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Destitution: Rousseff dénonce un «coup d'Etat»

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    Destitution: Rousseff dénonce un «coup d'Etat»

    La Présidente est écartée du pouvoir pour cent quatre-vingts jours. Plus des deux tiers de la Chambre haute ont voté pour, alors que la simple majorité suffisait à l'écarter.

    Le verdict est tombé au petit matin au Brésil. Par 55 voix contre 22, le Sénat a approuvé l’ouverture du procès en destitution de la présidente Dilma Rousseff (Parti des travailleurs, PT), accusée d’enfreindre les lois sur les finances publiques. La défaite est sans appel pour la Présidente, puisque plus des deux tiers de la Chambre haute ont voté pour, alors que la simple majorité suffisait à l’écarter du pouvoir.

    A partir de ce jeudi, la cheffe de l’Etat est suspendue, en principe pour cent quatre-vingts jours, afin de se défendre. Elle est accusée d’avoir augmenté les dépenses en 2015, sans l’autorisation du Congrès, mais aussi d’en avoir fait assumer certaines à une banque publique (finalement remboursée), afin de dissimuler l’ampleur des déficits.

    Dans sa première réaction, elle a appelé les Brésiliens à se mobiliser contre ce qu'elle appelle un coup d'Etat. «Aux Brésiliens qui s’opposent au coup d’Etat, qu’ils soient de n’importe quel parti, je lance un appel: maintenez-vous mobilisés, unis et dans la paix. La lutte pour la démocratie n’a pas de date finale, c’est une lutte qui exige qu’on s’y consacre en permanence», a-t-elle déclaré, avant de souligner qu’elle n’aurait «jamais imaginé devoir lutter une nouvelle fois contre un coup d’Etat».

    Lynchage politique
    Elue en 2010, puis réélue fin 2014, pour un second mandat de quatre ans, la protégée de l’ex-président Lula a choisi de mettre en scène son départ du Planalto, pour montrer qu’elle garde des soutiens. C’est donc entourée de Lula lui-même et de militants qu’elle devrait quitter le palais présidentiel. L’ex-guerillera est, dit-on, à bout de nerfs, mais jure qu’elle luttera pour être blanchie. L’intérim sera assuré par le vice-président Michel Temer, du Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), qui a rompu avec elle afin de précipiter sa chute.

    Pendant des heures, les sénateurs se sont relayés au perchoir pour se livrer au lynchage politique de Dilma Rousseff. Wilder Morais, du Parti progressiste (droite), hier encore son allié, a ainsi dénoncé la corruption alors que sa formation est impliquée au même titre que le PT, le PMDB et d’autres, dans l’énorme scandale de détournement chez Petrobras. Candidat malheureux à la dernière présidentielle, Aécio Neves, chef de l’opposition de centre droit, et lui aussi mis en cause dans cette affaire. Il a, pour sa part, imputé la débâcle économique à «l’irresponsabilité budgétaire de la présidente, marque des gouvernements populistes».

    «Cycle d’instabilité»
    Même la gauche s’est divisée… «L’impeachment n’est pas un procès exclusivement politique, a mis en garde de son côté Randolfe Rodrigues (extrême gauche). Or, le motif juridique invoqué est fragile. De plus, le vice-président Michel Temer a eu recours aux mêmes pratiques que Dilma. Alors, pourquoi ne pas l’écarter aussi ? La population ne veut ni d’elle ni de lui.» Tandis que la communiste Vanessa Grazziotin criait à un«coup d’Etat parlementaire». «Ce procès est une tentative de déposer une présidente honnête, pour mettre fin à "Lava Jato" [l’enquête sur les malversations à Petrobras, ndlr], revenir sur les politiques sociales et restaurer le néolibéralisme», a-t-elle lancé.

    Ainsi s’achève le cycle du PT au pouvoir, entamé avec l’élection de Lula en 2002. Depuis le retour à la démocratie, en 1985, Dilma Rousseff est la seconde présidente visée par un impeachment. Mais contrairement à Fernando Collor de Mello, jugé pour corruption en 1992, sa destitution est contestée. La présidente n’est pas accusée d’enrichissement personnel, à l’inverse de nombre des parlementaires qui entendent la juger. Les bricolages comptables qui lui sont imputés ont été adoptés en toute impunité par ses prédécesseurs et, pour divers juristes, ils ne sauraient constituer une faute passible de perte de mandat. Le chercheur Aníbal Perez Liñan parle d’«un coup très dur pour la gauche dans toute l’Amérique latine». «Quand un président est destitué pour faute,l’impeachment renforce la démocratie, explique-t-il. Mais quand il s’agit de sacrifier une présidente impopulaire, cela ouvre un cycle d’instabilité. D’autre part, alors que le PT devrait rendre des comptes pour ses erreurs, on lui permet de passer pour une victime.»

    libération.fr
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