*******************: L’opinion publique mondiale ne connaît du régime saoudien que ce qui lui parvient à travers les médias internationaux dominants et encenseurs. Comment décririez-vous la situation en Arabie Saoudite ?
Yahya Assiri :*Le plus grand problème en Arabie Saoudite est le despotisme qui a trop duré et s’abat sur toute chose. Aucune divergence d’opinion, aucune participation de la société n’y sont permises. La famille régnante détient tous les leviers. Et quand je dis tous les leviers, je pèse mes mots. Je dis bien tous les leviers, sans exception : de la gestion politique aux menus détails de la vie quotidienne, en passant par la religion et la culture. Sa mainmise est totale même sur les secteurs les plus éloignés de la politique. Ainsi, même le football n’y échappe pas. L’information, le commerce, les institutions militaire et religieuse sont tous entre les mains du régime. Cette absence totale de la société a produit une situation complexe qui empêche toute lisibilité. Celui qui n’a pas beaucoup voyagé, n’a pas étudié le mode de vie ailleurs et n’a pas étudié l’histoire de la péninsule arabique peut trouver cette situation normale et ne trouve pas trop à se plaindre, à l’exception peut-être de quelques problèmes qui touchent directement à sa vie quotidienne. Le simple citoyen peut se plaindre, par exemple, de la mauvaise qualité de la santé, de la montée du chômage, de la baisse des salaires en relation avec la hausse des prix et, aussi, du faible niveau de l’enseignement, de la fuite des jeunes pour suivre leurs études à l’étranger. Comme il peut se plaindre du problème du transport, de la paupérisation en hausse de la société et des arrestations politiques. Mais si peu de gens se plaignent de la mainmise et de l’influence qu’exerce la famille régnante et ce qui en découle comme corruption, exploitation des richesses ou contrôle de tous les démembrements de l’Etat, tels que la justice, l’institution militaire, etc. C’est ainsi que cette famille a imposé une doctrine religieuse sectaire et sans ancrage dans l’histoire de l’islam, comme elle a imposé sa propre culture à l’ensemble de la société, effaçant du coup ses spécificités religieuses et culturelles qu’elle dissout de force dans un même moule culturel et identitaire, qui est celui du maître. Aussi, certains cherchent-ils toujours des alibis pour justifier tous les problèmes qu’ils endurent, en feignant d’ignorer que la responsabilité de tous leurs ennuis incombe à celui qui a entre ses mains tous les pouvoirs et qui, lui seul, doit assumer les conséquences de sa tyrannie.
On entend parler épisodiquement d’attentats terroristes dans votre pays. Qui en sont les auteurs ?
Le dogme et le discours religieux perpétués par le pouvoir, et dont celui-ci puise sa légitimité, sont très clairs et pleinement assumés par les dirigeants. C’est un discours qui énonce que toute manifestation, toute opposition affichée contre le gouvernant, voire toute revendication de droit participe d’un acte de désobéissance au tuteur. Une telle conduite est assimilée à un crime et à une sédition. A travers cela, on incrimine clairement l’action civile et pacifique, alors que cette doctrine religieuse officielle dit que le vainqueur qui impose sa loi par la force des armes acquiert naturellement la qualité de tuteur légitime. De toute évidence, cette doctrine, créée par le régime et qui est née d'un pacte entre Ibn Abdelwahhab et Ibn Saoud, et continue d'évoluer et de se transformer conformément aux lubies des tenants du règne, inculque aux générations l’idée que le changement pacifique est haram (illicite) et interdit, et que le changement par la violence, l’autoritarisme et la domination par la force est la seule et unique voie possible. C’est ce qui explique que la violence reste foncièrement associée aux victimes de cette doctrine. Car tous ceux qui s’y identifient deviennent de fait des takfiristes violents qui rejettent les autres. On les retrouve dans différentes sectes, de Daech au mouvement Al-Jamia (fondé par Mohamed Amane Al-Jami, ndlr). Ils ont tous la même pensée, la seule divergence entre eux concerne l’identité du dominateur : Ibn Saoud, Ben Laden ou Al-Baghdadi.
Yahya Assiri :*Le plus grand problème en Arabie Saoudite est le despotisme qui a trop duré et s’abat sur toute chose. Aucune divergence d’opinion, aucune participation de la société n’y sont permises. La famille régnante détient tous les leviers. Et quand je dis tous les leviers, je pèse mes mots. Je dis bien tous les leviers, sans exception : de la gestion politique aux menus détails de la vie quotidienne, en passant par la religion et la culture. Sa mainmise est totale même sur les secteurs les plus éloignés de la politique. Ainsi, même le football n’y échappe pas. L’information, le commerce, les institutions militaire et religieuse sont tous entre les mains du régime. Cette absence totale de la société a produit une situation complexe qui empêche toute lisibilité. Celui qui n’a pas beaucoup voyagé, n’a pas étudié le mode de vie ailleurs et n’a pas étudié l’histoire de la péninsule arabique peut trouver cette situation normale et ne trouve pas trop à se plaindre, à l’exception peut-être de quelques problèmes qui touchent directement à sa vie quotidienne. Le simple citoyen peut se plaindre, par exemple, de la mauvaise qualité de la santé, de la montée du chômage, de la baisse des salaires en relation avec la hausse des prix et, aussi, du faible niveau de l’enseignement, de la fuite des jeunes pour suivre leurs études à l’étranger. Comme il peut se plaindre du problème du transport, de la paupérisation en hausse de la société et des arrestations politiques. Mais si peu de gens se plaignent de la mainmise et de l’influence qu’exerce la famille régnante et ce qui en découle comme corruption, exploitation des richesses ou contrôle de tous les démembrements de l’Etat, tels que la justice, l’institution militaire, etc. C’est ainsi que cette famille a imposé une doctrine religieuse sectaire et sans ancrage dans l’histoire de l’islam, comme elle a imposé sa propre culture à l’ensemble de la société, effaçant du coup ses spécificités religieuses et culturelles qu’elle dissout de force dans un même moule culturel et identitaire, qui est celui du maître. Aussi, certains cherchent-ils toujours des alibis pour justifier tous les problèmes qu’ils endurent, en feignant d’ignorer que la responsabilité de tous leurs ennuis incombe à celui qui a entre ses mains tous les pouvoirs et qui, lui seul, doit assumer les conséquences de sa tyrannie.
On entend parler épisodiquement d’attentats terroristes dans votre pays. Qui en sont les auteurs ?
Le dogme et le discours religieux perpétués par le pouvoir, et dont celui-ci puise sa légitimité, sont très clairs et pleinement assumés par les dirigeants. C’est un discours qui énonce que toute manifestation, toute opposition affichée contre le gouvernant, voire toute revendication de droit participe d’un acte de désobéissance au tuteur. Une telle conduite est assimilée à un crime et à une sédition. A travers cela, on incrimine clairement l’action civile et pacifique, alors que cette doctrine religieuse officielle dit que le vainqueur qui impose sa loi par la force des armes acquiert naturellement la qualité de tuteur légitime. De toute évidence, cette doctrine, créée par le régime et qui est née d'un pacte entre Ibn Abdelwahhab et Ibn Saoud, et continue d'évoluer et de se transformer conformément aux lubies des tenants du règne, inculque aux générations l’idée que le changement pacifique est haram (illicite) et interdit, et que le changement par la violence, l’autoritarisme et la domination par la force est la seule et unique voie possible. C’est ce qui explique que la violence reste foncièrement associée aux victimes de cette doctrine. Car tous ceux qui s’y identifient deviennent de fait des takfiristes violents qui rejettent les autres. On les retrouve dans différentes sectes, de Daech au mouvement Al-Jamia (fondé par Mohamed Amane Al-Jami, ndlr). Ils ont tous la même pensée, la seule divergence entre eux concerne l’identité du dominateur : Ibn Saoud, Ben Laden ou Al-Baghdadi.
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