Entre athées et croyants, c’est peut-être les agnostiques qui sont les plus sages
Les athées considèrent que les croyants sont des imbéciles ! Les croyants, pour leur part, pensent que les athées sont en réalité des croyants qui s’ignorent ! Et, entre ces deux positions, il semble n’y avoir aucun compromis…
Ce qu’il faut d’abord comprendre au sujet des religions et que la plupart des athées semblent ignorer est que la foi ou la croyance qui les inspire n’est pas anodine, mais résulte d’un acte spécifique qu’on appelle acte de foi.
Dans cet acte, il s’agit pour le protagoniste de s’approprier quelque chose qui l’allume et de s’en faire une chasse gardée, s’assurant ainsi d’un pouvoir d’autorité sur quelque chose d’exclusif à lui ou à son groupe, mais que les autres ignorent. Ce qui est primordial pour lui, c’est d’y croire de tout son cœur et de toute son âme et de s’y donner entièrement.
Fort de croire avec certitude en quelque chose qui est sans preuve et souvent plutôt nébuleux, l’acte de foi permettra alors au croyant quelque chose d’extraordinaire : affronter sans problème les pires difficultés de la vie !
En effet, que ce soit la souffrance, les accidents, la maladie ou même la mort d’un proche, toutes ces fatalités épouvantables et incompréhensibles du destin ne seront pas vraiment graves ou surprenantes eu égard à son acte de foi qui l’autorise à croire dur comme fer à quelque chose de mystérieux, mais dont il ignore à peu près tout.
Autrement dit, tel un vaccin, l’irrationalité de sa foi l’immunisera contre les pires maux de la vie !
En réalité, la croyance religieuse n’a donc finalement pas grand-chose à voir avec ce à quoi l’on croit, mais tout à voir avec ce que l’on veut être : fier et en possession de ses moyens malgré un destin imprévisible et parsemé de difficultés auxquelles il faut résister.
Il demeure cependant que c’est bel et bien dans l’ignorance et non pas dans le savoir que la croyance prend sa source. C’est de ce que l’on ne sait pas que l’on croit et non l’inverse. C’est ce que les théologiens appellent pompeusement le mystère de la foi…
C’est ce qui fait la faiblesse de la croyance, celle-ci apparaissant toujours, vue de l’extérieur, comme une ignorance crasse ou comme de l’irrationnel.
Mais c’est également ce qui fait sa grande force. Car contrairement à l’athée qui doit sans cesse se convaincre à partir d’arguments rationnels et scientifiques du bon aloi de sa position, le croyant, lui, ne se sent aucunement lié à une telle obligation et n’est en rien forcé de remettre continuellement en question ses croyances.
Par exemple, la transsubstantiation du corps du Christ en hostie qui est pour l’athée une aberration scientifique totale ne pose aucun problème pour le croyant. Il y croit et c’est tout !
Beaucoup d’athées s’acharneront pourtant à tourner en dérision les croyances religieuses en s’efforçant de démontrer scientifiquement le ridicule de leurs assises.
Mais pour le croyant, il en va tout autrement : l’objet de sa croyance n’a en rien l’importance que l’athée lui accorde. En fait, plus ce à quoi il croit reste dans l’ordre de l’inconnu et du mystérieux, plus sa croyance se fera forte et inflexible !
Prenons l’exemple des intégristes musulmans. Bien que pour la plupart ils ne connaissent à peu près rien du Coran, ils sont toutefois prêts à tuer ou à donner leur vie pour le défendre.
À partir de là, les athées pourraient sans doute affirmer que les croyants sont tous des idiots qui croient en n’importe quoi, pourvu qu’ils y croient… Et ils n’auraient pas tout à fait tort !
Sauf que dans le contexte de la problématique existentielle propre à l’être humain, on peut se demander qui est le plus idiot : celui qui préfère croire au mystère des choses ou celui qui prétend qu’il réussira un jour à le percer grâce à la science ? Je n’ose ici porter un jugement…
Il résulte malheureusement de toutes ces considérations qu’aucun dialogue ne semble possible entre croyants et athées.
Tout compte fait, entre ces deux positions, c’est peut-être celle des agnostiques qui est la plus sage : devant l’incompréhensible, ne vaut-il pas mieux s’abstenir et se taire ?
La Presse ca
Les athées considèrent que les croyants sont des imbéciles ! Les croyants, pour leur part, pensent que les athées sont en réalité des croyants qui s’ignorent ! Et, entre ces deux positions, il semble n’y avoir aucun compromis…
Ce qu’il faut d’abord comprendre au sujet des religions et que la plupart des athées semblent ignorer est que la foi ou la croyance qui les inspire n’est pas anodine, mais résulte d’un acte spécifique qu’on appelle acte de foi.
Dans cet acte, il s’agit pour le protagoniste de s’approprier quelque chose qui l’allume et de s’en faire une chasse gardée, s’assurant ainsi d’un pouvoir d’autorité sur quelque chose d’exclusif à lui ou à son groupe, mais que les autres ignorent. Ce qui est primordial pour lui, c’est d’y croire de tout son cœur et de toute son âme et de s’y donner entièrement.
Fort de croire avec certitude en quelque chose qui est sans preuve et souvent plutôt nébuleux, l’acte de foi permettra alors au croyant quelque chose d’extraordinaire : affronter sans problème les pires difficultés de la vie !
En effet, que ce soit la souffrance, les accidents, la maladie ou même la mort d’un proche, toutes ces fatalités épouvantables et incompréhensibles du destin ne seront pas vraiment graves ou surprenantes eu égard à son acte de foi qui l’autorise à croire dur comme fer à quelque chose de mystérieux, mais dont il ignore à peu près tout.
Autrement dit, tel un vaccin, l’irrationalité de sa foi l’immunisera contre les pires maux de la vie !
En réalité, la croyance religieuse n’a donc finalement pas grand-chose à voir avec ce à quoi l’on croit, mais tout à voir avec ce que l’on veut être : fier et en possession de ses moyens malgré un destin imprévisible et parsemé de difficultés auxquelles il faut résister.
Il demeure cependant que c’est bel et bien dans l’ignorance et non pas dans le savoir que la croyance prend sa source. C’est de ce que l’on ne sait pas que l’on croit et non l’inverse. C’est ce que les théologiens appellent pompeusement le mystère de la foi…
C’est ce qui fait la faiblesse de la croyance, celle-ci apparaissant toujours, vue de l’extérieur, comme une ignorance crasse ou comme de l’irrationnel.
Mais c’est également ce qui fait sa grande force. Car contrairement à l’athée qui doit sans cesse se convaincre à partir d’arguments rationnels et scientifiques du bon aloi de sa position, le croyant, lui, ne se sent aucunement lié à une telle obligation et n’est en rien forcé de remettre continuellement en question ses croyances.
Par exemple, la transsubstantiation du corps du Christ en hostie qui est pour l’athée une aberration scientifique totale ne pose aucun problème pour le croyant. Il y croit et c’est tout !
Beaucoup d’athées s’acharneront pourtant à tourner en dérision les croyances religieuses en s’efforçant de démontrer scientifiquement le ridicule de leurs assises.
Mais pour le croyant, il en va tout autrement : l’objet de sa croyance n’a en rien l’importance que l’athée lui accorde. En fait, plus ce à quoi il croit reste dans l’ordre de l’inconnu et du mystérieux, plus sa croyance se fera forte et inflexible !
Prenons l’exemple des intégristes musulmans. Bien que pour la plupart ils ne connaissent à peu près rien du Coran, ils sont toutefois prêts à tuer ou à donner leur vie pour le défendre.
À partir de là, les athées pourraient sans doute affirmer que les croyants sont tous des idiots qui croient en n’importe quoi, pourvu qu’ils y croient… Et ils n’auraient pas tout à fait tort !
Sauf que dans le contexte de la problématique existentielle propre à l’être humain, on peut se demander qui est le plus idiot : celui qui préfère croire au mystère des choses ou celui qui prétend qu’il réussira un jour à le percer grâce à la science ? Je n’ose ici porter un jugement…
Il résulte malheureusement de toutes ces considérations qu’aucun dialogue ne semble possible entre croyants et athées.
Tout compte fait, entre ces deux positions, c’est peut-être celle des agnostiques qui est la plus sage : devant l’incompréhensible, ne vaut-il pas mieux s’abstenir et se taire ?
La Presse ca
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