

    Dans l’Equateur du bolivarien Rafael Correa, le malaise est patent. Un sondage réalisé en décembre dernier indique que 60% des personnes interrogés pensent que le pays a pris un mauvais chemin, et 72% considèrent « erronée » la gestion de l’économie par le gouvernement.
    Au Brésil, la présidente Dilma Rousseff atteint des niveaux d’impopularité sans précédent. Dans un sondage récent, seulement 11% des Brésiliens approuvent sa gestion et 56% réclament sa démission.
    L’impopularité bat également des records dans le cas du président du Venezuela Nicolas Maduro. D’après un sondage effectué fin février, 70% des Vénézuéliens le jugent incapable de résoudre la grave crise qui affecte le pays, et 72% souhaitent le voir partir avant la fin de son mandat présidentiel en 2018.

    Pourquoi un tel échec ?

    Parmi les facteurs qui motivent une telle désaffection pour la gauche populiste, il convient de mentionner en premier lieu les limites et les failles d’un modèle qui octroie à l’Etat un pouvoir asphyxiant sur l’économie, au détriment du marché.

    Tant que les pays gouvernés par la gauche populiste en Amérique latine purent profiter du boom des matières premières du début du siècle présent, ils étaient en mesure de gérer d’une manière capricieuse et inefficace les ressources économiques dont ils disposaient. Les recettes d’exportation parvenaient à tout couvrir : à financer des programmes sociaux souvent teintés de clientélisme, bien sûr, mais aussi à hypertrophier la bureaucratie et les dépenses publiques et, dernier mais non le moindre, à alimenter des réseaux de corruption.

    Or, sitôt que le boom des matières premières toucha à sa fin, le modèle économique instauré dans ces pays commença à s’effriter.
    Selon les prévisions de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes des Nations unies (Cepal), le Venezuela et le Brésil auront la pire performance économique de la région en 2016. Le Venezuela se trouvera en récession pour la troisième année consécutive, et ce, avec un taux d’inflation annuel qui, d’après les prévisions du Fonds monétaire international, atteindra 720% en 2016.

    Quant à l’Argentine de l’époque de la présidente Cristina Kirchner (c’est-à-dire avant la victoire de Mauricio Macri), le FMI y décela des « tendances insoutenables » du fait d’un déficit fiscal et d’un taux d’inflation trop élevés.
    Au mécontentement suscité par la détérioration de la situation économique il faut ajouter la répulsion populaire provoquée par la corruption à l’œuvre dans nombre de pays gouvernés par la gauche populiste. Les scandales de corruption touchant, entre autres, les gouvernements de l’Argentine (de l’époque de Cristina Kirchner), du Brésil et du Venezuela ont mis à terre le mythe d’une gauche capable d’assurer la probité dans la gestion des deniers publics.

    Une autre cause du mécontentement populaire se trouve dans la tendance des gouvernements de la gauche bolivarienne à entraver et à supprimer les libertés publiques.

    Harcèlement juridique contre les organes de presse indépendants et même contre de simples caricaturistes, assujettissement du système judiciaire et de la commission électorale aux diktats du parti au pouvoir, élimination des prérogatives constitutionnelles des mairies et des parlements contrôlés par l’opposition, sans oublier les passages à tabac d’élus de l’opposition, les emprisonnements arbitraires et les tortures, autant de méthodes employées par les dirigeants bolivariens dans le but de faire taire le mécontentement et de se perpétuer au pouvoir.

    Les tout récents revers électoraux devraient inciter les partis en déclin à se remettre en question, à abandonner leur engouement pour le dirigisme en économie et pour la répression en politique.

    Un tel aggiornamento ne semble pas, cependant, être à l’ordre du jour. La tendance est plutôt vers la « radicalisation de la révolution », ce qui dans le langage de la gauche pure et dure veut dire s’en prendre avec encore plus de virulence à l’opposition, à la presse indépendante et à l’entrepreneuriat.
    C’est ainsi que, au Venezuela, le président Maduro s’entête à ne pas changer de cap et promet plus de socialisme et plus de révolution.
    Puis, en Bolivie, Evo Morales envisage d’imposer des mesures visant à « réguler » les réseaux sociaux, coupables à son avis de la victoire du non au référendum, et exige de surcroît la démission des fonctionnaires qui votèrent pour le non au référendum.

    Derrière ce goût des méthodes répressives se trouve la fascination que la gauche populiste latino-américaine éprouve pour le régime castriste. Puisque Fidel et Raul Castro ont réussi à se maintenir au pouvoir pendant plus de 50 ans en étouffant toute contestation, ses émules pensent pouvoir reproduire l’« exploit » en faisant recours aux mêmes méthodes musclées.
    Là, cependant, il y a problème. Car l’expérience du castrisme est difficilement transposable aux pays gouvernés par la gauche bolivarienne.
    Tout d’abord, le régime castriste a pu survivre, malgré une incapacité chronique à faire marcher l’économie, grâce à l’aide astronomique fournie, d’abord par l’Union Soviétique, ensuite par le Venezuela d’Hugo Chavez à l’époque du boom des matières premières.

    Or, aujourd’hui, l’économie vénézuélienne est à bout de souffle – d’où l’intérêt de Raul Castro de nouer des relations économiques avec l’ennemi américain et ainsi réduire sa dépendance à l’égard du Venezuela. Qui plus est, aucun pays ne semble pouvoir, ni vouloir, prendre la relève du Venezuela en tant que fournisseur d’aide aux régimes amis en difficulté.
    Il sera également impossible pour la gauche populiste d’appliquer le degré de répression qui a permis au castrisme de se perpétuer. Les conditions ne sont pas les mêmes. Pour preuve : malgré les tentatives du pouvoir chaviste le soir des élections parlementaires du 6 décembre, le régime vénézuélien ne put commettre la fraude massive qui aurait été nécessaire pour inverser le résultat de ces élections. La pression internationale et les réticences de la hiérarchie militaire du pays lui en empêchèrent.
    Refusant de se réformer, et ne pouvant appliquer une répression tous azimuts à la Castro, la gauche populiste latino-américaine pourrait avoir comme épitaphe la célèbre phrase de Péguy : « Tout parti vit de sa mystique et meurt de sa politique ».

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