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l'ingration financière au Maghreb, une utopie réalisable...

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  • l'ingration financière au Maghreb, une utopie réalisable...

    L’intégration financière dans le Maghreb est-elle aujourd’hui réalisable ou s’agit-il seulement d’un vœu pieux ? Pour répondre à cette double interrogation, une conférence sur « les réformes du secteur financier et l’intégration financière dans le Maghreb » s’est tenue la semaine dernière à Rabat, en présence de M. Rodrigo de Rato, Directeur général du Fonds Monétaire International et des ministres des Finances et des Gouverneurs des banques centrales des cinq entités étatiques du Maghreb.


    Mais si les rapports d’experts et les différentes interventions durant la conférence elle-même ont permis de constater quelques avancées, une réelle disparité des systèmes financiers actuellement en place au Maghreb subsiste. En effet, il semble bien que le plus dur reste à faire en termes d’intégration financière, sans laquelle, en réalité, il ne saurait y avoir de réelle marche vers l’intégration économique maghrébine. Comme devait le préciser le ministre des Finances et de la Privatisation, M. Fathallah Oualalou dans son allocution : «…la nouvelle configuration du secteur financier dans le monde actuel fait que l’objectif de l’intégration financière ne se réduit plus à la seule facilitation du commerce intra régional. Le secteur financier est en mesure de jouer un rôle stratégique dans l’intégration régionale des économies et de donner au processus d’intégration une impulsion déterminante ».
    Car, si quelques progrès ont été accomplis au niveau régional maghrébin en termes de facilitation des échanges commerciaux, les avancées sont trop ténues, comme l’exprime éloquemment la faiblesse des échanges inter maghrébins, lesquels représentent à peine 2,5 % du commerce extérieur de ces pays. Pourtant, l’existence d’un « marché commun potentiel » de 80 millions d’habitants au Maghreb constitue la donne de base de cet élan auquel croit sincèrement le ministre Oualalou qui constate que : « la loi des externalités de réseaux qui régente désormais l’industrie financière et l’ouverture progressive des économies amèneront la concurrence internationale jusque sur les marchés domestiques. C’est donc pour la constitution d’un secteur financier puissant, de taille à se mesurer à cette concurrence, que l’intégration financière au sein du Maghreb est aujourd’hui, plus qu’un vœu, un impératif ».
    Mais il ne suffit sans doute pas de proclamer un tel constat pour qu’il devienne réalité. En effet, il s’agit de concrétiser, dans cet objectif, plusieurs étapes tout autant nécessaires que préalables, sachant que l’intégration financière passera prioritairement par le secteur bancaire. Ainsi, l’harmonisation des systèmes de paiement, la création d’une monnaie unique, d’une bourse des valeurs régionale, mais aussi une banque centrale maghrébine et l’érection d’un observatoire financier régional pourront progressivement voir le jour, mais à des dates que la conférence de Rabat n’a pas été à même d’arrêter et pour cause !

    Disparité des situations au Maghreb
    Certes, ce processus maghrébin en question bénéfice du soutien financier du FMI et de l’appui personnel de son Directeur Général, M. de Rato, qui compte d’ailleurs sur le secteur privé pour en faciliter la réalisation.
    Certes encore, l’appui de cette grande institution financière internationale est effectivement incitatif pour les cinq Etats du Maghreb. Mais, l’actuelle configuration est trop disparate pour permettre des avancées concrètes sans le préalable de la volonté politique commune et la mise en œuvre de la complémentarité des systèmes bancaire et financier.
    En effet, la conférence de Rabat a mis à jour des niveaux très différents en termes de conformité et de modernisation des appareils bancaires et financiers respectifs des cinq Etats du Maghreb.
    Le Maroc, par exemple, a indéniablement été désigné comme « le meilleur élève de la classe », avec la reconnaissance par M. Rato du dynamisme de sa croissance économique. La pérennisation de celle-ci est un défi qui est aujourd’hui relevé par tous. Son impact sur le niveau de vie, la création d’emplois et de richesses commence à se sentir en parallèle des premières réalisations de l’INDH, lancée en 2005 …
    Experts internationaux et maghrébins ont d’ailleurs reconnu que le trend des réformes se poursuivait à un rythme soutenu. Autres points positifs relevés par le FMI, l’autonomisation croissante du Budget de l’Etat marocain et la prochaine (dès 2007 en fait) mise en place d’un système de change flexible au Maroc, qui permettra de pérenniser la croissance économique du Royaume.
    Comparativement à cette situation du Maroc, l’Algérie, malgré la hauteur de ses revenus pétroliers et gaziers, fait figure de retardataire. En effet, elle n’arrive pas à transformer le produit de sa manne énergétique en croissance économique, elle peine vraiment à diversifier son économie et elle connaît des tensions sociales du fait d’un taux de chômage préoccupant et du mécontentement populaire induit par l’absence de distribution des énormes revenus générés par la production et l’exportation de ses hydrocarbures. À cela, il convient d’ajouter un secteur bancaire et financier obsolète, public de surcroît, en panne de modernisation et qui rechigne à l’ouverture et à l’implantation d’opérateurs extérieurs, notamment maghrébins, qui souhaitent participer, par leurs investissements et leur savoir-faire, à la mise à niveau de ce secteur stratégique.
    La Tunisie, malgré un taux d’inflation préoccupant (entre 2,5 % et 4,5 % l’an) que la banque centrale de ce pays s’efforce de contenir, présente des perspectives de croissance bien orientées. Appliquant une politique budgétaire prudente, ce pays cherche désormais à augmenter ses exportations afin de diminuer le déficit de sa balance commerciale et des paiements alors qu’un taux de chômage estimé à 14 % pour une population de huit millions d’habitants constitue un motif d’inquiétude que n’arrive pas à effacer la donne positive d’un système de change flottant facilitant la circulation des capitaux et, partant, les opportunités d’investissements.
    Pour la Libye, les constats sont encore plus durs, sachant que le FMI exprime la nécessité pour ce pays de se conformer aux principes de transparence sans lesquels rien ne peut-être vraiment accompli en termes de visibilité, de prévision et donc d’intégration financière. La Jamahirrya se doit donc d’inclure au plus vite dans le Budget de l’Etat ses recettes et toutes ses dépenses, afin de se conformer à l’image d’un pays moderne, respectueux des normes internationales en la matière.
    La Mauritanie, enfin, aujourd’hui « boostée » par les premiers revenus issus de l’exploitation de ses richesses pétrolières et à l’aube d’une normalisation politique et institutionnelle encore fragile, a un long chemin à parcourir afin d’engager une œuvre indispensable de réduction de la pauvreté et des disparités sociales, en s’appuyant sur les conseils et l’expertise du FMI.

    Le Maghreb à petits pas
    Ce bref tour d’horizon des situations respectives des cinq Etats du Maghreb au plan de la qualité de leurs économies, systèmes bancaires et financiers, prouve éloquemment que les disparités sont aujourd’hui aussi patentes que préoccupantes, obérant en fait tout processus d’intégration financière et économique régionale. Dans ce contexte, il faut reconnaître, sans gloriole ni satisfecit démesuré, que le Maroc, le seul à disposer d’un système financier aux standards internationaux, est à même de s’engager dans un processus d’intégration financière. Une démarche illusoire donc en l’état actuel des choses, mais qui n’interdit pourtant pas la concertation intra-maghrébine, la recherche des complémentarités et des ouvertures, commerciales, bancaires et financières.
    Le Maghreb financier se fera certainement un jour, quand la volonté politique rejoindra la réalité économique et les nécessités d’une union des efforts et des potentialités que seule la région maghrébine pourra valoriser et opposer valablement à la mondialisation de l’économie et la globalisation des échanges.
    Dans l’attente, l’Algérie, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie pourraient bien s’inspirer de l’exemple du Maroc et de l’expérience acquise dans la réforme de son système financier.

    Afifa Dassouli

    la nouvelle tribune
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