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Le pouvoir marocain tente d'éteindre le feu qui couve parmi les mouvements sociaux

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  • Le pouvoir marocain tente d'éteindre le feu qui couve parmi les mouvements sociaux

    7 AVRIL 2016 | PAR ILHEM RACHIDI

    De notre correspondante à Rabat (Maroc).- Au Maroc, on dénombre au moins cinquante manifestations quotidiennes. Ce sont les chiffres officiels, annoncés en janvier dernier par le ministre de l'intérieur, comme un signe de bonne santé démocratique. Pourtant, cinq ans après les protestations du Mouvement des Jeunes du 20-Février, qui revendiquaient un changement politique et social profond et qui avaient réuni en 2011 des groupes sans aucun liens idéologiques ou structurels, la contestation semble être au point mort.

    Là réside le paradoxe du Maroc. En apparence, rien ne se passe. Néanmoins, une réelle culture de la manifestation se dessine aux quatre coins du pays, jusque dans les endroits les plus reculés. Structurés ou spontanés, parfois anciens, un nombre important de mouvements sociaux sont bel et bien vivants. Ils sont toutefois isolés et, du coup, peinent à déboucher sur un réel changement. C'est pourquoi les autorités misent à chaque crise sur l'essoufflement, notamment en négociant séparément avec chacun.

    C’est une logique « caricaturale » encouragée dès l'élargissement du Mouvement des Jeunes du 20-Février, déplore l'économiste et secrétaire général de Transparency Maroc, Fouad Abdelmoumni. « Lorsqu'il y a eu des slogans contre la corruption et l'autoritarisme, l'État a commencé à acheter la paix sociale en négociant avec chaque catégorie à part pour lui faire des concessions catégorielles, corporatistes, afin que les diverses revendications ne puissent pas s'agréger dans une revendication politique globale. Il a promis du travail aux détenteurs d'un diplôme supérieur, aux enfants du bassin phosphatier. À chaque groupe, il a fait des promesses : aux amazighistes, aux féministes, aux islamistes. Il a accordé des augmentations de salaires dont jamais les syndicats n'avaient rêvé. »

    « Tout cela pour dire : “On achète votre connivence, on achète votre mutisme”, poursuit-il. En réussissant à acheter la paix sociale de cette manière, l'État nous fait régresser dans notre potentiel de progrès et réussit à gagner du temps. Ce sont des réussites tactiques qui sont contraires à l'intérêt stratégique de l'ensemble des protagonistes et à l'intérêt stratégique du pays et de la région, qui est d'adopter des stratégies de réels changements pour une sortie par le haut de ce genre de crise. »

    Le pouvoir a encouragé la division du mouvement syndical et a nettement affaibli les partis et divers courants de la gauche radicale à travers la répression, accuse de son côté Mohamed Boulaich, ancien du mouvement marxiste-léniniste Ila Al-Amame et ex-militant du Parti socialiste unifié (PSU). L'image du mouvement syndical est, d'après lui, avant tout ternie par son inertie : « Les boutiques syndicales sont si nombreuses et si diverses par leurs positions et relations partisanes qu'elles s'unissent pour ne rien faire, sauf quelques réactions obligées de temps à autre pour “faire plaisir” à leurs militants et les faire taire. L'unité syndicale est plus que nécessaire et ce n'est pas pour demain. »

    Malgré ce contexte peu favorable, des mouvements contestataires parfois très suivis se réveillent, font la une des journaux locaux, animent Internet, puis se poursuivent ou s'éteignent dans l'indifférence générale. On n'entend désormais plus parler des factures trop élevées d'eau et d'électricité qui ont fait sortir des milliers de personnes dans les rues de Tanger contre la société Amendis, depuis la révision d'une partie des factures, la promesse d'installation de compteurs individuels et de mise à disposition de compteurs d'électricité prépayés. En octobre dernier, les habitants avaient momentanément coupé l'électricité, manifesté bougies à la main et avaient poursuivi leur mouvement pendant plusieurs semaines. Le chef du gouvernement ainsi que le ministre de l'intérieur avaient dû se rendre sur place pour trouver une sortie de crise.

    « Ces mouvements sociaux sont bien présents et nombreux, mais ils sont divisés », regrette Hassan Akrouid, membre fondateur du Mouvement des Jeunes du 20-Février et membre du secrétariat national d'ATTAC Maroc. « Il y a une dynamique, mais pas de réelle solidarité pour permettre aux mouvements de se développer. Mais avec la progression du néolibéralisme, ils seront amenés à croître, surtout les mouvements avec des revendications écologiques et ceux qui défendent les droits à la santé et à l'habitat », assure-t-il.

    Le mur de la peur est tombé

    Depuis 2011, aucun forum régional n'a pu les réunir et leur permettre de tisser des liens. Mais le Mouvement des Jeunes du 20-Février a insufflé une réelle dynamique à ces mouvements, y compris ceux qui ont par moments refusé d'y prendre part, comme certaines coordinations de diplômés chômeurs, qui poursuivent des objectifs précis d'insertion professionnelle et refusent d'exprimer d'autres revendications, politiques notamment.

    Mais si les revendications politiques se font moins entendre au sein de l'ensemble de ces mouvements, précise Hassan Akrouid, c'est tout simplement parce qu'ils sont affaiblis et moins structurés. S'ils n'ont que rarement des liens organisationnels, on peut clairement remarquer un mode de protestation et des liens dans la nature des revendications. Dans de nombreux cas, les slogans sont inspirés de ceux du Mouvement des Jeunes du 20-Février et les militants revendiquent s'être approprié ses formes de protestation. Une continuité du mouvement sous d'autres formes, en quelque sorte, mais avec des revendications essentiellement sociales.

    « Il n'y a pas de mouvement de contestation majeur unifié ayant des revendications, des objectifs, perspectives, et structures permettant de croire qu'il va amener des changements significatifs dans les orientations de l'État ou dans les équipes dirigeantes du pays, que ce soit au niveau du Parlement ou du gouvernement, explique Abdelmoumni. Les mouvements sociaux qui existent aujourd'hui sont essentiellement des mouvements qui manquent de perspective politique. »

    Avec tous ces mouvements épars, comment évaluer la contestation et la liberté de manifestation ? Ce droit, énoncé dans la Constitution adoptée en 2011, est-il désormais acquis ? À première vue, oui. Un visiteur peu familier des subtilités et des contradictions politiques marocaines ne peut qu'être surpris du nombre de rassemblements qui se tiennent, ne serait-ce qu'à Rabat, où l'avenue Mohamed-V, sur laquelle se trouve le Parlement, est quotidiennement le lieu de revendications de toutes sortes : celles des étudiants, des militants de droits humains, des chômeurs. Elle est ultra policée, avec un nombre important d'agents civils sans uniforme. La répression aussi y est banalisée. Les passants ne s'étonnent que rarement des violences policières dont font l'objet les diplômés chômeurs qui manifestent quasi quotidiennement depuis plusieurs années.

    Par le passé, ces mouvements divers sont néanmoins souvent parvenus à s'exprimer sans être réprimés. Les diplômés chômeurs, les associations de droits humains, les membres de la coalition contre la vie chère, un mouvement qui était parvenu à unir la gauche radicale, y ont manifesté pendant de longues périodes, chacun de son côté. Et en l'espace de quelques semaines, le Mouvement 20-Février a pu unir des militants d'organisations comme ATTAC Maroc ou l'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH), qui n'avaient pas de réels liens mais qui disposaient d'une expérience de terrain. Au plus fort du mouvement, jusqu'à une centaine de manifestations par jour pouvaient avoir lieu, d'après l'AMDH.

    Aujourd'hui, les militants du mouvement estiment qu'aucune de leurs revendications n'a été satisfaite. Mais ils s'accordent à dire que le mur de la peur est tombé et revendiquent un acquis majeur : dans les coins les plus reculés du Maroc, les habitants osent réclamer leurs droits. Pour eux, c'est le début d'un chemin – encore long – vers une conscience politique des Marocains et une réelle citoyenneté.

    Mohamed Jaite, militant de l'AMDH et membre du parti marxiste Annahj Addimocrati, se félicite d'une réelle libération de la parole. « Les ondes de l'année 2011 persistent encore, malgré le fait que le pouvoir a tenté et tente toujours de liquider les avancées de 2011, affirme-t-il. On peut dire qu'il y a une différence par rapport à avant 2011. Beaucoup de secteurs arrivent à s'organiser pour se défendre, sans forcément déléguer cela aux intermédiaires : les partis, les syndicats. Je crois que si on voulait résumer et dire ce qui caractérise la situation sociale au Maroc en quelques mots, ça serait l'expérience 20-Février. »

    Il y a trois ans, à Midelt, l'humiliation d'un mécanicien par le substitut du procureur du tribunal de première instance avait réuni 5 000 personnes qui l'avaient porté pour laver cet affront : le substitut avait contraint le jeune homme à lui baiser les pieds car il n'avait pas réparé sa voiture, sous peine de le poursuivre en justice. Cette affaire, relayée par la presse et les réseaux sociaux, illustre à elle seule cet « esprit 20-Février » tant revendiqué.

    Abdellah Lefnatsa, coordinateur du réseau national des travailleurs, en charge des droits économiques et sociaux à l'AMDH et membre du mouvement dissident du syndicat UMT, l'UMT Courant démocratique – qui n'est toujours pas reconnu –, ne ménage pas ses efforts pour inculquer cette conscience citoyenne aux ouvriers qu'il soutient. Il s'est fortement impliqué dans le mouvement des ouvriers des Moulins du littoral, des ouvriers, licenciés il y a plusieurs années sans indemnités, qui ont organisé un long sit-in devant le ministère de la justice et des libertés. Les jugements en leur faveur n'ont toujours pas été exécutés. Mais au fil du temps, il leur a appris les rouages du militantisme. Et même si, après des années de protestations, ils n'ont rien obtenu, ils ne baissent pas les bras. Pour Lefnatsa, c'est en soi un accomplissement.

    La répression contre des mouvements ouvriers, de défense des chômeurs, et plus récemment contre les marchands ambulants et les mouvements estudiantins, peu couverte par les médias, freine la portée de ces mouvements mais ne parvient pas à les éteindre. Celui de Ouarzazate, notamment, au sujet duquel certains militants vont jusqu'à employer le mot d'« état de siège » pour y décrire cette répression.

    Selon Lefnatsa, le pouvoir essaie d'instaurer une répression dans l'inconscient des Marocains. « Les gens se disent à quoi bon militer. La seule chose que l'on peut gagner, c'est la répression. » Il décrit une situation sociale « explosive » : « J'ai la certitude qu'un autre mouvement de même ampleur que celui du 20-Février, ou d'une plus grande ampleur, va avoir lieu. Toutes les causes sont encore là, avec cette concentration des richesses aux mains d'une minorité qui s'amplifie. »

    Mediapart

  • #2
    De notre correspondante à Rabat (Maroc).- Au Maroc, on dénombre au moins cinquante manifestations quotidiennes. Ce sont les chiffres officiels, annoncés en janvier dernier par le ministre de l'intérieur, comme un signe de bonne santé démocratique. Pourtant, cinq ans après les protestations du Mouvement des Jeunes du 20-Février, qui revendiquaient un changement politique et social profond et qui avaient réuni en 2011 des groupes sans aucun liens idéologiques ou structurels, la contestation semble être au point mort.

    Là réside le paradoxe du Maroc. En apparence, rien ne se passe. Néanmoins, une réelle culture de la manifestation se dessine aux quatre coins du pays, jusque dans les endroits les plus reculés. Structurés ou spontanés, parfois anciens, un nombre important de mouvements sociaux sont bel et bien vivants. Ils sont toutefois isolés et, du coup, peinent à déboucher sur un réel changement. C'est pourquoi les autorités misent à chaque crise sur l'essoufflement, notamment en négociant séparément avec chacun.
    C'est très bien ça montre que cette société vie et bouge. Au passage il n'est interdit de faire des rassemblements et des marchés même non autorisé sont tolérées.

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    • #3
      L'auteur a oublié de citer les degats du printemp arabe en syrie, yemen, lybie

      Degats qui ont refroidi beaucoup d'ambitions


      Par ailleur, donner la parole seulement aux membres de l'extreme gauche donne une image deformée de la réalité


      Mediapart ne pouvait faire autrement
      .
      .
      ''La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l'opulence ne sera plus oppressive''
      Napoléon III

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      • #4
        le pouvoir essaie d'instaurer une répression dans l'inconscient des Marocains
        Quand j'ai vu un marocain crier ''vive le peuple'' et se faire rabrouer par ses congénères je me dis c'est déjà fait.
        L'autodépréciation est la résultante d'une répression sauvage installée dans le subconscient collectif marocain.
        وإن هذه أمتكم أمة واحدة

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        • #5
          Quand j'ai vu un marocain crier ''vive le peuple'' et se faire rabrouer par ses congénères je me dis c'est déjà fait.
          L'autodépréciation est la résultante d'une répression sauvage installée dans le subconscient collectif marocain.
          venant d'un algérien avec tout ce que vous fais boutef khellil and co, kounou t7achmou chwiya....

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          • #6
            venant d'un algérien avec tout ce que vous fais boutef khellil and co, kounou t7achmou chwiya....
            Il n’empêche que que comparé a votre royaume imaginaire certaines personnes ont fait le choix de la dignité.
            J’espère inch Allah viendra le jour ou le peuple marocain sera libre


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            • #7
              Il n’empêche que que comparé a votre royaume imaginaire certaines personnes ont fait le choix de la dignité.
              J’espère inch Allah viendra le jour ou le peuple marocain sera libre
              tu penses être libre ??? dans ta pseudo ripoublique

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              • #8
                overclocker, tu mélanges la connerie et les passe-droits de certains algériens en rapport avec d'autres algériens avec la donnée basique qu'est le manque de considération humaine dont souffre le marocain.
                وإن هذه أمتكم أمة واحدة

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                • #9
                  Et fusse-t-il même par un retour aux années de plomb!:22:
                  ________________


                  Colère et indignation gagnent les rues de Guelmim suite à la mort du diplômé chômeur Ibrahim Sika. Depuis l’annonce de son décès le 15 avril, les événements se sont accélérés et la ville a connu des sit-in et une marche de protestation. Les militants sur place confirment que le mouvement protestataire se maintiendra tant que les résultats de l’enquête en cours ne sont pas dévoilés.

                  Le procureur du roi, a en effet, ordonné le 15 avril à la Brigade nationale de la police judicaire (BNPJ) d’ouvrir une enquête sur les circonstances du décès de Ibrahim Sika. Trois médecins ont été désignés pour réaliser une autopsie qui a conclut le même jour que «la mort est naturelle et due à une infection microbienne répandue».

                  Cette version est réfutée par les camarades du défunt qui dénoncent la torture qu’il aurait subie. Sa famille refuse de récupérer la dépouille qui se trouve actuellement dans la morgue d’Agadir.

                  Une arrestation politique ?

                  Tout a commencé le 1 avril. Ibrahim Sika, membre de la coordination de terrain des chômeurs sahraouis à Guelmi est arrêté. La coordination organise «depuis plusieurs mois des sit-in réguliers pour l’emploi», nous explique Maaelaynine El Moudden, président de la section de l’association de défense des droits de l’Homme à Guelmim. Selon ce responsable associatif, «Ibrahim Sika a été arrêté alors qu’il se rendait au sit-in des chômeurs ce jours là».


                  Source: Tel Quel

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                  • #10
                    Mediapart ne pouvait faire autrement
                    Même Mediapart est anti-marocain ?

                    Au passage il n'est interdit de faire des rassemblements et des marchés même non autorisé sont tolérées.
                    Pour subir la matraque et la sauvagerie des forces de l'ordre .

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                    • #11
                      Qu'une société civile s'organise pour réclamer plus de droit , plus de réforme et cela de manière pacifique ....c'est toujours une bonne chose
                      La façon par ex dont les tangerois se sont organisés et ont menés leurs manifestations est magnifique

                      Commentaire


                      • #12
                        Merci Jawzia pour cet article qui prouve qu'au Maroc, il existe une société civile vivante qui veut faire bouger les choses.

                        Si vous aviez la même en Algérie, il y a longtemps que vous aurez mis à la retraite ce pauvre homme malade que son entourage manipule comme un vulgaire pantin pour des desseins mystérieux. Et cela vous aurait évité pas mal d'humiliations.

                        Commentaire


                        • #13
                          Merci Jawzia pour cet article qui prouve qu'au Maroc, il existe une société civile vivante qui veut faire bouger les choses.
                          Elle fait ce qu'elle peut ... La pauvre société civile. C'est le makhen et sa mimi, le problème.
                          Si vous aviez la même en Algérie, il y a longtemps que vous aurez mis à la retraite ce pauvre homme malade que son entourage manipule comme un vulgaire pantin pour des desseins mystérieux. Et cela vous aurait évité pas mal d'humiliations.
                          Montrez nous le chemin. Faites en sorte que votre futur ne dépend pas du ... plus rapide des Spermatozoïdes.

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                          • #14
                            Dans un pays ou l'image du président devient une insulte à toute une nation ...... et Ils Osent l'ouvrir

                            llah ya3tina Wjehkoum

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                            • #15
                              Montrez nous le chemin.
                              Ce serait le meilleur moyen de s'assurer que vous n'en lui suiviez pas


                              Montrez nous le chemin. Faites en sorte que votre futur ne dépend pas du ... plus rapide des Spermatozoïdes.
                              Tu sas jawz ...... on est tous des "ex" spermatozoïdes les plus rapides ....
                              " Je me rend souvent dans les Mosquées, Ou l'ombre est propice au sommeil " O.Khayaâm

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