Le pays avait jusque-là été épargné par la montée du populisme. Le succès de l'AfD aux élections régionales est un camouflet pour Merkel.
Le triomphe tant redouté a bien eu lieu. En faisant une entrée tonitruante dans les parlements des trois Länder (Saxe-Anhalt à l'Est, Bade-Wurtemberg et Rhénanie-Palatinat à l'Ouest) où se déroulaient dimanche les élections régionales, l'AfD – Alternative für Deutschland –, nouveau parti d'extrême droite, fait une percée dans le paysage politique allemand.
Avec autour de 12 % des voix dans les deux Länder de l'Ouest et 23 % en Saxe-Anhalt, les succès des nouveaux populistes allemands sont incontestables. Jamais une formation politique nouvellement portée sur les fonts baptismaux ne s'était imposée aussi rapidement en Allemagne. C'est sur la question des réfugiés (plus de 1,1 million arrivés l'an dernier) et sur celle de la sécurité que s'est jouée l'adhésion aux thèses simplistes de l'AfD.
Ce « Super Sonntag » est un dimanche peu réjouissant pour Angela Merkel. Elle espérait, quelques mois avant la course à la chancellerie de 2017, que son parti, la CDU, conquière les deux gros Länder riches du Sud-Ouest. Elle espérait aussi freiner coûte que coûte la course ascendante de l'AfD. Mais la chancelière a perdu ses deux paris. Dans le Bade-Wurtemberg, le ministre-président sortant Vert, Winfried Kretschmann, bat la CDU à plate couture et est reconduit pour cinq ans dans ses fonctions. Et en Rhénanie-Palatinat, le grand espoir et étoile montante de la CDU, Julia Klöckner, ne parvient pas à détrôner la ministre-présidente sortante, la sociale-démocrate et très populaire Malu Dreyer. Il y a six mois encore, pourtant, Julia Klöckner doublait confortablement sa rivale.
Coalition
Il n'en reste pas moins que la position des gagnants est affaiblie par l'irruption de l'AfD dans les parlements régionaux. Car la présence de l'AfD va compliquer le jeu des alliances en vue de la formation de gouvernements de coalition. Dans le Bade-Wurtemberg, le décompte des voix ne suffit plus pour une alliance Verts-SPD. Winfried Kretschmann va devoir chercher du côté de la CDU ou du petit parti libéral FDP l'apport des voix nécessaires pour constituer une majorité. En Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer va pouvoir reconstituer un gouvernement en élargissant l'alliance actuelle. Si les deux ministres présidents ont exclu d'emblée toute alliance avec l'AfD, les députés du parti populiste fort de cette nette victoire vont avoir leur mot à dire sur toutes les grandes lignes politiques débattues au sein de l'hémicycle.
En Saxe-Anhalt, la victoire de l'AfD est plus criante encore. Le nouveau parti devient la seconde force politique après la CDU. Avec André Poggenburg, 41 ans, c'est un activiste de l'aile radicale de l'AfD qui, radieux, promet une opposition musclée au sein du parlement régional.
Angela Merkel incontestée
L'AfD siège donc depuis dimanche dans la moitié des parlements régionaux allemands. Ce test grandeur nature a donné une énergie nouvelle à sa dirigeante, Frauke Petry, qui met dès maintenant le cap sur les élections fédérales de 2017. La crise des réfugiés sera toujours d'actualité et la politique des portes ouvertes d'Angela Merkel restera la cible de toutes les critiques du nouveau parti.
La chancelière, fille d'un pasteur de gauche, ne fait aucune concession aux populistes d'extrême droite et garde le cap sur la question des réfugiés. Elle restera pourtant celle qui a ouvert la voie à un parti d'extrême droite en Allemagne, l'un des rares pays européens à avoir été épargné jusqu'à présent. La perspective de voir l'AfD faire son entrée au Bundestag doit donner froid dans le dos à Angela Merkel.
Même si les attaques au sein de son parti et surtout en provenance de la CSU bavaroise risquent de redoubler, la position d'Angela Merkel n'est pas menacée. Aucun rival ne se profile, ni dans les rangs de l'opposition sociale-démocrate ni dans son propre parti, la CDU. Et la cote de popularité de la chancelière est de nouveau à la hausse après quelques mois d'un léger désamour
le Point
Le triomphe tant redouté a bien eu lieu. En faisant une entrée tonitruante dans les parlements des trois Länder (Saxe-Anhalt à l'Est, Bade-Wurtemberg et Rhénanie-Palatinat à l'Ouest) où se déroulaient dimanche les élections régionales, l'AfD – Alternative für Deutschland –, nouveau parti d'extrême droite, fait une percée dans le paysage politique allemand.
Avec autour de 12 % des voix dans les deux Länder de l'Ouest et 23 % en Saxe-Anhalt, les succès des nouveaux populistes allemands sont incontestables. Jamais une formation politique nouvellement portée sur les fonts baptismaux ne s'était imposée aussi rapidement en Allemagne. C'est sur la question des réfugiés (plus de 1,1 million arrivés l'an dernier) et sur celle de la sécurité que s'est jouée l'adhésion aux thèses simplistes de l'AfD.
Ce « Super Sonntag » est un dimanche peu réjouissant pour Angela Merkel. Elle espérait, quelques mois avant la course à la chancellerie de 2017, que son parti, la CDU, conquière les deux gros Länder riches du Sud-Ouest. Elle espérait aussi freiner coûte que coûte la course ascendante de l'AfD. Mais la chancelière a perdu ses deux paris. Dans le Bade-Wurtemberg, le ministre-président sortant Vert, Winfried Kretschmann, bat la CDU à plate couture et est reconduit pour cinq ans dans ses fonctions. Et en Rhénanie-Palatinat, le grand espoir et étoile montante de la CDU, Julia Klöckner, ne parvient pas à détrôner la ministre-présidente sortante, la sociale-démocrate et très populaire Malu Dreyer. Il y a six mois encore, pourtant, Julia Klöckner doublait confortablement sa rivale.
Coalition
Il n'en reste pas moins que la position des gagnants est affaiblie par l'irruption de l'AfD dans les parlements régionaux. Car la présence de l'AfD va compliquer le jeu des alliances en vue de la formation de gouvernements de coalition. Dans le Bade-Wurtemberg, le décompte des voix ne suffit plus pour une alliance Verts-SPD. Winfried Kretschmann va devoir chercher du côté de la CDU ou du petit parti libéral FDP l'apport des voix nécessaires pour constituer une majorité. En Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer va pouvoir reconstituer un gouvernement en élargissant l'alliance actuelle. Si les deux ministres présidents ont exclu d'emblée toute alliance avec l'AfD, les députés du parti populiste fort de cette nette victoire vont avoir leur mot à dire sur toutes les grandes lignes politiques débattues au sein de l'hémicycle.
En Saxe-Anhalt, la victoire de l'AfD est plus criante encore. Le nouveau parti devient la seconde force politique après la CDU. Avec André Poggenburg, 41 ans, c'est un activiste de l'aile radicale de l'AfD qui, radieux, promet une opposition musclée au sein du parlement régional.
Angela Merkel incontestée
L'AfD siège donc depuis dimanche dans la moitié des parlements régionaux allemands. Ce test grandeur nature a donné une énergie nouvelle à sa dirigeante, Frauke Petry, qui met dès maintenant le cap sur les élections fédérales de 2017. La crise des réfugiés sera toujours d'actualité et la politique des portes ouvertes d'Angela Merkel restera la cible de toutes les critiques du nouveau parti.
La chancelière, fille d'un pasteur de gauche, ne fait aucune concession aux populistes d'extrême droite et garde le cap sur la question des réfugiés. Elle restera pourtant celle qui a ouvert la voie à un parti d'extrême droite en Allemagne, l'un des rares pays européens à avoir été épargné jusqu'à présent. La perspective de voir l'AfD faire son entrée au Bundestag doit donner froid dans le dos à Angela Merkel.
Même si les attaques au sein de son parti et surtout en provenance de la CSU bavaroise risquent de redoubler, la position d'Angela Merkel n'est pas menacée. Aucun rival ne se profile, ni dans les rangs de l'opposition sociale-démocrate ni dans son propre parti, la CDU. Et la cote de popularité de la chancelière est de nouveau à la hausse après quelques mois d'un léger désamour
le Point
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