Économiste et PDG fondateur du groupe Comete Engineering (Tunis), ancien président de l'Ipemed (Institut de prospective économique du monde méditerranéen, Paris), Radhi Meddeb* nous livre ici une analyse experte des cinq dernières années tunisiennes, et sa vision opérationnelle pour enclencher une croissance nécessairement vertueuse et inclusive. Une ambition qui ne pourra se réaliser sans un engagement total de l'Europe, qui reste le partenaire de référence, et donc le co-responsable de l'avenir du pays
La Tunisie a commémoré ces dernières semaines deux anniversaires fortement symboliques : d'abord celui des cinq ans de sa révolution pacifique, ensuite celui des soixante ans de son indépendance. Face à de telles échéances les citoyens tunisiens se posent légitimement une question aux multiples facettes : qu'avons-nous fait du temps passé? où en sommes-nous? où allons-nous?
La révolution tunisienne est née sur la base de trois revendications majeures longtemps non satisfaites. Dans son premier rapport sur le développement humain dans le monde arabe, publié en 2002, le Programme des Nations Unies pour le Développement pointait déjà, malgré de multiples avancées dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la disponibilité des infrastructures et des services publics urbains, trois insuffisances notoires, largement partagées par l'ensemble des pays arabes. Ce sont ces mêmes insuffisances qui étaient derrière les fortes revendications des jeunes descendus dans la rue en 2011.
« Ils réclamaient la liberté, la dignité et l'emploi »
Il s'agissait d'une exigence de plus de libertés, liberté d'expression, de réunion, d'opinion, d'organisation et de manifestation, d'une exigence de meilleures conditions sociales et enfin d'une exigence de plus grandes opportunités économiques.
Telles étaient les graines ensemencées par les jeunes et les moins jeunes qui étaient d'abord descendus dans les rues des bourgades du centre ouest de la Tunisie, avant d'entraîner les classes moyennes urbaines. Leurs slogans étaient simples. Ils réclamaient la liberté, la dignité et l'emploi. Ils étaient spontanés, sans encadrement politique ni référentiel idéologique.
Cinq ans plus tard, que sont devenus leurs rêves, leurs revendications et leurs espérances ?
La transition politique et le consensus
D'immenses progrès ont été réalisés en Tunisie sur les cinq dernières années en matière de transition politique. La société civile a joué un rôle majeur dans la préservation des acquis sociétaux ayant toujours fait de la Tunisie une exception positive, avec notamment le code du Statut personnel et de la Famille, que plusieurs parties tunisiennes et étrangères rêvaient de mettre en pièces.
Le statut de la femme et son égalité juridique avec l'homme, l'interdiction de la polygamie, la non inscription de la chariaa dans la constitution ont fait l'objet de débats houleux et de coups de butoir à répétition. Seule la société civile, fortement attachée aux idées de progrès, a pu faire fléchir, par sa mobilisation permanente et ses dénonciations de toute velléité de recul, une majorité conservatrice au sein de la Constituante. Des tentatives de débordement par le crime organisé et la violence extrême ont cherché à plusieurs reprises à plonger le pays dans le chaos afin de favoriser un passage en force de sa salafisation.
Le coup d'État militaire en Égypte, à la fin juin 2013, la crainte de la contagion, mais aussi le blocage du pays dès juillet 2013, à la suite d'un deuxième assassinat politique d'un député du Front Populaire, et la très forte mobilisation de la société civile et de l'opposition libérale et moderniste au cours de tout l'été 2013, ont fini par avoir gain de cause de la permanente revendication, par les représentants de la Troïka, alors au pouvoir, de la « légitimité des urnes et de la souveraineté de l'assemblée ».
Un processus inédit de dialogue national a alors été initié sous l'égide de quatre organisations nationales, ce qui aura permis d'accélérer l'adoption consensuelle d'une Constitution saluée par le monde pour sa modernité, et de mettre en place un gouvernement de technocrates ayant pour mission d'organiser, dans des délais restreints, les élections présidentielle et législatives marquant le passage à la Seconde République.
L'absence de transition économique, la dégradation de la situation
La période de transition politique a été caractérisée par une forte contestation sociale, des grèves à répétition, une remise en cause de l'ordre passé avec ses injustices, ses discriminations et ses turpitudes, tout cela face à des pouvoirs politiques faibles car longtemps sans légitimité institutionnelle. La constitution antérieure avait été suspendue dès février 2011 et les pouvoirs en place géraient les affaires courantes dans le cadre d'un consensus aux règles non écrites mais tacitement partagées par une espèce de sagesse de l'ensemble de la classe politique.
L'écheveau était fragile mais, miraculeusement a tenu jusqu'aux élections de la constituante d'octobre 2011. Élue pour écrire une constitution, la constituante s'est auto-proclamée Assemblée Nationale Constituante, s'attribuant ainsi une mission - celle de légiférer - que les électeurs n'étaient pas censés lui avoir donnée par leur vote. Elle s'est dotée également d'une constitution provisoire dite Petite Constitution, qui aura permis de jeter les bases d'un nouveau système institutionnel. Elle était toutefois explicitement élue pour un an et aura finalement mis plus de trois ans pour terminer la rédaction et l'adoption de la nouvelle constitution, générant dès la fin de sa première année le mécontentement de tous ceux insuffisamment représentés dans l'hémicycle, mais aussi d'une importante composante de la société civile irritée par les infinies tergiversations des débats sur l'identité, des tentatives de remise en cause des acquis de la modernité tunisienne, ainsi que de ce que certains qualifiaient de putsch de la constituante contre le vote populaire, à la fois en termes de mission et de longévité.
Une croissance autour de 1,5 % par an et une inflation de 5 % l'an
Dans ce contexte d'une extrême fragilité, qui a failli basculer, à de multiples reprises, dans l'anarchie et le vide institutionnel, la réponse des politiques aux exigences économiques et sociales a relevé systématiquement du traitement social, souvent coûteux et inadapté. Les bas de laine laissés par l'ancien régime, produits non consommés de la privatisation de Tunisie Télécom, déficit budgétaire limité à 1%, endettement et service de la dette largement réduits depuis une dizaine d'années, ont été vite consommés, les réserves de la Banque Centrale ont été distribués en dividendes exceptionnels à l'État. Tout cela n'aura pas suffi et la Tunisie a repris le chemin d'un endettement accéléré et l'installation d'un multiple déficit : budgétaire, de la balance commerciale, de la balance des paiements, des entreprises publiques, des caisses sociales...
Les données socio-économiques mais aussi macroéconomiques se sont toutes dégradées sur les cinq dernières années. Le quotidien des populations s'est compliqué, le pouvoir d'achat s'est érodé avec une croissance atone, autour de 1,5% par an en moyenne et une inflation de 5% l'an sur les cinq dernières années. Le chômage est passé de 13% en 2011 à plus de 18% à fin 2012 et n'a dû son repli relatif, pour se stabiliser au-dessus de 15,5%, qu'à des recrutements massifs dans l'administration et les entreprises publiques.
Le déficit budgétaire est passé de moins de 1% en 2010 à 4,8% en 2015 après avoir culminé à plus de 7% en 2013. La masse salariale de la fonction publique a accaparé une part importante du budget de fonctionnement de l'État, passant de 41% en 2010 à plus de 50% actuellement. Elle représente plus de 13% du PIB.
La part du budget d'investissement public passe dans la même période de 24 % à moins de 14% du total du budget. L'investissement global, rapporté au PIB, passe de 24% à moins de 15%. L'épargne passe de 21% à 13%.
Pendant ce temps là, la couverture des importations par les exportations se dégrade, passant de 80% à moins de 70% et l'endettement public bondit de 40 % à 52%, avec une structure de plus en plus étrangère de la dette générant un risque de change élevé. La parité du dinar par rapport aux principales monnaies étrangères s'érode sérieusement. À titre d'exemple, le glissement du dinar par rapport au dollar américain affiche une moyenne annuelle de 7,5% entre 2010 et 2015.
Du recul de la bonne gouvernance aux exigences de rupture
Un rapport publié par la Banque Mondiale en 2008 portant sur l'ensemble de la region MENA était intitulé: "MENA Region: how to move from privilege to competition". À lui seul, ce titre résumait une grande partie de l'économie politique des pays de la région MENA d'alors. Partout, les richesses s'y sont développées sur les cinquante dernières années essentiellement sur des situations de rente, de privilèges et de proximité du pouvoir. Les régimes en place se sont toujours servis et ont servi « les copains et les coquins ». Les protections des situations de rente sont la règle et la concurrence est l'exception. Les coûts d'accès au marché de nouveaux entrants sont prohibitifs, et les rigidités des économies sont nombreuses et paralysantes.
En Tunisie, les politiques ont cru un moment qu'il suffisait de lutter contre la corruption et les turpitudes de l'ancien régime pour que la croissance se relève à des niveaux compatibles avec les besoins de la population et son bien être. Non seulement, cela ne s'est pas produit, mais la bonne gouvernance a reculé.
Un rapport publié en juin 2012 et établi conjointement par la Banque Africaine de Développement et le gouvernement tunisien, établissait que le potentiel de croissance de l'économie tunisienne s'établissait alors à moins de 5% l'an, niveau strictement insuffisant pour lutter efficacement contre les maux qui avaient engendré la révolution de 2010-2011, à savoir, le chômage, les inégalités régionales, la pauvreté, l'exclusion et les multiples discriminations.
La « chronique annoncée » de l'aggravation du chômage
Sur la décennie 2000-2010, la croissance moyenne en Tunisie a été de 5% pour les cinq premières années, et de 4% pour les cinq suivantes. À l'échelle mondiale, ces niveaux sont considérés comme élevés. En Tunisie, ils ont été strictement insuffisants pour faire face à la demande additionnelle d'emplois et éviter que le chômage ne s'approfondisse. Le modèle de développement qui était en place, et qui était fondé sur la sous-traitance et les avantages comparatifs de la proximité géographique et des faibles coûts de la main-d'oeuvre, ne permettait pas de créer plus de 15 000 emplois nouveaux par point de croissance.
La Tunisie a commémoré ces dernières semaines deux anniversaires fortement symboliques : d'abord celui des cinq ans de sa révolution pacifique, ensuite celui des soixante ans de son indépendance. Face à de telles échéances les citoyens tunisiens se posent légitimement une question aux multiples facettes : qu'avons-nous fait du temps passé? où en sommes-nous? où allons-nous?
La révolution tunisienne est née sur la base de trois revendications majeures longtemps non satisfaites. Dans son premier rapport sur le développement humain dans le monde arabe, publié en 2002, le Programme des Nations Unies pour le Développement pointait déjà, malgré de multiples avancées dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la disponibilité des infrastructures et des services publics urbains, trois insuffisances notoires, largement partagées par l'ensemble des pays arabes. Ce sont ces mêmes insuffisances qui étaient derrière les fortes revendications des jeunes descendus dans la rue en 2011.
« Ils réclamaient la liberté, la dignité et l'emploi »
Il s'agissait d'une exigence de plus de libertés, liberté d'expression, de réunion, d'opinion, d'organisation et de manifestation, d'une exigence de meilleures conditions sociales et enfin d'une exigence de plus grandes opportunités économiques.
Telles étaient les graines ensemencées par les jeunes et les moins jeunes qui étaient d'abord descendus dans les rues des bourgades du centre ouest de la Tunisie, avant d'entraîner les classes moyennes urbaines. Leurs slogans étaient simples. Ils réclamaient la liberté, la dignité et l'emploi. Ils étaient spontanés, sans encadrement politique ni référentiel idéologique.
Cinq ans plus tard, que sont devenus leurs rêves, leurs revendications et leurs espérances ?
La transition politique et le consensus
D'immenses progrès ont été réalisés en Tunisie sur les cinq dernières années en matière de transition politique. La société civile a joué un rôle majeur dans la préservation des acquis sociétaux ayant toujours fait de la Tunisie une exception positive, avec notamment le code du Statut personnel et de la Famille, que plusieurs parties tunisiennes et étrangères rêvaient de mettre en pièces.
Le statut de la femme et son égalité juridique avec l'homme, l'interdiction de la polygamie, la non inscription de la chariaa dans la constitution ont fait l'objet de débats houleux et de coups de butoir à répétition. Seule la société civile, fortement attachée aux idées de progrès, a pu faire fléchir, par sa mobilisation permanente et ses dénonciations de toute velléité de recul, une majorité conservatrice au sein de la Constituante. Des tentatives de débordement par le crime organisé et la violence extrême ont cherché à plusieurs reprises à plonger le pays dans le chaos afin de favoriser un passage en force de sa salafisation.
Le coup d'État militaire en Égypte, à la fin juin 2013, la crainte de la contagion, mais aussi le blocage du pays dès juillet 2013, à la suite d'un deuxième assassinat politique d'un député du Front Populaire, et la très forte mobilisation de la société civile et de l'opposition libérale et moderniste au cours de tout l'été 2013, ont fini par avoir gain de cause de la permanente revendication, par les représentants de la Troïka, alors au pouvoir, de la « légitimité des urnes et de la souveraineté de l'assemblée ».
Un processus inédit de dialogue national a alors été initié sous l'égide de quatre organisations nationales, ce qui aura permis d'accélérer l'adoption consensuelle d'une Constitution saluée par le monde pour sa modernité, et de mettre en place un gouvernement de technocrates ayant pour mission d'organiser, dans des délais restreints, les élections présidentielle et législatives marquant le passage à la Seconde République.
L'absence de transition économique, la dégradation de la situation
La période de transition politique a été caractérisée par une forte contestation sociale, des grèves à répétition, une remise en cause de l'ordre passé avec ses injustices, ses discriminations et ses turpitudes, tout cela face à des pouvoirs politiques faibles car longtemps sans légitimité institutionnelle. La constitution antérieure avait été suspendue dès février 2011 et les pouvoirs en place géraient les affaires courantes dans le cadre d'un consensus aux règles non écrites mais tacitement partagées par une espèce de sagesse de l'ensemble de la classe politique.
L'écheveau était fragile mais, miraculeusement a tenu jusqu'aux élections de la constituante d'octobre 2011. Élue pour écrire une constitution, la constituante s'est auto-proclamée Assemblée Nationale Constituante, s'attribuant ainsi une mission - celle de légiférer - que les électeurs n'étaient pas censés lui avoir donnée par leur vote. Elle s'est dotée également d'une constitution provisoire dite Petite Constitution, qui aura permis de jeter les bases d'un nouveau système institutionnel. Elle était toutefois explicitement élue pour un an et aura finalement mis plus de trois ans pour terminer la rédaction et l'adoption de la nouvelle constitution, générant dès la fin de sa première année le mécontentement de tous ceux insuffisamment représentés dans l'hémicycle, mais aussi d'une importante composante de la société civile irritée par les infinies tergiversations des débats sur l'identité, des tentatives de remise en cause des acquis de la modernité tunisienne, ainsi que de ce que certains qualifiaient de putsch de la constituante contre le vote populaire, à la fois en termes de mission et de longévité.
Une croissance autour de 1,5 % par an et une inflation de 5 % l'an
Dans ce contexte d'une extrême fragilité, qui a failli basculer, à de multiples reprises, dans l'anarchie et le vide institutionnel, la réponse des politiques aux exigences économiques et sociales a relevé systématiquement du traitement social, souvent coûteux et inadapté. Les bas de laine laissés par l'ancien régime, produits non consommés de la privatisation de Tunisie Télécom, déficit budgétaire limité à 1%, endettement et service de la dette largement réduits depuis une dizaine d'années, ont été vite consommés, les réserves de la Banque Centrale ont été distribués en dividendes exceptionnels à l'État. Tout cela n'aura pas suffi et la Tunisie a repris le chemin d'un endettement accéléré et l'installation d'un multiple déficit : budgétaire, de la balance commerciale, de la balance des paiements, des entreprises publiques, des caisses sociales...
Les données socio-économiques mais aussi macroéconomiques se sont toutes dégradées sur les cinq dernières années. Le quotidien des populations s'est compliqué, le pouvoir d'achat s'est érodé avec une croissance atone, autour de 1,5% par an en moyenne et une inflation de 5% l'an sur les cinq dernières années. Le chômage est passé de 13% en 2011 à plus de 18% à fin 2012 et n'a dû son repli relatif, pour se stabiliser au-dessus de 15,5%, qu'à des recrutements massifs dans l'administration et les entreprises publiques.
Le déficit budgétaire est passé de moins de 1% en 2010 à 4,8% en 2015 après avoir culminé à plus de 7% en 2013. La masse salariale de la fonction publique a accaparé une part importante du budget de fonctionnement de l'État, passant de 41% en 2010 à plus de 50% actuellement. Elle représente plus de 13% du PIB.
La part du budget d'investissement public passe dans la même période de 24 % à moins de 14% du total du budget. L'investissement global, rapporté au PIB, passe de 24% à moins de 15%. L'épargne passe de 21% à 13%.
Pendant ce temps là, la couverture des importations par les exportations se dégrade, passant de 80% à moins de 70% et l'endettement public bondit de 40 % à 52%, avec une structure de plus en plus étrangère de la dette générant un risque de change élevé. La parité du dinar par rapport aux principales monnaies étrangères s'érode sérieusement. À titre d'exemple, le glissement du dinar par rapport au dollar américain affiche une moyenne annuelle de 7,5% entre 2010 et 2015.
Du recul de la bonne gouvernance aux exigences de rupture
Un rapport publié par la Banque Mondiale en 2008 portant sur l'ensemble de la region MENA était intitulé: "MENA Region: how to move from privilege to competition". À lui seul, ce titre résumait une grande partie de l'économie politique des pays de la région MENA d'alors. Partout, les richesses s'y sont développées sur les cinquante dernières années essentiellement sur des situations de rente, de privilèges et de proximité du pouvoir. Les régimes en place se sont toujours servis et ont servi « les copains et les coquins ». Les protections des situations de rente sont la règle et la concurrence est l'exception. Les coûts d'accès au marché de nouveaux entrants sont prohibitifs, et les rigidités des économies sont nombreuses et paralysantes.
En Tunisie, les politiques ont cru un moment qu'il suffisait de lutter contre la corruption et les turpitudes de l'ancien régime pour que la croissance se relève à des niveaux compatibles avec les besoins de la population et son bien être. Non seulement, cela ne s'est pas produit, mais la bonne gouvernance a reculé.
Un rapport publié en juin 2012 et établi conjointement par la Banque Africaine de Développement et le gouvernement tunisien, établissait que le potentiel de croissance de l'économie tunisienne s'établissait alors à moins de 5% l'an, niveau strictement insuffisant pour lutter efficacement contre les maux qui avaient engendré la révolution de 2010-2011, à savoir, le chômage, les inégalités régionales, la pauvreté, l'exclusion et les multiples discriminations.
La « chronique annoncée » de l'aggravation du chômage
Sur la décennie 2000-2010, la croissance moyenne en Tunisie a été de 5% pour les cinq premières années, et de 4% pour les cinq suivantes. À l'échelle mondiale, ces niveaux sont considérés comme élevés. En Tunisie, ils ont été strictement insuffisants pour faire face à la demande additionnelle d'emplois et éviter que le chômage ne s'approfondisse. Le modèle de développement qui était en place, et qui était fondé sur la sous-traitance et les avantages comparatifs de la proximité géographique et des faibles coûts de la main-d'oeuvre, ne permettait pas de créer plus de 15 000 emplois nouveaux par point de croissance.
Commentaire