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Hommage à jean amrouche (émission de radio, 1962)

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  • Hommage à jean amrouche (émission de radio, 1962)


    Emission consacrée à l’écrivain algérien Jean Amrouche, enregistré le 17 avril 1962 (France III), soit le lendemain de sa disparition, avec Henry Barraud, Henri Hell, Marcel Jouhandeau, Pierre Jean Jouve, Gian Carlo Vigorelli, Albert Memmi, Jean Daniel, Jean Lacouture, R. P. Dubarle.

    Jean El Mouhoub Amrouche (1906-1962) était un écrivain, homme de radio, professeur et journaliste, poète et militant engagé pendant la guerre d’Algérie. Figure mystérieuse, polymorphe, Kateb Yacine parlait de lui en le désignant comme « cet inconnu ».

    A la fois « Jean » et « El Mouhoub », enraciné dans la culture française autant que dans le sol d’Algérie, kabyle, algérien et français, révolté par son statut « d’intellectuel colonisé », Jean Amrouche était un être double , voire triple, que la guerre de Libération a révélé avec éclat. Passeur et voyageur d’une culture à l’autre, par exemple à travers ses Chants berbères de Kabylie, il fut l’auteur d’une oeuvre dense, poétique, Jean Amrouche est surtout connu pour son talent d’orateur et d’intervieweur. Grande voix de la radio, il a inventé et popularisé le genre de l’entretien littéraire avec la plupart des grands écrivains et intellectuels de son temps : Char, Camus, Gide, Bachelard, Merleau-Ponty, Claudel…

    Voici ce que Tahar Djaout pensait de lui (dans Amrouche, Etoile secrète, L’enfance de l’homme et du monde, dans Algérie Actualité n° 921, Alger, 9-15 juin 1983) : « L’œuvre poétique de Jean Amrouche ne vaut pas par son abondance : elle s’arrête pratiquement en 1937 alors que le poète vivra jusqu’en 1962. La majeure partie de sa vie est consacrée au déchiffrement du monde et à la recherche du territoire natal (Chants berbères de Kabylie, 1939), au questionnement du travail intellectuel (ses entretiens avec J. Giono, F. Mauriac, P. Claudel, A. Gide, G. Ungaretti) et au combat politique (ses interventions dans la presse écrite et à la radio). (…) La figure de l’Absent, au départ imprécise et mystérieuse, s’impose peu à peu et resplendit dans sa pureté et sa grandeur. Elle devient présence obsessionnelle. Mais elle n’est pas l’unique. (…) Présence douloureuse de l’enfance et de l’espace natal doublement perdu (par la distance et par la foi) – qu’on se rappelle dans Cendres ce poème sur la mort dédié aux tombes ancestrales qui ne m’abriteront pas, présence du corps jubilant et des fruits terrestres apaisants. (…) L’inspiration de Jean Amrouche est avant tout mystique, d’un mysticisme qui transcende la religion pour créer ses religions propres : celle de l’amour éperdu, celle de la contemplation cosmique, celle de l’harmonie des éléments. S’éloignant de l’ascétisme religieux, le verbe de Jean Amrouche éclate en des poèmes opulents, gorgés de ciels, de sèves, d’orages, de fruits et de femmes. »
    JEAN AMROUCHE À LA RADIO (11 FÉVRIER 1950)


    Entretien de Jean Amrouche à la radio enregistré en février 1950. S’il y a bien une figure intellectuelle susceptible d’incarner la relation franco-algérienne, dans son tumulte autant que sa densité, c’est bien Jean Amrouche, ou plutôt Jean El Mouhoub Amrouche, à la fois « Jean » de culture française et « El Mouhoub » l’Algérien et le Kabyle. Passeur entre toutes ses cultures, il écrivit des chefs d’oeuvre comme ses « Chants berbères », l’ Etoile secrète » ou le « Chant de guerre » et entretint une longue conversation avec André Gide. Amrouche fut aussi un homme de radio, l’inventeur d’un genre nouveau avec sa série d’entretiens d’écrivains, notamment ses 34 entretiens avec André Gide (1949), mais aussi avec Mauriac, Claudel… Lorsque éclata l’insurrection, Amrouche n’hésita pas : il s’engagea résolument du côté des partisans de l’indépendance de l’Algérie et, bien que féru de culture et de littérature françaises, il fit toujours prévaloir son statut « d’intellectuel colonisé » pour plaider partout où il pouvait, la cause de l’Algérie. Interlocuteur privilégié de De Gaulle, il joua un rôle d’intermédiaire entre le FLN et les autorités françaises. Hélas, un cancer lui ôta la vie quelques mois seulement après la signature des accords d’Evian sans qu’il pût voir se réaliser l’indépendance de l’Algérie. Le paradoxe d’Amrouche, cependant, c’est qu’en dépit de ce noble itinéraire tant intellectuel que politique, son rôle et sa poésie continuent d’être largement oubliés. « Cet inconnu », comme l’appelait Kateb Yacine, est pourtant l’homme qui symbolise plus qu’aucun autre la réconciliation nécessaire entre la France et l’Algérie. Plus que Camus sans aucun doute.
    dz(0000/1111)dz
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