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    J'ai fait un mauvais rêve cette nuit. Je me suis réveillé et je suis allé rejoindre ma femme dans sa chambre pour me blottir dans ses bras, comme un enfant. J'étais sur la corniche d'un immeuble si haut que je n'osais pas regarder vers le bas, transi de peur. Comme le câble de protection était coupé en deux, avec effroi, j'ai prévenu la personne qui se trouvait debout, devant moi et qui semblait ne pas être affecté par le vertige. Voulant vérifier, elle plaça négligemment sa main dessus et disparut dans le vide. J'étais angoissé lorsque je me suis réveillé. Le cauchemar me collait à la peau.

    Pour ma femme, l'analyse est simple. Je suis en train de muer. «Lâchez prise!», me lança-elle, en préparant les crêpes pour le petit déjeuné. «On n'a pas besoin d'être Freud pour comprendre cela», ajouta-t-elle. Bizarre, me dis-je! Je venais de lire, la semaine dernière, un article sur lui qui me faisait sourire par ses conclusions d'homme drogué à la cocaïne. C'est lui qui m'a inspiré à utiliser l'expression «Conquistador!» dans mon poème Heavy Métal, car c'est ainsi qu'il aimait à se désigner en 1890, sachant ce que les conquistadores espagnols et portugais avaient perpétré comme ravage dans le monde. À la Darwin! Les scientifiques n'échappent pas à la bêtise humaine dont les religions sont le porte-étendard, tambour sonnant.

    Voilà ce que j'ai écrit, ce matin, le bloc-notes sur les genoux, en face de la fenêtre qui donnait sur un arbre couvert de neige; j'étais illuminé par un soleil radieux et je pensais à ma famille à Annaba et à Guelma, en Algérie, que je n'ai pas vue depuis si, si, longtemps, depuis que j'ai réussi à quitter le pays en 1974 (?), in extremis, grâce au piston, et jurant que jamais plus je n'y remettrai les pieds. Quand je lis ce qui se passe là-bas depuis, je ne regrette pas ce vœu.

    Mais, devant ma fenêtre, je voudrais encore une fois tout laisser tomber et partir. J'avais la nostalgie de ma famille, du soleil, de la mer toute proche d'où je pouvais, de chez moi, sentir l'odeur salée, de cet endroit merveilleux avec ses citronniers dans le jardin et cet appartement vide que l'on louait à des coopérants, tout meublé avec sa bibliothèque mur à mur où j'ai découvert tant d'auteurs comme Sartre, Camus, Hesse, en collection de poche, que j'ai dévorés puis les ai tous rejetés par la suite; de là je voyais passer les bus remplis de monde avec leurs serviettes de plage et leur crème à bronzer, qui me faisaient rêver, comme aujourd'hui, d'un monde d'aventures et de bonheur.

    C'est tout juste si ma femme ne sort pas son sac-à-dos d'excitation quand on en parle. Je regarde alors notre énorme frigo, l'ordinateur qu'elle vient d'acheter, nos immences plantes, dont un Oiseau de paradis, qui nous ont pris des années à faire grandir donnant l'impression d'un jardin exotique, notre magnifique table en bois dont tout le monde s'extasie à sa vue, ce bel appartement avec ses balcons sur lesquels nous passons des nuits d'été à la belle étoile, tous ces biens qu'il faudra encore une fois abandonner et recommencer. . . Avec l'âge, l'aventure n'est pas aussi évidente mais -c'est si tentant! Et puis, j'adore raconter, écrire et décrire les endroits que nous découvrons. . .

    J'interromps ce message pour signaler qu'à l'instant même notre poisson, un Bêta, que nous avions depuis deux ans vient de rendre l'âme. Crise cardiaque. Il a tourné plusieurs fois sur lui puis a coulé. . .

    Montréal, le 29 décembre 2006

  • #2
    J'interromps ce message pour signaler qu'à l'instant même notre poisson, un Bêta, que nous avions depuis deux ans vient de rendre l'âme. Crise cardiaque. Il a tourné plusieurs fois sur lui puis a coulé. . .


    bah t'as qu'a le rajoutter sur le plateau de fruit de mer!

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    • #3
      alors!

      que dit la deco



      aller tiens va!

      a la santé de ceux qui sont restés dans le bocal!

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      • #4
        Akiles

        Joli Tu devrais venir voir ce qu'il se passe..... L'appel des racines....tu ne peux pas nous laisser tomber
        Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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