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Quel avenir pour le roman amazigh ?

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  • Quel avenir pour le roman amazigh ?

    L’inexistence d’instances de critique littéraire complique la situation du roman amazigh.
    Après une rupture qui a duré près de 40 ans due à des facteurs politiques et
    historiques, depuis les années 1940 jusqu’aux années 1980, le roman d’expression amazighe a ressuscité avec le Mouvement culturel berbère qui a ouvert les portes à la production littéraire. Belaïd Ath Ali est considéré comme le premier romancier en tamazight, avec Lwali N wedrar (Le Saint de la montagne) datant des années 1940.
    Selon Ferhat Balouli, enseignant universitaire, traducteur et chercheur en
    sociolinguistique, le roman amazigh est en nette amélioration actuellement, «il y a une production qui se fait, on peut l’estimer entre 5 à 6 romans annuellement. Le niveau ou la qualité de cette production s’améliore au fur et à mesure comparativement aux premiers romans», dira-t-il.
    Cependant, sur le plan de la thématique, rares sont les écrivains qui ont pu sortir de la coquille pour aborder de nouveaux thèmes et de nouvelles techniques de rédaction, car, comparativement aux autres langues, le roman amazigh est souvent imprégné dans la thématique du réalisme. Il n’y a pas de tendances ou d’écoles littéraires.
    La langue est considérée comme un casse-tête pour le roman amazigh. Deux
    courants se disputent le terrain, d’un côté le courant des archaïsmes, et de l’autre celui des néologismes. Des abus sont commis de part et d’autre. D’un côté, dans
    l’utilisation excessive de la néologie au point de ne pouvoir lire. A l’exemple des
    écrivains Ahmed Nekkar, Amar Mezdad, Salem Zinia et autres. Tandis que le courant des archaïsmes utilise beaucoup plus l’emprunt d’une manière abusive aussi. «Des phrases entières en français ou en arabe sont utilisées dans les romans amazighs. C’est ce qu’on appelle en sociolinguistique le code switching». Un troisième courant essaie, tant bien que mal, de jumeler entre les deux premières tendances.
    Selon M. Balouli, cela est dû essentiellement «à l’absence d’un standard pour la langue amazighe». Mais le problème crucial auquel fait face la littérature amazighe en général, et plus spécifiquement le roman est, selon toujours notre interlocuteur
    «l’inexistence des instances de critiques littéraires, dont le rôle est primordial dans la promotion d’une quelconque littérature. On se retrouve face à une multitude de romans qui ne sont pas triés. Les 3 départements de langue amazighe existant, (TiziOuzou, Bouira, Béjaïa) travaillent beaucoup plus sur la poésie berbère ancienne,dictons et proverbes,etc. La littérature contemporaine reste toujours marginalisée», déplore-t-il. Ces points de vue sont partagés par Mohamed Djellaoui professeur universitaire de la langue amazighe à l’Université de Bouira, et chargé du suivi des études de magistère et de doctorat au département de la langue amazighe de
    l’Université de Tizi Ouzou.
    « Il y a de nombreuses tentatives dans l’écriture du roman, et c’est à partir de là qu’on constate des carences au point de ne savoir quoi lire. Il faut d’abord passer par l’acte de la lecture, pour arriver à l’écriture», insiste-t-il. Comme il déplore aussi
    l’inexistence des instances de critique littéraires, «cette absence a ouvert le champ à des improvisations dans l’écriture romanesque». Sur le plan langue, le professeur
    Djellaoui estime que «le romancier doit utiliser la langue courante, simple et
    compréhensible, loin des néologismes et des inventions». Se voulant optimiste, le professeur Djellaoui juge qu’«après chaque édition de romans, des écrivains évoluent sur tous les plans, style, structure, thème…»
    Pour Hocine Arbaoui, écrivain, auteur de la première tragédie en tamazight en 1989, intitulée Sophonisbe, le problème se situe au niveau politique. «Le problème est plus complexe, car nous n’avons pas une politique globale qui régit le livre en Algérie»,explique-t-il. Interrogé sur l’existence d’un lectorat du roman d’expression amazighe
    en Algérie, Hocine Arbaoui pense que «l’écrivain doit lui-même créer son lectorat en lui offrant des œuvres d’une meilleure qualité et non pas l’inverse. Je pense que le livre, et spécifiquement le roman, doivent passer par des étapes dans leur évolution
    pour arriver au stade de l’universalité.
    Ce que j’ai constaté aussi, c’est que nos écrivains ne lisent pas».
    Côté édition, Brahim Tazaghart, écrivain et propriétaire de la maison d’édition Tira,précise que le marché du livre en Algérie n’est pas structuré : «L’Etat ne s’est pas engagé pour subventionner et promouvoir le livre, il n’y a pas de volonté dans ce sens. Economiquement parlant, l’éditeur fait face à un dilemme. Ses dépenses sont supérieures à ses gains, surtout en ce qui concerne le livre en tamazight, et en bas du classement, le roman. C’est une exclusion de fait.»
    Un seul roman en tamazight au Sila
    Le Haut-commissariat à l’amazighité (HCA) qui est l’un des principaux promoteurs de la littérature et culture amazighes est présent à la 17e édition du SILA avec 7 nouveaux titres et un seul et unique roman. Cet organisme, notons-le, a consenti des
    efforts importants dans le domaine de l’édition. Depuis l’année 2003, le HCA a édité 190 titres.
    Omar Arbane
    dz(0000/1111)dz
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