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Syrie : ballet russe et ruse de guerre

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  • Syrie : ballet russe et ruse de guerre

    Le rideau doit tomber formellement, ce mercredi à Genève, sur la session des pourparlers intersyriens. En réalité, la pièce s’est interrompue la semaine dernière sur une scène de dévastation diplomatique et militaire. La Russie, maître du jeu en Syrie depuis la fin de l’été, continue de décider du sort de la guerre et de la paix. Aux yeux de l’opposition syrienne, elle est responsable du déraillement du processus politique. Dans le même temps, les autres pays impliqués et favorables aux négociations semblent avoir renoncé à jouer leur rôle.

    Sur le terrain, la trêve, plus ou moins respectée depuis fin février, a volé en éclats il y a une dizaine de jours. Les bombardements du régime et de l’aviation russe ont fait une centaine de morts dans les zones contrôlées par l’opposition armée, à Alep (nord). La livraison de l’aide humanitaire aux localités assiégées, en particulier dans la banlieue de Damas, a été tardive et très partielle. C’était, avec la cessation des hostilités, l’autre condition préalable pour l’ouverture du dialogue entre le régime de Bachar al-Assad et l’opposition. Résultat, la principale délégation de cette dernière, représentée par le Haut Comité des négociations (HCN), a quitté la table de Genève, depuis jeudi, pour protester contre la dégradation de la situation. Ce groupe est composé de plusieurs tendances politiques et surtout de formations militaires, y compris islamistes radicales, qui combattent les forces du régime sur le terrain.

    «Sabotage programmé des négociations»
    «La Russie est la clé du changement en Syrie. Il suffirait d’un coup de fil de Poutine à Al-Assad pour l’obliger à respecter les termes de la cessation des hostilités», affirmait Samy Mussalat, porte-parole du HCN, avant de quitter Genève la semaine dernière. Il n’y a jamais eu d’appel de Vladimir Poutine et l’escalade des combats s’est poursuivie, si bien que certains opposants syriens se demandent si finalement Genève n’a été qu’une duperie. «Fallait-il organiser cette comédie pour nous pousser à bout et rendre l’opposition syrienne représentative responsable de l’échec des négociations, pour revenir sur le régime et les opposants compatibles ?» s’interroge un chef de l’opposition qui tient à garder l’anonymat. Souvent prompts à décrire avec précision des plans retors qu’ils prêtent aujourd’hui à Moscou et/ou à Washington, les opposants estiment pouvoir appuyer leurs soupçons au sujet d’un «sabotage programmé des négociations».

    Le comportement des Russes sur le terrain, comme les déclarations de leurs responsables et leurs diplomates depuis l’avortement des pourparlers à Genève, rappellent ces derniers jours qu’ils n’ont pas changé leur stratégie : liquider militairement la rébellion anti-Al-Assad, comme ils l’ont fait depuis le début de leur campagne militaire à l’automne, et disqualifier l’opposition politique qui rejette une transition laissant en place Bachar al-Assad.

    Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, bête noire de l’opposition syrienne, avait affirmé, après le retrait de la délégation du HCN de Genève, que «ce n’était pas une perte» et qu’il «ne fallait pas lui courir après».«Les négociations se poursuivent malgré le retrait de certains participants», a ajouté Lavrov lundi, lors d’une conférence de presse. Surtout, il a précisé que le HCN n’était pas «le seul groupe de l’opposition syrienne».

    En réalité, des personnalités et des groupes d’opposants alternatifs au HCN ont été invités depuis la première session de négociations dans la ville suisse, en mars. Sous les appellations de «groupe de Moscou» ou même de «groupe de Hmeihem», du nom de l’aéroport militaire à Lattaquié (Syrie) qui sert de base à l’aviation russe, certains anciens responsables du régime ou des représentants de la société civile sont venus contester la représentativité du HCN. Tolérés par Bachar al-Assad, ils sont surtout prêts à accepter de partager les responsabilités avec lui. Ils ont annoncé que les discussions se poursuivaient à Genève jusqu’à ce mercredi, malgré le départ du «groupe de Riyad», surnom du HCN.

    «Dégradation des pourparlers»
    Bonne ou mauvaise foi, mensonges ou vraies intentions, quel que soit leur jeu, les Russes semblent encore les seuls à se préoccuper de près du dossier syrien. Le porte-parole du Kremlin se disait lundi «très inquiet de la dégradation des pourparlers».

    Les autres partenaires régionaux, européens ou américains de la réunion de Vienne (qui a permis en janvier le lancement du processus politique sur la Syrie et qui a voté à l’unanimité la résolution 2 254 de l’Organisation des Nations unies ouvrant la conférence de Genève) sont, eux, quasi silencieux.Le médiateur de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a bien appelé à la rescousse les ministres des Affaires étrangères des pays concernés, proposant une réunion d’urgence pour sauver le processus, mais il n’a pas été entendu.

    Négociations parallèles
    Les Etats-Unis, coparrains de l’initiative qui a mené les Syriens à la table de négociations, multiplient les déclarations contradictoires. «Comme les Russes, ils ne disent pas ce qu’ils font et ne font pas ce qu’ils disent», résume un éditorialiste syrien sur un site d’opposition. Il s’étonne que Barack Obama, «à la tête de la première puissance mondiale, parle comme n’importe quel spectateur impuissant». Le président américain venait de déclarer, dans une interview à la BBC, à propos des tractations, que «les choses étaient difficiles».

    Derrière les rideaux, d’autres discussions sont engagées, y compris à Genève. Des réunions discrètes entre conseillers américains et russes se tenaient dans un hôtel, non loin du palais des Nations. Le dossier syrien est examiné et l’avenir d’une transition dans le pays est discuté dans les détails. Diverses versions d’un projet de Constitution élaborées dans ces rencontres parallèles ont été publiées sur certains sites d’information arabes.

    Tous les observateurs du conflit avaient prévu que le processus des négociations, après cinq années de guerre impliquant de nombreux acteurs extérieurs, serait long et compliqué. Opiniâtre, le médiateur des Nations unies pour la Syrie doit annoncer ce mercredi, date formelle de la fin de la cession de pourparlers à Genève, si et quand un prochain rendez-vous peut être fixé.

    libération fr

  • #2
    Mon opinion:
    L'opposition syrienne est juste la pour la forme,dispersée, hétéroclite présenté par des personnalités dotés d'un"no sens" politique et apparaît comme un pantin,dans le camps opposé,le régime en la personne de son négociateur est plus decissif, pragmatique.
    mais il faut reconnaître que l'apport russe dans ce conflit compte beaucoup dans ce succè diplomatique du régime d"Assad.
    La perte de main de l'opposition (reconnu) sur le terrain est fatal, l'occasion etait trop belle pour ne pas en profiter et la décrédibiliser.

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