La quasi-totalité des Français est persuadée que la candidate d'extrême-droite ne peut pas gagner la prochaine élection présidentielle. Une bonne nouvelle.
Depuis quelques mois déjà, depuis la double défaite du Front National au second tour des élections régionales, dans le nord et dans le sud, face à Xavier Bertrand et à Christian Estrosi, Marine Le Pen est de fort méchante humeur. C'est d'ailleurs ce qui explique sa quasi-disparition médiatique. Son état psychologique n'ira pas en s'améliorant quand la présidente du FN prendra la peine et le temps de détailler l'étude d'opinion ODOXA réalisée pour le quotidien économique Les Échos. La quasi-totalité des Français -91% !- sont persuadés que la candidate d'extrême-droite ne peut pas gagner la prochaine élection présidentielle. La preuve, une nouvelle fois, qu'en politique, les Français ne sont ni dupes ni naïfs. Ils sont au contraire intelligents et lucides.
Les Français savent, y compris les électeurs de l'extrême droite, que le scrutin majoritaire induit mécaniquement la défaite du Front National. Au second tour en effet, le front républicain fonctionne à la perfection puisque les électeurs de gauche n'éprouvent aucun état d'âme à voter en faveur d'un candidat de la droite républicaine pour interdire, précisément, la victoire du FN. Marine Le Pen considère d'essence anti-démocratique ce piège anti FN. Peut-être, même, a-t-elle raison. Il n’en est pas moins d'une incontestable efficacité. Elle a d'ailleurs compris qu'elle ne sortirait pas aisément de cette tenaille. C'est ce qui explique en grande partie son abstinence du moment. Elle sait, elle, que le pouvoir, le vrai, ne serait-ce qu'une forte présence à l'Assemblée Nationale, ce n'est toujours pas pour demain... Pour autant, 74% des Français n'en sont pas moins certains que Marine Le Pen accédera au second tour de la présidentielle. Il y a fort peu de chances qu'ils s'égarent.
Un grand parti, mais ni de pouvoir ni de gouvernement
De nombreux commentateurs expliquent par exemple que le phénomène Juppé va inéluctablement s'essouffler, puis se dégonfler. Rien de moins sûr, mais les augures semblent ne pas supporter la solidité granitique du maire de Bordeaux. Aucun d'entre eux, en revanche, n'ose émettre sur le compte de Marine Le Pen pareille certitude, au contraire: rien ni personne ne le fera reculer au premier tour de la présidentielle. Désormais il va de soi au sein de l'opinion publique qu'elle disputera la finale présidentielle. Ce consensus, il faut le reconnaître sans le moindre détour, c'est un premier et gigantesque succès politique pour le chef de l'extrême droite. Cette étude d'opinion Odoxa le confirme une nouvelle fois avec éclat. Le FN n'est certes toujours pas un parti de pouvoir et de gouvernement. Il n'en est pas moins un grand parti, aussi influent sur la société française, sinon plus, que Les Républicains ou le PS. Il est loin le temps où Jean-Marie Le Pen dirigeait un groupuscule fascisant... Les Français, là encore, ne veulent pas s'illusionner: 75% d'entre eux ont la certitude que le FN sera "amené à prendre de plus en plus d'importance". Personne, et c'est tant mieux, ne cherche à se rassurer, serait-ce à bon compte.
Après la mise à l'écart de Jean-Marie Le Pen, la présidente du FN et son lieutenant, Florian Philippot, s'arc-boutent plus que jamais à la stratégie de la dédiabolisation. Mais fonctionne-t-elle aussi bien que cela, cette stratégie ? Pas certain ! C'est en effet l'autre sensation de cette étude : la dédiabolisation ne convainc guère les Français. Trois chiffres, indispensables pour le comprendre:
61% considèrent que le FN est "dangereux pour la démocratie.".
77% estiment qu'il "peut discriminer certaines populations".
63% sont persuadés que "son programme est dangereux pour notre économie".
Les Français ne manquent décidément pas de bon sens politique. En voilà une preuve supplémentaire.
Un dernier point : 30% des Français estiment que le FN a "la capacité de gouverner la France". 30%, c'est insuffisant pour accéder au pouvoir d'autant plus que l'extrême droite ne dispose et ne disposera d'aucun allié à court et moyen terme. 30%, c'est un score mirobolant qui affecte la société française toute entière.
Marine Le Pen ne sait pas encore si elle doit retenir la version pessimiste ou la vision positive. Il va falloir qu'elle choisisse, qu'elle décide. Si elle ne croit plus à l'imminence d'une victoire, alors le Front National se radicalisera. Au rancart, la dédiabolisation !
challenges fr
Depuis quelques mois déjà, depuis la double défaite du Front National au second tour des élections régionales, dans le nord et dans le sud, face à Xavier Bertrand et à Christian Estrosi, Marine Le Pen est de fort méchante humeur. C'est d'ailleurs ce qui explique sa quasi-disparition médiatique. Son état psychologique n'ira pas en s'améliorant quand la présidente du FN prendra la peine et le temps de détailler l'étude d'opinion ODOXA réalisée pour le quotidien économique Les Échos. La quasi-totalité des Français -91% !- sont persuadés que la candidate d'extrême-droite ne peut pas gagner la prochaine élection présidentielle. La preuve, une nouvelle fois, qu'en politique, les Français ne sont ni dupes ni naïfs. Ils sont au contraire intelligents et lucides.
Les Français savent, y compris les électeurs de l'extrême droite, que le scrutin majoritaire induit mécaniquement la défaite du Front National. Au second tour en effet, le front républicain fonctionne à la perfection puisque les électeurs de gauche n'éprouvent aucun état d'âme à voter en faveur d'un candidat de la droite républicaine pour interdire, précisément, la victoire du FN. Marine Le Pen considère d'essence anti-démocratique ce piège anti FN. Peut-être, même, a-t-elle raison. Il n’en est pas moins d'une incontestable efficacité. Elle a d'ailleurs compris qu'elle ne sortirait pas aisément de cette tenaille. C'est ce qui explique en grande partie son abstinence du moment. Elle sait, elle, que le pouvoir, le vrai, ne serait-ce qu'une forte présence à l'Assemblée Nationale, ce n'est toujours pas pour demain... Pour autant, 74% des Français n'en sont pas moins certains que Marine Le Pen accédera au second tour de la présidentielle. Il y a fort peu de chances qu'ils s'égarent.
Un grand parti, mais ni de pouvoir ni de gouvernement
De nombreux commentateurs expliquent par exemple que le phénomène Juppé va inéluctablement s'essouffler, puis se dégonfler. Rien de moins sûr, mais les augures semblent ne pas supporter la solidité granitique du maire de Bordeaux. Aucun d'entre eux, en revanche, n'ose émettre sur le compte de Marine Le Pen pareille certitude, au contraire: rien ni personne ne le fera reculer au premier tour de la présidentielle. Désormais il va de soi au sein de l'opinion publique qu'elle disputera la finale présidentielle. Ce consensus, il faut le reconnaître sans le moindre détour, c'est un premier et gigantesque succès politique pour le chef de l'extrême droite. Cette étude d'opinion Odoxa le confirme une nouvelle fois avec éclat. Le FN n'est certes toujours pas un parti de pouvoir et de gouvernement. Il n'en est pas moins un grand parti, aussi influent sur la société française, sinon plus, que Les Républicains ou le PS. Il est loin le temps où Jean-Marie Le Pen dirigeait un groupuscule fascisant... Les Français, là encore, ne veulent pas s'illusionner: 75% d'entre eux ont la certitude que le FN sera "amené à prendre de plus en plus d'importance". Personne, et c'est tant mieux, ne cherche à se rassurer, serait-ce à bon compte.
Après la mise à l'écart de Jean-Marie Le Pen, la présidente du FN et son lieutenant, Florian Philippot, s'arc-boutent plus que jamais à la stratégie de la dédiabolisation. Mais fonctionne-t-elle aussi bien que cela, cette stratégie ? Pas certain ! C'est en effet l'autre sensation de cette étude : la dédiabolisation ne convainc guère les Français. Trois chiffres, indispensables pour le comprendre:
61% considèrent que le FN est "dangereux pour la démocratie.".
77% estiment qu'il "peut discriminer certaines populations".
63% sont persuadés que "son programme est dangereux pour notre économie".
Les Français ne manquent décidément pas de bon sens politique. En voilà une preuve supplémentaire.
Un dernier point : 30% des Français estiment que le FN a "la capacité de gouverner la France". 30%, c'est insuffisant pour accéder au pouvoir d'autant plus que l'extrême droite ne dispose et ne disposera d'aucun allié à court et moyen terme. 30%, c'est un score mirobolant qui affecte la société française toute entière.
Marine Le Pen ne sait pas encore si elle doit retenir la version pessimiste ou la vision positive. Il va falloir qu'elle choisisse, qu'elle décide. Si elle ne croit plus à l'imminence d'une victoire, alors le Front National se radicalisera. Au rancart, la dédiabolisation !
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