Entre le pessimisme des experts qui se penchent sur la vulnérabilité de l’économie algérienne face à la chute dramatique des cours pétroliers et l’alarmisme des Cassandre de l’opposition et des médias algérois qui sont toujours prêts à parier sur le pire, que faut-il penser ? La première chose à faire devant une crise aussi grave est de garder la tête froide et de s’en tenir aux faits avant de chercher à savoir ce qu’il faut faire. Les faits d’abord. L’Algérie a perdu plus de la moitié de ses recettes pétrolières en 2015 mais le pays n’est pas pour autant au bord de la faillite. Le gouvernement a entre les mains quelques atouts financiers qui lui permettent de tenir si les cours pétroliers actuels devaient perdurer dans la mesure où les réserves de change lui permettent d’assurer pendant au moins deux à trois années la couverture des importations nécessaires à la poursuite des programmes de développement.
Cependant, le bon sens nous dicte de penser à un horizon plus lointain. Que faire si les cours pétroliers devaient rester durablement bas comme le pronostiquent certains organismes internationaux comme le FMI et l’AIE ? Si le gouvernement algérien peut se permettre aujourd’hui une certaine marge de manoeuvre, c’est notamment grâce au choix judicieux effectués dans la période d’aisance financière relative : le paiement de la dette extérieure et l’alimentation continuelle des réserves de change. Il faut rappeler ce fait dans la mesure où parmi les voix qui critiquent aujourd’hui le pouvoir, il y en a qui n’hésitaient pas hier à critiquer la propension de ce même pouvoir à « thésauriser » au lieu d’ouvrir entièrement le robinet du crédit à leurs cousins et alliés de l’import-import…S’il est honnête de rappeler les choix judicieux faits par le gouvernement algérien dans la période précédente, force est de reconnaître son incapacité à profiter de l’aisance financière relative de la dernière décennie pour introduire des réformes de structures courageuses en vue de sortir graduellement du système rentier. Il n’est pas dans notre propos de revenir aux causes sociales et politiques qui ont empêché le gouvernement de se lancer dans une telle politique de réformes. Laissons provisoirement de côté le passé et concentrons-nous sur le présent et l’avenir. Tout laisse à penser que le gouvernement a enfin compris qu’il est impossible de sauver le modèle actuel d’importation et de consommation avec un baril à 30 ou même 60 dollars.
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