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Femmes d’influence au Moyen-Orient : « Le ciel est leur limite »

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  • Femmes d’influence au Moyen-Orient : « Le ciel est leur limite »

    155 pays sur 173 pratiqueraient encore la discrimination sexiste dans l'accès à l'emploi, de l'autorisation préalable du mari à l'interdiction de porter des charges lourdes. Au Moyen-Orient, région où les règles sont les plus drastiques, des femmes montrent pourtant par leurs parcours hors norme qu'il est possible de briser le plafond de verre pour occuper des postes de premier plan. Ministre du Commerce extérieur des Emirats, PDG de Tecom Investments ou administratrice indépendante de REYL Finance Ltd, tour d’horizon de ces femmes qui bouleversent la tradition.

    Ces pays où les femmes ne travaillent pas librement

    Selon un rapport de la Banque mondiale publié en septembre dernier, sur 173 pays à l'étude, 155 possèdent au moins une mesure qui bloque l'accès des femmes à l'emploi. Parmi les pays où les restrictions sont les plus drastiques, on retrouve sans surprise l'Irak, l'Arabie saoudite, la Jordanie et l'Afghanistan. Une région, le Moyen-Orient, où les femmes doivent demander la permission à leur mari pour pouvoir chercher un emploi, qui dans certains cas ne sera autorisé que s'il est « utile au foyer ». En cas de non-respect de la volonté patriarcale, les épouses s'exposent à une perte totale du soutien financier de la part de leur mari. Une grande dépendance qui peut du jour au lendemain faire sombrer femmes et enfants dans la misère.

    D'autres freins s'ajoutent souvent à l'indépendance des femmes, comme l'interdiction de faire une demande de passeport, d'ouvrir un compte bancaire ou de signer un contrat pour les femmes mariées. Sri Mulyani Indrawati, directrice générale de la Banque mondiale, souligne l'effet néfaste de la persistance de ces inégalités pour le développement et la croissance économique des pays. « Des études antérieures ont révélé que les disparités entre les hommes et les femmes, dans les domaines de l'entrepreneuriat et de la participation à la vie active, représentent des pertes de revenu dont beaucoup de pays pourraient se passer, en particulier ceux qui sont confrontés à des niveaux élevés de pauvreté ».

    De plus en plus de femmes orientales dans les classements internationaux

    Et pourtant, de plus en plus de femmes originaires du Moyen-Orient font leur apparition dans les classements Forbes ou Arabian Business. Elles sont artistes, femmes politiques, militantes, business women... Peu importe leur profession ; elles montrent qu'il est possible de contourner les règles du jeu patriarcale et de redistribuer les cartes. Et donnent ainsi espoir à de nombreuses jeunes filles de la région.

    En politique, la palme revient à Sheikha Lubna al Qasimi, classée première du palmarès Forbes 2015 des femmes arabes membres de gouvernement. Ministre du Commerce extérieur des Émirats Arabes Unis (EAU) aujourd'hui, chargée de l'Économie auparavant, Sheikha Lubna al Qasimi, 54 ans, est diplômée de l'Université de Californie. Elle a permis à son pays, selon le magazine américain, de faire un bond en avant en matière de philanthropie, celui-ci ayant donné « près de 5,4 milliards de dollars en 2013 » à des nations étrangères.

    La sixième femme arabe la plus puissante, selon Arabian Business, fait quant à elle indirectement partie du monde des médias et, plus globalement, de l’entertainment. Nommée PDG de Tecom Investments, une filiale de Dubai Holding spécialisée dans la promotion de l’économie du savoir, Amina Al-Rustamani dirige et veille sur 4.500 entreprises installées au sein des Tecom Business Parks. Dubai Media City, par exemple, est une zone franche qui encourage l’implantation des organisations de médias ciblant la région, comme les agences de presse, les maisons d’édition ou encore certains médias en ligne. Amina Al-Rustamani a également joué un rôle significatif dans la mise en place du Dubai international film festival.

    Dans le monde de la finance, Hamdiya Al-Jaff, à la tête de la Banque centrale irakienne, fait partie des figures emblématiques, au même titre que Nahed Taher, première Saoudienne à diriger un groupe financier dans la région du Golfe en 2005, aujourd'hui directrice générale de la National Commercial Bank. La première, bénéficiant de plus de 25 ans d’expérience dans la banque et le management, a fortement contribué à la croissance et au développement du secteur bancaire en Irak.

    Elle doit faire face, aujourd’hui, tout comme son pays, à de multiples problèmes, le principal étant l’implantation du groupe Etat islamique dans l’Ouest et le Nord du territoire national. La seconde, surnommée la « rose du désert » par le milieu des affaires saoudien – pour sa capacité à développer des activités dans les milieux les plus arides –, a par exemple créé un fonds d’investissement d’un milliard de dollars pour construire des infrastructures, aéroportuaires notamment.

    Une autre Saoudienne s’est récemment illustrée : Loulwa Bakr, nommée en janvier dernier administratrice indépendante de REYL Finance Ltd, filiale du groupe suisse Reyl & Cie, qui vient d’obtenir une licence pour exercer ses activités de gestion et conseil aux entreprise à Dubaï. Diplômée de l'Université de Riyad et de Columbia University, à New York, Loulwa Bakr est par ailleurs associée directrice d’EDU21, société qui promeut des services éducatifs de haut niveau dans la région. Une fibre sociale et entrepreneuriale qui a retenu l’intérêt de la direction de Reyl & Cie, qui « se distingue par sa capacité à intégrer la dimension entrepreneuriale de ses clients » selon Pasha Bakhtiar, son directeur général.

    L'ancien diplomate français et conseiller ministériel François-Aïssa Touazi, dans son ouvrage Le Ciel est leur limite – consacré aux nouvelles business women du Golfe –, a souhaité analyser le souffle de modernisme apporté par toutes ces femmes. « Par leur parcours et leur volontarisme, elles ont donné confiance à des milliers de jeunes filles dans les pays arabes. Les étudiantes sont désormais majoritaires dans la plupart des grandes universités : 65 % aux EAU et plus de 70 % au Qatar.

    Et en Arabie saoudite, l'Université de la princesse Noura accueille 50 000 femmes ! ». Impact indéniable sur l'ambition des jeunes filles, revue à la hausse depuis que leur modèle s'est éloigné d'une oisive reine Rania de Jordanie pour se rapprocher des business women du Golfe.

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    « Le ciel est leur limite » – Trois questions à François-Aïssa Touazi

    Le point de vue de Pascal Boniface

    Co-fondateur du think tank CAPmena et du MENA Economic Forum, conseiller du fonds d’investissement Ardian et ancien conseiller Afrique du Nord – Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères, François-Aïssa Touazi répond à mes questions à l’occasion de son dernier ouvrage « Le ciel est leur limite », paru aux Editions du moment.

    Vous dressez un tableau alléchant des pays du Golfe, quels sont leurs atouts ?

    Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les dirigeants du Golfe sont tout à fait conscients de leurs forces et de leurs handicaps. Ils ont compris très tôt que le pétrole qui était leur force, pouvait aussi devenir aujourd’hui leur faiblesse. C’est pourquoi ils ont mis en place des politiques de diversification de leur économie.

    Cette diversification a commencé par l’aval et l’amont du secteur pétrolier et gazier, avec le développement de champions dans la pétrochimie, comme le saoudien Sabic devenu leader mondial dans son secteur. Parallèlement, ils ont développé leurs infrastructures pour moderniser la région et profiter pleinement de leur situation géographique, hub entre l’Asie, l’Afrique et l’Europe.

    Cette stratégie ambitieuse a permis à l’activité portuaire et au transport aérien de connaitre un boom formidable dans la région, notamment avec l’émergence de grandes compagnies qui se sont hissés dans le top 10 mondial.

    Progressivement, les pays du Golfe se sont développés dans de nouveaux secteurs économiques en s’appuyant sur leur avantage comparatif et l’énorme puissance financière des fonds souverains dotés de plus de 2000 milliards de dollars. Ces derniers ont fait émerger des leaders mondiaux dans les télécoms, le tourisme, l’aéronautique…etc. et pris des participations dans les plus grands groupes occidentaux et asiatiques.

    Enfin, le Golfe a investi dans une stratégie de soft power en investissant dans la culture, les médias et le sport, accueillant les plus grands événements internationaux culturels ou sportifs. Cette stratégie a deux objectifs : améliorer l’image et la notoriété du Golfe, mais également générer des flux de touristes vers la région.

    Cette stratégie s’accompagne aussi d’une diversification géographique. Le Golfe a intensifié ses relations commerciales avec l’Asie et l’Afrique via ses fonds souverains, mais aussi les grandes familles qui détiennent des groupes tentaculaires et qui multiplient les investissements dans les pays émergents.

    Dernier point sur les clés de leur succès, les dirigeants du Golfe possèdent une capacité d’adaptation remarquable. C’est certainement dû au territoire et au climat auxquels ils ont dû s’adapter, ou encore à l’extrême cosmopolitisme des populations de la région. Quoiqu’il en soit, ils savent agir vite, entreprendre, prendre des risques et tirer lucidement les leçons de leurs erreurs.

    Quels sont les faiblesses et les défis que ces pays doivent néanmoins relever ?

    La détérioration du climat sécuritaire régional constitue un défi majeur pour les pays du Golfe avec la montée en puissance des djihadistes de Daech en Syrie et en Irak, les relations tendues avec l’Iran et l’instabilité grandissante au Yémen. C’est la raison pour laquelle lors du sommet de Doha en décembre dernier, les pays du CCG (Conseil de coopération du Golfe) ont resserré les rangs et mis de côté leurs divergences (notamment avec le Qatar).

    Par ailleurs, malgré leurs efforts pour sortir de l’économie de rente et développer des économies solides, ils font aujourd’hui face à de nombreux défis énergétiques, le premier étant toujours le prix de l’énergie avec un prix d’équilibre du budget de 85$ en Arabie saoudite. Ce qui veut dire que toute baisse mondiale du prix du pétrole menace directement leur modèle de développement. De plus, l’exploitation du gaz de schiste et la baisse potentielle de la demande de pétrole représentent, comme on le voit aujourd’hui, un défi important pour la région.

    Ils font aussi face à d’autres enjeux internes, comme le chômage des jeunes (25 %), la sécurité alimentaire avec un taux d’importation quasi-total (95%) ou la situation des travailleurs migrants venus du sous-continent indien qui ternit leur image. Par ailleurs, il est urgent pour eux de devenir des pôles d’innovation pour s’inscrire dans la durée et devenir des acteurs crédibles de la mondialisation.

    Est-ce que la France va savoir s’adapter à la nouvelle donne du Golfe ?

    La présence de la France dans le Golfe n’est pas à la mesure de ce que devrait être la 6ème puissance mondiale. J’y vois plusieurs raisons :

    - Le Golfe reste un marché des prix. Or la France, qui pratique plutôt l’entre-soi dans les consortiums, présente des offres trop chères. La solution serait de proposer des offres en partenariat avec des entreprises issues de pays émergents pour faire baisser les prix.

    - La présence française est trop axée sur le domaine militaire et sécuritaire ; Nos PME ne sont pas suffisamment présentes alors que le potentiel est considérable.

    - Enfin, les entreprises françaises hésitent à faire des investissements locaux de long terme. Cette hésitation est liée certes à la crise économique qui freinent l’investissement, mais aussi à une forme de réticence et de méconnaissance de la région.

    Pourtant, les entreprises du Golfe peuvent être de solides partenaires pour nos entreprises, notamment dans leur développement à l’international. Il y a une coopération triangulaire à inventer avec les acteurs du Golfe, notamment avec leurs fonds souverains et leurs grands groupes, le savoir-faire technologique des entreprises françaises et européennes et les immenses besoins en infrastructures en Afrique.

    Si nous ne sommes pas capables de trouver notre place dans cette nouvelle route de la soie qui se dessine entre Pékin-Dubaï-Lagos, la France risque d’être distancée par d’autres pays plus pragmatiques.

    source Iris


    Résumé

    Le Moyen-Orient est l'objet de tous les fantasmes et de toutes les convoitises. Ces dernières années, la formidable montée en puissance des pays du Golfe a replacé au centre de la carte cette région du monde, longtemps ignorée.

    Les acteurs économiques de la péninsule arabique s'imposent partout - en Europe et en Asie, en Amérique du Nord comme en Afrique - et dans tous les domaines : de la finance au sport, en passant par l'industrie, l'immobilier, les transports, les médias, etc. Ses fonds souverains, dotés d'une puissance financière sans pareille, se sont eux hissés au rang d'acteurs majeurs du capitalisme mondial.

    Ces bouleversements intervenus dans le champ économique ont été accompagnés de profondes évolutions sur un plan politique et social. Conservatrices ou libérales, les dynasties d'Arabie ont rapidement compris que le monde avait changé. Que ce soit en Arabie Saoudite ou à Oman, aux Emirats arabes unis ou au Qatar, à Bahreïn ou au Koweït, toutes ont amorcé de profondes évolutions.

    Et le mouvement s'accélère encore aujourd'hui sous l'influence du Printemps arabe, mais aussi à mesure que les nouvelles générations princières -libérales, formées dans les meilleures universités anglo-saxonnes et ouvertes sur le monde - prennent le pouvoir dans tous les domaines.

    Quels sont ces hommes et ces femmes qui, de Ryad à Doha, de Dubaï à Djeddah, en passant par Abu Dhabi et Koweït City, dessinent l'avenir de leurs régions, parmi les plus bouillonnantes et influentes, mais aussi celui du monde ?

    Dernière modification par zek, 02 avril 2016, 09h33.
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