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Pétrole: pourquoi les prix repartent à la hausse

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  • Pétrole: pourquoi les prix repartent à la hausse

    Pour Olivier Rech, ancien expert des "perspectives pétrolières" à l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la remontée du prix du baril de pétrole ne devrait pas durer.

    Les cours n'avaient pas été aussi haut depuis octobre. Le Brent, le baril coté à Londres, est désormais proche des 50 dollars, bien loin des 27 dollars atteint mi-janvier. Cette hausse est-elle durable? Quelles conséquences pour les pays producteurs? L'analyse d'Olivier Rech, responsable de la recherche "Énergie" chez Beyond Ratings, ancien expert des "perspectives pétrolières" à l'Agence internationale de l'énergie (AIE) de 2006 à 2009.

    Comment analysez-vous cette remontée du prix du baril de pétrole?

    Il y a une réelle poussée des prix après un plus bas en-dessous des 30 dollars fin janvier. Cette hausse s’explique par une somme d’événements imprévisibles qui sont survenus depuis le mois de février. D’abord il y a eu les incendies autour de Fort McMurray dans l’ouest du Canada qui ont fait baisser la production pétrolière du pays (environ 1,2 million de barils en moins chaque jour, Ndlr). Puis il y a eu les troubles dans la région du delta du Niger au Nigeria qui ont impacté la production. Celle-ci est à son plus bas depuis 22 ans. Cette hausse des prix s’explique aussi par d’autres petites perturbations comme la baisse des exportations pétrolières irakiennes transitant par le Kurdistan ou la grève de trois jours qui a touché l’industrie pétrolière au Koweït (elle avait fait chuter la production du pays d'environ 1,7 million de barils par jour, Ndlr).

    On a aussi assisté récemment à une demande très soutenue de la Chine qui s’explique par une politique volontariste en matière de constitution des stocks, ce qui est logique quand les prix sont bas. La demande asiatique reste croissante en raison du rattrapage du taux d’équipement en véhicules.

    Tous ces facteurs ont laissé entrevoir le fait que la surproduction massive pouvait disparaître. Mais ces éléments sont conjoncturels, la situation de fond n’a pas changé. L’Arabie Saoudite, qui a orchestré cette surproduction et donc cette baisse des prix depuis un an et demi, maintient sa stratégie. Les Saoudiens ne veulent pas réduire leur production pour conserver leurs parts de marchés. Ce sont eux qui ont la clé.



    Le prix du baril va-t-il encore grimper?

    Je ne pense pas qu’il remonte durablement au-dessus des 50 dollars. Le niveau mondial des stocks reste au moins 20% supérieur à la norme. La situation au Canada qui explique environ pour moitié cette hausse récente est en voie de stabilisation et comme je l’ai dit l’Arabie Saoudite devrait maintenir sa production. La situation de surproduction devrait reprendre le dessus. En revanche la situation au Nigeria est préoccupante et ne devrait pas s’améliorer rapidement. Cela peut constituer un facteur de tension permanent du marché pétrolier. C’est l’inconnue.

    Quelles conséquences cette hausse du prix du baril peut-elle avoir sur les producteurs de schiste aux États-Unis?

    C’est un coup de pouce inespéré pour eux. Depuis plusieurs mois, ils envoyaient des signaux inquiétants. Ces dernières semaines, une cinquantaine de producteurs de schiste n’ont pas pu honorer leurs obligations de remboursement de prêts bancaires ou de crédits obligataires. Avec un baril proche des 50 dollars, leur cash-flow augmente. Mais surtout cela leur permet de contracter des couvertures de risque des prix pour les mois qui viennent. C’est une bouffée d’oxygène. Mais selon les scénarios optimistes ou pessimistes, le « shale » aux États-Unis n’est rentable qu’à 50 ou 80 dollars le baril. Cette hausse est donc positive pour ces acteurs mais, à mon sens, encore insuffisante. A titre de comparaison, le pétrole saoudien est lui rentable (en coût cash) à partir de 10 dollars.

    Les tensions au sein de l’OPEP apparues ces derniers mois et illustrées notamment par l’échec de la réunion de Doha en avril, peuvent-elles s’apaiser?

    Les pays membres de l’OPEP connaissent une situation d’aggravation continue comme le Nigeria, l’Algérie ou le Venezuela. Même pour l’Arabie Saoudite qui veut diversifier son économie c’est difficile. Concernant l’OPEP en tant que cartel, on pourrait presque dire que l’organisation a cessé d’exister. A l’intérieur de celle-ci, l’Arabie Saoudite est seule contre tous et mène une stratégie solitaire.





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