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Hommage aux six inspecteurs de l'éducation assassinés par l'OAS en 1962

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  • Hommage aux six inspecteurs de l'éducation assassinés par l'OAS en 1962

    Un hommage posthume aux six inspecteurs de l'éducation assassinés par l'Organisation armée secrète (OAS) le 15 mars 1962 à Alger sera organisé aujourd’hui jeudi à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou, a-t-on appris mardi auprès des organisateurs.
    Au programme de l'hommage, organisé en collaboration avec la Fondation Mouloud-Feraoun pour la culture et l'éducation, une exposition sur la vie et l'œuvre des six inspecteurs tués par l'OAS au Château royal d'El-Biar à Alger, à savoir Mouloud Feraoun, Marcel Basset, Robert Eymard, Ali Hamoutène, Max Marchand et Salah Ould Aoudia.
    Les organisateurs ont prévu également un recueillement sur les tombes de Mouloud Feraoun et Ali Hamoutène, ainsi que des conférences sur leur parcours et leur travail en tant qu'inspecteurs de l’éducation. Les communications seront présentées cet après-midi par Ali Feraoun, fils de Mouloud Feraoun, Hamoutène Mohammed, fils d'Ali Hamoutène, et Cherif Rabah, enseignant et directeur puis inspecteur de l'éducation à la retraite.
    A l'annexe de la maison de la culture d'Azazga, la Fondation Mouloud-Feraoun pour la culture et l'éducation a prévu une exposition de photos, d'articles de presse et d'ouvrages consacrés aux parcours et vies des six défunts inspecteurs.
    D'autres activités entrant dans le cadre de la commémoration du 54e anniversaire de l’assassinat des six inspecteurs se déroulent depuis mardi au village natal de Mouloud Feraoun, Tizi Hibel.
    Le programme, tracé par l'association éponyme, comporte le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de Feraoun et un concours des meilleures dictées et rédactions en tamazight sur la vie et l'œuvre de l'enfant prodige de Tizi Hibel avec les élèves des CEM Mouloud-Feraoun de Tizi-Ouzou et Alliche de Beni Douala. Durant la journée d’hier mercredi, le docteur Mouloud Lounaouci devait donner une conférence à l'école primaire de la localité sur le thème «Tamazight et la Constitution et l'œuvre de Feraoun».

    le soir d'algerie
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    L'Algérien qui racontait la Kabylie en français

    Ce géant de la littérature algérienne reste aujourd'hui, en 2016, de loin l'écrivain maghrébin le plus lu.
    «La vie, c'était cela: le doute lancinant, le tourment, le remords qui empêchent de dormir ou qui vous réveillent en sursaut. La vie, c'est aussi l'image souriante et douce jusqu'aux larmes.» Cette phrase exquise et tant d'autres qui pullulent dans les romans de Mouloud Feraoun dégage des senteurs de poésie et un sens profond où le sens de la vie, avec tous ses tourments et pérégrinations, reste une question sans réponse que se pose tout philosophe.
    C'est aussi cela, Mouloud Feraoun. Certains critiques littéraires n'arrivent pourtant pas à accorder cette dimension à cet auteur victime d'une humilité extraordinaire, aussi bien dans sa façon d'avoir vécu que dans son écriture. Pourtant, il y a dans les trois romans de Mouloud Feraoun («Le fils du pauvre», «La terre et le sang» et «Les chemins qui montent», «La cité des roses» n'ayant été publié que bien plus tard, après que Mouloud Feraoun soit consacré), quelque chose de magique, voire d'ensorcelant. Dans les mots et les phrases, on retrouve cette magie. La simplicité apparente de la façon d'écrire de Mouloud Feraoun dissimule une maîtrise parfaite et implacable aussi bien dans la narration, dans la description que dans l'analyse, qui confèrent à cet auteur majeur de la littérature algérienne francophone, une stature que lui envierait tout autre écrivain, quand bien même il s'agirait d'auteurs pédantesques et érudits. Car, le fait que les romans de Mouloud Feraoun soient accessibles au plus grand nombre de lecteurs est un acquis dont peut se targuer l'auteur de «Jours de Kabylie». C'est d'ailleurs pour cette raison qu'aujourd'hui, en 2016, Mouloud Feraoun reste et de loin l'écrivain maghrébin le plus lu.

    Le fils du pauvre: quatre mots magiques
    Et quand bien même le Marocain Tahar Ben Jelloun soit prix Goncourt et jouit lui aussi de cette aisance à écrire de beaux textes avec une langue accessible à tous, il ne vient qu'en deuxième position. Il ne s'agit pas d'encenser Mouloud Feraoun parce qu'il s'agit d'un écrivain de chez nous. S'il y a bien un domaine ou comparaison n'est pas raison c'est bel et bien celui de la littérature. C'est comme qui comparerait des fruits. Tous sont bons et leur saveur est particulière. Il en est de même pour les fictions de Mouloud Feraoun et tout aussi pour celle des autres écrivains algériens reconnus. Mais, la spécificité feraounéenne est un fait incontestable. Ce n'est pas
    un hasard si un groupe d'universitaires et de chercheurs japonais, à leur tête Udo Satochi et Etsuko Aoyagi, ont décidé d'inaugurer en septembre prochain, la collection «Littérature algérienne» en langue japonaise par «Le fils du pauvre» de Mouloud Feraoun. Le choix est judicieux. La succulence qui se dégage du «Fils du pauvre» a poussé la spécialiste de littérature maghrébine, docteur d'Etat en littérature, Etsuko Aoyagi à déployer des efforts incommensurables pour traduire ce roman afin que le lecteur japonais puisse désormais le lire et l'apprécier comme le font des millions d'autres lecteurs à travers le monde. La société kabyle de l'époque est décrite avec une minutie et un art que seul Mouloud Feraoun possède. User d'un langage aussi fluide sans tomber forcément dans le simplisme qui ferait d'un roman un vulgaire témoignage, voilà un exploit que seul Mouloud Feraoun a réussi. Il fallait bien s'attarder sur la question du style chez Mouloud Feraoun. Une maison d'édition de la trempe des Editions le Seuil de Paris n'oserait pas remettre en cause sa réputation et publier les romans de Mouloud Feraoun si vraiment le jeu n'en valait pas la chandelle, surtout que Mouloud Feraoun n'était pas français et écrivait au moment où les Algériens s'apprêtaient à livrer une guerre à la France. S'il fallait encore ajouter d'autres arguments pour s'en convaincre, faut-il rappeler que les écrivains algériens ayant réussi à se faire publier au Seuil ne sont guère nombreux. Il y a le monument Kateb Yacine, le géant Mohamed Dib et la perle rare Tahar Djaout. Mouloud Feraoun a donc sa place au soleil. Ses romans sont savoureux. On ne les lit pas une seule fois. Ce serait rester sur sa faim.
    Le roman «Le fils du pauvre» a eu tellement de succès que ces quatre mots sont entrés dans le langage courant de tous les jours. On utilise cette phrase pour illustrer mille et une discussions. On la retrouve plusieurs fois ressassée comme titres d'articles de presse ou carrément à l'intérieur de reportages où il est question d'enfance et de vie dure. C'est dire à quel point même le titre de ce court roman est prégnant. Ce premier texte de Mouloud Feraoun n'est pas seulement un roman, loin s'en faut. Il représente plus que ça. Bien qu'un roman, ce n'est pas du tout peu. Pour les Algériens d'abord, «Le fils du pauvre» est une référence, c'est une carte d'identité littéraire. Pourquoi? parce que plusieurs générations d'Algériens s'en sont abreuvés. On l'a lu et relu. On a été fier de ce roman et de Mouloud Feraoun. Pour parler littérature, on peut désormais citer à côté de Victor Hugo, Molière, Flaubert ou Zola, notre Feraoun. Ici, la subjectivité commence à se frayer un chemin dans cet article, mais peut-on être objectif quand on écrit sur Mouloud Feraoun et qu'on est algérien, kabyle de surcroît, ayant vécu presque de la même manière que ce célèbre Fouroulou. Le même environnement, la même culture, la même langue, les mêmes tourments et les mêmes espoirs éphémères... Pour un Kabyle, le summum de la félicité c'est de retrouver au détour d'un paragraphe rédigé avec magnificence dans la langue de Molière un mot ou une expression quasiment en kabyle. On est alors fier que notre langue qui ne s'écrivait pas jusqu'à il y a quelque temps puisse côtoyer harmonieusement «tarumit», cette langue étrangère qu'on a adoptée pour qu'elle devienne un butin de guerre, selon Kateb Yacine.
    Ce qui retient le plus l'attachement au «Fils du pauvre», c'est le fait que ce livre raconte l'enfance, ce paradis qu'on a tous perdu et qu'on ne peut retrouver que dans les rêves, les films et les livres. D'ailleurs, en Algérie, toutes langues confondues, les romans qui racontent l'enfance sont rares. En tout cas ceux ayant eu tant de succès sont inexistants. C'est là le génie de Mouloud Feraoun, celui d'avoir réussi à faire d'une enfance un chef-d'oeuvre. Avant de grandir un peu et d'aller plus loin dans la vie, en explorant encore d'autres aspects de l'existence humaine comme l'amour, la vie, la mort et la haine et tant d'autres questions qu'on retrouve dans «La terre et le sang» et «Les chemins qui montent».
    Ce sont deux romans qui subjuguent par leur profondeur et, encore une fois, leur simplicité. Il s'agit de romans d'amour, on ne le dira jamais assez. Mais Feraoun a su élever les trames de ses livres à une dimension qui leur attribue une ossature de romans classiques. Mouloud Feraoun a créé avec symbiose une interconnexion entre une infinité de facettes de la vie pour en faire un récit en deux parties qui se lit d'une traite certes, mais qu'il faut relire et relire pour pouvoir enfin s'en rassasier. Malha, Mokrane, Arezki, Amer nAmer, Dahbia et tant d'autres personnages de ces romans restent gravés dans notre esprit à l'éternité et dans notre imaginaire collectif. On n'a pas besoin que Mouloud Feraoun nous dise s'ils ont vraiment existé ou pas. Pour nous, ils existent car Mouloud Feraoun, avec sa force d'écriture a réussi à leur insuffler une âme indélébile. Et le journal de Dahbia après la mort de son amour, est à lui seul un monument de littérature qu'on peut lire séparément plusieurs fois et à chaque fois avec la même émotion. On tombera alors amoureux de cette histoire d'amour après la mort. Car l'amour à l'époque de Mouloud Feraoun avait un autre sens et une tout autre saveur. Malgré qu'il fallait se cacher pour s'aimer durant cette période, l'amour en était plus authentique, plus réel et durait plus longtemps même après le trépas. Quand bien même il s'agissait d'une illusion, mais c'est ce genre d'illusions qui conféraient son charme à la vie. Un charme qu'on ne retrouve plus hélas de nos jours.
    dz(0000/1111)dz

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    • #3
      Les poèmes de Si Mohand et le Journal
      Le témoignage poignant sur la guerre de Libération nationale, écrit par Mouloud Feraoun au jour le jour et intitulé «Journal» reste un ouvrage littéraire unique en son genre en Algérie. Il ne s'agit pas du tout d'un témoignage car Mouloud Feraoun a fait appel encore une fois à tout son génie littéraire pour écrire ce volumineux livre.
      D'ailleurs, on retrouve dans cet ouvrage une évolution incontestable en ce qui concerne la maturation dans l'écriture. Un témoignage oculaire et un regard des plus lucides sur la guerre d'Algérie par un grand esprit qui va loin et qui voit les choses que les autres ne perçoivent pas forcément.
      En plus du fait d'être une oeuvre littéraire accomplie, le Journal de Mouloud Feraoun constitue une preuve s'il en est besoin, que ce dernier est un écrivain totalement libre, qui écrit ce qu'il pense, sans aucunement céder à aucun chantage ni au désir de plaire. Quand on est un écrivain libre et honnête comme Mouloud Feraoun, il est évident qu'on risque gros. Nos positions peuvent déplaire à tout le monde car elles n'arrangent personne. Mais une chose est sûre, quand il s'agit de Mouloud Feraoun, c'est son amour pour son pays et pour sa terre natale, la Kabylie dont l'éloignement lui a coûté la vie car il n'a jamais supporté d'être coupé de sa région natale qui était une partie de lui, telle qu'il en témoigne dans tous ses écrits. Qu'il s'agisse de ses romans, mais aussi de ses autres écrits comme «Jours de Kabylie» ou encore dans le recueil de poèmes de Si Mohand Ou Mhand qu'il a traduit amoureusement et publié bien avant Mouloud Mammeri et les autres auteurs et chercheurs, qui ont voulu contribuer ne serait-ce que modestement à la sauvegarde de ce patrimoine poétique oral de la culture kabyle.
      L'attachement de Mouloud Feraoun à sa langue kabyle, même s'il a écrit en français, l'a incité à écrire au moins un seul livre en kabyle avec une traduction française. A l'époque, la langue amazighe n'avait pas encore connu les aménagements linguistiques dont elle jouira un peu plus tard grâce au travail de Mouloud Mammeri et des autres chercheurs. Mouloud Feraoun s'est donc contenté d'une transcription phonétique des poèmes de Si Mohand. Mais le résultat a été spectaculaire. Le fait qu'un auteur de talent de la trempe de Mouloud Feraoun mette en veilleuse sa carrière d'écrivain pour se consacrer un peu à la sauvegarde de poèmes kabyles, qui baignaient encore dans l'oralité, mais qui étaient menacés de disparition, a été sans doute une leçon dont se sont inspirés plus tard Mammeri et tant d'autres. Mouloud Feraoun, cinquante-quatre ans après son assassinat, reste encore timidement reconnu en Algérie. Par exemple, dans la wilaya de Tizi Ouzou, il n'y a qu'un CEM qui porte son nom.
      Mais les hommes libres payent toujours pour leur choix probe. Quand bien même son nom ne figure pas sur les frontons d'importants édifices comme une université ou autre, il n'y a pas une seule maison qui se respecte où on ne retrouve pas au moins un de ses romans.
      C'est le meilleur hommage qu'on peut rendre à celui qui a écrit aussi: «Ce qu'il y a, je suppose, c'est que je ne suis pas capable de supporter la haine et rien que de la voir se manifester à mon égard me rend malheureux au point de me donner envie de mourir. Il en coûte à mon amour-propre de faire un tel aveu mais, outre que je ne dois rien te sceller, à toi qui me ressemble, je suis certain que l'homme ne résiste pas à la haine d'un autre homme, à moins qu'il ne soit capable, lui aussi, de porter une haine identique, de sorte que l'affrontement de deux êtres humains devient en réalité celui de deux bêtes féroces...».

      l'Expression dZ
      Par Aomar MOHELLEBI
      dz(0000/1111)dz

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      • #4
        Hommage a mouloud feraoun

        Reportage inédit sur la vie de MOULOUD FERAOUN.

        Le vrai nom – ancien – de la famille de cet écrivain d’origine Kabyle était Aït-Chaâbane (après 1871, les listes d’état civil furent établies en commençant par les lettres de l’alphabet français). Mouloud Feraoun est né le 8 mars 1913 à Tizi-Hibel près de Taguemount-Azouz en Grande Kabylie. Fils de paysans, son père était véritablement un gueux et avait toujours trimé, écrivait Feraoun lui-même à son ami, le romancier Emanuel Roblès. Il avait travaillé à Gafsa, Bône, Constan-tine et était parti pour la France en 1910. Il resta assez longtemps à Lens où il fut mineur. Il fit une vingtaine de voyages entre la France et l’Algérie ; le dernier séjour, en 1927-1928, se termina par un accident aux fonderies d’Aubervilliers que Feraoun a relaté dans Le Fils du pauvre. Cet homme courageux avait fait à pied, par exemple, le trajet de Tizi-Hibel à Tunis. Il ne savait ni lire ni écrire. Il mourut en 1958.
        Mouloud Feraoun a raconté sa propre enfance dans le récit en grande partie autobiographique, Le Fils du Pauvre. A sept ans, il entre à l’école à Taourirt-Moussa à deux kilomètres de son village natal. Grâce à une bourse d’enseignement, il entre en 1928 au collège de Tizi-Ouzou et prend pension à la Mission Rolland dans cette même ville. Reçu en 1932 au concours de l’École Normale de Bouzaréa (Alger), il commence cette année-là les études qui doivent le conduire à la profession d’instituteur. Il collabore à une modeste revue, Le Profane, dirigée par Emmanuel Roblès. En 1934, il est exempté du service militaire par tirage au sort, selon le code de l’Indigénat.

        En 1935, Mouloud Feraoun est nommé instituteur dans son village natal, puis à Taourirt-Moussa. En 1952, il prend la direction du cours complémentaire de Fort-National (actuellement Larbaa Nath-Iraten). Il avait effectué son premier voyage à Paris en 1949 et en 1951, il avait échangé ses premières lettres avec Albert Camus. La guerre de libération éclatant le 1er novembre 1954, Feraoun commence à écrire son Journal en 1955. En juillet 1957, il est nommé directeur de l’école de Nador au Clos-Salembier à Alger. En 1960 (octobre), il accepte le poste d’inspecteur des Centres sociaux (à El Biar) fondés par Germaine Tillion dans un but éducatif des milieux algériens défavorisés. Il voyage en Italie, Sardaigne et Grèce en mai-juin 1961, avec une mission d’études du Centre algérien d’expansion économique et sociale. Le 15 mars 1962, il est assassiné à El Biar par un commando de l’O.A.S. avec deux autres Algériens (Ali Hamoutène et Salah Ould Aoudia) et trois Français (Max Marchand, Marcel Aymard et Marcel Basset), lors d’une réunion à laquelle devait prendre part également le Commissaire Général à la Jeunesse et aux Sports, Petitbon. Il a été inhumé à Tizi-Hibel.
        dz(0000/1111)dz

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