Le roi Mohammed VI effectuera une visite officielle en Chine les 11 et 12 mai prochains où seront signés d'importantes conventions entre les deux pays. Il est prévu également de parapher un traité de libre-échange entre le royaume et la république de Chine (selon l'Agence Chine Nouvelle Xinhua). Quelques heures après la diffusion de l'information, les débats sur les conséquences possibles sur l'industrie marocaine ont commencé. Certains estiment que l'accord de libre-échange, s'il est conclu, aura des conséquences calamiteuses pour le Maroc et les acteurs économiques du pays.
En réalité, si l'accord de libre-échange entre la Chine et le Maroc voit le jour prochainement, une nouvelle ère commencera pour le commerce entre ces pays. Les accords pourront prévoir des droits de douane à taux zéro pour un large éventail de marchandises, et par conséquent, les importations chinoises au Maroc et les exportations marocaines vers la Chine seront exemptées quasiment de tous les frais et charges.
La bonne nouvelle est que cette concurrence chinoise pourrait inciter les industries marocaines à s'adapter pour le meilleur intérêt des consommateurs; c'est-à-dire pour les intérêts des Marocains. Et si les produits chinois peuvent atteindre plus facilement le Maroc, c'est que ce dernier pourrait exporter plus aisément en Chine et les entrepreneurs marocains auront plus de facilité à atteindre l'un des plus grands marchés dans le monde.
La mauvaise nouvelle est que, à l'heure actuelle, plus de la moitié des exportations marocaines sont réalisées par de grands industriels, alors que les très petites et moyennes entreprises ont du mal à se faire une place dans le tableau.
Il faut rappeler que la Chine est le plus grand partenaire commercial du Maroc en Asie, et le quatrième partenaire commercial derrière l'Espagne, la France, les États-Unis, avec 4,5% des parts du marché marocain. Tandis que le Maroc est le septième plus grand partenaire commercial de la Chine, mais seulement entre les pays africains. Si les échanges entre les deux pays ont fortement progressé ces dernières années, ils restent, à titre d'exemple, quasiment trois fois inférieurs à ceux entre Alger et Pékin. Par ailleurs, la balance commerciale est largement déficitaire pour le royaume (de 27,2 milliards de dirhams en 2014). En effet, la Chine a exporté pour 29,4 milliards de dirhams en 2014, alors que les exportations marocaines sont à hauteur de 2,27 milliards de dirhams la même année.
La question qui se pose alors est de savoir si cet accord de libre-échange pourra être bénéfique pour le pays ou pas. De nombreux universitaires et acteurs économiques diront non et resteront figés quant à leur position de "contre" l'ALE avec la Chine, voire "contre" tout type d'accord de libre-échange, et ils sont nombreux!
Une chose est sûre, c'est que les accords de libre-échange permettent toujours plus de création de richesses que tout autre ordre économique. Grâce à ces accords, le prix des biens de consommation chute, ce qui est d'autant plus bénéfique aux plus démunis, étant donné la part plus conséquente des salaires dépensés pour ces biens. Les accords de libre-échange apportent également un plus grand choix de produits aux consommateurs. D'ailleurs, il n'est pas possible d'avoir une économie dynamique et solide sans échanges internationaux.
Quelques universitaires avancent également l'argument selon lequel l'ouverture du commerce avec la Chine fera perdre des emplois dans notre marché national. Cependant, dans la plupart des cas, les travailleurs marocains et chinois ne sont pas en concurrence pour les mêmes emplois parce qu'ils font différents types de travaux. L'avantage comparatif et la spécialisation jouent un rôle important dans toutes les relations commerciales. La Chine a l'avantage comparatif dans l'industrie légère et l'industrie lourde, tandis que le Maroc a un avantage dans l'agriculture, la transformation des denrées alimentaires, les produits chimiques, certains produits manufacturés, et en cours pour des domaines impliquant un degré élevé de capital humain comme la précision de fabrication industrielle (cf. aéronautique).
Le Maroc a ainsi le potentiel nécessaire pour faire concurrence à la Chine pour certains produits manufacturés et la Chine lui offre l'opportunité d'instaurer des effets de polarisation industrielle.
La question qui se pose concerne la capacité et la taille des entreprises marocaines, qui demeure un défi majeur pour que ces dernières puissent rentrer sur le marché chinois. Ayant l'expérience d'avoir accompagné une entreprise française de cosmétiques dans le marché chinois pour commencer l'exportation de ses produits et l'ouverture d'une première boutique à Shanghai, seul constat que je pourrais faire: la tâche n'est guère facile!
De la multitude des démarches administratives et douanières, à l'hétérogénéité des régions du pays en passant par les différences interculturelles, les frais des licences à payer ou le temps à consacrer pour sortir un container du port... De nombreuses difficultés d'accès au marché chinois sont à prévoir.
Les agences gouvernementales (Maroc export, EACC, ANPME), les acteurs économiques (SMAEX, SNTL et les banques) et les associations d'accompagnement à l'export (Asmex, etc.) sont vivement invités à réunir leurs efforts dans la prospection, la présentation d'offres complémentaires, les négociations collectives, etc.
Le sort de l'industrie marocaine est encore entre les mains de ses acteurs. Ils ont des mois, voire des années avant la conclusion de cet accord de libre-échange, pour que les TPE et les PME marocaines soient bien armées, plus solides et plus innovantes dans leurs offres et leurs démarches, afin d'attaquer le marché chinois.
Dans cette perspective, les entrepreneurs marocains devront percevoir les accords de libre-échange comme un moyen de s'ouvrir davantage au monde extérieur et d'accélérer les réformes nationales, comme une approche efficace pour s'intégrer dans l'économie mondiale et renforcer la coopération économique avec d'autres économies et comme un complément important au système multilatéral d'échanges commerciaux.
L'ouverture aux marchés étrangers devra être perçue, pour un pays comme le Maroc qui est en plein développement et croissance, comme un nouveau challenge que les acteurs devront relever ensemble. C'est une étape vers l'avant pour assurer la présence de la marque et du modèle marocain dans le quotidien des citoyens du monde entier.
Encore une fois, des stratégies de développement axées sur les exportations permettront au pays de parvenir à une forte croissance économique et de réduire considérablement le taux de pauvreté. La réussite de la Chine et de nombreux autres pays nous montre qu'il est important de soutenir l'essor et la compétitivité du secteur privé sur les marchés d'exportation, et d'encourager l'expansion et le renforcement de différents blocs d'échanges régionaux.
Le Maroc doit se ressaisir et continuer dans l'organisation de son propre leadership.
HUFFPOST
En réalité, si l'accord de libre-échange entre la Chine et le Maroc voit le jour prochainement, une nouvelle ère commencera pour le commerce entre ces pays. Les accords pourront prévoir des droits de douane à taux zéro pour un large éventail de marchandises, et par conséquent, les importations chinoises au Maroc et les exportations marocaines vers la Chine seront exemptées quasiment de tous les frais et charges.
La bonne nouvelle est que cette concurrence chinoise pourrait inciter les industries marocaines à s'adapter pour le meilleur intérêt des consommateurs; c'est-à-dire pour les intérêts des Marocains. Et si les produits chinois peuvent atteindre plus facilement le Maroc, c'est que ce dernier pourrait exporter plus aisément en Chine et les entrepreneurs marocains auront plus de facilité à atteindre l'un des plus grands marchés dans le monde.
La mauvaise nouvelle est que, à l'heure actuelle, plus de la moitié des exportations marocaines sont réalisées par de grands industriels, alors que les très petites et moyennes entreprises ont du mal à se faire une place dans le tableau.
Il faut rappeler que la Chine est le plus grand partenaire commercial du Maroc en Asie, et le quatrième partenaire commercial derrière l'Espagne, la France, les États-Unis, avec 4,5% des parts du marché marocain. Tandis que le Maroc est le septième plus grand partenaire commercial de la Chine, mais seulement entre les pays africains. Si les échanges entre les deux pays ont fortement progressé ces dernières années, ils restent, à titre d'exemple, quasiment trois fois inférieurs à ceux entre Alger et Pékin. Par ailleurs, la balance commerciale est largement déficitaire pour le royaume (de 27,2 milliards de dirhams en 2014). En effet, la Chine a exporté pour 29,4 milliards de dirhams en 2014, alors que les exportations marocaines sont à hauteur de 2,27 milliards de dirhams la même année.
La question qui se pose alors est de savoir si cet accord de libre-échange pourra être bénéfique pour le pays ou pas. De nombreux universitaires et acteurs économiques diront non et resteront figés quant à leur position de "contre" l'ALE avec la Chine, voire "contre" tout type d'accord de libre-échange, et ils sont nombreux!
Une chose est sûre, c'est que les accords de libre-échange permettent toujours plus de création de richesses que tout autre ordre économique. Grâce à ces accords, le prix des biens de consommation chute, ce qui est d'autant plus bénéfique aux plus démunis, étant donné la part plus conséquente des salaires dépensés pour ces biens. Les accords de libre-échange apportent également un plus grand choix de produits aux consommateurs. D'ailleurs, il n'est pas possible d'avoir une économie dynamique et solide sans échanges internationaux.
Quelques universitaires avancent également l'argument selon lequel l'ouverture du commerce avec la Chine fera perdre des emplois dans notre marché national. Cependant, dans la plupart des cas, les travailleurs marocains et chinois ne sont pas en concurrence pour les mêmes emplois parce qu'ils font différents types de travaux. L'avantage comparatif et la spécialisation jouent un rôle important dans toutes les relations commerciales. La Chine a l'avantage comparatif dans l'industrie légère et l'industrie lourde, tandis que le Maroc a un avantage dans l'agriculture, la transformation des denrées alimentaires, les produits chimiques, certains produits manufacturés, et en cours pour des domaines impliquant un degré élevé de capital humain comme la précision de fabrication industrielle (cf. aéronautique).
Le Maroc a ainsi le potentiel nécessaire pour faire concurrence à la Chine pour certains produits manufacturés et la Chine lui offre l'opportunité d'instaurer des effets de polarisation industrielle.
La question qui se pose concerne la capacité et la taille des entreprises marocaines, qui demeure un défi majeur pour que ces dernières puissent rentrer sur le marché chinois. Ayant l'expérience d'avoir accompagné une entreprise française de cosmétiques dans le marché chinois pour commencer l'exportation de ses produits et l'ouverture d'une première boutique à Shanghai, seul constat que je pourrais faire: la tâche n'est guère facile!
De la multitude des démarches administratives et douanières, à l'hétérogénéité des régions du pays en passant par les différences interculturelles, les frais des licences à payer ou le temps à consacrer pour sortir un container du port... De nombreuses difficultés d'accès au marché chinois sont à prévoir.
Les agences gouvernementales (Maroc export, EACC, ANPME), les acteurs économiques (SMAEX, SNTL et les banques) et les associations d'accompagnement à l'export (Asmex, etc.) sont vivement invités à réunir leurs efforts dans la prospection, la présentation d'offres complémentaires, les négociations collectives, etc.
Le sort de l'industrie marocaine est encore entre les mains de ses acteurs. Ils ont des mois, voire des années avant la conclusion de cet accord de libre-échange, pour que les TPE et les PME marocaines soient bien armées, plus solides et plus innovantes dans leurs offres et leurs démarches, afin d'attaquer le marché chinois.
Dans cette perspective, les entrepreneurs marocains devront percevoir les accords de libre-échange comme un moyen de s'ouvrir davantage au monde extérieur et d'accélérer les réformes nationales, comme une approche efficace pour s'intégrer dans l'économie mondiale et renforcer la coopération économique avec d'autres économies et comme un complément important au système multilatéral d'échanges commerciaux.
L'ouverture aux marchés étrangers devra être perçue, pour un pays comme le Maroc qui est en plein développement et croissance, comme un nouveau challenge que les acteurs devront relever ensemble. C'est une étape vers l'avant pour assurer la présence de la marque et du modèle marocain dans le quotidien des citoyens du monde entier.
Encore une fois, des stratégies de développement axées sur les exportations permettront au pays de parvenir à une forte croissance économique et de réduire considérablement le taux de pauvreté. La réussite de la Chine et de nombreux autres pays nous montre qu'il est important de soutenir l'essor et la compétitivité du secteur privé sur les marchés d'exportation, et d'encourager l'expansion et le renforcement de différents blocs d'échanges régionaux.
Le Maroc doit se ressaisir et continuer dans l'organisation de son propre leadership.
HUFFPOST
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