Dans un entretien exclusif:
Le PDG de Renault Algérie Production dit tout au Quotidien d'Oran
par Sofiane Maizi
Dans une longue interview accordée en exclusivité au Quotidien d'Oran, le PDG de Renault Algérie Production, Bernard Sonilhac, défend le bilan de l'usine d'Oued Tlélat. Il qualifie le bilan de positif et énumère les réalisations accomplies à ce jour par son équipe.
Dans cet entretien, qui avait pour but de couper court aux rumeurs, il explique qu'il n'y a aucun problème pour la création d'une section syndicale dans l'usine. Bernard Sonilhac, qui a été choisi il y a trois ans par le groupe Renault pour diriger sa première usine en Algérie, est un homme épris de rigueur et d'exigence. Homme au franc-parler, il a passé les dix dernières années de sa vie dans les usines de Renault en Roumanie et en Algérie. Il annonce l'assemblage d'un deuxième modèle de voiture à l'usine Oued Tlélat d'ici juin prochain. Il s'agit de la Dacia Sandero. Le PDG de RAP révèle aussi que de nouvelles versions diesel de la Symbol et de la Sandero seront produites d'ici la saison estivale.
Le Quotidien d'Oran: Quinze mois après le lancement de la production dans l'usine Renault Algérie Production à Oued Tlélat, le bilan est mitigé : même si la société a fait des progrès, les objectifs annoncés en novembre 2014 n'ont pas été atteints et des motifs d'inquiétude subsistent notamment en matière de logistique. Il y a eu d'ailleurs en janvier dernier un arrêt provisoire de la production en raison d'une rupture d'approvisionnement suite à «des mauvaises conditions climatiques et à des contraintes logistiques exceptionnelles». Quel bilan pour RAP et quelle stratégie pour l'avenir ?
Bernard Sonilhac : Le bilan de l'usine d'Oued Tlélat n'est pas mitigé, au contraire c'est un grand succès. 25.000 véhicules par an, c'était le contrat de départ pour une année pleine et avec deux équipes. En 2015 c'était la montée de cadence et à la fin du premier semestre nous avons lancé la deuxième équipe, donc nous avons fait 20.000 véhicules durant l'année écoulée et c'était en fait notre objectif. Nous n'aurions normalement dû faire que 14.000 véhicules en 2015. Nous avons ainsi fait plus que les objectifs. Il faut faire la différence entre la capacité et le volume de production. 25.000 véhicules ça correspond en termes de contrat à deux équipes et une cadence horaire de sept véhicules par heure, mais nous avons amélioré nos systèmes de production qui sont passé à dix véhicules par heure depuis le mois de novembre dernier.
On fait plus que prévu et cette année 2016 on devrait, si tout va bien (inchallah), faire au moins 40.000 véhicules durant une année pleine. On va mettre en place une troisième équipe avant juin prochain. C'est pour cela que j'ai dit que le bilan n'est pas mitigé ; on a une capacité de production supérieure de 40% à ce qui était prévu. Je dirais que le bilan est très positif parce qu'en plus toutes les inquiétudes qui étaient au départ avec beaucoup de gens qui disaient que le projet ne sera pas dans les délais, ça ne marchera pas, on ne fera pas la qualité, les clients ne vont pas aimer la voiture, se sont dissipées. En termes de qualité on fait aussi bien, même mieux que les voitures importées de Roumanie. Les clients aiment bien la Symbol «made in bladi», nous avons reçu un premier prix des journalistes algériens qui a récompensé la voiture après les essais. Les enquêtes de satisfaction-clients, menées tous les mois, on est à la cinquième enquête, montrent que 90% des clients disent qu'ils recommanderaient volontiers cette voiture à leurs familles et à leurs amis. Il y a 70% des personnes interrogées qui accordent une note de 10 sur 10 à la voiture. C'est un succès pour la qualité. C'est un succès parce que ça plait aux clients. C'est un succès pour le volume de production. Et ça va dans le bon sens. Concernant les contraintes logistiques, on a été victimes de notre succès. Nous avons davantage tiré sur les capacités de production de l'usine de Roumanie où sont assemblées les caisses au départ et du coup on a vidé tout notre stock. On a élevé la production pour répondre à la forte demande des clients. Les stocks ont baissé et on savait qu'il y avait un risque de coupures et avec les intempéries, le froid en Roumanie, le port a été bloqué et les tempêtes, il y a eu une coupure logistique pendant deux jours dans un premier temps, puis cinq jours, donc on s'est arrêté durant cette période. On a reporté les séances de travail un peu plus tard. Le personnel a été payé durant cet arrêt de travail. Les stocks sont constitués au fur et à mesure, tout doucement, mais on aspire à plus de production que prévu, on est toujours en risque.
Q.O.: Le taux d'intégration locale dans la Symbol reste faible. Plus d'une année après le lancement de la production, nous constatons que RAP n'arrive pas à entrainer un vrai réseau de sous-traitance dans la région. Les espoirs du gouvernement algérien qui a misé sur le développement d'un sourcing local se sont rapidement dissipés en raison de la faiblesse du sourcing en Oranie. Qu'est-ce que vous avez réalisé à ce jour pour développer un réseau de sous-traitance local et pour attirer les équipementiers internationaux dans la région ?
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