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    Otan : faire face au déni d’accès

    Actualité des forces 14 mars 2016

    S-400Face à la réalité des systèmes défensifs (S-300 et S-400) et offensifs (sous-marins, missiles balistiques et de croisière) d’origine russe, la question du déni d’accès est désormais l’objet de toutes les attentions, en France, aux Etats-Unis comme à l’Otan. Elle a récemment fait l’objet d’une conférence au Collège de défense de l’Otan et devrait figurer à l’ordre du jour de la prochaine ministérielle de l’Alliance des 15 et 16 juin.

    Certes, au Pentagone, on travaille sur la question depuis plus de dix ans face à la montée en puissance des dispositifs chinois. Mais la grande nouveauté, c’est l’émergence de cette problématique sur le sol européen et dans sa périphérie, qu’il s’agisse des patrouilles plus fréquentes de sous-marins russes dans l’Atlantique, ou de présence de systèmes sol-air S-400 dans l’enclave de Kaliningrad, en Biélorussie et en Méditerranée orientale.

    Au comité militaire de l’Otan, on a pris conscience de la vulnérabilité des forces aériennes de l’Alliance en cas de conflit avec Moscou. Et pas seulement. Car les Occidentaux pourraient aussi perdre leur supériorité aérienne en temps de paix, la présence de ces dispositifs d’anti-accès étant, par exemple, susceptible de gêner considérablement le déploiement de moyens d’urgence en Europe de l’Est, tels que ceux préconisés par les Américains. En réduisant la liberté d’action des Alliés sur leur propre zone de responsabilité, le déni d’accès russe deviendrait alors aussi déni d’action à même de contraindre la décision politique.

    L’autre grande nouveauté est la démonstration de force de l’armée russe en Syrie, notamment la mise en place d’une bulle de protection autour de Lattaquié, où le déploiement d’un système S-400 rayonnant sur 400 km a considérablement compliqué les marges de manœuvres des forces aériennes alliées, soudain privées de la supériorité aérienne permanente sur l’ensemble du théâtre, une condition jugée indispensable lors des précédentes campagnes des Balkans, d’Irak ou de Libye. Jamais, depuis la fin de la Guerre froide, l’Otan n’avait été confrontée à des environnements “non-permissifs”.

    «Les Russes ne font plus rire», note un observateur, d’autant que leurs systèmes antiaériens, que certains pensaient inefficients, disposent en réalité d’algorithmes très avancés. Qu’il s’agisse du S-300 ou du S-400, ces systèmes complexes utilisent plusieurs types de radars fonctionnant sur différentes fréquences. Ils sont mobiles et disposent d’une maintenance autonome. Il est, par conséquent, très difficile de faire une cartographie précise et à jour du dispositif sol-air russe.

    Pire : les Russes travaillent à la mise en réseau de leurs dispositifs, afin de mettre en place un système de systèmes intégrés qui leur permettra de gérer plusieurs bulles d’A2/AD en même temps à partir d’un QG unique, voire d’établir des communications entre les différentes bulles pour en créer de plus grosses couvrant de vastes territoires. Face à ces dispositifs redondants, fonctionnant notamment sur des fréquences basses (capables de détecter avions furtifs et missiles de croisière), les dispositifs de guerre électronique embarqués sur les aéronefs de l’Otan ne seraient pas adaptés. A l’exception peut-être de ceux équipant les F-22 et les F-35 américains et ceux des pays clients, dotés d’un système de brouillage offensif performant, mais qui sont déjà très sollicités sur le théâtre Pacifique.

    Le déploiement de ces bulles par la Russie ou de “briques” d’anti-accès par certains pays sur différents théâtres pourrait entraver les capacités d’intervention des forces aériennes françaises et de l’Otan, notamment pour l’entrée en premier. Entraînant un risque accru de pertes, un ralentissement et une hausse du coût des opérations qui pourraient rendre leur coût politique inacceptable.

    Quelle réponse apporter à cette menace capacitaire et “politique” inédite ? En France, Jean-Yves Le Drian s’est déjà exprimé publiquement deux fois sur la question, et l’EMA a mis sur pied un groupe de travail chargé de faire remonter les analyses de chaque état-major. Une réflexion d’ensemble qui intégrera notamment celles déjà en cours sur certaines capacités futures, comme les drones de combat (travaux sur FCAS autour des capteurs multifonctions et antennes conformes). Au niveau politique, la France demande un vrai débat à l’Otan, d’abord pour identifier précisément la menace et s’accorder sur son périmètre. Puis pour travailler ensemble aux réponses capacitaires et politiques.

    Des réponses qui devront être réalistes d’un point de vue financier et qui prendront en compte la dimension industrielle du problème. Car, comme le souligne un récent rapport du Collège de défense de l’Otan, les coûts potentiellement très importants des solutions technologiques à cette menace sont un défi majeur pour les Alliés européens, aux budgets limités, davantage que pour les Etats-Unis. Paris souhaite, notamment, éviter l’effet “buzz” de ce concept, qui pourrait profiter aux “maximalistes” et être utilisé par certains pour exiger davantage de moyens militaires alliés sur leur territoire, pour pousser à la généralisation de seuils de dépenses de défense très élevés ou encore pour promouvoir certaines technologies américaines, comme le F-35.

    La France devra faire à moyens constants jusqu’à d’éventuelles nouvelles capacités décidées lors de la prochaine LPM (missiles anti-radars ou capacité de brouillage offensif sur Rafale qui pourraient être proposés par l’industrie française). Pour l’Otan, il s’agira tant de répondre au déni d’accès sur le plan opérationnel (intégration accrue du renseignement et du C2 entre les Alliés, par exemple) qu’au niveau politique, en contrant l’effet d’intimidation politique que confèrent ces systèmes. Ce n’est qu’en comprenant tous les ressorts de la stratégie russe que les Alliés pourront éviter d’être débordés sur le plan opérationnel.

    TTU
    "Les petits esprits parlent des gens, les esprits moyens parlent des événements, les grands esprits parlent des idées, et les esprits supérieurs agissent en silence."
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