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Tamanrasset, ou la splendeur d’un passé

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    Tamanrasset, ou la splendeur d’un passé, un voyage racontenté par Hacène Hirèche (Université Paris 8).


    L’avion d’Air Algérie qui nous transportait cette nuit du 23 décembre d’une année finissante vers Tamanrasset était plein à craquer. Malgré un retard de deux heures, les passagers dont beaucoups d’européens, ont pu garder leur enthousiasme à l’idée de s’envoler vers une contrée aux paysages lunaires insolites et d’une beauté légendaire.

    Après une rapide escale à Djanet, l’avion survole enfin Tamanrasset, ville mythique, la Tombouctou des temps modernes. A trois heures du matin, le mastodonte volant plane au-dessus d’une ville endormie mais brillante de tous ses feux et atterrit sur un coquet petit aérodrome. L’accueil y fut chaleureux malgré le froid vif de la nuit. Venus de France, Belkacem Liami et Max Feddag se regardent, émus à l’idée de retrouver un ami installé dans la ville depuis une trentaine d’années. C’est que le personnage est lui-même exceptionnel. Un sexagénaire souriant, l’air malicieux, des yeux rieurs derrière de petites lunettes. Dda Rabah pour les uns, aâmi Rabah pour les autres, Monsieur Bournane connaît bien le Sud et ses hommes. Il est apprécié à des centaines de kilomètres à la ronde. Entrepreneur pendant deux décennies, bâtisseur de plusieurs établissements de la région, le voilà hôtelier au service d’une Algérie avide d’ouverture. Avec courage et amour, il a fait dresser un superbe hôtel dans la ville. “L’hôtel Bournane” qui a jailli d’un sol où se disputent sable et rocailles. Un joyau dans cette contrée sans frontières où se mêlent l’Afrique noire et l’Afrique blanche dans une harmonie féconde. Les civilisations se côtoient, se mélangent et s’enrichissent, faisant de Tamanrasset le réceptacle d’éblouissements défiant le temps et l’espace. Dda Rabah nous conduit dans des chambres de grand standing jamais occupées jusque-là. C’est que l’hôtel qui n’a pas encore ouvert ses portes au public, attend une inauguration imminente. Des tableaux illustrent la vie quotidienne des Touaregs décorent les murs aux couleurs locales : rouge ocre, bleu indigo, jaune or... Des fenêtres du second étage où domine une ville qui s’étale à nos pieds comme pour nous inviter à découvrir ses innombrables secrets.

    Carrefour des pays sahariens

    Si le nom de Tamanrasset évoque les splendeurs passées du monde négro-berbère, aujourd’hui elle est le point de ralliement de l’Afrique, de l’Europe et de l’Orient. Sa position géographique et stratégique au carrefour des pays sahariens fait de cette cité un lieu privilégié de rapprochement des hommes et des cultures. A coup sûr, c’est une ville de demain, Belkacem, le regard vif et le visage illuminé jure à qui veut l’entendre : “Je viendrais investir ici le plus tôt possible, ma place n’est plus à Paris, elle est là au carrefour des hommes et des affaires”. Son ami Max soupire pour répliquer : “Ah, si j’avais 10 ans de moins, je n’hésiterai pas une seconde !” Le jeune retraité parisien est lui aussi fasciné par cette terre de fraternité dont Dda Rabah a toujours loué le sens de l’accueil, à l’image de la soirée somptueuse que nous a organisé son ami Chérif. La vie de ses marchands, de ses cadres venus du nord du pays ou de l’Occident est aux antipodes de la vie parisienne. La sérénité habite les lieux. Tamanrasset devient, à grand coefficient d’accélération, un foyer culturel, un pôle économique, un lieu de brassage, modèle d’une rencontre interculturelle qui ignore les préjugés de couleur, d’éthnie ou de langue. A coup sûr, elle sera la capitale du grand Sud, au grand bonheur de ses habitants et des familles qui affluent de toutes parts. Les autorités locales gagneraient à veiller davantage et sans relâche sur la propreté des sites à combattre sans merci les décharges qui jonchent le sol à toutes les sorties de la ville, une pollution indigne d’une cité promise à un grand avenir. La beauté des lieux ne peut souffrir une moindre inattention. Dès à présent, une politique d’écotourisme doit prendre le pas sur le traditionnel va-et-vient de visiteurs frappés de négligences. Les sites montagneux où ciel et terre se confondent, où faune et flore attirent toujours plus d’étrangers méritent d’avoir toute notre vigilance. Les trésors archéologiques, traces d’une civilisation millénaire sont les garants d’une renaissance imminente. Monsieur Bournane l’a compris. En érigeant son splendide hôtel, il crée à son échelle, les conditions d’un renouveau africain et fait de Tamanrasset une ville du futur. Merci Dda Rabah !

    - La depeche de Kabylie
    Dernière modification par Thirga.ounevdhou, 06 janvier 2007, 09h28.
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