Un investissement d’un milliard de DH à Jorf Lasfar
Le secteur «dopé» par une protection jusqu’à fin 2018
Six mois d’activité encourageants pour le nouveau challenger
Deux ans de course et de sueur. Riva Industrie a coûté un milliard de DH à ses fondateurs. La très discrète famille Belmekki originaire de la région d’Errachidia . «Nous l’avons financé à 100% par nos fonds propres. Sans aucun recours ni aux banques ni aux subventions publiques», insiste notre interlocuteur en nous faisant visiter en avant première l’usine à Jorf Lasfar. L’allusion à l’origine du financement n’est pas fortuite. D’une part, le montant de l’investissement laisse perplexe certains observateurs du marché. D’autre part, ce projet «d’envergure nationale» se réalise dans un contexte très critique.
L’épisode Maghreb Steel -unique producteur local d’acier plat- a laissé des séquelles auprès des banquiers tout en mettant entre parenthèses la survie de la chaine en aval (cf. L’Economiste du 12 juin 2014). Celle des transformateurs de tôle notamment. L’heure n’est pas non plus à la rigolade chez les producteurs de produits longs (fer à béton, fil machine...). L’instauration puis la prorogation des mesures de sauvegarde jusqu’à fin 2018 a laissé un goût amer chez les contestataires. Et ce malgré les quotas affranchis de droit d’importation fixés à 550 DH/tonne.
Ce thriller industriel n’a pas vraiment miné l’optimisme de notre hôte. «Au lieu de se limiter au négoce (des matériaux de construction), nous avons estimé bon de nous lancer dans une production aux standards internationaux», argue le patron quadragénaire. Faire d’une pierre deux coups: «Couvrir les besoins du marché domestique et faire face aux appétits expansionnistes des exportateurs. Le but est de passer de 60% de produits importés à 15% d’ici 2025», poursuit le management.
Les débuts de Riva Industrie semblent prometteurs. La commercialisation a été lancée après quelques mois d’essai. En six mois à peine, de juin à fin 2015, le nouvel entrant a pu réaliser 850 millions de DH! De quoi susciter des jalousies. «Et encore, nous n’avons travaillé qu’en basse activité. Avec ainsi dire un faible taux d’occupation des machines. Soit un seul shift sur trois», précise Nadia Bouayad, directrice des affaires générales de Meski Holding. Pour 2016, le chiffre d’affaires prévisionnel ferait baver des concurrents envieux: 2,2 milliards de DH.
Avec son casque de sécurité vissé sur la tête, le DG de Riva Industrie prend le relais. Mohammed Chami, M. Technique, montre ses machines et présente ses hommes tout en insistant sur un équipement «de la toute dernière technologie» du lamineur (2014): automatisme, télécoms....
«Nous sommes connectés 24/24h avec le fournisseur de nos engins pour résoudre d’éventuels incidents techniques», explique l’ex-haut cadre de Sonasid converti dans le consulting avant de renouer avec ses vieilles amours. L’Italien NCO assure ainsi un accompagnement technique «en vue de la montée en puissance de l’usine». Une seule ligne de production est actuellement en marche. Le programme d’extension compte 4 autres laminoirs. Ils seront destinés à la production des aciers spéciaux (automobile principalement), aux sections (construction métallique, chaudronnerie-ferronnerie...). Les travaux de terrassement sont déjà en cours et ceux du futur centre de formation sont quasiment terminés. Riva Industrie et son fournisseur italien ont convenu un transfert de savoir-faire sur cinq ans.
Le PDG du groupe ne zappe pas le volet écolo. Les bassins de la station de traitement d’eaux usées donnent des envies de baignade. 40 millions de DH pour mettre sur pied ce joujou environnemental. La présentation serait incomplète sans l’évocation du volet normatif: «Nous sommes conformes à 30 normes internationales», assure le management. Toujours pour défendre la pertinence de son investissement, le numéro1 revient sur la logistique: «La proximité des infrastructures portuaires et ferroviaires de Jorf Lasfar sera mise au service de la production». D’où l’emplacement du site de 35 ha dans la zone industrielle aménagée par MedZ. «Il ne faut surtout pas confondre vitesse et précipitation» comme disait Napoléon. Chaque nouveau laminoir ne sera lancé qu’après la maitrise du process de la ligne de production l’ayant précédé.
Le fer à béton servira de «produit d’appel indispensable» pour couvrir les charges fixes. «C’est un peu la baguette pour une boulangerie», commente le DG de Riva Industrie. L’arrivée d’un challenger reconfigure le marché. Ce qui ne risque pas d’être du goût de tout le monde.
l'économiste
Le secteur «dopé» par une protection jusqu’à fin 2018
Six mois d’activité encourageants pour le nouveau challenger
Deux ans de course et de sueur. Riva Industrie a coûté un milliard de DH à ses fondateurs. La très discrète famille Belmekki originaire de la région d’Errachidia . «Nous l’avons financé à 100% par nos fonds propres. Sans aucun recours ni aux banques ni aux subventions publiques», insiste notre interlocuteur en nous faisant visiter en avant première l’usine à Jorf Lasfar. L’allusion à l’origine du financement n’est pas fortuite. D’une part, le montant de l’investissement laisse perplexe certains observateurs du marché. D’autre part, ce projet «d’envergure nationale» se réalise dans un contexte très critique.
L’épisode Maghreb Steel -unique producteur local d’acier plat- a laissé des séquelles auprès des banquiers tout en mettant entre parenthèses la survie de la chaine en aval (cf. L’Economiste du 12 juin 2014). Celle des transformateurs de tôle notamment. L’heure n’est pas non plus à la rigolade chez les producteurs de produits longs (fer à béton, fil machine...). L’instauration puis la prorogation des mesures de sauvegarde jusqu’à fin 2018 a laissé un goût amer chez les contestataires. Et ce malgré les quotas affranchis de droit d’importation fixés à 550 DH/tonne.
Ce thriller industriel n’a pas vraiment miné l’optimisme de notre hôte. «Au lieu de se limiter au négoce (des matériaux de construction), nous avons estimé bon de nous lancer dans une production aux standards internationaux», argue le patron quadragénaire. Faire d’une pierre deux coups: «Couvrir les besoins du marché domestique et faire face aux appétits expansionnistes des exportateurs. Le but est de passer de 60% de produits importés à 15% d’ici 2025», poursuit le management.
Les débuts de Riva Industrie semblent prometteurs. La commercialisation a été lancée après quelques mois d’essai. En six mois à peine, de juin à fin 2015, le nouvel entrant a pu réaliser 850 millions de DH! De quoi susciter des jalousies. «Et encore, nous n’avons travaillé qu’en basse activité. Avec ainsi dire un faible taux d’occupation des machines. Soit un seul shift sur trois», précise Nadia Bouayad, directrice des affaires générales de Meski Holding. Pour 2016, le chiffre d’affaires prévisionnel ferait baver des concurrents envieux: 2,2 milliards de DH.
Avec son casque de sécurité vissé sur la tête, le DG de Riva Industrie prend le relais. Mohammed Chami, M. Technique, montre ses machines et présente ses hommes tout en insistant sur un équipement «de la toute dernière technologie» du lamineur (2014): automatisme, télécoms....
«Nous sommes connectés 24/24h avec le fournisseur de nos engins pour résoudre d’éventuels incidents techniques», explique l’ex-haut cadre de Sonasid converti dans le consulting avant de renouer avec ses vieilles amours. L’Italien NCO assure ainsi un accompagnement technique «en vue de la montée en puissance de l’usine». Une seule ligne de production est actuellement en marche. Le programme d’extension compte 4 autres laminoirs. Ils seront destinés à la production des aciers spéciaux (automobile principalement), aux sections (construction métallique, chaudronnerie-ferronnerie...). Les travaux de terrassement sont déjà en cours et ceux du futur centre de formation sont quasiment terminés. Riva Industrie et son fournisseur italien ont convenu un transfert de savoir-faire sur cinq ans.
Le PDG du groupe ne zappe pas le volet écolo. Les bassins de la station de traitement d’eaux usées donnent des envies de baignade. 40 millions de DH pour mettre sur pied ce joujou environnemental. La présentation serait incomplète sans l’évocation du volet normatif: «Nous sommes conformes à 30 normes internationales», assure le management. Toujours pour défendre la pertinence de son investissement, le numéro1 revient sur la logistique: «La proximité des infrastructures portuaires et ferroviaires de Jorf Lasfar sera mise au service de la production». D’où l’emplacement du site de 35 ha dans la zone industrielle aménagée par MedZ. «Il ne faut surtout pas confondre vitesse et précipitation» comme disait Napoléon. Chaque nouveau laminoir ne sera lancé qu’après la maitrise du process de la ligne de production l’ayant précédé.
Le fer à béton servira de «produit d’appel indispensable» pour couvrir les charges fixes. «C’est un peu la baguette pour une boulangerie», commente le DG de Riva Industrie. L’arrivée d’un challenger reconfigure le marché. Ce qui ne risque pas d’être du goût de tout le monde.
l'économiste
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