Tweet
Débat combien laborieux, cependant il y a lieu d'éviter tout préjugé quitte à s'autocensurer.
A votre avis?
____________________________________
L'autocensure, acte individuel et préventif, protège de la censure, acte punitif et public. Elle consiste en une pesée personnelle, intime, entre ce que l'on voudrait dire ou faire selon son cœur et ce que l'on peut dire ou faire selon ses moyens et son pouvoir. C'est une négociation entre soi et les autres, un calcul des intérêts et des risques qui débouche sur une décision reflétant la meilleure mesure du possible. Qu'elle se pratique sous l'effet de la crainte ou sous les normes admises de la civilité, l'autocensure appelle le rationnel à prévaloir sur l'émotionnel. Le but est toujours d'obtenir un maximum d'effet pour le minimum d'ennuis
Cette forme d'autocensure sociale est constante. On ne réédite plus Tintin au Congo parce qu'il a fini par apparaître insultant envers les Noirs que l'on fréquente désormais sur pied d'égalité. Les traités ou romans racistes du passé ne sont pas vantés comme «patrimoine» artistique ou scientifique de l'Occident, mais prudemment cachés.
Sont aussi discréditées sous l'effet d'une vaste autocensure les productions culturelles qui relèguent les femmes à des rôles subordonnés. Le terme même de «politiquement correct» indique l'effort qu'il faut faire, sous la contrainte de la milice morale, pour s'adapter, quoi qu'on en pense, à la norme des nouvelles venues. Il est politiquement incorrect de caresser le derrière d'une femme dans une file d'attente. L'autocensure est prudence.
Les motifs à autocensure arrivent sans s'annoncer. Le 11 septembre et la guerre d'Irak, chauffant l'esprit des parlements, des églises et des mosquées, ont fait plus pour la célébrité de Mahomet que tous les centres islamiques réunis. Du coup, ses disciples, dont certains ont la fatwa facile, ne supportent plus nos caricatures diverses et variées. Faudrait-il défendre ces œuvres, arguant de nos droits, dans nos républiques? En quoi pourtant ces caricatures - dessins, articles, discours - honorent-elles notre culture? Nos fanatiques vaudraient-ils mieux que les leurs?
A votre avis?
____________________________________
L'autocensure, acte individuel et préventif, protège de la censure, acte punitif et public. Elle consiste en une pesée personnelle, intime, entre ce que l'on voudrait dire ou faire selon son cœur et ce que l'on peut dire ou faire selon ses moyens et son pouvoir. C'est une négociation entre soi et les autres, un calcul des intérêts et des risques qui débouche sur une décision reflétant la meilleure mesure du possible. Qu'elle se pratique sous l'effet de la crainte ou sous les normes admises de la civilité, l'autocensure appelle le rationnel à prévaloir sur l'émotionnel. Le but est toujours d'obtenir un maximum d'effet pour le minimum d'ennuis
Cette forme d'autocensure sociale est constante. On ne réédite plus Tintin au Congo parce qu'il a fini par apparaître insultant envers les Noirs que l'on fréquente désormais sur pied d'égalité. Les traités ou romans racistes du passé ne sont pas vantés comme «patrimoine» artistique ou scientifique de l'Occident, mais prudemment cachés.
Sont aussi discréditées sous l'effet d'une vaste autocensure les productions culturelles qui relèguent les femmes à des rôles subordonnés. Le terme même de «politiquement correct» indique l'effort qu'il faut faire, sous la contrainte de la milice morale, pour s'adapter, quoi qu'on en pense, à la norme des nouvelles venues. Il est politiquement incorrect de caresser le derrière d'une femme dans une file d'attente. L'autocensure est prudence.
Les motifs à autocensure arrivent sans s'annoncer. Le 11 septembre et la guerre d'Irak, chauffant l'esprit des parlements, des églises et des mosquées, ont fait plus pour la célébrité de Mahomet que tous les centres islamiques réunis. Du coup, ses disciples, dont certains ont la fatwa facile, ne supportent plus nos caricatures diverses et variées. Faudrait-il défendre ces œuvres, arguant de nos droits, dans nos républiques? En quoi pourtant ces caricatures - dessins, articles, discours - honorent-elles notre culture? Nos fanatiques vaudraient-ils mieux que les leurs?