Par: Le Matin | 17-03-2016
L’emprunt n’est pas une hérésie quand celui qui en bénéficie fait preuve de bonne gestion ; il le devient quand l’argent ne sert, en définitive, qu’à alimenter des tubes digestifs !
Par Cherif Ali
Pour avoir longtemps sous-estimé les répercussions de la chute du prix du baril de pétrole sur la situation financière du pays, le gouvernement se retrouve, aujourd’hui, acculé à rechercher de "l’argent frais", ou de "l’argent qui dort" nécessaire au fonctionnement de l’économie. Selon les experts, le gouvernement paie, à présent, le prix de son imprévision depuis au moins deux années, convaincu qu’il était que la baisse du pétrole, et partant de ses recettes d’hydrocarbures ne durerait pas et encore moins, qu’elle atteindrait le niveau aussi dramatique qu’abyssal d’un cours du baril de brut à 30$.
Pour se rattraper, il a décidé d’aller vers la bancarisation de l’argent de l’informel. Amnistie fiscale, ont dit certains observateurs de la vie économique et tous ceux qui, dans l’opposition, se réjouissent des difficultés du gouvernement. Parmi ces derniers, il y a Mouloud Hamrouche, l’ancien chef du gouvernement, qui vient de déclarer à partir de Sétif : "Ce pouvoir ne peut produire du développement". L’homme tout en se défendant de poursuivre une ambition ou de prétendre jouer un quelconque rôle s’inscrit comme un recours possible !
Le ministère des finances soutient, pour sa part, que ce projet constitue l’ultime chance pour les opérateurs économiques qui détiennent des fonds non déclarés, d’entrer dans la légalité moyennant l’acquittement d’une taxe de l’ordre de 7%. En même temps, il confirme qu’aucune sanction ne sera prononcée contre ceux qui choisissent de rester dans l’informel et ce, en plus du fait, que les dépositaires ne sont pas dans l’obligation de révéler l’origine de leurs dépôts.
Formule contre-productive, ont dit des experts économiques, elle ne présente aucun moyen de pression pour réellement résorber ou bancariser l’argent de l’informel. Elle ne servira qu’à ceux qui vont se précipiter aux guichets des banques pour blanchir leur argent. Pour d’autres, la formule n’est pas alléchante dans le sens où elle ne va pas bouleverser les procédures bancaires de gestion et de fluctuation de l’argent.
Les plus radicaux persistent à penser qu’il faut aller vers "le changement des billets" pour éponger tout l’argent de l’informel ! Rappelons que l’objectif fixé par Abderrahmane Benkhalfa consistait à réintégrer quelques 3700 milliards de dinars de l’argent de l’informel. Il avait même incité les PDG des banques à engager des «équipes volantes» pour aller sur le terrain, pour essayer de convaincre les personnes activant dans l’informel à régulariser leur situation vis-à-vis de l’administration fiscale. Si l’ensemble des agences bancaires ne se mobilisent pas pour la réussite de l’opération, nous serons vulnérables dès 2016, a-t-il averti.
Pour le bilan de l’opération, le ministre des finances s’est abstenu de tout commentaire. En revanche, on croit savoir que six agences bancaires de l’algérois, interrogées sur «le programme de conformité fiscale volontaire» en vue d’attirer l’argent informel vers les banques, parlent de résultats «faibles». Dans le Sud du pays, quelques opérations ont été enregistrées. Le nombre reste limité et très en deçà de ce qui était attendu !
Sur l’identité des rares déposants, peu de choses ont filtrées : «ce ne sont pas nos clients traditionnels», a lâché un banquier ; de manière générale, il s’agit de personnes qui n’avaient pas de comptes bancaires ; on ne sait pas d’où vient l’argent et accepter de payer une amende forfaitaire de 7% montre que l’argent provient, probablement, d’activités répréhensibles, surenchérit un autre employé de banque.
Peut-on, aujourd’hui, parler de réussite de l’opération de bancarisation de l’argent informel, telle que voulue par Abderrahmane Benkhalfa ? Ce dernier pourtant, n’a pas ménagé ses efforts à destination des riches commerçants, grossistes, mandataires et autres acteurs de la sphère économique de l’informel, allant jusqu’à leur dire : «venez à la banque, purifiez votre argent, pour la modique taxe de 7% et devenez un citoyen respectable et au-dessus de tout soupçon ! Et ainsi, vous cesserez de vous angoisser pour l’argent caché dans le matelas qui peut brûler ou pire être volé». Selon les informations révélées par le DG des impôts Abderrahmane Raouia, seuls 250 opérateurs ont adhéré au dispositif depuis son lancement en août 2015, se gardant tout de même, de divulguer le montant global de l’argent informel bancarisé.
En chiffres, il resterait quelque 2500 milliards de dinars à recouvrer pour absorber cette masse énorme d’argent qui circule ou qui dort et qui ne profite pas au développement économique du pays.
L’opération de bancarisation n’a pas été appréhendée, correctement, selon les spécialistes de l’argent informel. Celui-ci n’est pas facilement captable par les banques pour la simple raison qu’il est soit investi dans l’immobilier, ou, carrément, échangé au noir, en devises étrangères, pour être transféré à l’étranger. D’où, les récentes flambées des principales monnaies étrangères, l’euro et le dollar notamment.
Il y a aussi l’autre catégorie, celle des commerçants réfractaires, soucieux d’éviter le contrôle, qui préfèrent garder "sous la main", leurs fonds afin de pouvoir bénéficier de toute la souplesse nécessaire de disposer de leur argent dans le cadre de leurs transactions.
L’emprunt n’est pas une hérésie quand celui qui en bénéficie fait preuve de bonne gestion ; il le devient quand l’argent ne sert, en définitive, qu’à alimenter des tubes digestifs !
Par Cherif Ali
Pour avoir longtemps sous-estimé les répercussions de la chute du prix du baril de pétrole sur la situation financière du pays, le gouvernement se retrouve, aujourd’hui, acculé à rechercher de "l’argent frais", ou de "l’argent qui dort" nécessaire au fonctionnement de l’économie. Selon les experts, le gouvernement paie, à présent, le prix de son imprévision depuis au moins deux années, convaincu qu’il était que la baisse du pétrole, et partant de ses recettes d’hydrocarbures ne durerait pas et encore moins, qu’elle atteindrait le niveau aussi dramatique qu’abyssal d’un cours du baril de brut à 30$.
Pour se rattraper, il a décidé d’aller vers la bancarisation de l’argent de l’informel. Amnistie fiscale, ont dit certains observateurs de la vie économique et tous ceux qui, dans l’opposition, se réjouissent des difficultés du gouvernement. Parmi ces derniers, il y a Mouloud Hamrouche, l’ancien chef du gouvernement, qui vient de déclarer à partir de Sétif : "Ce pouvoir ne peut produire du développement". L’homme tout en se défendant de poursuivre une ambition ou de prétendre jouer un quelconque rôle s’inscrit comme un recours possible !
Le ministère des finances soutient, pour sa part, que ce projet constitue l’ultime chance pour les opérateurs économiques qui détiennent des fonds non déclarés, d’entrer dans la légalité moyennant l’acquittement d’une taxe de l’ordre de 7%. En même temps, il confirme qu’aucune sanction ne sera prononcée contre ceux qui choisissent de rester dans l’informel et ce, en plus du fait, que les dépositaires ne sont pas dans l’obligation de révéler l’origine de leurs dépôts.
Formule contre-productive, ont dit des experts économiques, elle ne présente aucun moyen de pression pour réellement résorber ou bancariser l’argent de l’informel. Elle ne servira qu’à ceux qui vont se précipiter aux guichets des banques pour blanchir leur argent. Pour d’autres, la formule n’est pas alléchante dans le sens où elle ne va pas bouleverser les procédures bancaires de gestion et de fluctuation de l’argent.
Les plus radicaux persistent à penser qu’il faut aller vers "le changement des billets" pour éponger tout l’argent de l’informel ! Rappelons que l’objectif fixé par Abderrahmane Benkhalfa consistait à réintégrer quelques 3700 milliards de dinars de l’argent de l’informel. Il avait même incité les PDG des banques à engager des «équipes volantes» pour aller sur le terrain, pour essayer de convaincre les personnes activant dans l’informel à régulariser leur situation vis-à-vis de l’administration fiscale. Si l’ensemble des agences bancaires ne se mobilisent pas pour la réussite de l’opération, nous serons vulnérables dès 2016, a-t-il averti.
Pour le bilan de l’opération, le ministre des finances s’est abstenu de tout commentaire. En revanche, on croit savoir que six agences bancaires de l’algérois, interrogées sur «le programme de conformité fiscale volontaire» en vue d’attirer l’argent informel vers les banques, parlent de résultats «faibles». Dans le Sud du pays, quelques opérations ont été enregistrées. Le nombre reste limité et très en deçà de ce qui était attendu !
Sur l’identité des rares déposants, peu de choses ont filtrées : «ce ne sont pas nos clients traditionnels», a lâché un banquier ; de manière générale, il s’agit de personnes qui n’avaient pas de comptes bancaires ; on ne sait pas d’où vient l’argent et accepter de payer une amende forfaitaire de 7% montre que l’argent provient, probablement, d’activités répréhensibles, surenchérit un autre employé de banque.
Peut-on, aujourd’hui, parler de réussite de l’opération de bancarisation de l’argent informel, telle que voulue par Abderrahmane Benkhalfa ? Ce dernier pourtant, n’a pas ménagé ses efforts à destination des riches commerçants, grossistes, mandataires et autres acteurs de la sphère économique de l’informel, allant jusqu’à leur dire : «venez à la banque, purifiez votre argent, pour la modique taxe de 7% et devenez un citoyen respectable et au-dessus de tout soupçon ! Et ainsi, vous cesserez de vous angoisser pour l’argent caché dans le matelas qui peut brûler ou pire être volé». Selon les informations révélées par le DG des impôts Abderrahmane Raouia, seuls 250 opérateurs ont adhéré au dispositif depuis son lancement en août 2015, se gardant tout de même, de divulguer le montant global de l’argent informel bancarisé.
En chiffres, il resterait quelque 2500 milliards de dinars à recouvrer pour absorber cette masse énorme d’argent qui circule ou qui dort et qui ne profite pas au développement économique du pays.
L’opération de bancarisation n’a pas été appréhendée, correctement, selon les spécialistes de l’argent informel. Celui-ci n’est pas facilement captable par les banques pour la simple raison qu’il est soit investi dans l’immobilier, ou, carrément, échangé au noir, en devises étrangères, pour être transféré à l’étranger. D’où, les récentes flambées des principales monnaies étrangères, l’euro et le dollar notamment.
Il y a aussi l’autre catégorie, celle des commerçants réfractaires, soucieux d’éviter le contrôle, qui préfèrent garder "sous la main", leurs fonds afin de pouvoir bénéficier de toute la souplesse nécessaire de disposer de leur argent dans le cadre de leurs transactions.
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