Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Un maire, mais pour quoi faire ?....... par Ahmed Farrah

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Un maire, mais pour quoi faire ?....... par Ahmed Farrah

    Un maire, mais pour quoi faire ?


    par Ahmed Farrah


    Bercés comme le sont beaucoup d'entre nous par la brise du nord qui tombe du ciel sur nos têtes réceptives et enchantées d'échapper à une réalité délétère et éreintante. Grâce à la télévision et internet, notre espace-temps est meublé de virtualité qui nous fait réincarner temporairement hors du réel qui nous cerne et nous sertit dans l'aliénation à l'insignifiant. Nos repères, ici perdus, semblent demeurés ailleurs et nous reviennent en flash du déjà vécu quand nos villes et villages n'étouffaient pas dans le laisser-aller et l'indifférence sans scrupule qui les ruinent aujourd'hui.

    Il n'y a pas si longtemps que ça, juste dans les années 1970, avec peu de moyens et peu d'hommes qualifiés, nos villes étincelaient de vie et rayonnaient de créativité, elles étaient propres et bien tenues. Un autre état d'esprit régnait encore chez beaucoup de responsables : celui de ceux qui étaient au service de leurs administrés et non pas celui de ceux qui servent des intérêts. Ainsi sortir de chez soi pour aller à son travail, à ses cours ou faire ses courses devient une épreuve et faut-il encore avoir de la patience pour oser ce qui est réjouissant ailleurs, c'est-à dire se promener dans la rue. Ces rues sont sales, les poubelles déversées jonchent à longueur de journée des trottoirs refaits il y a si peu, mais crevassés, débordants de malfaçons.

    La chaussée bitumée en strate l'une sur l'autre sans que l'on décape la précédente couche, se trouve au-dessus du trottoir et des portes des riverains qui se barricadent pour qu'ils ne soient pas inondés pendant qu'il pleut. La circulation des automobiles y est empêchée par l'état de la route et les véhicules slaloment entre les trous et les tranchées faits lors des travaux qui s'éternisent. Dans certaines rues, la chaussée est depuis des années complètement hors d'usage et ignorée par les responsables. Les eaux fuient des canalisations cassées, les avaloirs bouchés ou inexistants, les rues immergées... Le soir l'obscurité tombe sur des quartiers oubliés. Dans d'autres, les plus visibles, on change régulièrement les réverbères et les luminaires pour en mettre d'autres sur d'anciens pylônes (?) à ne rien comprendre. Les espaces aménagés sont laissés en jachère et abandonnés aux jeunes déviés qui y trouvent l'extase en leur ascension sur des nuages qu'eux seuls semblent voir.

    Autrefois, les communes étaient là pour accompagner le citoyen et veiller à son confort et son épanouissement. Cela commençait par la garderie d'enfants, l'école primaire et les moyens mis à la disposition : le gardien, les agents, le chauffage, les produits de nettoyage, la cantine scolaire, les logements de fonction des maîtres et du gardien d'école, etc. Les nécessiteux (indigents) étaient recensés et recevaient des aides sociales et médicales. Avant la venue du gel en hiver, le service des eaux entretenait les niches des compteurs en les empaillant, nettoyait les avaloirs, épiait les canalisations défectueuses… Le service de nettoiement levait quotidiennement les ordures, balayait et arrosait tôt le matin les rues. Le camion du service de l'électricité passait dans les quartiers pour changer les lampes grillées.

    Les chiens errants étaient capturés et mis en fourrière animalière. Le comité des fêtes organisait des galas et des festivités. Les salles de cinéma, le théâtre, l'école de musique, le stade, la piscine, les jardins et monuments publics, la régie du transport urbain, le marché, la poissonnerie, l'abattoir, le cimetière… étaient gérés et entretenus par la commune.

    Aujourd'hui, des agences et organismes nationaux et même l'école ont pris en charge quasiment tout ce qui fut de la compétence du domaine communal. Que reste-t-il à la ville ? Presque rien d'important qui puisse être visible pour le citoyen. Les mairies sont devenues des guichets populeux délivrant des documents administratifs sans plus, beaucoup de citoyens se demandent à quoi servirait en Algérie un maire que tout lui échappe et qui semble impuissant pour boucher les trous dans la chaussée, s'il connaît les rues de sa ville, bien évidemment, car beaucoup de quartiers restent sans facteurs et non encore baptisés.

    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
Chargement...
X