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L'autre facette de Tourabi

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  • L'autre facette de Tourabi

    Un coup pour rien : l'art d'empêcher un loup d'entrer dans une bergerie déjà contrôlée par les siens. Ou comment refuser un visa à quelqu'un qui ne l'a pas demandé ? C'est, semble-t-il, l'exercice auquel s'est attelé notre ministre des Affaires religieuses, en déclarant persona non grata un prédicateur saoudien. Mohamed Al-Arifi, c'est de lui qu'il s'agit, est effectivement un dangereux personnage, mais il est moins dangereux que ses émules locaux, directeurs de conscience. Le sinistre prédicateur a immédiatement réagi en affirmant qu'il n’avait pas demandé à venir en Algérie, et qu'il ne visitait d'ailleurs un pays qu'avec une invitation officielle. Avec le dédain des gens bien en cour, Al-Arifi qui ne lit pas la presse algérienne, y compris la mieux disposée à son égard, a affirmé qu'il avait appris son «interdiction» par la chaîne Al-Arabyia. D'où le coup de griffe à l'encontre de la chaîne saoudienne qui a monté en neige, si l'expression est de mise, l'affaire et qui s'est vu rebaptisée «l-Hibria» (l'hébraïque).
    Al-Arifi a également rappelé qu'il avait déjà visité l'Algérie, il y a une dizaine d'années, faites le calcul, et qu'il y avait reçu un accueil chaleureux de la part des «savants et intellectuels», qu'il y a rencontrés. Quand on sait que cet influent illuminé n'a que 45 ans, et qu'il a encore une prometteuse carrière de prédateur devant lui, il y a de quoi désespérer !
    Une perte pour la raison : la disparition d'un autre prédicateur, tristement célèbre dans son pays, le Soudan, et dans le monde arabe où il a exercé une certaine influence sur la mouvance islamiste. Hassan Tourabi, une des grandes figures de l'islam politique, a joué un rôle important, autant que néfaste, dans l'histoire récente du Soudan qui lui doit, quelque part, les problèmes dans lesquels il est embourbé aujourd'hui. Avant de tomber en disgrâce, Tourabi a eu un compagnonnage sulfureux avec le Président Omar Al-Béchir, recherché par le Tribunal pénal international, et couvé par ses frères arabes. Au nombre de ses fréquentations douteuses, figurent aussi Oussama Ben Laden et Abassi Madani, qui lui auraient payé généreusement son hospitalité. L'actuel Soudan lui doit aussi sa partition et cette guerre interminable où soldats de l'armée régulière et mercenaires sont rétribués en chair féminine, comme au soi-disant âge d'or. Hassan Tourabi, qui a commencé sa carrière politique en s'enrôlant dans le mouvement des Frères musulmans, a été de tous les combats pour l'instauration d'un État islamique. Il a été de tous les coups d'État et de tous les mauvais coups portés au Soudan, du coup d'État de Numeyri, aux coups de force successifs de l'actuel homme fort du pays, Omar Al-Béchir, qui l'a écarté de son chemin tortueux.
    Hassan Tourabi, c'est aussi l'illustration parfaite des déboires que peut subir un pays lorsque les religieux se mêlent de politique, et plus clairement quand l'islam est utilisé comme instrument du pouvoir politique. Or, cet intégriste qui a remis en vogue des châtiments perdus dans la nuit des temps, comme l'amputation des mains et la flagellation, a surpris par sa soudaine volte-face. Reprenant son habit de théologien, dont il n'aurait jamais dû se séparer, Hassan Tourabi a entrepris de remettre en cause tout ce que l'homme politique avait imposé à ses concitoyens. Son argument majeur et répétitif était que le sens des mots de la langue arabe avait été déformé ou falsifié, ce qui a rendu possible la mauvaise interprétation de certains passages du Coran. Son premier pavé dans la mare intégriste arrive sous la forme d'une fatwa lancée à partir de Khartoum, il y a une dizaine d'années (au moment où Mohamed Al-Arifi venait nous endoctriner). Il avait, en effet, affirmé que rien dans le Coran et dans les Hadiths n'interdisait le mariage d'une musulmane avec un chrétien ou un juif, considérés comme des «Gens du livre». Dans la foulée, il avait remis en cause le port du voile, abusivement appelé hidjab, alors que le Coran évoque le rideau ou le paravent, derrière lequel devaient se tenir les femmes.
    Quant au «khimar», c'est celui qui devait être rabattu sur la poitrine et non pas couvrir les cheveux, avait-il ajouté affirmant que les théologiens avaient imposé leur interprétation juste pour restreindre la liberté des femmes. Jamais, il n'a été question dans le Coran de désigner le hidjab, comme accoutrement vestimentaire tel qu'il est conçu actuellement, a-t-il dit. Dans le même ordre d'idées, Hassan Tourabi avait également considéré comme nulle et sans base légale la règle qui veut qu'il faille deux témoignages féminins pour égaliser un témoignage masculin. Il avait aussi défendu l'idée que les hommes et les femmes prient ensemble dans une même salle, et qu'il devait être permis aux femmes de diriger la prière collective. De même qu'il a nié la réalité de l'existence d'une armée des anges descendant sur le champ de bataille pour combattre avec les musulmans, la qualifiant de «vision onirique». Tout comme il a assimilé à une pure invention la question des supplices du tombeau, et qu'il a remis en cause le hadith sur le retour du Messie à la fin des temps. C'est ainsi que l'homme qui a été un exemple, durant des décennies, pour tous les prédicateurs islamistes, est devenu à leurs yeux l'homme à abattre, et qu'il a été excommunié et rejeté par sa famille politique.
    C'est pour toutes ces raisons qu'il faut rendre au Dr Jekyll ce qui lui appartient et restituer, avec les regrets d'usage, cette facette de Tourabi, beaucoup plus sympathique que celle du leader politique. Et puis, n'est-il pas de tradition que d'encenser les défunts pour ne pas risquer de fâcher leurs proches, au prétexte aussi qu'ils ne sont plus là pour se défendre, et qu'il n'est donc pas permis de les critiquer.
    C'est un peu la règle dans notre monde, soumis aux poussées d'adrénaline cycliques, ponctuant des périodes de prostration, à durée aussi indéterminée que les CDI de nos dirigeants. Un peu, pour ne pas dire très peu, parce qu'en matière d'atteintes aux disparus, nous nous posons un peu là, et certains poussent le cynisme jusqu'à prononcer le jugement, bien après l'exécution de la sentence. Il arrive même que les vaincus réécrivent l'Histoire à leur profit et qu'ils bénéficient d'une amnistie, disons providentielle, pour des considérations très contestables. En attendant que la roue tourne !
    Par Ahmed Halli
    le Soir d'Algérie
    Dernière modification par molker, 14 mars 2016, 21h58.
    L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.”Aristote

  • #2
    Il avait, en effet, affirmé que rien dans le Coran et dans les Hadiths n'interdisait le mariage d'une musulmane avec un chrétien ou un juif, considérés comme des «Gens du livre». Dans la foulée, il avait remis en cause le port du voile, abusivement appelé hidjab, alors que le Coran évoque le rideau ou le paravent, derrière lequel devaient se tenir les femmes.
    Quant au «khimar», c'est celui qui devait être rabattu sur la poitrine et non pas couvrir les cheveux, avait-il ajouté affirmant que les théologiens avaient imposé leur interprétation juste pour restreindre la liberté des femmes. Jamais, il n'a été question dans le Coran de désigner le hidjab, comme accoutrement vestimentaire tel qu'il est conçu actuellement, a-t-il dit. Dans le même ordre d'idées, Hassan Tourabi avait également considéré comme nulle et sans base légale la règle qui veut qu'il faille deux témoignages féminins pour égaliser un témoignage masculin. Il avait aussi défendu l'idée que les hommes et les femmes prient ensemble dans une même salle, et qu'il devait être permis aux femmes de diriger la prière collective. De même qu'il a nié la réalité de l'existence d'une armée des anges descendant sur le champ de bataille pour combattre avec les musulmans, la qualifiant de «vision onirique». Tout comme il a assimilé à une pure invention la question des supplices du tombeau, et qu'il a remis en cause le hadith sur le retour du Messie à la fin des temps.
    En effet bizarre cette volte-face de Tourabi ,lui le théoricien de l'islamisme radical .
    Et très intéressantes ces fatwas ,venant de Tourabi ,un homme par ailleurs connu pour son intelligence et son érudition .
    Dernière modification par molker, 14 mars 2016, 22h00.
    L’ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit.”Aristote

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    • #3
      Hassan Tourabi, qui a commencé sa carrière politique en s'enrôlant dans le mouvement des Frères musulmans,
      Dans sa préface de " Vocation de l'Islam", Malek Bennabi a dit, à peu près : les frères musulmans vont se faire recycler dans les turbines du trotskysme et aux moulins de l'Impérialisme.

      Visionnaire ce penseur !


      ...............
      Dernière modification par Marzouq, 15 mars 2016, 00h43.

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      • #4
        Al-Arifi a également rappelé qu'il avait déjà visité l'Algérie, il y a une dizaine d'années, faites le calcul, et qu'il y avait reçu un accueil chaleureux de la part des «savants et intellectuels», qu'il y a rencontrés. Quand on sait que cet influent illuminé n'a que 45 ans, et qu'il a encore une prometteuse carrière de prédateur devant lui, il y a de quoi désespérer !
        el boulitik ya mhaynek !

        Faut rappeler qu'il devait être en phase avec la politique de réconciliation du président à l'instar de son collègue Hassan ....ils étaient les bienvenus et ce dernier disait :

        وفي كلمته التي ألقاها بمناسبة انعقاد الملتقى، دعا حسان إلى ضرورة "مجالسة أهل الفكر والعلماء للاستماع إلى نصحهم في مختلف شئون الحياة لفهم الواقع، وفهم الواجب في الواقع، بعيدا عن التعصب والتطرف ولغة السلاح".

        وقال حسان: "على الشباب أيضا أن يفهموا أن التغيير له ضوابط وحدود، وأن التغيير باليد له ضوابط فقهية، ولا يمكن أبدا تغيير المنكر بمنكر آخر".
        ولم يفوت ضيف الجزائر الفرصة دون دعوة "حاملي السلاح بجبال الجزائر للعودة إلى جادة الصواب"، متسائلا في الوقت ذاته عن "المنهج الذي يتخذه بعض الأشخاص لإصدار فتاوى القتل والتعذيب والاغتصاب في حق شعب مسلم بالفطرة ويدافع عن الدين".
        وفي ختام حديثه حث الداعية المصري على "التمسك بالمصالحة الوطنية لإعادة الجزائر إلى مكانتها المرموقة بين الأمم وباقي شعوب العالم".
        وعصفت بهذا البلد دوامة من العنف السياسي في تسعينيات القرن الماضي عندما خاض عشرات الآلاف من المسلحين صراعا ضد الجيش على خلفية إلغاء الأخير انتخابات عام 1992 بعد أن أظهرت نتائج الجولة الأولى اتجاه مرشحي حزب الجبهة الإسلامية للإنقاذ نحو تحقيق فوز كاسح.
        Dernière modification par Marzouq, 14 mars 2016, 22h58.

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