Cette question peut paraître un peu incongrue, les gitans ne faisant a priori pas partie de la mosaïque d’ethnies qui peuplent le pays. Pourtant, au XIXe siècle, leur présence est attestée au sein de l’empire chérifien.
A l’origine, les Roms1 sont originaires des cités de l’Ouest des Indes, entre le Moyen-Indus et le Rajasthan. Il s’agit d’une caste inférieure, les Kalbeliyas, spécialisée dans l’attraction foraine, la danse, le chant, la magie et la divination. Ils existent toujours dans le sous-continent aujourd’hui et refusent tout mélange avec les autres castes indiennes. Généralement nomades, les Kalbeliyas vénèrent leur propre Dieu, comme chacune des milliers de castes de cette civilisation.
Au cours du Moyen-Age, un événement, voire peut-être une série d’épisodes, semble avoir modifié leur situation et les avoir poussé à voyager au cœur du monde islamique. Certaines sources font référence à Mahmoud de Ghazni, militaire d’origine turque au service de l’empire tadjik de Bukhara, qui étend sa principauté, à l’aube du XIe siècle, au Pakistan actuel et écrase la cité de Multan. Il aurait alors procédé à la déportation d’une partie de la population, dont une caste spécialisée dans l’élevage de chevaux, pour ses étables.
Au cours des deux siècles suivants, entre l’invasion turkmène des Seljoukides (XIe siècle) et l’invasion mongole des Gengiskhanides (XIIIe siècle), de nombreux groupes de cette caste nomade ont sans doute peuplé l’Asie Centrale (ils sont aujourd’hui nombreux dans la région de Samarkand en Ouzbékistan et sont appelés Multans). La majorité de la communauté aurait alors migré au sein de ce qui restait de l’empire byzantin, dans les zones contrôlées par les Turkmènes (sultanat de Konya), les principautés orthodoxes d’Epire, de Nicée et dans l’éphémère empire latin de Constantinople, puis dans les principautés bulgares et serbes en construction.
Tzigane, Gypsy, Gitano…
Cette peuplade reçut alors le surnom d’Atsynganoi (ceux qu’on ne touche pas), en raison de leur refus d’être touchés par des inférieurs selon le principe des castes. C’est l’origine des termes Zingari en italien, Zigan en roumain, Chinghan en turc, Jinghansh en syrien, Zinguenner en allemand et donc Tziganes. Ils mendiaient, s’occupaient de menus travaux comme la vannerie ou la chaudronnerie et, bien sûr, dansaient, chantaient et disaient la bonne aventure. Leur caractère apatride et nomade était compensé par leur empressement, sans doute dès les XIIIe et XIVe siècles, à se convertir à la religion dominante ou majoritaire du lieu où ils résidaient. Encore aujourd’hui, la majorité des Roms du Moyen-Orient sont musulmans (dans les Balkans, islamisés à l’époque ottomane, mais aussi et surtout en Turquie et en Syrie). Juste après viennent les orthodoxes (dans les Balkans et en Roumanie).
Les Tziganes semblent s’être installés massivement dans une région de Grèce appelée « petite Egypte », peut-être en raison du Gypse qu’on y produisait ou de son paysage. Une branche du groupe reçut le nom de Gypsi-Gyptiani, origine du terme anglais gypsy et de l’espagnol gitano. Progressivement, à la fin du Moyen-Age, les Tziganes s’invitèrent au sein du Saint Empire germanique et une partie d’entre eux reçurent du roi de Bohème (actuelle Tchéquie) un sauf-conduit, une sorte de passeport qui leur permettait de voyager dans le Saint Empire. C’est alors, à l’aube du XVe siècle, que les Français les découvrirent, sous le nom de Bohémiens.
Deux siècles plus tard, une grande migration conduisit un groupe très important en Espagne, et surtout en Andalousie, largement sous-peuplée depuis la chute de Grenade et la fuite progressive, puis l’expulsion générale, en 1609, des musulmans espagnols. C’est dans ce contexte qu’ils se sont imprégnés de la culture andalouse et qu’apparut la danse et la musique flamenco, ainsi que de nombreuses évolutions modernes de la culture andalouse. Les Gitanos, ou « ghwétanes » en dialecte andalou, se sont ainsi fait les transmetteurs d’une partie de la culture morisque espagnole du petit peuple. Ils ont préservé l’identité multiple d’une Espagne qui refusait alors toute hétérogénéité. Enfin, par leur mode de vie conservateur, ils ont maintenu vivante une autre Espagne et l’ont délivrée au monde moderne.
Les « Jenkanes » du Maroc
Au Maroc, au XIXe siècle, les Roms sont connus sous leur nom gréco-turc, sans doute par l’italien ou le syro-arabe : Jinghan/Jinqan/Jingan. Les sources occidentales le transcrivent sous la forme Jenkanes. Ils étaient alors plusieurs dizaines de milliers et s’exprimaient, à en croire nos sources, avant tout en arabe et en berbère, avec autant d’aisance dans une langue que dans l’autre ! Apparemment, vers 1890, ils ne parlaient plus le romani, la langue indienne de leurs ancêtres, mais il n’est pas non plus attesté qu’ils se soient exprimés naturellement en hispano-andalou, à part peut-être dans les cités morisques de Rabat-Salé ou Tétouan, où cette langue restait en usage, en particulier chez les juifs. Les femmes de cette communauté pratiquaient la voyance dans les lignes de la main (chiromancie), tandis que leurs hommes étaient réputés pour leurs arnaques, vols et autres filouteries. Plus sérieusement, ils étaient spécialisés, comme les Roms du reste du monde, dans le commerce des chevaux.
On ignore comment les Jenkanes sont arrivés au Maroc. Certains proposent une immigration interne au monde islamique depuis la Syrie (où ils sont extrêmement nombreux, essentiellement en Haute-Mésopotamie et dans la région d’Alep) à travers l’Afrique du Nord. D’autres, plus nombreux à l’époque, supposaient une immigration de Gitanos (Ciganos en portugais) andalous, parallèlement à l’immigration des morisques et des renégats (XVIe siècle), ou plus tard, si on en croit l’absence d’informations sur leur compte avant 1860.
Cependant, Léon l’Africain note bien, au début du XVIe siècle, une communauté qu’il associe aux charmeurs de serpents et montreurs de singes (activité qu’ils pratiquent en Asie Centrale et en Inde), appelés en Italie Ciurmatori. Ils chantent « chansons et rimes folles » et jouent du « tambour, harpe et cistre », ils « pratiquent la géomancie » et « vendent des filtres et des charmes au vulgaire ». En sus, une autre activité commune aux gitans : « Ils élèvent des étalons de race qu’ils louent aux particuliers pour féconder leurs juments ».
Une grande fusion
Il pourrait donc y avoir eu une sorte de fusion entre des « Jinghanes » orientaux et des Gitanos passés par l’Espagne trop peu longtemps pour apprendre l’espagnol et qui, en l’espace de deux siècles, se seraient mêlés linguistiquement aux autochtones maghrébins. Cette hypothèse n’est pas improbable lorsque l’on voit fusionner des groupes depuis longtemps distincts, comme les Bohémiens français et les Gitanos andalous immigrés en France, formant peu à peu la communauté disparate des « gens du voyage »2.
Autre élément typique du fait gitan dans le monde, les Jenkanes se vantaient d’être les meilleurs musulmans possible, tandis qu’on les suspectait de ne pas être si bon pratiquants que cela… En effet, nous l’avons évoqué plus haut, les Roms adoptent toujours la religion majoritaire ou dominante où ils résident.
Les Tziganes, dans le souvenir de certains maghrébins du nord, comme le site Internet de la diaspora juive en atteste, portaient des noms espagnols (Jimenes, Flores…). Ils tiraient les cartes (tarot), lisaient les lignes de la main et dansaient et chantaient dans les « comparsas »3. Il y a fort à parier que ces groupes soient venus, eux, plus récemment, d’Espagne, avec l’importante immigration d’Espagnols catholiques entre 1840 et 1956 à Tanger, Tétouan et Larache principalement. Il s’agissait donc de Gitanos, qui auraient été jusqu’à 800 au Maroc et n’ont guère à voir avec les Jenkanes. La seule trace attestant de la présence de ce groupe, c’est le patronyme Jenkane (ou Djenkane), qui apparaît ponctuellement dans les annuaires algéro-marocains.
Les Gzzâna d’Algérie
Un chercheur européen d’Algérie, Paul Bataillard, proposa en 1873 une étude, laissée sans suite, sur les « Bohémiens d’Algérie ». Il présentait l’immigration de Gitanos comme un phénomène nouveau, lié à la colonisation de l’Algérie mais aussi à la forte mobilité humaine et ouvrière de ce siècle, notamment au Maroc.
Il distinguait cependant cette communauté des Gsani, Gzâna/Dzâna, attestée dans les bidonvilles des faubourgs d’Alger, lesquels ne se mélangeaient pas avec les autochtones et disaient la bonne aventure. Ces éléments nord-algériens semblaient avoir disparu en 1873, mais des Gzânât venues du Sud et apparemment du Maroc disaient la bonne aventure par géomancie ou « disposition des substances » (terre, eau, feu), surtout dans l’intérieur algérien. En dialecte arabe maghrébin, Gzân signifiait alors « dire la vérité », il se retrouvait en dialecte kabyle sous la forme Agezzân, c’est-à-dire le magicien.
Soit le terme Gzân est bien une « corruption » de Zgan (tzigane), par interversion des consonnes, ce qui se produit assez souvent en arabe maghrébin, soit ce n’est pas le cas, et c’est à l’inverse une contamination du mot « berbéro-africain » Agezzân à l’arabe maghrébin et, pourquoi pas, à l’espagnol sous la forme « Gitano », qui ne serait alors pas une évolution de Gyptiano. Gzân et Aguezzân pourraient à l’inverse venir du terme Gitano.
Paul Bataillard compare un autre phénomène, celui de ces filles appelées « Naïliettes », du nom de leur tribu (Oulad Na’il), qui se prostituent auprès des soldats et sont ensuite réintégrées à l’ordre tribal, devenant des femmes fidèles. Ce phénomène se rapprochait de la tribu des Ghawâsi égyptiens, ou des Ghiovendé de Turquie, reconnus là-bas comme tziganes.
A l’origine, les Roms1 sont originaires des cités de l’Ouest des Indes, entre le Moyen-Indus et le Rajasthan. Il s’agit d’une caste inférieure, les Kalbeliyas, spécialisée dans l’attraction foraine, la danse, le chant, la magie et la divination. Ils existent toujours dans le sous-continent aujourd’hui et refusent tout mélange avec les autres castes indiennes. Généralement nomades, les Kalbeliyas vénèrent leur propre Dieu, comme chacune des milliers de castes de cette civilisation.
Au cours du Moyen-Age, un événement, voire peut-être une série d’épisodes, semble avoir modifié leur situation et les avoir poussé à voyager au cœur du monde islamique. Certaines sources font référence à Mahmoud de Ghazni, militaire d’origine turque au service de l’empire tadjik de Bukhara, qui étend sa principauté, à l’aube du XIe siècle, au Pakistan actuel et écrase la cité de Multan. Il aurait alors procédé à la déportation d’une partie de la population, dont une caste spécialisée dans l’élevage de chevaux, pour ses étables.
Au cours des deux siècles suivants, entre l’invasion turkmène des Seljoukides (XIe siècle) et l’invasion mongole des Gengiskhanides (XIIIe siècle), de nombreux groupes de cette caste nomade ont sans doute peuplé l’Asie Centrale (ils sont aujourd’hui nombreux dans la région de Samarkand en Ouzbékistan et sont appelés Multans). La majorité de la communauté aurait alors migré au sein de ce qui restait de l’empire byzantin, dans les zones contrôlées par les Turkmènes (sultanat de Konya), les principautés orthodoxes d’Epire, de Nicée et dans l’éphémère empire latin de Constantinople, puis dans les principautés bulgares et serbes en construction.
Tzigane, Gypsy, Gitano…
Cette peuplade reçut alors le surnom d’Atsynganoi (ceux qu’on ne touche pas), en raison de leur refus d’être touchés par des inférieurs selon le principe des castes. C’est l’origine des termes Zingari en italien, Zigan en roumain, Chinghan en turc, Jinghansh en syrien, Zinguenner en allemand et donc Tziganes. Ils mendiaient, s’occupaient de menus travaux comme la vannerie ou la chaudronnerie et, bien sûr, dansaient, chantaient et disaient la bonne aventure. Leur caractère apatride et nomade était compensé par leur empressement, sans doute dès les XIIIe et XIVe siècles, à se convertir à la religion dominante ou majoritaire du lieu où ils résidaient. Encore aujourd’hui, la majorité des Roms du Moyen-Orient sont musulmans (dans les Balkans, islamisés à l’époque ottomane, mais aussi et surtout en Turquie et en Syrie). Juste après viennent les orthodoxes (dans les Balkans et en Roumanie).
Les Tziganes semblent s’être installés massivement dans une région de Grèce appelée « petite Egypte », peut-être en raison du Gypse qu’on y produisait ou de son paysage. Une branche du groupe reçut le nom de Gypsi-Gyptiani, origine du terme anglais gypsy et de l’espagnol gitano. Progressivement, à la fin du Moyen-Age, les Tziganes s’invitèrent au sein du Saint Empire germanique et une partie d’entre eux reçurent du roi de Bohème (actuelle Tchéquie) un sauf-conduit, une sorte de passeport qui leur permettait de voyager dans le Saint Empire. C’est alors, à l’aube du XVe siècle, que les Français les découvrirent, sous le nom de Bohémiens.
Deux siècles plus tard, une grande migration conduisit un groupe très important en Espagne, et surtout en Andalousie, largement sous-peuplée depuis la chute de Grenade et la fuite progressive, puis l’expulsion générale, en 1609, des musulmans espagnols. C’est dans ce contexte qu’ils se sont imprégnés de la culture andalouse et qu’apparut la danse et la musique flamenco, ainsi que de nombreuses évolutions modernes de la culture andalouse. Les Gitanos, ou « ghwétanes » en dialecte andalou, se sont ainsi fait les transmetteurs d’une partie de la culture morisque espagnole du petit peuple. Ils ont préservé l’identité multiple d’une Espagne qui refusait alors toute hétérogénéité. Enfin, par leur mode de vie conservateur, ils ont maintenu vivante une autre Espagne et l’ont délivrée au monde moderne.
Les « Jenkanes » du Maroc
Au Maroc, au XIXe siècle, les Roms sont connus sous leur nom gréco-turc, sans doute par l’italien ou le syro-arabe : Jinghan/Jinqan/Jingan. Les sources occidentales le transcrivent sous la forme Jenkanes. Ils étaient alors plusieurs dizaines de milliers et s’exprimaient, à en croire nos sources, avant tout en arabe et en berbère, avec autant d’aisance dans une langue que dans l’autre ! Apparemment, vers 1890, ils ne parlaient plus le romani, la langue indienne de leurs ancêtres, mais il n’est pas non plus attesté qu’ils se soient exprimés naturellement en hispano-andalou, à part peut-être dans les cités morisques de Rabat-Salé ou Tétouan, où cette langue restait en usage, en particulier chez les juifs. Les femmes de cette communauté pratiquaient la voyance dans les lignes de la main (chiromancie), tandis que leurs hommes étaient réputés pour leurs arnaques, vols et autres filouteries. Plus sérieusement, ils étaient spécialisés, comme les Roms du reste du monde, dans le commerce des chevaux.
On ignore comment les Jenkanes sont arrivés au Maroc. Certains proposent une immigration interne au monde islamique depuis la Syrie (où ils sont extrêmement nombreux, essentiellement en Haute-Mésopotamie et dans la région d’Alep) à travers l’Afrique du Nord. D’autres, plus nombreux à l’époque, supposaient une immigration de Gitanos (Ciganos en portugais) andalous, parallèlement à l’immigration des morisques et des renégats (XVIe siècle), ou plus tard, si on en croit l’absence d’informations sur leur compte avant 1860.
Cependant, Léon l’Africain note bien, au début du XVIe siècle, une communauté qu’il associe aux charmeurs de serpents et montreurs de singes (activité qu’ils pratiquent en Asie Centrale et en Inde), appelés en Italie Ciurmatori. Ils chantent « chansons et rimes folles » et jouent du « tambour, harpe et cistre », ils « pratiquent la géomancie » et « vendent des filtres et des charmes au vulgaire ». En sus, une autre activité commune aux gitans : « Ils élèvent des étalons de race qu’ils louent aux particuliers pour féconder leurs juments ».
Une grande fusion
Il pourrait donc y avoir eu une sorte de fusion entre des « Jinghanes » orientaux et des Gitanos passés par l’Espagne trop peu longtemps pour apprendre l’espagnol et qui, en l’espace de deux siècles, se seraient mêlés linguistiquement aux autochtones maghrébins. Cette hypothèse n’est pas improbable lorsque l’on voit fusionner des groupes depuis longtemps distincts, comme les Bohémiens français et les Gitanos andalous immigrés en France, formant peu à peu la communauté disparate des « gens du voyage »2.
Autre élément typique du fait gitan dans le monde, les Jenkanes se vantaient d’être les meilleurs musulmans possible, tandis qu’on les suspectait de ne pas être si bon pratiquants que cela… En effet, nous l’avons évoqué plus haut, les Roms adoptent toujours la religion majoritaire ou dominante où ils résident.
Les Tziganes, dans le souvenir de certains maghrébins du nord, comme le site Internet de la diaspora juive en atteste, portaient des noms espagnols (Jimenes, Flores…). Ils tiraient les cartes (tarot), lisaient les lignes de la main et dansaient et chantaient dans les « comparsas »3. Il y a fort à parier que ces groupes soient venus, eux, plus récemment, d’Espagne, avec l’importante immigration d’Espagnols catholiques entre 1840 et 1956 à Tanger, Tétouan et Larache principalement. Il s’agissait donc de Gitanos, qui auraient été jusqu’à 800 au Maroc et n’ont guère à voir avec les Jenkanes. La seule trace attestant de la présence de ce groupe, c’est le patronyme Jenkane (ou Djenkane), qui apparaît ponctuellement dans les annuaires algéro-marocains.
Les Gzzâna d’Algérie
Un chercheur européen d’Algérie, Paul Bataillard, proposa en 1873 une étude, laissée sans suite, sur les « Bohémiens d’Algérie ». Il présentait l’immigration de Gitanos comme un phénomène nouveau, lié à la colonisation de l’Algérie mais aussi à la forte mobilité humaine et ouvrière de ce siècle, notamment au Maroc.
Il distinguait cependant cette communauté des Gsani, Gzâna/Dzâna, attestée dans les bidonvilles des faubourgs d’Alger, lesquels ne se mélangeaient pas avec les autochtones et disaient la bonne aventure. Ces éléments nord-algériens semblaient avoir disparu en 1873, mais des Gzânât venues du Sud et apparemment du Maroc disaient la bonne aventure par géomancie ou « disposition des substances » (terre, eau, feu), surtout dans l’intérieur algérien. En dialecte arabe maghrébin, Gzân signifiait alors « dire la vérité », il se retrouvait en dialecte kabyle sous la forme Agezzân, c’est-à-dire le magicien.
Soit le terme Gzân est bien une « corruption » de Zgan (tzigane), par interversion des consonnes, ce qui se produit assez souvent en arabe maghrébin, soit ce n’est pas le cas, et c’est à l’inverse une contamination du mot « berbéro-africain » Agezzân à l’arabe maghrébin et, pourquoi pas, à l’espagnol sous la forme « Gitano », qui ne serait alors pas une évolution de Gyptiano. Gzân et Aguezzân pourraient à l’inverse venir du terme Gitano.
Paul Bataillard compare un autre phénomène, celui de ces filles appelées « Naïliettes », du nom de leur tribu (Oulad Na’il), qui se prostituent auprès des soldats et sont ensuite réintégrées à l’ordre tribal, devenant des femmes fidèles. Ce phénomène se rapprochait de la tribu des Ghawâsi égyptiens, ou des Ghiovendé de Turquie, reconnus là-bas comme tziganes.
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