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En Algérie, la lutte des clans pour le partage de la Sonatrach...

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  • En Algérie, la lutte des clans pour le partage de la Sonatrach...

    En Algérie, la lutte des clans pour le partage de la Sonatrach...

    Analyse

    Dans un pays où 97 % des recettes en devises proviennent de l'exportation des hydrocarbures, contrôler le pouvoir permet de contrôler la rente que procure l'or noir.


    Lina KENNOUCHE (avec Tayeb EL-MESTARI*) | OLJ

    23/04/2016


    La réforme de la Constitution algérienne approuvée en février dernier a été accueillie avec enthousiasme par les commentateurs politiques qui ont cru voir dans ses amendements la fin annoncée de la « présidentialisation » accrue du régime (par un transfert de compétences au chef du gouvernement), et une ingénierie constitutionnelle inédite qui empêcherait l'avènement d'une réplique de Bouteflika dans l'ère post-Bouteflika.

    Cette lecture naïve traduit une incompréhension de la réalité du pouvoir en Algérie. Derrière les paravents juridiques, la façade légaliste, les décisions se prennent ailleurs, et la guerre de succession fait rage. Au cœur de la lutte pour le contrôle du pouvoir politique, se trouve la Société nationale pour le transport, la production et la commercialisation des hydrocarbures (Sonatrach) dans un pays où 97 % des recettes en devises proviennent de l'exportation de ces hydrocarbures. En Algérie, contrôler le pouvoir permet de contrôler la rente que procure l'or noir, et les crises politiques sont une constante de l'histoire post-indépendance. De l'été 1962 aux révoltes de 1988 et l'hiver 1991 qui plongent le pays dans les affres d'une guerre civile sanglante, les crises politiques d'une intensité et d'une durée variable, entrecoupées par des phases de stabilité, restent systémiques. La répétition de ces crises conduit à privilégier une explication structurelle. Car pour comprendre les enjeux de la crise de succession actuelle en Algérie, encore faudrait-il inscrire solidement cette problématique dans une perspective historique.

    Élites sociologiquement faibles

    Si les révoltes sociales prennent racine dans l'essoufflement de la logique rentière, la crise politique est née d'une rupture de l'équilibre ou d'une remise en cause de la communauté d'intérêts économiques qui unit les différents clans du pouvoir.

    Historiquement, dès l'accession à l'indépendance, l'unité de façade n'a pas résisté aux appétits de contrôle du pouvoir. Dès 1962, le Front de libération nationale (FLN) est déchiré par des luttes intestines et les rapports de force se structurent en fonction de la capacité à rallier les soutiens de l'élite politique du mouvement. Des clans se constituent et se renforcent autour d'affinités idéologiques ou d'alliances de circonstances. Mais cette réalité difficile à pénétrer n'en demeure pas moins le produit de l'histoire coloniale. Tandis que dans l'expérience des sociétés occidentales l'avoir donne accès au pouvoir, dans les pays anciennement colonisés, le processus historique d'accumulation de capital par une classe sociale bourgeoise ne recouvre aucune réalité historique.

    L'histoire précoloniale, qui témoigne des formes de propriétés collectives et de l'indivision des terres tribales fondant l'équilibre agraire de la société traditionnelle, et, par la suite, celle de la colonisation et de la pénétration capitaliste, donnant naissance à deux sociétés parallèles distinctes non intégrées, expliquent largement l'absence d'une classe sociale capable de prétendre à la direction politique de la société. La pénétration capitaliste et l'importation des produits manufacturés de la métropole ont bloqué l'émergence d'une industrie locale.
    À cet égard, la réflexion de Frantz Fanon sur le concept de bourgeoisie nationale dans les sociétés colonisées est édifiante : « Dans un système colonial, une bourgeoisie qui accumule du capital est une impossibilité. » Le colonialisme a produit une réalité sociopolitique qui façonnera l'avenir de la société algérienne : un capitalisme bloqué, où les élites civiles, sociologiquement faibles, sont politiquement impuissantes face à un corps constitué et discipliné qu'est l'armée.

    Dépendance structurelle

    Sous l'ère du président Houari Boumediene, la nationalisation du pétrole trouve sa justification dans la volonté de s'affranchir de la tutelle de l'ex-puissance coloniale et d'impulser un développement autonome dont l'industrialisation constituerait la pièce maîtresse. Mais, d'un côté, la politique de développement d'une économie nationale trouve ses limites dans le choix de la stratégie des industries, fortement capitalistiques, qui ont recours aux techniques étrangères, mais sans transfert du savoir-faire technique et scientifique, et dépendant pour leurs débouchés des marchés étrangers. D'un autre côté, elle favorise l'enrichissement de la classe dominante, qui conçoit la rente comme instrument d'une modernisation économique par le haut sans que celle-ci ne soit soutenue par un effort productif de la société.

    Ainsi, dans les années 70, au plus fort de la stratégie de développement par l'industrialisation, l'Algérie perpétue sa dépendance au marché international. En lieu et place d'une économie autocentrée, la société algérienne s'ancre dans le développement du sous-développement. Avec l'avènement du président Chadli Bendjeddid, la rente des hydrocarbures s'accompagne d'un recours massif aux importations. L'ouverture du marché aux biens de consommation importés accentue la logique rentière et l'économie parallèle, permettant l'enrichissement de nouveaux clans, principaux bénéficiaires des politiques économiques libérales qui se perpétuent jusqu'à l'élection du dernier président Abdelaziz Bouteflika. L'État producteur de la rente se transforme progressivement en une institution fonctionnelle d'un capitalisme où prospère une néobourgeoisie compradore. La diversification des partenaires économiques au niveau international et l'encouragement de l'initiative privée n'ont pas été en mesure de mettre fin à la dynamique de dépendance. La rente a constamment révélé l'affrontement entre un pouvoir obsédé par sa pérennisation, pour maintenir son accès privilégié aux ressources, et une société renvoyée à la violence sporadique pour exiger une redistribution des bénéfices de cette rente.

    La dénonciation régulière des pratiques autoritaires, de prévarication et de corruption, ne remet pas fondamentalement en cause le fonctionnement du pouvoir, dans la mesure où l'économie dépendante et rentière favorise souvent et exclusivement des mobilisations contestataires exigeant une redistribution équitable des richesses sans jamais remettre en cause les modalités de son exercice. La dépendance économique structurelle est donc renforcée par la manière dont s'exerce le pouvoir.
    En dépit du constat que la crise de succession cristallise aujourd'hui la lutte des clans au sein du pouvoir pour le partage du gâteau de la Sonatrach, il semble que l'intérêt collectif de ces derniers converge vers une résolution pacifique des différends, nécessité renforcée par l'ampleur des défis régionaux, dans un contexte régional volatile marqué par l'instrumentalisation de la menace jihadiste et la permanence des ambitions géopolitique extérieures. Si seule une transformation radicale du système et l'impulsion de mécanismes endogènes de développement esquisseraient les premiers pas vers la sortie de la dépendance, les transformations du système-monde et l'affaiblissement stratégique des États rendent cette perspective de moins en moins réaliste.

    * Politologue de formation, Tayeb el-Mestari est l'auteur, notamment, d'« Analyse sociopolitique des intellectuels francophones algériens, problème d'approche théorique ». Sa réflexion porte sur la problématique des intellectuels et leur relation au pouvoir en Algérie.

    ARTICLE PARU CE JOUR DANS LE QUOTIDIEN LIBANAIS L'ORIENT LE JOUR
    Dernière modification par choucha, 23 avril 2016, 19h59.

  • #2
    Avec le retour en grâce de KHELIL , le clan BOUTEFLIKA va rebooster son projet de céder des parts de la SH à des investisseurs nationaux. HADDAD n'attend que le moment favorable. KHELIL-HADDAD- SAID B seront es futurs rois du naphta saharien.

    Commentaire


    • #3
      Envoyé par KHORE
      Avec le retour en grâce de KHELIL , le clan BOUTEFLIKA va rebooster son projet de céder des parts de la SH à des investisseurs nationaux. HADDAD n'attend que le moment favorable. KHELIL-HADDAD- SAID B seront es futurs rois du naphta saharien.
      La colonisation française a enfanté l'appel du 01 novembre 1954. le néo-colonialisme et son corollaire le despotisme enfanteront l'insurrection.

      P.

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