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L’Algérie face aux deux Guerres Mondiales...Gilbert Meynier et Belkacem Recham.

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  • L’Algérie face aux deux Guerres Mondiales...Gilbert Meynier et Belkacem Recham.

    A travers l'etude des musulmans algeriens dans l'armee francaise de 1919 a 1945, on decouvre un autre aspect de la colonisation francaise : celui de l'exploitation du potentiel humain qu'offre cette colonie pour servir l'expansion coloniale d'une part et la defense de la france metropolitaine d'autre part. Cette etude couvre trois aspects essentiels : le premier est exclusivement militaire. Il montre en donnees quantitatives et analyse historique, l'evolution du recrutement en algerie par voie d'appel et par voie d'engagements volontaires, les effectifs resultant de ces deux modes de recrutement et leur repartition sur les differentes armes et principaux services de l'armee, l'effort de guerre fourni par l'algerian en 1939-40 et de 1942 a 1945. Le deuxieme est social, voire culturel.
    Il s'interesse a l'appartenance sociale des recrues et l'analyse du taux d'alphabetisme et son evolution entre les deux guerre, mais aussi, il analyse le statut des musulmans dans l'armee francaise : les soldes, les indemnites, l'avancement, le commandement, l'emploi et fait ressortir les discriminations entre europeens et musulmans et les differentes inegalites de la loi.
    Dès 1830, la France a levé des troupes dans ses colonies. L'historien Belkacem Recham revient sur la contribution de ces hommes durant la Seconde Guerre mondiale.

    Belkacem Recham est historien, chargé de cours à l'université Marc-Bloch de Strasbourg. Il est également l'auteur des Musulmans algériens dans l'armée française 1919-1945, Éditions L'Harmattan, 1996.

    Pourquoi l'armée française recrute-t-elle, très tôt, des soldats issus des colonies ?

    Belkacem Recham. Dès 1830, la France lève des troupes autochtones pour la seconder dans la conquête de territoires en Algérie. Des officiers français complètent alors les rangs de l'armée française par un recrutement local, avec des hommes bénéficiant d'une parfaite connaissance du terrain et des populations. Différents corps auxiliaires sont formés jusqu'en 1841, date à laquelle des ordonnances royales créent les régiments de tirailleurs et de spahis, dont le nombre ne cesse de croître à mesure que la conquête progresse vers l'intérieur du pays.

    Ce n'est qu'à partir de 1870, puis à l'occasion des Première et Seconde Guerres mondiales, que ces contingents sont utilisés pour défendre la France métropolitaine. Compte tenu des besoins, la France est obligée, à ces occasions, de recourir au recrutement au-delà de la Méditerranée.

    Après la défaite de 1940, que deviennent ces soldats indigènes ? Certains rejoignent-ils la Résistance ?

    Belkacem Recham. Avec l'aide de résistants français, certains s'évadent des camps de prisonniers qui leur sont réservés en zone occupée et entrent dans la clandestinité. Mais il est vrai que les résistants originaires des colonies sont davantage issus de l'élite intellectuelle résidant en France. Les soldats, eux, connaissent le même sort que le reste de l'armée française : ils sont tués lors des combats ou faits prisonniers.

    Lorsque cette armée est reconstituée en 1942, après le débarquement allié à Alger, quel est, en son sein, le statut des indigènes mobilisés pour libérer la France ?

    Belkacem Recham. Le statut des soldats indigènes est régi par plusieurs textes, selon qu'ils viennent d'Algérie, du Maroc, de Tunisie ou d'Afrique noire. Mais ces textes ont en commun d'entériner une triple discrimination. Après plus d'un siècle d'existence des régiments de tirailleurs et de spahis, les soldes des indigènes sont restées nettement inférieures à celles des Européens. Il faut attendre le mois d'août 1943 pour que le général de Gaulle décide d'établir la parité des soldes entre Européens et indigènes. Autre discrimination : les indigènes reçoivent très peu de commandement, du fait de la méfiance de l'état-major vis-à-vis des cadres musulmans, pourtant très loyaux. Du point de vue de l'avancement, enfin, jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les soldats indigènes ne peuvent dépasser le grade de capitaine, promotion qui n'intervient, le plus souvent, qu'à la veille de la retraite. Cet avancement est en outre très lent. Alors que deux ans suffisent aux Européens pour passer du grade de sous-lieutenant à celui de lieutenant, il en faut jusqu'à six pour un soldat indigène. Ces discriminations subsistent jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Avec la guerre d'Indochine, la France consent à promouvoir quelques rares officiers supérieurs. Mais ils se comptent sur les doigts de la main.

    Cette expérience du combat pour la libération de la France renforce-t-elle chez les indigènes l'aspiration à l'indépendance ?

    Belkacem Recham. Dans le cas de l'Algérie, c'est une évidence. On peut citer des cas illustres de soldats qui ont participé à la libération de la France et sont ensuite devenus des cadres de l'Armée de libération nationale : Ben Bella, Boudiaf, Krim Belkacem et bien d'autres. En fait, la majorité des cadres de l'ALN sont issus de l'armée française. Leur participation à la libération de la France sert de déclencheur, d'accélérateur, dans la prise en charge du mouvement national algérien. Cette expérience, d'une certaine manière, leur ouvre les yeux sur la situation qui prévaut en Algérie. Une prise de conscience attisée par les événements dramatiques qui embrasent, à partir du 8 mai 1945, la région de Sétif et Guelma.
    dz(0000/1111)dz
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