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Faute de mieux, Facebook pourrait devenir le seul «média libre» au Maroc

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  • Faute de mieux, Facebook pourrait devenir le seul «média libre» au Maroc

    5 mai 2016
    👤 Par Pauline Chambost

    À l’issue de ses observations et de dizaines d’entretiens, une chercheuse de la London School of Economics propose un «scan» de la presse marocaine.

    Le centre Moyen-Orient de la London School of Economis vient de publier une étude intitulée «Moroccan national media. Between change and statu quo». La chercheuse Fatima el-Issawi offre un panorama de la presse marocaine et de son fonctionnement, fondé sur des observations et des entretiens avec journalistes et patrons de presse. La chercheuse livre une analyse proche de celle publiée par les principales ONG traitant du même sujet. Depuis quelques années, notamment grâce au 20-Février, les sujets traités sont plus diversifiés et il y a davantage d’investigations, sauf que trois tabous ont la vie dure : le roi, l’islam et le Sahara.

    Procès et pression économique

    Un énorme décalage entre la loi et la pratique frappe le monde des médias. Alors que la Constitution de 2011 consacre la liberté d’expression, les procès à l’encontre de journalistes sont «fréquents», rappelle Fatima el-Issawi. Pire, tout est entrepris pour «isoler» les journalistes, à l’aide de procès concernant des affaires privées et du boycott publicitaire. Concernant les premières : «Je suis très prudent. […] Je suis terrifié par l’idée qu’ils peuvent fabriquer des procès moraux contre moi. Le professionnalisme n’est pas suffisant pour me protéger», estime un journaliste interviewé. Fatima Ifriqui (passée par Al Oula et Akhbar Al Yaoum) va même plus loin : «Les journalistes critiques indépendants n’ont pas de vraie vie privée. Ils ne peuvent pas retrouver leurs amis dans des bars, ils ne peuvent pas vivre leur vie normalement, nous sommes obligés de nous retirer socialement ; nous ne sommes pas seulement effrayés par le régime mais aussi par la société, qui peut être violente.» En ce qui concerne le boycott des annonceurs, le journaliste Talha Jibril (Assima Post) est catégorique : «Sept entreprises monopolisent le marché de la publicité. Quelques coups de téléphone à celles-ci suffisent pour stopper le flux d’annonces de n’importe quelle publication». «La plupart des hommes d’affaires fortunés sont fidèles au pouvoir et utilisent la publicité comme outil de censure», ajoute Taoufik Bouachrine, directeur de publication de Akhbar Al Yaoum.

    Patriotes vs. fauteurs de troubles

    L’autocensure est consacrée. Les journalistes interviewés avouent craindre d’être poursuivis pour leurs publications, pour leurs opinions politiques. Aussi, à l’issue des entretiens qu’elle a menés, la chercheuse conclut qu’aux lignes rouges habituelles se sont ajoutées une censure et une auto-censure liées à l’arrivée du PJD au pouvoir. «Je ne peux pas aujourd’hui défendre dans un article d’opposition le droit de manger en public pendant le ramadan. Avant, il y a 10 ou 15 ans, cela aurait été possible, mais aujourd’hui non», estime un journaliste interviewé.

    Pour Fatim el-Issawi, le portrait de la presse marocaine est arrêté : D’un côté, les journalistes qui défendent le statu quo au nom du «patriotisme», et de l’autre les «fauteurs de troubles», les journalistes critiques qui sont accusés de ternir l’image du pays.

    La riposte du régime sur le Web

    Mais la chercheuse de la London School of Economics avance une analyse plus rare : celle des journaux en ligne, qui se sont multipliés après le 20-Février. Elle estime qu’ils contrecarrent «le discours hégémonique des médias traditionnels». En revanche, l’étude explique que le régime s’est rapidement rendu compte, du pouvoir des sites d’information. Ainsi, «la plupart» des journaux en ligne «adoptent une ligne éditoriale “pro-régime”» et sont utilisés pour «diffamer les adversaires». D’après Taoufik Bouachrine, interviewé par Fatima el-Issawi, le régime utiliserait des gens pour publier des commentaires sur ces sites, afin de créer une opinion publique virtuelle. Finalement, la prolifération de ces sites participe à l’«isolement des quelques rares médias indépendants.»

    Facebook, une aubaine ou un refuge ?

    Quelques pages Facebook sont aussi employées «comme vecteur du changement politique». La chercheuse tente de prouver que le retour à l’auto-censure des journalistes en pousse certains à utiliser Facebook pour s’exprimer. Le réseau social est devenu « non seulement une plate-forme pour la liberté d’expression mais aussi d’information». «Tous les journalistes qui ont été interviewés, sans exception, disent qu’ils utilisent Facebook pour exprimer leurs opinions ouvertement, pour diffuser leur travail et se connecter à leur public.»

    Alors que les réseaux sociaux sont aussi utilisés pour la propagande, Ali Anouzla, interviewé dans l’étude, est plutôt optimiste : «En étant plus crédibles, ceux qui utilisent ces outils pour un changement démocratique sont plus influents.» Mais dans sa conclusion, Fatima el-Issawi reste pessimiste puisqu’elle estime que l’utilisation de Facebook par les journalistes comme alternative aux médias traditionnels (Web ou papier) solidifie le statu quo, puisque cela permet aux intéressés de «supporter» les limites que leur imposent leurs publications.

  • #2
    la malheureuse réalité

    classement 2016 Différence classement 2015
    129 Algérie -10
    131 Maroc -1


    https://rsf.org/fr/ranking_table

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    • #3
      salam! comme si les medias occidentaux etait libre!! ils roulent tous pour un systeme controler par l etat! et si j etais les marocains ou autres je couperai facebook outil pour abrutire les gens!!

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      • #4
        Ainsi, «la plupart» des journaux en ligne «adoptent une ligne éditoriale “pro-régime”» et sont utilisés pour «diffamer les adversaires».

        D’après Taoufik Bouachrine, interviewé par Fatima el-Issawi, le régime utiliserait des gens pour publier des commentaires sur ces sites, afin de créer une opinion publique virtuelle.
        Que d'acrobaties livrées par le makhzen ...

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