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Face à la crise, l’Algérie manque d’argent et d’idées

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  • Face à la crise, l’Algérie manque d’argent et d’idées

    Depuis l’effondrement des prix du pétrole, entamé en juin 2014, l’Algérie accuse le coup. Les caisses de l’État se vident à un rythme alarmant, avec des déficits budgétaires records de près de 25 milliards de dollars, enregistrés en 2015 et prévus pour 2016.
    Mais il y a plus inquiétant que les mauvais chiffres macroéconomiques : face à cette situation, l’on ne décèle pas de plan de bataille sérieux. Du moins, les discours gouvernementaux ne sont pas suivis d’actions sur le terrain. Pourtant, la crise sur le marché pétrolier a mis à nu toute la vulnérabilité de l’économie algérienne, nécessitant des réformes sérieuses.

    Dépendance à l’égard de l’étranger

    En plus du fait que l’Algérie tire 98% de ses revenus d’exportation du pétrole et de ses dérivés, le budget de l’État dépend à hauteur de 60% du secteur des hydrocarbures. Leur prix échappant totalement au contrôle du pays, l’Algérie est donc dépendante de l’étranger, des spéculations sur les marchés et des jeux d’influence entre les grands acteurs comme l’Arabie saoudite, l’Iran et la Russie. En attendant des jours meilleurs sur le marché pétrolier, le gouvernement puise dans ses réserves du Fonds de régulation des recettes (FRR), qui se vide à un rythme alarmant.

    En interne, la situation n’est guère plus rassurante : même sur le plan énergétique, le gouvernement ne dispose d’aucune alternative. Développer une industrie des énergies renouvelables requiert des investissements lourds et surtout, beaucoup de temps et un savoirfaire que l’Algérie ne possède pas.
    On se souvient en effet des déclarations en 2012 du PDG de Sonelgaz Noureddine Bouterfa qui affirmait sur un ton savant qu’il ne croyait pas au solaire et aux énergies renouvelables en général.

    En attendant, la sécurité énergétique devra être assurée par une production d’électricité d’origine fossile (gaz). Or, avec la croissance démographique et la hausse de la consommation interne, ce sont autant de quantités non-exportées et donc de revenus extérieurs en moins. Le gaz de schiste fut, un temps, considéré comme une solution, bien qu’éphémère et génératrice de risques environnementaux et même sociaux considérables. Mais étant donnée la faiblesse des prix et les coûts d’extraction, les hydrocarbures de schiste ne sont pas rentables. Aux États-Unis, pays qui maîtrise les dernières technologies d’exploitation de schiste, les puits ferment par dizaines car non-rentables.
    Dans le même temps, malgré une réduction de ses importations, l’Algérie dépend également de l’étranger pour une grande partie de ses besoins, dans tous les domaines. Des produits alimentaires – le pays est un des plus grands importateurs mondiaux de céréales et de poudre de lait – aux biens d’équipements et de consommation, la facture des approvisionnements à l’étranger reste lourde et la marge de manœuvre étroite. Une situation intenable qui plombe également les réserves de change de l’Algérie


    Le gouvernement mise sur une reprise du pétrole

    Face à cette situation où tous les voyants sont au rouge, la réaction est molle. Il a fallu attendre 20 mois de crise – les prix du pétrole ont entamé leur chute vertigineuse à l’été 2014 – et ses conséquences aisément prévisibles pour entendre le Premier ministre, Abdelmalek Sellal annoncer enfin la mise en œuvre d’un « nouveau programme économique ». Que préconise-t-il, que prévoit-il ? Mystère. La présentation de ce plan est prévue pour le mois d’Avril prochain, selon le Premier ministre. Face à la crise, le gouvernement non seulement il n’a pas d’idées, mais il prend son temps.
    On sait seulement que l’État lancera un emprunt obligataire interne pour pallier le manque de financements. Mais là encore, des questions subsistent et la crédibilité de cet emprunt est en doute.

    Dans tous les cas, le recours à cet emprunt indique que le gouvernement tente de joindre les deux bouts et éviter, du moins pour l’instant, la dette extérieure. En effet, en l’absence d’un plan de sortie de crise sérieux et de réformes qui tardent à voir le jour, il est difficile de raisonnablement espérer mieux.

    Des réformes et mesures ignorées

    Un des éléments du discours gouvernemental se rapporte à la relance de l’industrie nationale, chose qu’il n’a pas su ou voulu faire durant les 15 années « d’opulence financière ». Quand bien même le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb parviendrait à relancer la machine industrielle, avec sa « stratégie » digne des années 1970, il s’agit d’un processus de longue haleine. Il faut compter une dizaine d’année dans le meilleur des cas pour que ce secteur prenne le relais de celui des hydrocarbures. Combien de temps le pétrole permettra-t-il de tenir et de financer les gouffres que sont devenues les entreprises publiques ?

    En attendant, d’autres réformes sont mises sur la table depuis plusieurs années mais tardent à voir le jour. Le « Code du travail doit être réformé » : cette évidence, réclamée par les entreprises et promises par les pouvoirs publics traîne depuis des années. Pourtant, le marché de l’emploi aurait grandement besoin de flexibilité pour fluidifier les embauches et débureaucratiser le marché du travail.
    Il en est de même pour le système bancaire algérien. « Anachronique et archaïque », selon l’exministre du Commerce, Amara Benyounes. Là aussi, une évidence, mainte fois promise mais jamais réalisée. Comment peut-on prétendre stimuler les exportations, contribuer au financement de l’économie réelle productive (c’est-à-dire en dehors des importations) ou « bancariser » les fonds de l’économie informelle lorsque les banques sont perçues comme des facteurs de blocage ?
    Justement, le gouvernement ne semble pas résolu à prendre le taureau de l’économie informelle par les cornes. L’équivalent de près 40% du PIB circulerait dans l’économie souterraine. Pourtant, le gouvernement a décidé d’augmenter les impôts et taxes en 2016, pour tenter de maximiser ses recettes. La tentation de tout gouvernement en période de crise. C’est pourtant une mesure qui risque d’être contre-productive : elle pousse le peu d’entreprises qui travaillent dans la légalité à s’insérer dans l’activité informelle, en raison du matraquage fiscal qui étrangle ces sociétés.
    Au contraire, le gouvernement pourrait réduire certains impôts et taxes, afin de pousser les acteurs informels à intégrer le circuit officiel, élargissant l’assiette fiscale. Pour qu’une telle mesure soit efficace, il faut qu’elle soit accompagnée par la mise en place d’un système de paiement moderne (généralisation du chèque, carte bancaire) et surtout d’un renforcement des peines contre les contrevenants. D’autres pays ont réussi à résorber leurs économies informelles, au moins partiellement. Le gouvernement algérien pourrait donc s’inspirer de ces exemples pour augmenter ses recettes fiscales.

    tsa
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