Annonce

Réduire
Aucune annonce.

INCENDIES :Ce que nous dit la guerre du feu en Alberta

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • INCENDIES :Ce que nous dit la guerre du feu en Alberta


    Cinq mois après la conférence de Paris sur le climat les décideurs politiques des grandes puissances semblent avoir oublié leurs engagements. Pourtant les signes inquiétants des dérèglements climatiques se multiplient de l’Asie en Afrique en passant par l’Alberta au Canada.
    Le 3 mai, quelques 9 000 hectares de forêts et de broussailles avaient brûlé dans la province canadienne de l’Alberta. Deux jours plus tard le feu avait ravagé plus de 85 000 hectares dont 12 000 hectares autour de Fort McMuray , dont la population, paniquée, a quitté la ville et s’est souvent retrouvée en panne sèche sur la route de l’exode. Les plus chanceux, dans ce malheur, ont déjà rejoint des villes comme Edmonton, capitale de l’Alberta, voire Calgary à 550 kilomètres de la zone sinistrée. A Fort McMurray, ville de 100.000 habitants, des quartiers entiers ont été ravagés par les flammes et le retour sera compliqué pour beaucoup de gens.
    Cet incendie gigantesque dans un pays de l’hémisphère nord nous donne un aperçu de ce que seront les conséquences du réchauffement climatique. Ce feu printanier a été favorisé par une sécheresse inhabituelle intervenant tôt dans l’année, encore plus importante que celle de l’an dernier. En 2015 déjà, le printemps avait été très sec à la suite d’un hiver anormalement doux. Le climatologue canadien Dave Phillips, indiquait alors que les prairies avaient vécu un de leurs hivers les plus secs avec un printemps suivant la même tendance. Puis il ajoutait : « aucun printemps, en 68 ans de surveillance, n’a été aussi sec ». Il apparaît que le phénomène se prolonge en 2016 dans le cadre du cycle imputable à El Nino puisque les précédentes sécheresses les plus marquantes en Alberta remontent à 2009 et à 2002 dans le cadre de ce même cycle.
    L’Alberta dispose d’importantes réserves de pétrole dans les sables bitumineux, dont 20% des gisements se trouvent en surface et 80% sont plus profonds et accessibles par forage. Du coup, l’incendie qui dure depuis plusieurs jours a fait remonter le prix de pétrole dans les salles de marché. Bien que l’offre mondiale reste excédentaire par rapport à la demande, le baril de pétrole WTI est désormais coté 45 dollars, ce qui fait une hausse de 44% en l’espace de trois mois. Les catastrophes aussi sont des marchés spéculatifs aux yeux de traders.
    L’incendie qui ravage l’Alberta n’est qu’un aspect parmi de la crise climatique qui avance à grands pas et qui va compliquer la vie de plusieurs milliards d’humains sur terre dans les prochaines décennies. Ce vendredi matin, deux quotidiens nationaux, pourtant favorables à la mondialisation libérale et prédatrice, le montrent chacun à sa manière. Un article des Echos s’appuie sur un rapport de la Banque mondiale pour montrer que la pénurie d’eau due au réchauffement climatique pourrait compliquer la vie dans de grands pays comme l’Inde et la Chine en plus de ceux du Moyen-Orient dans les prochaines années. Parlant de l’eau ce rapport indique : « Si les politiques actuelles de gestion de cette ressource perdurent et si les scénarios de réchauffement du climat se confirment, les cas de pénurie vont s’étendre à des ragions jusqu’à présent épargnées et s’aggraver dans celles qui manquent déjà d’eau », indique ce rapport.
    Le Figaro s’est intéressé à la « grande muraille verte » , cette plantation d’arbres de 7.600 km de long et de 15 km de large que l’on tente de construire depuis 2002 de l’ouest à l’est de l’Afrique depuis le Sénégal jusqu’à l’Ethiopie. Bien que les travaux aient été lancés officiellement en 2005 « il s’agit toujours d’un projet embryonnaire » déclare la biologiste Deborah Goffner, directrice de recherche au CNRS et membre de l’équipe scientifique qui travaille sur le dossier au Sénégal. Dans de vastes zones marquées à la fois par la sécheresse et par la transhumance des troupeaux affamés et assoiffés, il est difficile de protéger les jeunes pousses de la voracité des animaux. « Pour que l’arbre ait une chance de survivre, il faut qu’il soit suffisamment grand afin que les chèvres ne puissent pas accéder aux bourgeons », selon le directeur de l’Unité mixte internationale qui suit l’avancement des travaux.
    De semaine en semaine, les premiers mois de l’année 2016 nous montrent que les dérèglements climatiques sont de plus en plus nombreux et se produisent souvent là où on ne les attend pas. Tandis que les décideurs politiques ont déjà oublié les conclusions de la conférence de Paris sur le climat, les arbres et les broussailles brûlent en Alberta. Mais les bourgeons des vignes de nos grands crus gèlent en Bourgogne où l’on annonce déjà une perte de 30% selon des techniciens des chambres d’agriculture.
    Manquer d’eau est quelque chose de terrible, mais manquer de vin serait d’une grande tristesse.

    GÉRARD LE PUILL

    HUMANITE.FR
    dz(0000/1111)dz
Chargement...
X