17:39 dimanche 20 mars 2016 | Par Franseza Pardoe
Rabat met ses menaces contre l’ONU à exécution. Ce dimanche, 83 membres du personnel de la Minurso (la mission de l’ONU au Sahara occidental) ont quitté Laâyoune à destination de Palma en Espagne. Selon l’agence officielle marocaine, ces départs représentent « une grande partie des personnes concernées par la réduction significative de la composante civile, et particulièrement la composante politique, de la Minurso ».
Étonnante coïncidence, cette expulsion de personnel onusien intervient au lendemain du soutien apporté, samedi, par les États-Unis au projet marocain d’autonomie pour le Sahara occidental. Un soutien qui vient s’ajouter à celui exprimé de longue date par la France, un autre membre du Conseil de sécurité de l’ONU. La Russie, quant à elle, se contente d’une position de « neutralité bienveillante » à l’égard du Maroc. Une position d’autant plus surprenante que la Russie entretient traditionnellement une relation privilégiée avec l’Algérie, défenseur de l’autodétermination pour le Sahara occidental.
Le Maroc peut aussi s’appuyer sur les monarchies du Golfe, menées par l’Arabie Saoudite. Cette dernière a clairement apporté son soutien à Rabat. Elle a même annoncé des investissements au Sahara occidental. En difficulté financière, le Maroc peut donc compter sur l’apport de ses partenaires du Golfe.
Réunis jeudi pour débattre sur la question du Sahara occidental, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont décidé de privilégier les relations bilatérales avec Rabat, plutôt que d’apporter un soutien fort à Ban Ki-moon. Le secrétaire général de l’ONU s’est par la suite dit déçu de ne pas bénéficier d’un soutien fort et uniforme de la part des membres du Conseil.
Jean-Marc Ayrault, le ministre français des Affaires étrangères, s’est notamment dit prêt à servir d’intermédiaire entre le Maroc et le Front Polisario pour arriver à une solution au conflit. Seulement, la neutralité de la France dans l’affaire est à mettre en doute, compte tenu du soutien public et déterminé qu’elle a jusqu’à présent apporté au Maroc.
Pour la France, le dossier sahraoui est vital pour la monarchie marocaine. La perte de cette colonie affaiblirait durablement le roi et plongerait le royaume dans une période de turbulences qui pourraient être fatales pour sa stabilité et celle de toute la région. C’est du moins ce que les Marocains et leurs relais ont réussi à faire croire aux Français et à d’autres pays européens.
Mais si jusque-là, Rabat a utilisé les soutiens dont il bénéficie parmi les grandes puissances pour bloquer tout processus de recherche de solution au Sahara occidental, il vient de franchir un cap inquiétant. La réponse presque humiliante au secrétaire général de l’ONU – refus du roi de le recevoir et manifestation monstre pour dénoncer ses propos – suivie de la décision de chasser les membres de la Minurso montrent en effet que le Maroc se croit désormais tout permis dans ce dossier.
Aujourd’hui, la question est de savoir jusqu’où Rabat est-elle prête à aller dans cette escalade ? Après avoir testé les limites de son bras de fer avec l’ONU, le Maroc, visiblement assuré d’une certaine impunité, pourrait être tenté de faire franchir à son armée le mur de séparation. La tentation serait en effet grande de mener une incursion contre le Front Polisario au risque de plonger la région dans une nouvelle instabilité.
tsa
Rabat met ses menaces contre l’ONU à exécution. Ce dimanche, 83 membres du personnel de la Minurso (la mission de l’ONU au Sahara occidental) ont quitté Laâyoune à destination de Palma en Espagne. Selon l’agence officielle marocaine, ces départs représentent « une grande partie des personnes concernées par la réduction significative de la composante civile, et particulièrement la composante politique, de la Minurso ».
Étonnante coïncidence, cette expulsion de personnel onusien intervient au lendemain du soutien apporté, samedi, par les États-Unis au projet marocain d’autonomie pour le Sahara occidental. Un soutien qui vient s’ajouter à celui exprimé de longue date par la France, un autre membre du Conseil de sécurité de l’ONU. La Russie, quant à elle, se contente d’une position de « neutralité bienveillante » à l’égard du Maroc. Une position d’autant plus surprenante que la Russie entretient traditionnellement une relation privilégiée avec l’Algérie, défenseur de l’autodétermination pour le Sahara occidental.
Le Maroc peut aussi s’appuyer sur les monarchies du Golfe, menées par l’Arabie Saoudite. Cette dernière a clairement apporté son soutien à Rabat. Elle a même annoncé des investissements au Sahara occidental. En difficulté financière, le Maroc peut donc compter sur l’apport de ses partenaires du Golfe.
Réunis jeudi pour débattre sur la question du Sahara occidental, les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont décidé de privilégier les relations bilatérales avec Rabat, plutôt que d’apporter un soutien fort à Ban Ki-moon. Le secrétaire général de l’ONU s’est par la suite dit déçu de ne pas bénéficier d’un soutien fort et uniforme de la part des membres du Conseil.
Jean-Marc Ayrault, le ministre français des Affaires étrangères, s’est notamment dit prêt à servir d’intermédiaire entre le Maroc et le Front Polisario pour arriver à une solution au conflit. Seulement, la neutralité de la France dans l’affaire est à mettre en doute, compte tenu du soutien public et déterminé qu’elle a jusqu’à présent apporté au Maroc.
Pour la France, le dossier sahraoui est vital pour la monarchie marocaine. La perte de cette colonie affaiblirait durablement le roi et plongerait le royaume dans une période de turbulences qui pourraient être fatales pour sa stabilité et celle de toute la région. C’est du moins ce que les Marocains et leurs relais ont réussi à faire croire aux Français et à d’autres pays européens.
Mais si jusque-là, Rabat a utilisé les soutiens dont il bénéficie parmi les grandes puissances pour bloquer tout processus de recherche de solution au Sahara occidental, il vient de franchir un cap inquiétant. La réponse presque humiliante au secrétaire général de l’ONU – refus du roi de le recevoir et manifestation monstre pour dénoncer ses propos – suivie de la décision de chasser les membres de la Minurso montrent en effet que le Maroc se croit désormais tout permis dans ce dossier.
Aujourd’hui, la question est de savoir jusqu’où Rabat est-elle prête à aller dans cette escalade ? Après avoir testé les limites de son bras de fer avec l’ONU, le Maroc, visiblement assuré d’une certaine impunité, pourrait être tenté de faire franchir à son armée le mur de séparation. La tentation serait en effet grande de mener une incursion contre le Front Polisario au risque de plonger la région dans une nouvelle instabilité.
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